Ci-dessous un graphe du Financial Times illustrant l'accroissement des inégalités aux Etats-Unis depuis l'application des "reaganomics". Les écarts de revenus et de richesses deviennent tels qu'on peut parler d'une nouvelle forme de féodalité (surtout si on regarde sur le top 0.1% plutôt que le top 1% et le capital plutôt que les revenus mais ça n'apparaît pas sur ce graphe). Evidemment, les nouveaux fiefs ne s'étendent plus sur des territoires mais les termes économiques sont du même ordre. A l'époque au moins, le seigneur avait pour obligation de protéger le serf. Les seigneurs modernes se sont affranchis de toute obligation (ils échappent pour beaucoup à la simple obligation fiscale). On est revenu à l'époque des "Robber Barrons". Ce graphe montre aussi que ça n'est pas une "one way street" et que les retours en arrière sont possible (1945-1975 semble être un exemple). Ah ça ira, ça ira, ça ira...
L'argumentaire "ultra-libéral" (terminologie française) repose beaucoup sur l'efficacité: les inégalités sont nécessaires pour créer des richesses. Et que dire quand on voit la croissance américaine dépasser la croissance française de 1, 2 ou 3 points par an pendant 15 ans (1993-2008)? Le refus (relatif) français d'appliquer toutes les recettes du gospel économique "anglo-saxon" (fonds de pensions, baisse des impôts, moins d'Etat, dérégulation...) finissait par ressembler de plus en plus à de l'autisme ou à de l'obscurantisme.
La vraie critique raisonnable était une critique de long terme: si on laisse des richesses phénoménales se concentrer dans les mains de quelques uns, ces derniers prendront tôt ou tard les rênes du système politique et l'orienteront en leur faveur: c'est l'amérique de Bush. Une fois que le système politique est complètement corrompu, on ne peut plus compter sur lui pour réguler efficacement et le pays devient un "runaway train". Plus facile à dire quand l'issue de ce cycle économique se dessine de plus en plus précisément sous nos yeux...
Merci Hubris Kills.
jeudi 30 octobre 2008
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