samedi 7 mars 2009

The Obama Bear Market*

* "Le marché baissier d'Obama"

Un analyste (Dan Veru) a développé une idée qui a fait florès: la bourse ayant baissé de 20% depuis l'élection d'Obama, on peut désormais parler du "marché baissier d'Obama". En effet un "bear market" se définit par une baisse de 20% des cours de la bourse.

Cela a été repris assez largement, d'une manière qui laisse entrevoir combien les adversaires politiques d'Obama ont envie que le temps passe et que le public associe Obama à la crise (ce qui tôt ou tard finira bien par arriver). Le Wall Street Journal ici, Bloomberg . L'idée avancée est qu'Obama, quand il se départit un tant soi peu de la ligne souhaitée pas Wall Street, déstabilise le marché et qu'il est donc responsable de sa baisse. Barry Ritholtz remarque ici que la baisse du Nasdaq, qui avait commencé bien avant l'arrivée de Bush au pouvoir, ne lui a jamais été imputée par ces mêmes commentateurs (no surprise there). Media matters liste d'autres organes de presse ayant participé à cette campagne et démonte son présupposé (les actions d'Obama, plutôt que la situation économique préexistante, ont fait baisser la bourse depuis sa prise de fonction).

Cela montre encore une fois que quel que soit le capital politique d'Obama, l'entreprise de démolition est prête à commencer (ou a déjà commencé même si elle n'a aucune traction pour l'instant). On peut s'étonner de ce que la popularité d'Obama ne le préserve pas d'une campagne de dénigrement aussi cheap. Mais la popularité de Clinton tout au long du "scandale" Lewinski ne l'avait pareillement pas protégé de la férocité des médias. Inversement, l'impopularité extraordinaire de Bush ne lui a jamais valu d'attaques médiatiques véritablement déstabilisantes. W aurait pu être "impeached" pour 5 ou 6 raisons différentes... Clinton l'a été pour une raison ridicule. La totale déconnexion entre le discours (scripté) des médias aux Etats-Unis et le ressenti de la population est un des signes les plus flagrants de la crise politique qu'ils traversent. Qu'est-ce que ça aurait été si Obama n'avait pas d'ores et déjà donné de multiples gages de sa malléabilité (notamment au travers de ses nominations globalement consensuelles) au microcosme du beltway!

BofA préfère l'anonymat pour les voleurs de Merrill

Vous vous souvenez peut-être que Merrill Lynch avait avancé le paiement de $4 milliards de bonus avant le 1er janvier, date de sa reprise officielle par Bank of America (entérinée depuis septembre suite à des pertes colossales de Merrill).

Cela revient à du vol à la tire. Le procureur de l'Etat de New York a ouvert une enquète et les dirigeants de Bank of America ont refusé de donner la liste des bénéficaires et les montants de ces bonus prétextant qu'un "dommage grave et irréparable" serait causé à Bank of America si ces informations étaient révélées au public. On imagine ce que les dirigeants de Bank of America (qui sont aussi sous assistance respiratoire du gouvernement) ont concocté pour eux pour couvrir ainsi les voleurs de Merrill. Toujours selon BofA, la publication entraînerait "des dissensions internes et la consternation" au sein de l'entreprise ainsi que des risques de sécurité pour ces employés et leur famille (le vol est en effet mal vu par le reste de la société).

"The Big Picture" s'indigne

Barry Ritholtz du site "The Big Picture" s'indigne des révélations du Wall Street Journal qui dit aujourd'hui que $50 milliards des fonds distribués à AIG depuis septembre ont servi à payer des contreparties (on imagine qu'il s'agissait de CDS subprime en grande partie). Je ne comprends pas exactement pourquoi Ritholtz s'énerve maintenant car même si on ne le savait pas dans les détails, il était à peu près certain (et dans la logique des interventions du gouvernement) que cela se passait. Les seules nouveautés sont le montant (le double de ce que pensait Ritholtz) et le caractère quasi officiel (WSJ).

Enfin... Les indignations et les coups de gueule contre la mise à sac du trésor américain au profit du pouvoir de l'oligarchie bancaire sont trop rares pour ne pas être reproduits:

This is a giant FUCK YOU to the American taxpayer. Isn’t there some Congressmen (besides Ron Paul) who are morally offended by the Paulson plan, which is slowly becoming the Geithner plan? Isn’t there anything that can be done?

Aussi, on doit se demander "à qui profite la fuite?" Est-ce l'administration qui veut réaffirmer son pouvoir sur les banques en donnant des éléments sur l'étendue de l'aide accordée? Dans ce cas pourquoi transmettre l'information au Wall Street Journal qui apparaît plutôt "banques friendly" que pro-gouvernement?