dimanche 12 octobre 2008

Paulson: le plan B

D'après cet article du NYT, il semble que le plan Paulson soit en train de changer de nature. Il ne s'agit plus d'acheter les obligations pourries mais de prendre des prises de participation dans les banques.

Je trouve ça plutôt mieux mais ce qui est hallucinant, c'est la latitude totale qu'a Paulson. Son plan, passé dans la précipitation et sous la menace, n'en est pas un: c'est un gigantesque chèque en blanc. Le montant est connu ($700bln) mais les bénéficiaires sont à la totale discrétion d'une administration finissante dont la légitimité politique est des plus ténues. Ce sera la dernière insulte des bushies à la constitution américaine (insulte soutenue par Obama - on est pas rendu).

Le fait que l'homme aux manettes pour gérer cette crise soit un ancien dirigeant de Goldman Sachs (1998-2006) est à peu près tout ce qu'on a besoin de savoir sur la santé du système politique américain. En tant que CEO d'un broker dealer pendant 8 ans, Paulson n'a cessé d'influencer le cadre réglementaire dans un sens qui a rendu cette crise possible. Et maintenant que le système a finalement cédé sous ses assauts répétés, c'est lui (et ses jeunes "yes men" de 35 ans) qu'on va chercher pour remettre de l'ordre?

Il est temps de réviser ses classiques:
"Hamlet." Act I, Scene 4: Marcellus (an officer) says "Something is rotten in the state of Denmark," having just seen the ghost of Hamlet's father, the late king of Denmark.

El Blogo goes Global

Enters "El Globo Blogo". C'est comme El Blogo mais en anglais (more or less...). Lecteurs de "The Economist", passez votre chemin.

Une porte de sortie pour McCain?

McCain semble en situation de perdre non seulement l'élection mais également sa réputation à Washington. Sa seule réponse à la crise a été de multiplier les attaques contre Obama (100% des publicités de Mc Cain sont négatives, seulement 33% des pubs d'Obama). Il y a moins d'un an, sa femme et lui promettaient qu'ils ne recourraient jamais à des attaques négatives, que ces pratiques étaient pour ceux qui n'avaient rien à dire sur le fond et étaient bien trop basses pour le maverick... Il a aussi cyniquement choisi Palin comme running mate alors que les américains sont fatigués d'avoir des porte-manteaux aux responsabilités. Enfin, il a tellement chauffé à blanc ses partisans que ses meetings ont une ambiance nauséabonde.

Au moment où les deux candidats ont décidé de ne rien dire de substantiel sur la crise car il n'y a que des coups à prendre, McCain devrait sauter sur l'occasion: perdu pour perdu, il devrait dire la vérité aux Américains, dans le genre "la crise est grave, il faut augmenter les impôts, je vous promets du sang, des larmes et la victoire etc...". Ca ne l'empêcherait pas de perdre (sans doute très largement car les républicains veulent encore moins aller en rehab que les américains en général), mais au moins il ne serait pas humilié et pourrait dire qu'il a perdu en tenant un discours de vérité face à un adversaire démagogue. Ca lui permettrait de maquiller sa défaite en quelque chose de vaguement honorable. Il est sûr en plus d'être "vindicated" par l'histoire.

McCain pompier pyromane

McCain se voit reprocher de plus en plus la violence verbale de ses supporters contre Obama lors des meetings. Il est vrai que depuis quelques jours, les meetings de McCain était en train de se transformer en réunion du KKK (Palin qui l'associe au terrorisme, les chauffeurs de salle qui l'appelle Barack HUSSEIN Obama, des gens dans l'assistance qui hurle "traître" ou "kill him" quand il est cité dans les discours...). Même des responsables républicains se seraient plaints auprès de McCain de la tournure des évènements. Alors il a décidé d'éteindre l'incendie. Vous pouvez voir dans la vidéo plus bas plusieurs tentatives de sa part pour calmer les ardeurs de ses suporters.

Le problème, c'est que quand une femme lui dit dans un town hall meeting "I can't trust Obama, I have read about him and he's not, he's not, he is an Arab." il répond de manière pathétique: "No Mam, no Mam, he's a decent family man, citizen, that I just happen to have disagreements with". C'est choquant pour des européens mais en réalité, l'opposition "Arab/Decent family man" est assez symptomatique de l'Amérique de George Bush. Peu de gens y froncent encore les sourcils pour ce genre d'amalgame.

Soros chez Bill Moyers

George Soros a donné une interview à Bill Moyers sur la crise (40 min, pour ceux que ça intéresse). Sa dernière phrase (en gras) résume assez bien mon expérience américaine:

GEORGE SOROS:That's my ideology. As a child, I experienced Fascism, the Nazi occupation and then Communism, two false ideologies. And I learned that both of those ideologies are false. And now I was shocked when I found that even in a democracy people can be misled to the extent that we've been misled in the last few years.

Je pense qu'il faut regarder le problème à l'envers: quand "les gens peuvent être manipulés au point où ils l'ont été aux Etats-Unis ces dernières années", on ne peut plus vraiment parler de démocratie. Pour ceux qui auraient besoin d'un début de démonstration vous pouvez aller regarder ce documentaire du même Bill Moyers sur la collusion entre les médias US et l'administration Bush avant la guerre en Irak.