mardi 31 mars 2009
Le retour de "Client number 8"
Cette révélation était intervenue trois semaines après qu'il ait impliqué l'administration Bush de manière implacable dans l'explosion des subprimes aux Etats-Unis dans une tribune du Wapo. Il n'y allait pas de main morte (à tel point qu'on voit bien comment les écoutes sans contrôle judiciaire pratiquées par Bush ont pu facilement déraper en police politique et comment la loi Hadopi menace bien réellement les libertés publiques en mettant en place les infrastructures nécessaires pour fliquer toute la population et pas simplement ceux pour qui il existe une raison de le faire). Extrait de ce que Spitzer avait à dire trois semaines avant sa démission:
Not only did the Bush administration do nothing to protect consumers, it embarked on an aggressive and unprecedented campaign to prevent states from protecting their residents from the very problems to which the federal government was turning a blind eye.
Let me explain: The administration accomplished this feat through an obscure federal agency called the Office of the Comptroller of the Currency (OCC). The OCC has been in existence since the Civil War. Its mission is to ensure the fiscal soundness of national banks. For 140 years, the OCC examined the books of national banks to make sure they were balanced, an important but uncontroversial function. But a few years ago, for the first time in its history, the OCC was used as a tool against consumers.
In 2003, during the height of the predatory lending crisis, the OCC invoked a clause from the 1863 National Bank Act to issue formal opinions preempting all state predatory lending laws, thereby rendering them inoperative. The OCC also promulgated new rules that prevented states from enforcing any of their own consumer protection laws against national banks. The federal government's actions were so egregious and so unprecedented that all 50 state attorneys general, and all 50 state banking superintendents, actively fought the new rules.
But the unanimous opposition of the 50 states did not deter, or even slow, the Bush administration in its goal of protecting the banks. In fact, when my office opened an investigation of possible discrimination in mortgage lending by a number of banks, the OCC filed a federal lawsuit to stop the investigation.
Throughout our battles with the OCC and the banks, the mantra of the banks and their defenders was that efforts to curb predatory lending would deny access to credit to the very consumers the states were trying to protect. But the curbs we sought on predatory and unfair lending would have in no way jeopardized access to the legitimate credit market for appropriately priced loans. Instead, they would have stopped the scourge of predatory lending practices that have resulted in countless thousands of consumers losing their homes and put our economy in a precarious position.
When history tells the story of the subprime lending crisis and recounts its devastating effects on the lives of so many innocent homeowners, the Bush administration will not be judged favorably. The tale is still unfolding, but when the dust settles, it will be judged as a willing accomplice to the lenders who went to any lengths in their quest for profits. So willing, in fact, that it used the power of the federal government in an unprecedented assault on state legislatures, as well as on state attorneys general and anyone else on the side of consumers.
The writer is governor of New York.
Aujourd'hui, Spitzer réapparaît et il semble qu'il ait des choses à dire (et plus grand chose à perdre*). D'abord avec trois "opinion pieces" dans le Wapo, Slate, et Newsweek. Aussi une interview avec un journaliste de Newsweek dans laquelle il ne ménage pas Goldman:Partie 2
Partie 3
Finalement, la rédactrice en chef de The Nation finit de le réhabiliter avec un édito intitulé "Spitzer for Treasury?"**. Eliot Spitzer qui rejoint la "Blogo Compliant List".
* Il a en fait à perdre car on lui a refusé le maintien de son anonymat lors de l'enquête judiciaire. Des détails vont donc probablement apparaître sur ses rencontres avec les prostituées. S'il dérange beaucoup, ces détails risquent d'avoir beaucoup de retentissement dans les médias. C'est peut-être une raison pour laquelle il m'apparaît moins virulent qu'en février 2008.
** C'est aussi un appel de la gauche américaine à Obama pour qu'il se débarasse de l'attelage Geithner/Summers.
L'euro: un supplice chinois organisé à Washington
Il existe des arguments objectifs pour baisser la note de l'Irlande et le blogo essaye, autant que faire se peut, d'être du côté des arguments objectifs et pas contre eux (Facts are stubborn things.*). Le problème, c'est que l'Irlande fait partie de la zone euro et qu'à chaque fois que sa note est abaissée, cela affaiblit l'Euro. De l'autre côté, les Etats-Unis (dont l'Etat de Californie tutoie également le défaut) ne sont pas menacés d'un downgrade car les agences auraient bien trop peur des conséquences d'un tel choix (elles font de toute façon partie intégrante de la nébuleuse Wall Street-FED-US gvt). D'un côté le rating est inébranlable, de l'autre les agences ont toute lattitude pour affaiblir chacun des membres de la zone euro.
La solidité des différentes monnaies qui s'affrontent dans la crise va être déterminante dans la manière dont chaque zone économique respective en émergera. Il est dès lors assez désespérant de voir que des sociétés de rating ayant un forte loyauté envers les Etats-Unis conservent quasiment toute leur crédibilité en matière monétaire. De plus, Moody's et S&P peuvent se livrer à une véritable guerre d'usure en attaquant tous les pays de la périphérie européenne et en les baissant d'une note à la fois. Cela peut se terminer en véritable supplice chinois pour l'euro.
Il est de l'intérêt de l'Europe de décrédibiliser les agences de notation américaines au plus vite. Et/ou, comme il a été déjà suggéré ici, de créer une agence de toute pièce pour combattre le bruit par le bruit et faire prendre conscience à tous que ces agences sont avant tout des instruments politiques dans un contexte de crise.
* John Adams: "Facts are stubborn things; and whatever may be our wishes, our inclinations, or the dictates of our passions, they cannot alter the state of facts and evidence."
"The European Subprime"
J'ai fait une nouvelle recherche sur google news sur la question après la lecture d'un des articles qui a déclenché la polémique dans le Daily Telegraph le 15 février*. J'ai finalement trouvé ce que je cherchais à savoir un article un peu documenté qui défende la thèse de l' "opération de communication" et qui démonte cette dernière. Je n'ai jamais entendu parler de la source de l'article mais le contenu (et les notes de bas de page) parle de lui-même. L'accent y est mis sur le caractère biaisé des organes de presse et des institutions à l'origine de ce psychodrame et sur le caractère outré de la comparaison avec le subprime vu le faible poids de beaucoup des pays mis en cause par rapport à l'économie de l'Union Européenne (la Hongrie n'est pas la Californie).
Je vous conseille de lire la fin de l'article en entier (après avoir sauté les premiers paragraphes), voici néanmoins quelques extraits:
If we found this a relevant theme, it is because it represents in our opinion a deliberate attempt on the part of Wall Street and the City (2) to make the world believe in some rupture within the EU and to instil the idea that some « deadly » risk is weighing on the Eurozone, by endlessly conveying phony news on a “banking risk coming from Eastern Europe” and by stigmatizing a “cold-feeted” Eurozone as opposed to the “voluntarist” actions initiated by the Americans and the Bristish. One aim is also to divert the attention from the increasing financial problems encountered in New York and London, and to weaken the Europe position on the eve of the G20 summit.
For those who are not familiar with EU geography, a headline like « Hungary in bankruptcy » or « Latvia defaults on its debt » can compare to one like « California goes bankrupt ». For those who lose their jobs as a consequence, the problem is indeed similar. However, in terms of impact on a larger-scale, they have nothing in common. California, severely affected by the subprime crisis, is the most populated and richest state of the United States, while Latvia is a poor country with a population corresponding to 1 percent of the EU population (versus California’s 12 percent of the US population (11)). Hungary’s GDP represents less than 1.1 percent of the Eurozone’s GDP (in the case of Latvia, this figure is 0.2 percent) (12), that is to say the equivalent of Oklahoma (1% of US GDP (13)) rather than Florida. Eastern Europe is far from being able to bring problems of a similar magnitude to the subprime crisis. All the new Member-States put together comprise less than 10 percent of the EU GDP (among them, the biggest and richest ones, such as Poland and the Czech Republic, are hardly affected at all). As a worst-case scenario, the amounts at stake for the European financial system, are around EUR 100-billion (USD 130-billion) (14), that is to say a very modest sum on the scale of the EU financial system (15). In fact, the EU has taken the lead of a consortium which has already injected EUR 25-billion (i.e. 20 percent of the worst-case scenario) to stabilize the situation (16), and whose severity has already been diminished by the recent fall in value of the Swiss Franc.
A noter que la dénonciation de ce genre de campagne aurait toute sa place dans Le Monde ou le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Je ne suis pas sûr pour le second mais je doute de ce que Le Monde ait démonté cette triste histoire. Pourtant, enfoncer un coin dans la crédibilité de la presse économique économique anglo-saxonne serait légitime. Idem pour celle des statistiques économiques américaines ou des agences de notation. Le blogo a déjà redouté que nos têtes deviennent le refuge de la domination américaine alors même qu'elle n'aurait plus aucune raison d'être objective. Il faut que les européens (et les autres) arrivent à penser l'économie en s'affranchissant du discours anglo-saxon qui n'a rien d'une vérité révélée mais qui défend très clairement des intérêts. Pas les nôtres.
* Cet article était écrit par Ambrose Evans-Pritchard qui est un adversaire forcené de l'Union Européenne, de l'Euro et de tout ce qui n'est pas estampillé Wall Street ou la City. Il a commencé sa carrière à The Economist.