Et le rouble baisse de 3,5% dans la foulée. Bien qu'il ait déjà perdu 30% en cinq mois, cette news bloom n'hésite pas à lier les deux évènements. C'est intéressant parce que ça voudrait dire qu'un simple discours de défiance serait désormais sanctionné. Ca voudrait dire que le roi sait qu'il est nu et qu'il en est désormais au point où il empêche à qui que ce soit d'ouvrir la bouche. Perilous Times.
Cela me conforte en tout cas dans l'idée que Sarkozy prenait un risque en attaquant la capacité d'endettement des Etats-Unis et le rôle du dollar. Je n'ai rien contre cette position en soi et si on souhaite que le monde soit plus équilibré beaucoup de déclarations courageuses vont être nécessaires. J'avais juste l'impression que Sarkozy menaçait les Etats-Unis de l'équivalent économique d'une guerre nucléaire de manière inconsidérée et mal préparé. Avant de sortir du bois, il faut se construire des soutiens et quand vient le moment de sortir du bois, autant le faire en masse. Dévoiler au détour d'une phrase une stratégie agressive ou des revendications remettant en cause de manière trop radicale l'ordre établi peut-être contre-productif (comme Mo Green dans "Le Parrain" - voir ici à la fin). Ce n'est pas parce que le monde a des griefs complètement légitimes envers le leadership américain que les Etats-Unis ne vont pas se battre becs et ongles pour conserver leurs privilèges. So if you shoot, shoot to kill. Les coups de semonce où les gesticulations ne servent à rien.
La Russie lève donc la voix aujourd'hui. La Chine s'est opposée avec virulence au "coaching" américain en matière monétaire cette semaine. Merkel et ses ministres ont été cinglants à plusieurs reprises. Partout dans le monde le mécontentement grandit et tout laisse penser que cela ne fait que commencer. Plutôt que de faire des déclarations tonitruantes, Sarkozy devrait essayer de donner une cohérence et une unité à cette contestation du rôle des Etats-Unis. Ca n'est que comme ça que l'on pourra progresser vers l'objectif stratégique d'émancipation. Cet objectif n'est pas de l'ordre du "nice to have" qui se traduirait simplement par plus d'écrans plats chez nous et moins chez eux. Avec leur système politique cassé, les américains ne peuvent plus assurer la stabilité de la planète. Il faut donc que nos dirigeants mettent en place rapidement un système de gouvernance mondiale décentralisé qui puisse leur succéder et garantir une forme de stabilité. Le temps jouait de toute façon contre la domination américaine. L'impérium aurait sans doute pu durer encore quelques années ou même décennies mais la présidence W ne lui a laissé aucune chance. Comme le dit le pseudo d'un lecteur du blogo : "Hubris kills."
vendredi 30 janvier 2009
D'accord avec Paul Krugman (cette fois)
Je suis d'accord avec Paul Krugman qui fait ce commentaire désabusé (présenté comme une plaisanterie) sur son blog:
"Under Bush, financial policy consisted of Wall Street types cutting sweet deals, at taxpayer expense, for Wall Street types. Under Obama, it’s precisely the reverse."
Traduction: "Sous Bush, la politique en matière de finance se résumait à des gars de Wall Street faisant des faveurs à des gars de Wall Street aux dépens du contribuable. Sous Obama, c'est l'inverse."
Ceci dit, je ne comprends pas comment cela peut-être compatible avec ce que le même Krugman avait écrit là et que j'avais vivement critiqué ici. Dans un cas il dit que Wall Street légifère pour Wall Street ce qui résume l'état déplorable de la démocratie américaine. Dans l'autre, il dit (je résume): "Les hommes politiques, possiblement sans s'en rendre compte, font des cadeaux énormes aux actionnaires des banques au détriment des contribuables". Les hommes politiques sont donc "possiblement" blancs comme neige, peut-être juste un peu distraits. Dans un cas la corruption est totale, dans l'autre, les politiciens sont des gars de bonne foi juste un peu patauds et maladroits. What's it gonna be, Paul?
Deux explications pour réconcilier ces deux perspectives:
- Krugman pense que les hommes politiques font ce que leur demandent les banquiers sans en comprendre les tenants et les aboutissants. On se demande alors pourquoi il se donne la peine de les mentionner.
- Krugman avait écrit quelque chose de plus cinglant mais il a été gentiment remis dans la droite ligne par un éditeur du New York Times avec une formule laissant une porte de sortie à la classe politique (le manque de vigilance). Cela semble possible dans la mesure où l'affirmation cinglante a été publiée sur son blog (hébergé par le NYT) et que l'éditorial "consens mou" respectueux du pouvoir a été publié dans la version papier du journal et a donc fait l'objet d'un "editing".
Donc Krugman nous donne deux versions de la réalité, une ou les hommes politiques ont disparu du système et des Wall Street guys font des sweet deals aux Wall Street guys (Obama ou pas). L'autre où des hommes politiques inattentifs mais toujours un peu aux commandes font ces mêmes cadeaux en raison de leur naïveté. Le premier est destiné à son blog, le second à "un journal de référence". La conclusion est donc comme toujours: vivement la fin des "journaux de référence" (ça n'est pas une vue de l'esprit: beaucoup de ces publications traversent des difficultés financières qui mettent leur survie en question, comme le Chicago Tribune et le LA Times par exemple mis en danger par la faillite de leur maison mère, la Tribune Company).
"Under Bush, financial policy consisted of Wall Street types cutting sweet deals, at taxpayer expense, for Wall Street types. Under Obama, it’s precisely the reverse."
Traduction: "Sous Bush, la politique en matière de finance se résumait à des gars de Wall Street faisant des faveurs à des gars de Wall Street aux dépens du contribuable. Sous Obama, c'est l'inverse."
Ceci dit, je ne comprends pas comment cela peut-être compatible avec ce que le même Krugman avait écrit là et que j'avais vivement critiqué ici. Dans un cas il dit que Wall Street légifère pour Wall Street ce qui résume l'état déplorable de la démocratie américaine. Dans l'autre, il dit (je résume): "Les hommes politiques, possiblement sans s'en rendre compte, font des cadeaux énormes aux actionnaires des banques au détriment des contribuables". Les hommes politiques sont donc "possiblement" blancs comme neige, peut-être juste un peu distraits. Dans un cas la corruption est totale, dans l'autre, les politiciens sont des gars de bonne foi juste un peu patauds et maladroits. What's it gonna be, Paul?
Deux explications pour réconcilier ces deux perspectives:
- Krugman pense que les hommes politiques font ce que leur demandent les banquiers sans en comprendre les tenants et les aboutissants. On se demande alors pourquoi il se donne la peine de les mentionner.
- Krugman avait écrit quelque chose de plus cinglant mais il a été gentiment remis dans la droite ligne par un éditeur du New York Times avec une formule laissant une porte de sortie à la classe politique (le manque de vigilance). Cela semble possible dans la mesure où l'affirmation cinglante a été publiée sur son blog (hébergé par le NYT) et que l'éditorial "consens mou" respectueux du pouvoir a été publié dans la version papier du journal et a donc fait l'objet d'un "editing".
Donc Krugman nous donne deux versions de la réalité, une ou les hommes politiques ont disparu du système et des Wall Street guys font des sweet deals aux Wall Street guys (Obama ou pas). L'autre où des hommes politiques inattentifs mais toujours un peu aux commandes font ces mêmes cadeaux en raison de leur naïveté. Le premier est destiné à son blog, le second à "un journal de référence". La conclusion est donc comme toujours: vivement la fin des "journaux de référence" (ça n'est pas une vue de l'esprit: beaucoup de ces publications traversent des difficultés financières qui mettent leur survie en question, comme le Chicago Tribune et le LA Times par exemple mis en danger par la faillite de leur maison mère, la Tribune Company).
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