Les démocrates sortent de deux ans d'enfer: comment justifier auprès de leur électorat leurs demi-mesures insipides?
Des américains exaspérés leur avaient donné les clés en 2008 pour qu'ils refassent tout du sol au plafond: Présidence, Chambre des Représentants, Sénat...
Et qu'ont obtenu les électeurs en lieu et place du "Change we can believe in"? Un bailout des banques qui n'a visé qu'à protéger et même à renforcer l'oligarchie financière qui dirige et pille le pays. Voyez plutôt: Geithner avait engagé le bailout à la FED de New York sous Bush? Il devient Secretary of Treasury sous Obama. Summers avait créé les conditions de la dérégulation financière qui a conduit à l'explosion de 2007? Il devient conseiller spécial d'Obama en matière économique. Bernanke, le fils spirituel de Greenspan qui personnifie les causes de la crise (et qui conseillait aux américains de s'endetter à taux variable en 2004...), est reconduit alors qu'il a nié jusqu'à ce que cela ne soit absolument plus possible qu'il y ait eu une bulle dans l'immobilier aux Etats-Unis (ce qui me fait dire que cette bulle n'était pas un accident mais bien la politique suivie, put another way: "It was not a bug. It was a feature."). Robert Gates était le ministre de la Défense sous Bush? Il demeure ministre de la défense sous Obama qui a pourtant gagné les primaires contre Hillary en raison de son hostilité à la guerre en Irak.
Obama a donc prêté son image à la plus grosse opération de "rebranding" de l'histoire du marketing. Comme Blair, comme les Bush, comme Clinton il sera remercié par un enrichissement sans limite. Il gardera aussi plus prosaïquement la vie car c'est bien le risque qu'il aurait pris s'il avait défié "pour de vrai" la structure de pouvoir en refusant d'en être le simple représentant de commerce.
Alors son rôle va aujourd'hui être radicalement simplifié: plus besoin de contorsions comme lors de la réforme du système de santé durant laquelle il avait fait croire à sa base qu'il travaillait dans une direction progressiste alors qu'il avait depuis des mois scellé un accord avec Big Pharma et les sociétés d'assurance pour que les américains soient in fine les dindons de la farce de la réforme. Obama n'aura plus à s'inventer maladroitement des excuses: il en a une désormais. Et la ploutocratie de retrouver son équilibre après avoir signifié aux électeurs démocrates que le système ne méritait plus qu'ils se déplacent jusqu'aux urnes.
Les observateurs attentifs n'ont en effet aucune illusion sur ce qui vient de se passer: les deux premières années de la présidence Obama ont confirmé spectaculairement la mort clinique du processus démocratique aux Etats-Unis. Obama a été élu pour remettre le pays sur les rails après la crispation bushiste qui a causé un marasme économique à cause de deux guerres meurtrières, inutiles et illégale pour le cas de l'Irak. Il n'aura finalement que fait accepter ces guerres par la base démocrate (il n'y a quasiment plus de mouvement anti-guerre aux Etats-Unis). Voilà donc que par la magie de l'obamania plus personne ne s'étonne de ce que les Etats-Unis soient embarqués dans un projet néocolonial extraordinairement meurtrier et complètement anachronique qui leur font perdre de façon accélérée leur prééminence. Obama n'aura finalement fait qu'entériner le bushisme avec notamment l'impayable "let's look forward, not backward..." pour justifier l'absence de poursuite contre les criminels de l'administration précédente.
Et comment ne pas savourer ceci (de GG):
President Obama demanded that Indonesia continue investigating past human rights abuses on the ground that "we can't go forward without looking backwards."
Une des nombreuses hypocrisies orwelliennes qui font encore tenir debout le chateau de carte impérial. Pour combien de temps?
mercredi 3 novembre 2010
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