mardi 1 septembre 2009

L'hypertrophie des banques US renforcée par la crise

TBTF est un acronyme qui a connu son heure de gloire à la faveur de la crise. Ca veut dire "Too Big Too Fail" ou "trop gros pour couler". C'est le slogan qui a justifié que la plupart des grandes banques américaines aient été maintenues en vie (sous respiration artificielle) et que leurs managements aient été globalement préservés au travers de la crise.

Beaucoup des critiques de la gestion de la crise financière par Bush/Obama Wall Street objectent que ne pas laisser périr ces institutions a mis à mal une des règles cardinales de l'économie de marché qui est l'élimination des acteurs faillis. On a opposé (Stiglitz notamment mais d'autres aussi) que "Too Big To Fail is Too Big To Exist", c'est à dire qu'on ne peut laisser exister une institution assez grande pour menacer le système. La taille n'est pas le seul problème cependant. Il y a aussi le fait que ces banques forment un ensemble interdépendant en raison notamment des obligations gigantesques qu'elles contractent les unes envers les autres par le biais d'échanges de produits dérivés jamais régulés. Si une seule d'entre elles s'effondre, elles sont de fait toutes en risque (voir l'effet Lehman et AIG).

Toujours est-il qu'à la faveur de la crise, les banques américaines sont devenues encore plus grosses que par le passé (par le biais de fusions et d'acquisitions) ce qui montre à quel point Bush puis Obama ont fait fausse route. Puisque leur enchevêtrement et leur taille leur permettent de tirer sur une ligne de crédit infinie de l'Etat Fédéral, il est certain que ces banques vont tenter de préserver ces deux caractéristiques comme un élément à part entière de leur business model et finalement une assurance-vie. C'est la banque 2.0, rejeton monstrueux de Hank Paulson et Tim Geithner, radicalement "citizen hostile" ("hostile au citoyen", adapté du plus courant "consumer hostile").

Cet article du Washington Post retrace cette évolution vers un système bancaire toujours plus consolidé. Extrait édifiant:

(Traduction résumée: 3 banques ont chacune 10% de tous les dépôts bancaires aux Etats-Unis, 4 banques font la moitié des prêts immobiliers et émettent 2 cartes de crédit sur trois).

J.P. Morgan Chase, an amalgam of some of Wall Street's most storied institutions, now holds more than $1 of every $10 on deposit in this country. So does Bank of America, scarred by its acquisition of Merrill Lynch and partly government-owned as a result of the crisis, as does Wells Fargo, the biggest West Coast bank. Those three banks, plus government-rescued and -owned Citigroup, now issue one of every two mortgages and about two of every three credit cards, federal data show.