Le downgrade des US s'est produit la nuit du .
Rectificatif: c'est faux, c'est dans la nuit du 5 au 6 août. J'ai été trompé par un résumé de "Google Actualités" à ce sujet qui disait "Le 4 août" mais en ouvrant l'article il ne s'agissait pas de la date du downgrade mais de la légende d'une photo d'un opérateur de marché "le 4 août". Je n'efface pas les posts erronnés en règle générale mais je les rectifie comme il se doit. Dans le cas précis, il faut bien dire que la coïncidence aurait été séduisante...
dimanche 7 août 2011
S&P: le retour presque incongru du concept d'intégrité
In-té-gri-té. S'il y avait un concept qui était bien mort et enterré depuis 2007, c'était celui-là. Le monde (l'Empire) ne tenait debout que par et pour sa corruption.
Et tout à coup, S&P, comme l'enfant dans le conte, annonce à tout le monde: "le Roi est nu".
Dieu sait que ce blog n'a jamais défendu la structure de pouvoir mais je devais bien reconnaître, contre les Peter Schiff et autre Ron Paul (dont je partage par ailleurs certaines thèses), que les Etats-Unis n'avaient aucune raison de se tirer dans le pied et de mettre fin eux-mêmes à la mascarade qu'était devenue le système financier international (dont ils tiraient un avantage si substantiel).
C'était bien évidemment à ceux qui portaient le poids de l'arrogance impériale de tirer l'échelle (je ne savais d'ailleurs pas si les européens étaient "net-net" bénéficiaires ou tributaires de la domination américaine par rapport au reste du monde - Devions-nous faire partie des putschistes ou des loyalistes dans le monde post-crise?*). C'est ce qui est incompréhensible dans la décision de S&P. Il est possible que son impact soit limité (à court terme tout va être fait en ce sens) mais il est également possible qu'elle marque le début de la fin de l'imperium economique US. Le risque pris est inouï. Et pour ceux qui pensent comme ce blog que la chute "URSS style" est inévitable, il est sûr désormais que ce downgrade restera dans l'histoire comme une des étapes essentielles vers celle-ci (et sûrement d'une manière exagérée d'un point de vue historique car "le ver était dans le fruit" bien avant ce downgrade).
En tout cas, si S&P accélère le phénomène de décomposition de l'Empire, jamais aussi peu d'hommes n'auront eu un tel impact au nom de l'idée d'intégrité. Ils seront pour longtemps voués aux gémonies (car ils l'ont fait dans un contexte où l'intégrité était devenue révolutionnaire). Le principe le plus foulé au pied depuis le début de la crise ferait donc un come-back tonitruant et apparemment dévastateur (apparemment seulement car comme le dit Montesquieu: «Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque Nation, l’élèvent, la maintiennent ou la précipitent; tous les accidents sont soumis à des causes; et, si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui faisait que cet Etat devait périr par une seule bataille; en un mot l’allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers.»).
* les européens auraient dû être putschistes d'un point de vue moral mais il est plus ou moins admis que ce type de considération ne pèse pas lourd dans le comportement des Etats. D'un point de vue de l'intérêt européen, il est possible que nous ayons beaucoup bénéficié de l'ordre américain tel qu'il a existé lors de la guerre froide et dans les années qui ont suivi la chute du mur. Mais du moment où les élites américaines ont commencé à faire preuve d'hubris et ont mis en place la politique qui a conduit au désastre actuel (septembre 2001) l'attitude prudente était de commencer à préparer l' "après". Cela n'a pas été fait. Nous les avons suivis presque passivement dans une impasse morale et matérielle.
Et tout à coup, S&P, comme l'enfant dans le conte, annonce à tout le monde: "le Roi est nu".
Dieu sait que ce blog n'a jamais défendu la structure de pouvoir mais je devais bien reconnaître, contre les Peter Schiff et autre Ron Paul (dont je partage par ailleurs certaines thèses), que les Etats-Unis n'avaient aucune raison de se tirer dans le pied et de mettre fin eux-mêmes à la mascarade qu'était devenue le système financier international (dont ils tiraient un avantage si substantiel).
C'était bien évidemment à ceux qui portaient le poids de l'arrogance impériale de tirer l'échelle (je ne savais d'ailleurs pas si les européens étaient "net-net" bénéficiaires ou tributaires de la domination américaine par rapport au reste du monde - Devions-nous faire partie des putschistes ou des loyalistes dans le monde post-crise?*). C'est ce qui est incompréhensible dans la décision de S&P. Il est possible que son impact soit limité (à court terme tout va être fait en ce sens) mais il est également possible qu'elle marque le début de la fin de l'imperium economique US. Le risque pris est inouï. Et pour ceux qui pensent comme ce blog que la chute "URSS style" est inévitable, il est sûr désormais que ce downgrade restera dans l'histoire comme une des étapes essentielles vers celle-ci (et sûrement d'une manière exagérée d'un point de vue historique car "le ver était dans le fruit" bien avant ce downgrade).
En tout cas, si S&P accélère le phénomène de décomposition de l'Empire, jamais aussi peu d'hommes n'auront eu un tel impact au nom de l'idée d'intégrité. Ils seront pour longtemps voués aux gémonies (car ils l'ont fait dans un contexte où l'intégrité était devenue révolutionnaire). Le principe le plus foulé au pied depuis le début de la crise ferait donc un come-back tonitruant et apparemment dévastateur (apparemment seulement car comme le dit Montesquieu: «Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque Nation, l’élèvent, la maintiennent ou la précipitent; tous les accidents sont soumis à des causes; et, si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui faisait que cet Etat devait périr par une seule bataille; en un mot l’allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers.»).
* les européens auraient dû être putschistes d'un point de vue moral mais il est plus ou moins admis que ce type de considération ne pèse pas lourd dans le comportement des Etats. D'un point de vue de l'intérêt européen, il est possible que nous ayons beaucoup bénéficié de l'ordre américain tel qu'il a existé lors de la guerre froide et dans les années qui ont suivi la chute du mur. Mais du moment où les élites américaines ont commencé à faire preuve d'hubris et ont mis en place la politique qui a conduit au désastre actuel (septembre 2001) l'attitude prudente était de commencer à préparer l' "après". Cela n'a pas été fait. Nous les avons suivis presque passivement dans une impasse morale et matérielle.
Le conundrum de la dette US
Depuis des mois, tous les Krugman (lire Keynésiens) de la terre avaient beau jeu de relativiser l'endettement US en disant: les taux sont extrêmement bas, le service de la dette ne coûte pas si cher. Endettons-nous et dépensons pour relancer la consommation, l'activité et l'emploi.
Et de fait les taux de la dette US sont en général très bas. Mais c'est un peu comme dire en 2007: "les spreads sur les RMBS sont extrêmement bas donc cela prouve que les RMBS sont sûrs". La suite a montré que ce raisonnement était complètement faux. La dette qui avait de l'immobilier pour collatéral connaissait une bulle spéculative. Il en est de même aujourd'hui pour la dette souveraine. Le raisonnement de Krugman revient à dire en 2007: "achetez de l'immobilier car les prix montent".
Là-dessus arrive le downgrade de la dette US et là, deux phénomènes complètement antagonistes sont à l'oeuvre:
- La réaction normale des marchés face à une baisse de notation: cela fait baisser la dette US, voire crève la bulle spéculative (aidée par la FED) qui la propulse de plus en plus haut (avece quelques retraites) depuis le début de la crise.
- Soit la poursuite du "miracle impérial" qui fait qu'à chaque fois que le système financier global est menacé, la dette américaine sert de refuge.
Alors la baisse de la note américaine peut-elle provoquer un rally dans la dette US? Cela pourrait très bien être le résultat complètement paradoxal de cette décision incroyable de Standard & Poors. Stay tuned.
May you live interesting times...
Et de fait les taux de la dette US sont en général très bas. Mais c'est un peu comme dire en 2007: "les spreads sur les RMBS sont extrêmement bas donc cela prouve que les RMBS sont sûrs". La suite a montré que ce raisonnement était complètement faux. La dette qui avait de l'immobilier pour collatéral connaissait une bulle spéculative. Il en est de même aujourd'hui pour la dette souveraine. Le raisonnement de Krugman revient à dire en 2007: "achetez de l'immobilier car les prix montent".
Là-dessus arrive le downgrade de la dette US et là, deux phénomènes complètement antagonistes sont à l'oeuvre:
- La réaction normale des marchés face à une baisse de notation: cela fait baisser la dette US, voire crève la bulle spéculative (aidée par la FED) qui la propulse de plus en plus haut (avece quelques retraites) depuis le début de la crise.
- Soit la poursuite du "miracle impérial" qui fait qu'à chaque fois que le système financier global est menacé, la dette américaine sert de refuge.
Alors la baisse de la note américaine peut-elle provoquer un rally dans la dette US? Cela pourrait très bien être le résultat complètement paradoxal de cette décision incroyable de Standard & Poors. Stay tuned.
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