lundi 24 novembre 2008

Vous avez aimé "Clinton aux affaires étrangères"?


Vous allez adorer "Geithner aux finances".

Dans un post désabusé sur les premières nominations d'Obama, je regrettais que Lawrence Summers et Robert Rubin soient pressentis pour le poste de Secretary of Treasury. Il semble que Timothy Geithner leur soit finalement préféré. La mauvaise nouvelle c'est que si les avancées de la science avaient permis à Rubin et Summers d'avoir un enfant, ça aurait probablement été Tim Geithner. Il a en effet travaillé pour les deux apparatchiks ci-dessus et Summers en particulier est présenté comme son "mentor" dans sa fiche wikipédia. Il a participé à la mise au point du montage qui a permis la reprise de Bear Stearns par JP Morgan et au sauvetage d'AIG (1 et 2). On est donc bien dans la continuité de l'expérience Paulson malgré ses errements et son opacité. Geithner soutient l'extension des pouvoirs du Secretary of Treasury pendant la crise (similaire dans le principe à l'expansion incontrôlée des pouvoirs présidentiels de W pendant la guerre avec cette notion que l'on peut s'asseoir sur les institutions dès que le vent se lève).

Vu cet extrait d'un article du Wapo sur la réaction d'un lobbyist des banques à cette nomination, il semble que les financiers responsables de la crise aient encore les choses bien en main et qu'ils soient certains que Tim n'ignorera pas de quel côté sa tartine est beurrée:
"Geithner is uniquely situated and has the business experience and the political experience and the policy experience to handle this crisis," said Scott Talbott, senior vice president of the Financial Services Roundtable, which lobbies for the nation's largest financial firms. "Everyone I talked to at the New York banks have had positive comments or no negative comments."

Les banquiers américains, après avoir épuisé toutes les possibilités de fraude pour leur enrichissement vont donc continuer à bénéficier de la complicité d'un Etat corrompu durant le déroulement de cette crise. Après avoir nettoyé l'investisseur étranger et l'emprunteur américain, les banques vont pouvoir directement puiser dans les caisses de l'Etat grâce à leurs connections politiques. Ce faisant, elles peuvent continuer à arnaquer le citoyen américain (le contribuable) et l'investisseur étranger qui, comme il a cru au AAA du subprime, croit aujourd'hui au AAA des Etats-Unis. On se rapproche quand même peu à peu du moment de vérité où le système financier américain sera dévoilé pour ce qu'il est: une gigantesque arnaque. En attendant, l'annonce de la probable nomination de Geithner et ce qu'elle laisse subodorer en terme de servilité envers Wall Stree méritaient bien les +6% de la bourse US vendredi.

NB:
Cet article du NYT laisse entrevoir à quel point l'argent du bailout ($700 Mlds) est similaire à un bout de viande abandonné aux pirahnas. Il y est question d'un "mad scramble" chez les lobbyists pour que leurs clients s'arrogent une part du bailout plan. Il y a deux niveaux d'actions: faire du lobbying pour être éligible au plan et faire du lobbying une fois l'argent obtenu pour diminuer les contraintes accompagnant l'argent. Il y a un effet d'annonce au moment où l'argent est accordé et puis ensuite, en loucedé, toutes les contraintes initiales s'évaporent. Ca a été notamment le cas pour AIG (voir AIG 1 comparé à AIG 2). Il n'y a qu'à voir comment ces gens opèrent maintenant pour comprendre comment on en est arrivé là et pourquoi ils vont maintenant abuser de la ligne de crédit de l'Etat en faisant du bailout plan un tonneau des Danaïdes.
Vous avez aussi ça (âmes sensibles s'abstenir). Ou ça (rigolo).
Voir aussi comment le Secretary of Treasury fait une tax cut masquée de $140Mds aux banques sans débat parlementaire de manière probablement illégale. Voilà probablement le genre de "broad power" pour le Secretary of Treasury que Geithner soutient.
Beaucoup des liens du "NB" viennent de cette page de Daily Kos.