samedi 27 juin 2009

La face cachée du TARP

Vous vous souvenez que quand Paulson a fait passer le TARP (chèque en blanc pour Wall Street qui tenait sur trois pages...) devant le congrès en octobre dernier, il s'est d'abord fait retoquer par la chambre des représentants (le sénat, plus corrompu, ne s'est pas joint à cette opposition). La demande de Paulson était assez extravagante pour que les représentants la rejettent.

Deux semaines après, le TARP était accepté après une grosse pression médiatique pro-banques (dans le goût "nous allons tous mourir très prochainement si les banques ne sont pas innondées d'argent public" ou à peu près). Il s'avère que la seule pression médiatique n'y a pas suffi et que les votes ont été gagné à l'américaine, représentant par représentant, chacun monnayant son vote contre des dépenses bénéficiant à leurs soutiens de campagne (pas à leurs électeurs bien évidemment...).

Bloomberg évalue à $150 milliards les "tax breaks" (baisses d'impôts) qui ont été nécessaires pour faire passer les $700 milliards du TARP. On sera donc rassuré de voir que les dépenses insensées réalisées pour le sauvetage du banque n'ont été possibles qu'en autorisant en loucedé core plus de dépenses. $7 pour les banques coûtent ainsi $1,5 pour tous les autres lobbies. On se demande vraiment pourquoi plus de voix ne se font pas entendre pour exiger qu'il soit mis fin à l'impérium financier américain sur le monde quand on voit la réalité du fonctionnement du système politique. Cela montre également à quel point l'idée de responsabilité est éloignée des politiques américains: frappé par une crise financière qui, de manière évidente, annonce une période de vache maigre, les mesures de sauvetage du système (bonnes ou mauvaises - en l'occurrence mauvaises selon le blogo) sont l'occasion de diminuer encore les ressources de l'Etat. C'est toujours l'idéologie des trente dernières années de "la baisse d'impôts favorisant la croissance" qui domine. Son corollaire, la dette, est caché sous le tapis (qui commence à avoir une forme bombée).

Extrait de la news bloom:
The hurried legislation adopted by a Congress voting under the threat of sudden global economic collapse led to hidden tax breaks for firms in dozens of industries. They included builders of Nascar auto-racing tracks, restaurant chains such as Burger King Holdings Inc., movie and television producers — and London’s Diageo.

“It’s kind of like the magician’s sleight of hand,” says former House Ways and Means Committee Chairman William Thomas, a California Republican who ran the committee from 2001 to 2007 and oversaw all tax legislation. “They snuck these things in a bill that was focused on other things.”

Congress inserted the tax benefits for companies other than banks in a fog of confusion and panic after the House of Representatives rejected the first attempt to fund the bank support effort urged by then President George W. Bush and Treasury Secretary Henry Paulson

CRA et subprime

Le "Orange County Register" publie un article infirmant la thèse propagée par Wall Street en septembre dernier selon laquelle une régulation contraignant les banques à prêter dans des communautés moins favorisées (CRA - Community Reinvestment Act) était à l'origine des difficultés du subprime et de la crise financière. Il s'agissait à l'époque de rejeter la responsabilité de de la crise de manière voilée sur les minorités prépondérantes dans ces communautés. L'idée que les banques se soient laissées embarquer dans le "predatory lending" (prêts prédateurs) à cause d'un programme d'aide aux minorités était évidemment risible (il n'y a qu'à voir les forces en présence au congrès pour s'en persuader - l'argent du bailout ne s'est pas déversé sur les minorités, je vous l'assure).

Cet article remet les choses à leur place et met probablement aussi le doigt sur une campagne médiatique qu'il serait probablement intéressant d'analyser (éditorial du WSJ, Larry Kudlow sur CNBC... Où cet élément de désinformation est-il né? Qui l'a propagé? Quel a été son impact dans la déflection des reproches contre Wall Street alors qu'AIG, Lehman et Fannie Freddie périclitaient et que Paulson préparait le plus grand détournement de fonds de l'histoire?). Another day on Wall Street... (via The Big Picture)

Obama aussi opaque que Bush dans de nombreux domaines

Cela n'a pas échappé à Bob Herbert du New York Times qui l'erreinte dans un op-ed.

Ni à Jon Stewart:
The Daily Show With Jon StewartMon - Thurs 11p / 10c
Cheney Predacted
thedailyshow.com
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