Ben Bernanke, le Kim Jong Il américain*, sort l'édito qui tue sur la crise financière dans le Wapo. Il veut en gros qu'on arrête de l'embêter. Cet édito va aller directement dans les livres d'histoire. Il m'irrite beaucoup. Les réactions qu'il va susciter vont peser dans la portée qu'auront (ou pas) les mesures que le congrès va prendre contre la FED. Beaucoup des arguments de Benny ne sont que de simples arguments d'autorité. On se demande bien de quelle autorité il se réclame depuis que l'institution qu'il dirige a plongé l'économie mondiale dans le marasme. Il dit par exemple que les initiatives législatives qui le gênent sortent du "global consensus". Qui contrôle d'une main de fer le "débat" économique aux Etats-Unis? La FED (voir ici). La doxa économique américaine est ensuite diffusée dans le monde entier, notamment via le triptyque (WSJ, FT, The Economist), à tous les "gens-qui-comptent-à-l'anglais-impeccable" (et je ne vise pas que Christine Lagarde) qui s'imaginent que s'ils la répètent avec assez de conviction, l'année prochaine, c'est sûr, ils seront invités à Davos. C'est comme ça que se forme le "global consensus" et c'est sur celui-ci que Bernanke assoit sa légitimité? On hésite toujours entre la mauvaise foi et l'autisme avec Ben.
Il nous explique aussi qu'il faut le laisser faire parce que, voyez-vous, les affaires monétaires sont compliquées... C'est en fait très simple: Bernanke répétait en 2005 qu'il n'y avait pas de bulle dans l'immobilier. Les âmes charitables pensent que c'était une erreur. Le blogo pense que c'était un mensonge. Il doit partir et le peuple américain doit reprendre en main la FED et lui redonner une véritable indépendance (des politiques, certes, mais surtout de Wall Street). Ben, c'est un peu la Marie-Antoinette américaine: son pouvoir et ses privilèges lui semblent tellement aller d'eux-mêmes qu'il est éberlué à la simple idée qu'on puisse les contester. Et ce, même s'il utilise les planches à billets qui lui ont été confiées pour remplir directement les poches de ses amis (patrons) de Wall Street . A ce degré d'autisme, l'explication point par point n'y suffira pas: il ne reste plus qu'à espérer qu'il aura son épiphanie quand sa tête heurtera le panier en osier.
D'un point de vue pratique, je ne crois pas que cet édito va servir les intérêts de Ben qui doit être sous peu auditionné et confirmé par le Congrès pour son deuxième mandat (début décembre - Chris Dodd a dit que sa reconduction ne serait pas automatique - don't hold your breath). En tout cas, pour se rendre sympathique, il aurait mieux valu qu'il aille au Daily Show faire de la com à deux francs avec trois blagues scriptées. Evidemment il est un peu trop coincé, hautain et lunaire pour cela. Il faut dire que Kim Jong Il n'a jamais fait le Daily Show non plus.
* Le Blogo associe traditionnellement Bernanke à Kim Jong Il en raison du culte de la personnalité dont il fait l'objet aux Etats-Unis. Cela n'est pas propre à Bernanke mais à la fonction de président de la FED (souvenez-vous de Greenspan, a.k.a. "the maestro"). Voir ici. A côté de cela, l'infaillibilité papale fait rigoler.
dimanche 29 novembre 2009
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