Cet article du NYT nous éclaire sur le fonctionnement de la politique aux Etats-Unis qui fait qu'indépendamment des résultats des élections, c'est toujours une politique de droite servant les mêmes agendas et les mêmes "corporate interests" qui est suivie. Le changement de majorité au sénat et à la chambre des représentants en 2006 n'avaient déjà posé aucune difficulté à Bush dans la poursuite de ses politiques. Les démocrates justifiaient alors leur faiblesse par le fait qu'il n'avait pas la présidence mais qu'à ce moment là "on verrait ce qu'on verrait". Las.
Alors voilà: sur un sujet a priori plus populaire à droite, la guerre en Afghanistan, le NYT explique qu'Obama risque d'avoir des difficultés à faire passer ses desiderata au sein des démocrates. Qu'à cela ne tienne il s'appuiera sur les républicains. Cette configuration est un grand classique qui fait de la gauche l'éternelle cocue de la politique américaine. Cela rend également certains sujets hors d'atteinte du débat démocratique (les plus importants en général). Rappelons que son opposition à la guerre en Irak a été le point fort d'Obama contre Hillary pour emporter les primaires démocrates. Voilà le processus très simple qui fait de la démocratie américaine une démocratie de pure forme. Ce type d'alliance et les objectifs qu'il sous-tend bénéficie toujours d'un soutien massif dans les corporate medias. Et le tour est joué.
Addendum: J'ai une confiance limitée dans les sondages mais j'ai tendance à leur donner un peu plus de crédit quand ils gênent la power structure américaine. CNN publie hier un sondage sur la guerre en Afghanistan 57% s'y opposent, 42% la soutiennent. Chez les démocrates, 75% s'y opposent. C'est le genre de situation où la minorité d'un parti la boucle et respecte la majorité... sauf aux USA quand la power structure est de l'autre côté du débat. CQFD.
jeudi 3 septembre 2009
Obama en baisse
Obama est en baisse. La scène politique américaine est une cocotte minute* et cela a une implication pour Obama: son soutien va s'éroder à la fois par la droite et par la gauche ce qui peut aboutir à un atterrissage très brutal.
Après être passée à la moulinette de la radicalité de Bush, la gauche éclairée ne tolèrera pas qu'Obama se contente d'une espèce de "Bushisme à visage humain". Or c'est précisément ce qu'il propose depuis qu'il a été élu. La pression monte. Jugez-en plutôt:
- nomination d'un Chief of Staff pro-guerre et pro- "corporate interests" (il avait gagné $18 millions en 2 ans lors d'un passage éclair dans une banque d'investissement et avait été au board de Freddie Mac, carton plein),
- une gestion de la crise qui a fait porter tout le poids de l'effort sur la population et aucun sur les banques qui contrôlent l'équipe économique du président, aucune réforme de structure qui gêne réellement les banques n'a été entreprise,
- escalade militaire en Afghanistan que la population ne soutient plus même si c'était une "promesse de campagne" (c'était la bonne guerre selon Obama, cette position lui donnait une image de "commander in chief" à peu de frais pour l'électeur démocrate car l'Afghanistan ne semblait alors qu'un side show) mercenaires +29% sous Obama,
- absence de désescalade en Irak (elle n'a pas encore fait les gros titres ni été rationalisée ad nauseum par les vieux médias mais ça ne saurait tarder) mercenaires +23% sous Obama,
- message peu clair sur la torture qui ne satisfait ni la droite ni la gauche (ni le droit international - les Etats-Unis sont engagés par traité à poursuivre tous les tortionnaires à tous les niveaux de la chaîne de commande - "avoir obéi à des ordres" n'exonère pas de responsabilité juridique - Hillary Clinton a demandé à des dirigeants africains de s'activer sur la traduction en justice de tortionnaires locaux - ridicule),
- la continuation des pratiques de Bush visant à étendre les pouvoirs du Président qu'il avait dénoncé préalablement,
- nomination d'Hillary Clinton aux affaires étrangères alors que c'est précisément son soutien à la guerre en Irak qui est l'explication la plus évidente de sa défaite contre l'anti-guerre Obama lors des primaires (il fallait oser...)
- reconduction de Robert Gates au poste clé de ministre de la défense alors qu'il avait été nommé par Bush, reconduction de Bernanke à la FED alors qu'il était un ancien membre de l'équipe économique de Bush qui a planté le pays en seulement huit ans.
Non, la gauche n'a vraiment pas été ménagée par Obama (sans compter les éructations lancinantes d'un "Anonymous Senior White House Official" qui ne cesse de caricaturer et de débiner ce qu'il appelle "la gauche du partie" et qui en est en réalité la base). La plupart de ses actions n'ont fait que confirmer le constat que faisait le Blogo avant l'élection: c'est le système politique américain dans sa globalité qui est malade et le changement est tout simplement impossible. L'ébullition qui a lieu en ce moment autour de la réforme du système de santé va être un test de plus de cette affirmation. Glenn Greenwald dit qu'il faut faire du passage d'une réforme substantielle le symbole de la renaissance de la gauche (l'élection d'une majorité de 60 sièges au sénat et massive à la chambre des représentants n'y suffisait donc pas). Nous verrons si ses voeux seront exaucés. Cela m'étonnerait mais je suis tout prêt à adapter la dureté de mes jugements à une situation changeante le cas échéant. Si en revanche la réforme ne passe pas ou s'avère un cadeau de plus aux lobbyistes, ce sera le moment de vérité où énormément de gens à gauche vont rentrer dans une logique d'opposition face à un Obama devenu définitivement aux yeux de tous l'alibi faussement progressiste de "Corporate America". Les citoyens américains ne pourront alors plus faire semblant de ne pas voir que leur démocratie est cassée et nous verrons à ce moment là de quel bois sont faits les héritiers des pères fondateurs. Je suis personnellement un peu inquiet car je les ai vus beaucoup courber l'échine ces dernières années.
Note: La fenêtre d'opportunité que constituait la popularité stratosphérique d'Obama en début de mandat est clairement refermée désormais. Une chose est sûre et appartient d'ores et déjà à l'histoire: il n'en a rien fait.
* J'ai trouvé que les médias français pendant l'élection ne rendait pas assez compte de l'exaspération des américains envers Bush et du climat politique particulier qui régnait. Ce n'était pas la n-ième répétition du sympathique match de l'âne contre l'éléphant comme on nous le disait constamment mais bien l'élection qui permettait enfin à un pays à cran de renouveler un personnel politique honni. Les vieux médias américains, complices de tous les aspects de la politique de Bush, ont tout fait pour taire cette exaspération de la population. La couverture des correspondants étrangers et des envoyés spéciaux dans un pays ne fait que retranscrire le débat des vieux médias dudit pays, aussi faussé soit-il, sans apporter aucune analyse ni (God forbid!) aucune critique. Il ne faut donc pas s'étonner du passage sous silence de cette réalité en France aussi.
Après être passée à la moulinette de la radicalité de Bush, la gauche éclairée ne tolèrera pas qu'Obama se contente d'une espèce de "Bushisme à visage humain". Or c'est précisément ce qu'il propose depuis qu'il a été élu. La pression monte. Jugez-en plutôt:
- nomination d'un Chief of Staff pro-guerre et pro- "corporate interests" (il avait gagné $18 millions en 2 ans lors d'un passage éclair dans une banque d'investissement et avait été au board de Freddie Mac, carton plein),
- une gestion de la crise qui a fait porter tout le poids de l'effort sur la population et aucun sur les banques qui contrôlent l'équipe économique du président, aucune réforme de structure qui gêne réellement les banques n'a été entreprise,
- escalade militaire en Afghanistan que la population ne soutient plus même si c'était une "promesse de campagne" (c'était la bonne guerre selon Obama, cette position lui donnait une image de "commander in chief" à peu de frais pour l'électeur démocrate car l'Afghanistan ne semblait alors qu'un side show) mercenaires +29% sous Obama,
- absence de désescalade en Irak (elle n'a pas encore fait les gros titres ni été rationalisée ad nauseum par les vieux médias mais ça ne saurait tarder) mercenaires +23% sous Obama,
- message peu clair sur la torture qui ne satisfait ni la droite ni la gauche (ni le droit international - les Etats-Unis sont engagés par traité à poursuivre tous les tortionnaires à tous les niveaux de la chaîne de commande - "avoir obéi à des ordres" n'exonère pas de responsabilité juridique - Hillary Clinton a demandé à des dirigeants africains de s'activer sur la traduction en justice de tortionnaires locaux - ridicule),
- la continuation des pratiques de Bush visant à étendre les pouvoirs du Président qu'il avait dénoncé préalablement,
- nomination d'Hillary Clinton aux affaires étrangères alors que c'est précisément son soutien à la guerre en Irak qui est l'explication la plus évidente de sa défaite contre l'anti-guerre Obama lors des primaires (il fallait oser...)
- reconduction de Robert Gates au poste clé de ministre de la défense alors qu'il avait été nommé par Bush, reconduction de Bernanke à la FED alors qu'il était un ancien membre de l'équipe économique de Bush qui a planté le pays en seulement huit ans.
Non, la gauche n'a vraiment pas été ménagée par Obama (sans compter les éructations lancinantes d'un "Anonymous Senior White House Official" qui ne cesse de caricaturer et de débiner ce qu'il appelle "la gauche du partie" et qui en est en réalité la base). La plupart de ses actions n'ont fait que confirmer le constat que faisait le Blogo avant l'élection: c'est le système politique américain dans sa globalité qui est malade et le changement est tout simplement impossible. L'ébullition qui a lieu en ce moment autour de la réforme du système de santé va être un test de plus de cette affirmation. Glenn Greenwald dit qu'il faut faire du passage d'une réforme substantielle le symbole de la renaissance de la gauche (l'élection d'une majorité de 60 sièges au sénat et massive à la chambre des représentants n'y suffisait donc pas). Nous verrons si ses voeux seront exaucés. Cela m'étonnerait mais je suis tout prêt à adapter la dureté de mes jugements à une situation changeante le cas échéant. Si en revanche la réforme ne passe pas ou s'avère un cadeau de plus aux lobbyistes, ce sera le moment de vérité où énormément de gens à gauche vont rentrer dans une logique d'opposition face à un Obama devenu définitivement aux yeux de tous l'alibi faussement progressiste de "Corporate America". Les citoyens américains ne pourront alors plus faire semblant de ne pas voir que leur démocratie est cassée et nous verrons à ce moment là de quel bois sont faits les héritiers des pères fondateurs. Je suis personnellement un peu inquiet car je les ai vus beaucoup courber l'échine ces dernières années.
Note: La fenêtre d'opportunité que constituait la popularité stratosphérique d'Obama en début de mandat est clairement refermée désormais. Une chose est sûre et appartient d'ores et déjà à l'histoire: il n'en a rien fait.
* J'ai trouvé que les médias français pendant l'élection ne rendait pas assez compte de l'exaspération des américains envers Bush et du climat politique particulier qui régnait. Ce n'était pas la n-ième répétition du sympathique match de l'âne contre l'éléphant comme on nous le disait constamment mais bien l'élection qui permettait enfin à un pays à cran de renouveler un personnel politique honni. Les vieux médias américains, complices de tous les aspects de la politique de Bush, ont tout fait pour taire cette exaspération de la population. La couverture des correspondants étrangers et des envoyés spéciaux dans un pays ne fait que retranscrire le débat des vieux médias dudit pays, aussi faussé soit-il, sans apporter aucune analyse ni (God forbid!) aucune critique. Il ne faut donc pas s'étonner du passage sous silence de cette réalité en France aussi.
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