mercredi 1 décembre 2010

Sus à la FED

"We probably know more about tribes in the Amazon jungle than we do about the real nature of power in the United States. Neither political science, nor history, nor economics do very well on this."

Via "Naked Capitalism". Matt Stoller, un ancien conseiller d'Alan Grayson (qui a perdu les élections) sur l'économie au congrès, raconte dans le détail ses démélés avec la FED et explique pourquoi il faut réformer/supprimer l'institution. Il décrit également comment la FED a été forcée à rendre public aujourd'hui une partie des activités de renflouement qu'elle a menée depuis le début de la crise. Il critique également la FED pour son contrôle de la recherche macroéconomique aux Etats-Unis (donc dans le monde à quelques exceptions près). Seul l'internet depuis le début de la crise a permis de libérer la parole sur la FED et a été à l'origine de sa remise en cause actuelle. Les hiérarques de la politique monétaire américaine (mondiale...) n'apprécie pas du tout de se voir contester leur monopole historique de la parole sur le sujet.

Il faut regretter que la BCE n'ait pas été soumise au même genre de contestation en France où ses actions ne font l'objet que de très peu de commentaires, sans même parler de contestation...

La population mondiale passe 7 milliards

Contre-pied

A l'heure où un mandat d'arrêt international est émis contre Julian Assange, aventurons-nous sur un terrain inexploré: et si ce dernier était contrôlé par les intérêts qu'il prétend combattre?(résumé des arguments en faveur de cette thèse originale (via ZH) du site "Dailybell" que je ne connaissais pas et qui semble rassembler des libertariens américains).

Il s'agit d'envisager le cas où les fuites de wikileaks auraient constitué un investissement calibré pour créer un géant "mondial de la fuite" avec des informations soit favorables à la power structure (climategate) soit très légèrement gênantes. Zerohedge aurait pu connaître la même ascension météorique avec des fuites sur le high frequency trading de GS et un écho important chez des médias amis. Une forme d' "astroturfing" adapté au web.

Cela sous-entendrait qu'aucune des fuites de wikileaks jusqu'à maintenant n'ait causé un préjudice supérieur à ce qui serait acceptable pour atteindre l'objectif de contrôle du site faisant référence en matière de fuites dans le monde. Je ne connais pas assez bien l'historique des fuites de wikileaks ni le coût qui serait tolérable en la matière par les Etats-Unis pour porter un jugement sur la question. Remarquons simplement que les fuites n'ont jusqu'à présent pas eu de conséquences retentissantes qui auraient pu se traduire par exemple par la démission de personnel politique ou militaire.

Notons également que la pression judiciaire sur Julian Assange monte à un rythme qui jusqu'à maintenant lui a toujours laissé un coup d'avance. Peut-on également supposer que si wikileaks avait sérieusement mis en danger la sécurité des Etats-Unis, l'organisation serait hors-la-loi depuis un moment déjà? Les américains ont bien bombardé Al-Jazeera en Irak quand leur couverture de la guerre ne les satisfaisait pas, faisant plusieurs morts. Pourquoi cette magnanimité apparente avec wikileaks et son fondateur alors même que le Département d'Etat pousse des cris d'orfraie sur le thème: "Wikileaks est une attaque contre la communauté internationale".

Peut-on rappeler à Hillary Clinton que wikileaks a gardé sous le coude ces cables diplomatiques depuis plusieurs mois et que tout le monde savait qu'ils voulaient les publier. Que faisaient dans cet intervalle tous les James Bond de la terre? La grève?

Bref: il s'agit d'une thèse complètement en-dehors du mainstream qui pourraient être infirmée très prochainement par une incarcération ou un assassinat d'Assange par exemple ou des fuites absolument dévastatrices de wikileaks ou encore la réelle mise à bat de l'organisation. Toujours bon à garder à l'esprit néanmoins.

Addendum: Zbigniew Brzezinsky, ancien National Security Advisor, émet l'hypothèse que les fuites de wikileaks soient manipulées par des services secrets pas nécessairement américains (via TPM). Il ne s'agit que d'une variante de l'hypothèse développée dans ce post. Il y aurait donc pas mal de processing et de reprocessing entre le whistleblower qui fait fuiter le document (s'il existe) et ce qui arrive dans nos journaux "officiels". Quelle surprise! Autant qu'entre une volaille et un chicken mc nugget dont voici la chaîne de production: