vendredi 31 octobre 2008

Friday Plane Blogging

Good!

``Wall Street bank executives are set to walk away with billions of bonuses at the end of this year,'' Barack Obama, the Democratic presidential candidate, said in a campaign speech on Oct. 28. ``We call that an outrage.'' (via Bloomberg)

Pour l'instant, tout le monde se rallie à Obama (oui, c'est bien un lien vers "The Economist", petite entorse à mes principes...) en espérant avoir un strapontin dans l'Obamaland qui se profile à l'horizon pour les quatre prochaines années. Les américains vont passer de peu (clinton lewinskynisé) ou pas (GW Bush) de président à un président élu magistralement avec une large majorité au sénat et à la chambre des représentants. C'est la résurection de la fonction présidentielle aux Etats-Unis.

Celle-ci avait été mise à bas à dessein et derrière les accolades et les sourires de circonstances, vous pouvez être sûrs que beaucoup aiguisent leurs couteaux. Surtout si Obama se donne pour objectif de réapprendre la décence à un système devenu fou comme il en indique l'intention plus haut.

Une explication inédite du succès de la "surge"

La "surge" est la manoeuvre apparemment désespérée (personne n'y croyait sauf les nouveaux cons et... McCain) qui consistait à la fin 2006 à augmenter la présence militaire américaine en Irak pour stabiliser la situation sur le terrain.

Officiellement, c'est cette augmentation des troupes qui a fait que durant l'année 2007, un certain nombre de statistiques se sont très nettement améliorées. Nombre d'attentats, nombre de morts américains, activité économique... Personne aujourd'hui ne conteste plus cette amélioration. Beaucoup de gens doutent de ce que la seule augmentation du nombre de soldats explique l'évolution.

Les débats ont lieu sur les causes de cette amélioration: il semble qu'elle soit due en grande partie à des renversements d'alliance (amadouage des sunnites?) et à un lâchage de lest général sur le degré de contrôle que les américains ambitionnent en Irak. Ils ont de grande difficulté avec les législateurs irakiens pour trouver un accord sur une prorogation "open-ended" de l'occupation. On parle aussi de soudoiements avec l'arrosage en cash d'un certain nombre de chefs de guerres locaux.
NB: On en parle peu mais je me souviens d'articles dès la fin de l'invasion qui parlaient d'avions entiers remplis de billets fraîchement imprimés qui devaient poser les jalons du renouveau économique irakien. Quant à savoir comment la comptabilité de ces petites coupures est faite aux US... Y a-t-il une mini branche de la FED chargée d'émettre en loucedé un dollar à usage irakien? Il faut savoir aussi que les dépenses liées à l'occupation de l'Irak sont comptabilisés "hors budget" de l'Etat. Les fous ont les clés de l'asile.)

Il y a aussi eu un serrage de boulon sur la couverture médiatique qui permet une répression et des méthodes qui doivent surement rappeler les autres occupations de l'histoire et donc à n'en pas douter faire froid dans le dos (à vous dégoûter d'aller faire vos courses à NYC - j'y vais dimanche...). La plupart des informations qui nous viennent d'Irak font l'objet d'un contrôle draconien des militaires américains, probablement plus efficace depuis que la situation s'est calmée (je trouve d'ailleurs qu'on a très peu d'infos sur l'Irak en France mais je ne lis pas assez les médias français pour l'affirmer).

Après ces différents éléments, j'en arrive à mon explication inédite. Les Irakiens ne sont-ils pas moins combatifs car ils savent que la situation politique aux Etats-Unis va irrémédiablement vers une sortie de l'Irak? A quoi bon risquer sa vie si l'objectif politique semble garanti à moyen terme? L'invasion américaine a pris fin de facto dans le chaos et la déprime qui a frappé l'opinion puis les politiques américains (et les militaires) à la fin 2006. Obama a battu Clinton à cause de l'Irak. Une fois que l'opinion américaine a été fermement acquise à la cause du départ d'Irak, n'était-il pas raisonnable pour les irakiens de "sit out" l'armée américaine plutôt que de continuer de risquer leur vie pour accélérer un processus qui ne dépendait de toute façon plus que du calendrier politique américain?

Si, demain, un Obama improbablement converti aux vertues de l'empire (ou McCain, ce qu'à dieu ne plaise) décide à nouveau de faire en Irak un protectorat américain gouverné par Exxon et la CIA pour les 1000 prochaines années, est-il raisonnable de penser que beaucoup d'Irakiens risquent d'envisager la présence américaine à nouveau comme intolérable?

Les irakiens sont calmes parce qu'ils ont gagné. Ils n'ont plus qu'à attendre.

La nouvelle ampleur de la crise économique ne peut d'ailleurs que les conforter dans ce calcul (si calcul il y a).

Exit polls 2008 - les américains feront-ils l'autruche comme en 2006?

J'ai fait un post sur les différences étonnantes entre les exit polls et les résultats finaux des élections de 2004 (variation de 5% entre les deux).

C'est une expérience vécue: je travaillais aux Etats-Unis dans une salle de marché le jour de l'élection en 2004 et les yeux étaient rivés sur les sites qui organisaient des paris sur l'élection de l'un ou de l'autre. A 14H00, la messe était dite: Kerry l'avait emporté dans les exit polls avec une marge assez importante pour que tout retournement de tendance soit impossible (tronche de mes collègues massivement républicains...). Je suis parti du bureau à 19H00 avec la certitude que Kerry avait gagné. Quand je suis arrivé chez moi, mon roommate m'a dit ça n'était pas joué.

Etant habitué aux élections françaises avec des exit polls qui donnent des résultats souvent fiables au dixième de pourcent près, j'ai toujours considéré le manque d'explication définitive sur ces différences comme une tâche (encore une!) sur le processus démocratique aux Etats-Unis.

Les midterm elections de 2006 allaient-elles confirmer ou infirmer cette tendance aux exit polls "all over the place"? J'avais les yeux fixés précisément sur cette question le soir de l'élection et j'ai constaté que le problème avait trouvé une solution typique de l'amérique bushiste: dans un bel ensemble, tous les networks et agences de presse n'ont tout simplement pas publié d'exit polls! En cas de problème, vous pouvez compter sur les médias américains pour casser le thermomètre. C'est un peu le même mécanisme que pour la crise financière: on aurait attendu très en amont un rôle de vigie et d'alerte des commentateurs et des politiques devant des abus manifestes (beaucoup de contrats de mortgage subprime étaient tout bonnement risibles) mais nous n'avons systématiquement eu droit qu'à des silences complices. La poussière, inlassablement, se voyait glissée sous le tapis.

C'est donc à nouveau une grande question de cette élection: va-t-on ou non avoir des exit polls dignes de ce non qui puissent valider la qualité du processus électoral? Déclaré Obama vainqueur est une chose mais savoir que les exit polls le donnaient à 57/43 et que les résultats finaux sont 54/46 est une donnée intéressante (to say the least).