mardi 31 mars 2009

Good news

We made it to Spring.

Le retour de "Client number 8"

Eliot Spitzer a dû démissionner de son poste de gouverneur de New York après qu'il ait été révélé qu'il était client d'un réseau de prostitution ("Emperors' Club VIP" pour le folklore). Il avait été identifié par les enquêteurs comme "Client N°8".

Cette révélation était intervenue trois semaines après qu'il ait impliqué l'administration Bush de manière implacable dans l'explosion des subprimes aux Etats-Unis dans une tribune du Wapo. Il n'y allait pas de main morte (à tel point qu'on voit bien comment les écoutes sans contrôle judiciaire pratiquées par Bush ont pu facilement déraper en police politique et comment la loi Hadopi menace bien réellement les libertés publiques en mettant en place les infrastructures nécessaires pour fliquer toute la population et pas simplement ceux pour qui il existe une raison de le faire). Extrait de ce que Spitzer avait à dire trois semaines avant sa démission:

Not only did the Bush administration do nothing to protect consumers, it embarked on an aggressive and unprecedented campaign to prevent states from protecting their residents from the very problems to which the federal government was turning a blind eye.

Let me explain: The administration accomplished this feat through an obscure federal agency called the Office of the Comptroller of the Currency (OCC). The OCC has been in existence since the Civil War. Its mission is to ensure the fiscal soundness of national banks. For 140 years, the OCC examined the books of national banks to make sure they were balanced, an important but uncontroversial function. But a few years ago, for the first time in its history, the OCC was used as a tool against consumers.

In 2003, during the height of the predatory lending crisis, the OCC invoked a clause from the 1863 National Bank Act to issue formal opinions preempting all state predatory lending laws, thereby rendering them inoperative. The OCC also promulgated new rules that prevented states from enforcing any of their own consumer protection laws against national banks. The federal government's actions were so egregious and so unprecedented that all 50 state attorneys general, and all 50 state banking superintendents, actively fought the new rules.

But the unanimous opposition of the 50 states did not deter, or even slow, the Bush administration in its goal of protecting the banks. In fact, when my office opened an investigation of possible discrimination in mortgage lending by a number of banks, the OCC filed a federal lawsuit to stop the investigation.

Throughout our battles with the OCC and the banks, the mantra of the banks and their defenders was that efforts to curb predatory lending would deny access to credit to the very consumers the states were trying to protect. But the curbs we sought on predatory and unfair lending would have in no way jeopardized access to the legitimate credit market for appropriately priced loans. Instead, they would have stopped the scourge of predatory lending practices that have resulted in countless thousands of consumers losing their homes and put our economy in a precarious position.

When history tells the story of the subprime lending crisis and recounts its devastating effects on the lives of so many innocent homeowners, the Bush administration will not be judged favorably. The tale is still unfolding, but when the dust settles, it will be judged as a willing accomplice to the lenders who went to any lengths in their quest for profits. So willing, in fact, that it used the power of the federal government in an unprecedented assault on state legislatures, as well as on state attorneys general and anyone else on the side of consumers.

The writer is governor of New York.

Aujourd'hui, Spitzer réapparaît et il semble qu'il ait des choses à dire (et plus grand chose à perdre*). D'abord avec trois "opinion pieces" dans le Wapo, Slate, et Newsweek. Aussi une interview avec un journaliste de Newsweek dans laquelle il ne ménage pas Goldman:

Partie 2
Partie 3
Finalement, la rédactrice en chef de The Nation finit de le réhabiliter avec un édito intitulé "Spitzer for Treasury?"**. Eliot Spitzer qui rejoint la "Blogo Compliant List".

* Il a en fait à perdre car on lui a refusé le maintien de son anonymat lors de l'enquête judiciaire. Des détails vont donc probablement apparaître sur ses rencontres avec les prostituées. S'il dérange beaucoup, ces détails risquent d'avoir beaucoup de retentissement dans les médias. C'est peut-être une raison pour laquelle il m'apparaît moins virulent qu'en février 2008.
** C'est aussi un appel de la gauche américaine à Obama pour qu'il se débarasse de l'attelage Geithner/Summers.

L'euro: un supplice chinois organisé à Washington

Le Blogo regrettait en janvier que les agences de notation aient conservé toute leur capacité de nuisance. Elles le prouvent une fois de plus en baissant la note de l'Irlande hier.

Il existe des arguments objectifs pour baisser la note de l'Irlande et le blogo essaye, autant que faire se peut, d'être du côté des arguments objectifs et pas contre eux (Facts are stubborn things.*). Le problème, c'est que l'Irlande fait partie de la zone euro et qu'à chaque fois que sa note est abaissée, cela affaiblit l'Euro. De l'autre côté, les Etats-Unis (dont l'Etat de Californie tutoie également le défaut) ne sont pas menacés d'un downgrade car les agences auraient bien trop peur des conséquences d'un tel choix (elles font de toute façon partie intégrante de la nébuleuse Wall Street-FED-US gvt). D'un côté le rating est inébranlable, de l'autre les agences ont toute lattitude pour affaiblir chacun des membres de la zone euro.

La solidité des différentes monnaies qui s'affrontent dans la crise va être déterminante dans la manière dont chaque zone économique respective en émergera. Il est dès lors assez désespérant de voir que des sociétés de rating ayant un forte loyauté envers les Etats-Unis conservent quasiment toute leur crédibilité en matière monétaire. De plus, Moody's et S&P peuvent se livrer à une véritable guerre d'usure en attaquant tous les pays de la périphérie européenne et en les baissant d'une note à la fois. Cela peut se terminer en véritable supplice chinois pour l'euro.

Il est de l'intérêt de l'Europe de décrédibiliser les agences de notation américaines au plus vite. Et/ou, comme il a été déjà suggéré ici, de créer une agence de toute pièce pour combattre le bruit par le bruit et faire prendre conscience à tous que ces agences sont avant tout des instruments politiques dans un contexte de crise.

* John Adams: "Facts are stubborn things; and whatever may be our wishes, our inclinations, or the dictates of our passions, they cannot alter the state of facts and evidence."

"The European Subprime"

Vous vous souvenez peut-être des doutes que le blogo avait exprimés sur l'idée que l'Europe continentale allait connaître une crise similaire à celle des subprimes en raison des prêts inconsidérés qui avaient été consentis aux pays d'Europe de l'Est. A l'origine de ce qui ressemble de plus en plus à une campagne concertée de désinformation, on retrouvait les usual suspects: le triptyque (WSJ, FT, The Economist), quelques "Murdoch owned news outlets" et autres publications ainsi que les agences de notations américaines. Le "bullshit" detector du blogo était dans le rouge.

J'ai fait une nouvelle recherche sur google news sur la question après la lecture d'un des articles qui a déclenché la polémique dans le Daily Telegraph le 15 février*. J'ai finalement trouvé ce que je cherchais à savoir un article un peu documenté qui défende la thèse de l' "opération de communication" et qui démonte cette dernière. Je n'ai jamais entendu parler de la source de l'article mais le contenu (et les notes de bas de page) parle de lui-même. L'accent y est mis sur le caractère biaisé des organes de presse et des institutions à l'origine de ce psychodrame et sur le caractère outré de la comparaison avec le subprime vu le faible poids de beaucoup des pays mis en cause par rapport à l'économie de l'Union Européenne (la Hongrie n'est pas la Californie).

Je vous conseille de lire la fin de l'article en entier (après avoir sauté les premiers paragraphes), voici néanmoins quelques extraits:

If we found this a relevant theme, it is because it represents in our opinion a deliberate attempt on the part of Wall Street and the City (2) to make the world believe in some rupture within the EU and to instil the idea that some « deadly » risk is weighing on the Eurozone, by endlessly conveying phony news on a “banking risk coming from Eastern Europe” and by stigmatizing a “cold-feeted” Eurozone as opposed to the “voluntarist” actions initiated by the Americans and the Bristish. One aim is also to divert the attention from the increasing financial problems encountered in New York and London, and to weaken the Europe position on the eve of the G20 summit.

For those who are not familiar with EU geography, a headline like « Hungary in bankruptcy » or « Latvia defaults on its debt » can compare to one like « California goes bankrupt ». For those who lose their jobs as a consequence, the problem is indeed similar. However, in terms of impact on a larger-scale, they have nothing in common. California, severely affected by the subprime crisis, is the most populated and richest state of the United States, while Latvia is a poor country with a population corresponding to 1 percent of the EU population (versus California’s 12 percent of the US population (11)). Hungary’s GDP represents less than 1.1 percent of the Eurozone’s GDP (in the case of Latvia, this figure is 0.2 percent) (12), that is to say the equivalent of Oklahoma (1% of US GDP (13)) rather than Florida. Eastern Europe is far from being able to bring problems of a similar magnitude to the subprime crisis. All the new Member-States put together comprise less than 10 percent of the EU GDP (among them, the biggest and richest ones, such as Poland and the Czech Republic, are hardly affected at all). As a worst-case scenario, the amounts at stake for the European financial system, are around EUR 100-billion (USD 130-billion) (14), that is to say a very modest sum on the scale of the EU financial system (15). In fact, the EU has taken the lead of a consortium which has already injected EUR 25-billion (i.e. 20 percent of the worst-case scenario) to stabilize the situation (16), and whose severity has already been diminished by the recent fall in value of the Swiss Franc.

A noter que la dénonciation de ce genre de campagne aurait toute sa place dans Le Monde ou le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Je ne suis pas sûr pour le second mais je doute de ce que Le Monde ait démonté cette triste histoire. Pourtant, enfoncer un coin dans la crédibilité de la presse économique économique anglo-saxonne serait légitime. Idem pour celle des statistiques économiques américaines ou des agences de notation. Le blogo a déjà redouté que nos têtes deviennent le refuge de la domination américaine alors même qu'elle n'aurait plus aucune raison d'être objective. Il faut que les européens (et les autres) arrivent à penser l'économie en s'affranchissant du discours anglo-saxon qui n'a rien d'une vérité révélée mais qui défend très clairement des intérêts. Pas les nôtres.

* Cet article était écrit par Ambrose Evans-Pritchard qui est un adversaire forcené de l'Union Européenne, de l'Euro et de tout ce qui n'est pas estampillé Wall Street ou la City. Il a commencé sa carrière à The Economist.

lundi 30 mars 2009

Les américains mentent sur leurs stats

C'est un des refrains du blogo. Au risque de lasser, les statistiques du mois de mars ont encore apporté de l'eau à mon moulin. Figurez-vous que les New Home Sales et les Durable Good Orders ont connu les plus forts ajustement saisonniers depuis respectivement 1982 et 1992. Ajustements positifs, vous l'aviez deviné... J'ai plusieurs fois traversé le mirroir sur d'autres chiffres comme la croissance ou l'emploi (entre autre) et j'ai depuis la certitude que les stats sont manipulées "as a matter of course". J'espère que nos politiques le savent non pas pour qu'ils pipotent également mais au moins pour qu'ils émettent des doutes sur le perpétuel miracle américain, dans la croissance comme dans la crise. Pour ce qui est de nos médias économiques, ça fait longtemps que je n'ai plus d'espoir.


Extrait de cet article de Barron's:

IT'S A COMFORT IN THIS wildly spinning world to find some things remain the same. We had feared that with the change in administrations, we'd have to revise our long-standing mistrust of government statistics. But, though it is still early days, the initial evidence gives us reason for hope. The numbers flowing out of Washington seem as dubious as ever, and so are the inferences being extracted from them by more than a smattering of investment strategists, money managers and, it pains us to say, even journalists.

The misleading figures cut across a wide swath of the economy, encompassing housing, manufacturing, employment -- you name it. The leading agent of deception, unintentional or otherwise, has been that old sly villain, seasonal adjustment. As it turns out, the seasons don't need adjustment as much as the adjustors need seasoning.

As Merrill Lynch's David Rosenberg (who, incidentally, is planning to do a bit of adjusting himself and moving back to his native Canada; our loss, Canada's gain) points out in a recent commentary, the official keepers of the books have been unusually aggressive in constructing seasonal adjustments for February's economic data.

To illustrate, the seasonal adjustment for new-home sales was the strongest since 1982; for durable-goods orders, the strongest since they were first released in 1992; the retail-sales figures for February were flat (or, as David says, flattering) after such adjustment, but unadjusted fell 3%, the biggest drop on record. He also notes dryly that the 40,000 raw non-seasonally adjusted housing-start total for February "all of a sudden becomes a headline-adjusted annual rate figure of 583,000."

Which makes David think that come the inevitably sharp downward revisions of such distorted data, first-quarter real GDP is likely to suffer a 7.2% drop. Which, together with the 6.3% skid in the fourth quarter of 2008, would be the worst back-to-back contraction in the economy in 50 years.

samedi 28 mars 2009

Obama and the "extraordinarily strong" dollar

Obama lors de sa conférence de presse de mardi:

The dollar is extraordinarily strong right now. And the reason why it is strong right now is that investors consider the Unite States the strongest economy in the world with the most stable political system in the world.

Pour combien de temps?

J'aime bien l'utilisation de "extraordinarily strong". Ca n'est pourtant pas vrai historiquement: le dollar est plutôt faible en ce moment. J'ai l'impression que l'usage de cette formule trahit la perception actuelle de la maison blanche: le dollar n'est "extraordinarily strong" que par rapport au nombre ahurissant de casseroles que les Etats-Unis ne cessent d'accumuler. Les responsables américains savent qu'ils marchent sur l'eau en ce moment avec le dollar mais comme pour l'immobilier précédemment, tout le monde prétend que cela sera sans fin. Obama chez Jay Leno la semaine dernière a déclaré qu'une partie de la croissance américaine ces dernières années avaient été une croissance de papier. Indeed. L'investisseur international va bien finir par percuter.

Je rappellerais donc à Obama que ce qu'on dit du dollar aujourd'hui a été dit il n'y a pas très longtemps de l'économie américaine, du marché de l'immobilier, du marché des actions, des firmes de Wall Street et j'en passe.

Pour l'histoire...

D'un contributeur du Wapo juste avant la publication de la liste des bénéficiaires du bailout d'AIG montrant la Socgen en deuxième position avec $12 milliards:

The international dimension of the Great Meltdown has been clear since then-Treasury Secretary Henry Paulson let it be known that an urgent telephone call from French Finance Minister Christine Lagarde helped force his decision not to let AIG follow Lehman Brothers into bankruptcy in September. Lagarde reportedly warned that AIG's collapse would endanger the world banking system, beginning with the French banks that had bought the toxic credit-default swaps AIG peddled through its hyperactive London marketing arm.

Certains Etats européens doivent une fière chandelle au Treasury dans cette affaire. Les américains ont-ils demandé des contreparties? Cela semblerait logique.

On s'était dit rendez-vous dans dix ans...

1999. Larry Summers est Treasury Secretary. Un de ses aides s'appellent Tim Geithner. C'est à ce moment là qu'une des législations conçues dans les années 30 pour qu'une telle crise ne se reproduise jamais, le Glass Steagle Act, est abandonnée. Cette loi empêchait aux banques d'investissement d'avoir des activités de banques commerciales et réciproquement. David Lindorff revisite ce moment d'histoire et nous rappelle qui disait quoi à l'époque. Je vous conseille de lire tout l'article mais voici les meilleurs extraits:

Back in November 1999, Congress passed legislation pushed by then Sen. Phil Gramm (R-TX), rescinding the Depression-era Glass-Steagall Act. The measure, backed by the Clinton administration, and overwhelmingly passed by the Senate (90-8) and the House (362-57), opened the way for banks to merge with investment banks and insurance companies, and led directly to the current financial cataclysm.

Here’s Larry Summers, a chief architect of the current financial industry multi-trillion-dollar bailout giveaway being orchestrated by the Obama administration, where he serves as director of President Obama’s National Economic Council:

''Today Congress voted to update the rules that have governed financial services since the Great Depression and replace them with a system for the 21st century. This historic legislation will better enable American companies to compete in the new economy.''

Sen. Byron Dorgan (D-ND), one of seven Senate Democrats who voted against revoking Glass-Steagall, said:

“I think we will look back in 10 years' time and say we should not have done this but we did because we forgot the lessons of the past, and that that which is true in the 1930's is true in 2010. I wasn't around during the 1930's or the debate over Glass-Steagall. But I was here in the early 1980's when it was decided to allow the expansion of savings and loans. We have now decided in the name of modernization to forget the lessons of the past, of safety and of soundness.''

And then there’s the late Sen. Paul Wellstone (D-MN), who died in a tragic and still unexplained plane crash near the end of his campaign for re-election in 2002. Congress, he said, seemed:

“…determined to unlearn the lessons from our past mistakes. Scores of banks failed in the Great Depression as a result of unsound banking practices, and their failure only deepened the crisis. Glass-Steagall was intended to protect our financial system by insulating commercial banking from other forms of risk. It was one of several stabilizers designed to keep a similar tragedy from recurring. Now Congress is about to repeal that economic stabilizer without putting any comparable safeguard in its place.''

Sen. Gramm:

'The world changes, and we have to change with it. We have a new century coming, and we have an opportunity to dominate that century the same way we dominated this century. Glass-Steagall, in the midst of the Great Depression, came at a time when the thinking was that the government was the answer. In this era of economic prosperity, we have decided that freedom is the answer.''

And then Sen. Kerrey, offering a line that should probably be etched someday on his tombstone as his most memorable quotation:

“The concerns that we will have a meltdown like 1929 are dramatically overblown.”

Note: Hubris Kills dément généralement que l'abandon du Glass Steagle Act ait eu un impact aussi mécanique qu'on le croit dans cette crise. Il est vrai que la chronologie des évènements nous pousse peut-être à en surestimer les effets. Il n'empêche: on peut au moins argumenter que cet abandon a permis l'émergence de plus d'institutions "Too big to fail" ce qui a aggravé la crise.

Ce sont les meilleurs qui s'en vont...

The Big Picture nous informe que le journaliste Dylan Ratigan quitte CNBC. Je ne le connaissais pas mais il y a également un lien qui montre qu'il semblait être du bon côté de la barrière en octobre 2008:

Il va sur ABC.

vendredi 27 mars 2009

Friday Plane Blogging

La relance et les lobbyists

Quand on connaît ses saints, on les honore. Obama a donc stipulé dans la loi sur son "stimulus plan" de $787 milliards que les lobbyists devraient garder leur distance. Il leur est par exemple interdit de parler à des membres de l'exécutif au sujet de l'utilisation des fonds du stimulus pour un projet spécifique (ils peuvent quand même leur écrire). Mais dans un mouvement qui donne une idée des rapports de force et du côté complètement décomplexé des lobbyists (même dans le contexte de la crise), ces derniers hurlent à la mort!

extraits:

“This smacks of segregation, discrimination, and I honestly feel it is unconstitutional,” Wenhold said.

Some lobbyists, such as Golin Harris’ Michael Fulton, said the new policy is not only upsetting but will also end up hurting Obama’s goal of jump-starting the economy.

“I am personally offended, and so are many of our clients,” Fulton said. “The White House and the president need to understand that the lobbying community is part of the solution, not the problem.”

Alors comme le dit kos: "Times are tough, and the last thing America wants to hear is a bunch of spoiled assholes whining about how their corrupting powers are being curtailed. They can truly go fuck themselves."

Madoff était protégé

Sinon, il est vraiment difficile d'expliquer cela:

The most relentless skeptic was Harry Markopolos, an accountant and private fraud investigator mostly unknown outside of Boston, who repeatedly sounded the alarm about Madoff to the S.E.C., starting in 2000. When the S.E.C. took no action, Markopolos began a crusade to prove his point. In 2005 he sent regulators a 19-page memo entitled “The World’s Largest Hedge Fund Is a Fraud.” He was referred to the New York branch chief, Meaghan Cheung, who, he wrote in an e-mail to one of her colleagues last year, didn’t “have the derivatives or mathematical background to understand the violations,” much less prosecute them. The S.E.C. eventually opened an investigation into Madoff but closed the matter in November 2007 without bringing any claims against him.

Cette histoire n'est pas nouvelle. J'en avais déjà parlé ici mais je trouve le paragraphe ci-dessus efficace.

Pour ceux qui s'inquiètent pour les victimes de Madoff (que Joe Nocera du NYT appelle ses "complices"), il semble qu'une décision de l'IRS rendue la semaine dernière les fasse bénéficier d'un traitement de faveur (par rapport à la victime lambda d'un ponzi scheme moins "high profile" en 2007 par exemple). En plus, vu le prix chaque jour plus dérisoire de "la dizaine de milliards de dollars" à Washington DC, je ne serais pas surpris si ce genre de "bailout soft" continuait. On pourrait par exemple lever le plafond des indemnités perçues par les investisseurs en cas de fraude ($500,000 pour chacun aujourd'hui). Je suis partagé entre l'idée d'aider des gens qui semblent pour certains avoir "tout perdu" et l'envie de "tirer l'échelle" quand on sait que ce fonds était audité par une société composée d'un unique auditeur... Pourquoi l'Etat soutiendrait-il plus une victime de Madoff qu'un pauvre bougre qui a perdu sa maison en cédant aux sirènes du Home Equity Loan*?

* Emprunt contre la valeur supposée de votre maison.

Valoriser les portefeuilles de loans subprimes

C'est l'exercice sur lequel repose le plan Geithner et il va être difficile vu le nombre de maisons inoccupées. (via Atrios)

Peter Schiff chez Morning Joe

C'était mercredi. "Morning Joe" est l'émission du matin sur MSNBC (le présentateur est un ancien sénateur ou representative républicain, la présentatrice est la fille du ponte de politique étrangère Brzezinski). Les apparitions de Peter Schiff sont très rares dans des émissions aussi mainstream. Il faut dire que son discours laisse les autres sans voix (comme Jon Meacham qui demande "Is this an Adam Smith argument?"). Je ne suis pas d'accord avec lui sur l'idée qu'il faut un "smaller government" aux Etats-Unis (cela paraît être une fixation du bord politique d'où vient Peter Schiff mais je ne vois pas le rapport de ce débat avec la crise précisément). C'est, je crois, le personnage passant à la télé qui a été le plus prescient sur la crise. On ne faisait pas les honneurs des studios de télé à Roubini à l'époque.

Notons au passage que Roubini est plutôt favorable au plan Geithner. J'ai surtout l'impression qu'il essaye de ne pas insulter l'avenir et ménager ses chances de rentrer dans l'administration Obama. Il dit en effet que le plan est un transfert de richesse des contribuables vers les banquiers et qu'il est anti-démocratique ce qui n'est pas extrêmement positif. Il donne surtout l'impression d'avoir les yeux fixés sur l'après plan, voire sur l'après échec du plan. Quand il dit ainsi que si le plan échoue, l'insolvabilité des banques deviendra l'éléphant au milieu du salon, on se demande si l'éléphant n'est pas déjà là. En gros, je trouve son soutien peu enthousiaste. Dans le débat entre recapitaliser les banques en loucedé pour préserver Wall Street (Geithner) et nationaliser les banques et en prendre le contrôle (Krugman) , Roubini est pour essayer le premier puis se résoudre au second. Il est donc toujours bien avec Obama mais il montre déjà une autre voie pour l'avenir.

jeudi 26 mars 2009

...

La cour suprême vient d'annuler des sentences rendues contre des centaines d'enfants. Les juges qui avaient rendu ces sentences avaient été corrompus (à coups de millions de dollars) pour, semble-t-il, remplir des prisons privées. Jamais entendu parler d'un truc pareil... Il est curieux que cela semble apparaître tout à coup, longtemps après que la cour suprême (de l'Etat) en ait été saisie.

C'est un peu obscur et je ne sais pas si j'ai bien compris tous les tenants et les aboutissants mais disons que ça semble plaider en faveur de prisons publiques! (vias Atrios)

Note 1: une recherche google news (qui historise pendant un mois) donne une première entrée sur cette histoire le 3 mars et l'article en question laisse penser que l'histoire venait de sortir.
Note 2: ne voyez pas dans ce post une attaque contre les USofA ou une n-ième dénonciation de leur corruption dans le Blogo. Il y a assez de choses substantielles à critiquer pour ne pas aller puiser des éléments supplémentaires dans les "faits divers". J'ai posté cela uniquement parce que je suis tombé en arrêt sur la news.

So true!

Je crois qu'on est loin d'avoir épuisé les analogies entre cette crise économique et celle de 29. Que la FED ait dans les deux cas joué un rôle similaire et destructeur est un problème majeur. Le peu de hauteur de vue du commentariat économique en général est complètement désespérant. Tant que les citoyens ne se seront pas appropriés la politique monétaire (ça peut paraître absurde de vouloir que le citoyen se rende maître d'un sujet apparemment technique mais c'est la situation allemande d'une certaine manière: tout le monde est d'accord pour simplement ne pas faire n'importe quoi - et cela leur vient de... 1929), elle sera pafois utilisée au profit d'une poignée d'initiés (comme les appelle Jacques Attali) et au détriment du plus grand nombre comme dans les dernières années. Bloomberg News interviewe George Cooper qui semble avoir écrit un livre intéressant sur la question: “The Origin of Financial Crises”.

Extrait (right on!) de l'interview:

Pressley: Bernanke’s book on the Great Depression offers a different take on asset bubbles and crashes, doesn’t it?

Cooper: The traditional analysis -- and it’s safe to say Bernanke’s -- is that the Great Depression in the U.S. was caused by the Fed running monetary policy too tight in the 1930s. I think the problem actually came with running monetary policy too loose in the ‘20s. Many of the problems we have now were baked in the cake by policy in the run-up to this crisis.

La partie surlignée est pour moi au coeur du débat. Avoir la meilleure politique possible une fois que la crise a commencé est en effet un but louable et un sujet de débat mais il est relativement secondaire. Pour comprendre la crise (et en prévenir d'autres), on peut s'arrêter en 1929. La suite est inutile. La leçon qu'on a tiré de la crise de 1929 est: "la prochaine fois, il faudra faire du déficit budgétaire et une politique monétaire ultra-laxiste et tout ira bien". On n'a pas mis l'accent sur les années folles (expression que je comprends mieux après être passé par 2000-2007).

C'est un peu comme si la leçon qu'on tirait de l'ouragan Katrina était qu'il fallait organiser les secours de manière plus efficace la prochaine fois alors que la vraie leçon est évidemment qu'il ne faut pas laisser pourrir les digues mais les entretenir.

Evidemment, quand on voit le champs de forces actuel, on comprend comment l'histoire a pu oublier d'incriminer le système bancaire et la banque centrale de l'époque. Les journaux écrivent, paraît-il, "le brouillon de l'histoire" et on voit aujourd'hui comment (à part un article dans Rolling Stone) le "brouillon" des MSM (mainstream media) est biaisé en faveur des pouvoirs établis. A noter qu'aujourd'hui il y a l'internet et des cerveaux intelligents peuvent se connecter sans passer par la médiation de censeurs. Cela va changer le "brouillon de l'histoire", l'écriture de l'histoire et peut-être même l'histoire tout court. Nous verrons.

Les chinois continuent à bousculer les américains

La Chine s'énerve. Après avoir demandé des garanties aux américains sur leur solvabilité, le gouverneur de la banque centrale chinoise en appelle à la création d'une monnaie de réserve mondiale. C'est exactement ce pour quoi milite le Blogo: le contournement des Etats-Unis et de leur dangereuse incompétence/corruption. Il est clair que beaucoup de gens sont prêts à une sérieuse discussion au G20 (que voudront éviter les américains). Il est temps pour le ROTW (rest of the world) de s'organiser.

Extrait:
China Takes Aim at Dollar
By Andrew Batson

BEIJING -- China called for the creation of a new currency to eventually replace the dollar as the world's standard, proposing a sweeping overhaul of global finance that reflects developing nations' growing unhappiness with the U.S. role in the world economy.

The unusual proposal, made by central bank governor Zhou Xiaochuan in an essay released Monday in Beijing, is part of China's increasingly assertive approach to shaping the global response to the financial crisis.

Les chinois ont-ils trop confiance dans le dollar pour le déstabiliser de la sorte? Sont-ils prêts pour le final showdown? Mieux, en est-on au final countdown pour le final showdown? ( je n'ai pas pu résister*)

* L'occasion pour moi de constater que si on tape "Europe" sur Youtube, le premier choix qui apparaît est "Europe Final Countdown". Inattendu.

Stiglitz, Atrios and the Geithner Plan

Reproduction d'un post d'Atrios sur le "Geithner Plan" (que le blogo condamne avec force btw mais j'y reviendrai):

Robbery

Stiglitz:


The U.S. government is basically using the taxpayer to guarantee against downside risk on the value of these assets, while giving the upside, or potential profits, to private investors, he said.

"Quite frankly, this amounts to robbery of the American people. I don't think it's going to work because I think there'll be a lot of anger about putting the losses so much on the shoulder of the American taxpayer."


I think he's wrong that anger will matter. The Banksters own the country now.

-Atrios 09:12

Comments (92)

Bernanke fait sa pub sur CBS

Je ne sais pas combien coûte une heure de pub sur CBS le dimanche soir à 20H30 mais c'est clairement ce que la FED aurait dû payer à CBS pour diffuser ça (c'était il y a dix jours). La FED n'a pas de soucis à se faire avec les MSM. Ca dure 25 minutes et ça n'est intéressant que pour constater le degré de complaisance.



Partie 2
Partie 3

mercredi 25 mars 2009

Cocaïne, Prozac et économie

Vous allez dire que je devrais penser à autre chose de temps en temps mais quand j'ai vu ce graphe, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que les 4 pays qui ont produit des emprunts subprimes étaient dans les cinq premières positions. (il y a sans doute un lien mais sûrement dans l'autre sens: l'argent très facile pour certains a favorisé cette consommation)

Aussi et j'en finis avec ce thème (je n'y reviendrais probablement pas): doit-on prendre en compte l'utilisation massive de psychotropes comme le prozac dans nos sociétés ces dernières années comme pouvant avoir des impacts politiques/sociaux/économiques? Quel impact la coke a-t-elle sur Wall Street? La City? Est-ce juste culturel comme la consommation de bière où cela peut-il avoir une influence sur les comportements (si tant est que la bière n'en est pas)?

Autant de questions auxquelles je n'ai pas de réponses mais que je trouve intéressantes.

Pubs pour The Economist sur le blogo

Je n'ai évidemment aucun contrôle sur les publicités que vous voyez sur le blogo au cas où vous vous demandiez...

Le discours impossible

Il y a dans le discours sur la crise qu'on entend outre-atlantique une croyance dans une solution "magique" à la crise. Je vise en particulier Krugman qui est une des seules voies réellement écoutées sur le plan de relance et qui réclament toujours plus de dépenses publiques (aux US et en Europe) sans jamais évoquer les risques que cela comporte. Exemple un peu daté ici. L'idée est que nos aînés en 1929 se sont comlètement trompés et que nous savons aujourd'hui de manière certaine qu'une relance massive nous permettra de retomber sur nos pieds. Cela ressemble à un Gosplan: il va y avoir un manque à gagner dans l'output du pays de tant de trillions alors l'Etat prend le relais et comble le trou. L'idée que "l'activité économique ne se décrète" pas (surtout pas dans un pays aussi corrompu que les Etats-Unis où une industrie financière hypertrophiée et des armées de lobbyists d'autres secteurs se sont faits une spécialité d'utiliser leurs appuis politiques pour faire des profits faciles - je n'ose même pas imaginer les pertes en ligne dans le cadre d'un plan de relance! - Who says "there is no free lunch on Wall Street" anymore?) n'est plus du tout à la mode. Le discours prédominant veut nous convaincre que rectifier les excès accumulés sur 15 ans ne demandera pas des efforts et du temps mais juste de l'audace bugdétaire. Et la croissance reviendra au second semestre 2009!

La vérité est qu'un discours plus austère qui mettrait en garde contre l'accumulation excessive de dettes aurait l'inconvénient de remettre en cause le modèle de croissance américain des quinze dernières années et que, understandably, nobody wants to go there. Ce modèle reposait sur un mensonge dont beaucoup savait que le monde ferait finalement les frais mais qui a entre-temps énormément profité au niveau de vie des américains. La seule possibilité pour les eux de maintenir ce niveau de vie est de trouver un moyen de faire subsister ce modèle d'une manière ou d'une autre. Alors peut-on réellement leur reprocher de vouloir prolonger ce ponzi scheme qui leur a tant réussi et dont nous avons été, comme les investisseurs de Madoff, des victimes consentantes (cf l'auditeur de Madoff*)? Selon moi, pas vraiment. On ne peut pas s'attendre à ce que les américains s'auto-condamnent aux travaux forcés pour rembourser leur dette accumulée dans la période faste. Ils ne le feront que contraints et forcés par le reste du monde qui aura arrêté de croire aux contes de fées. Aussi, ils peuvent arguer comme tous les surendettés du fait que leurs prêteurs savaient exactement ce à quoi ils s'exposaient et ils n'auront pas tout à fait tort. Ils ne s'en priveront pas le moment venu.

Ce n'est donc pas d'eux que viendra le changement nécessaire. On ne doit donc pas espérer qu'ils tiennent un discours de raison qui les desservirait mais agir pour les forcer à revoir à la baisse leurs niveaux de vie. Le monde ne peut pas continuer à leur prêter à fonds perdus sans même évaluer les alternatives.



* La firme qui auditait les $65 milliards de Madoff n'avait qu'un auditeur.

Qui va prêter?

Le postulat des américains dans la gestion de la crise (postulat un peu contraint car c'est leur seule porte de sortie) est que l'endettement des Etats ne sera limité en aucune manière. Tous les acteurs économiques doivent se serrer la ceinture car l'accès au crédit est devenu plus difficile mais les Etats échapperont à cette règle. On peut néanmoins se demander qui va continuer à prêter dans ce contexte de contraction économique. Les chinois vont-ils continuer à trouver les emprunts d'Etats américains si attractifs si une partie de leur population retombe dans la misère et que les américains, en plus, n'achètent plus leurs produits? Et les investisseurs privés? Vont-ils continuer à croire les portraits qu'ils lisent dans le triptyque (WSJ, FT et The Economist) présentant les Geithner et autre Summers comme "the best economic team ever assembled" et continuer à considérer le dollar comme une valeur refuge alors que ces pieds nickelés ne cessent se se prendre les pieds dans le tapis?

En tout cas, il semble que le Royaume-Uni commence à avoir du mal à écouler sa dette avec une "failed auction" (enchères ratées) durant laquelle toute la dette offerte n'a pas trouvé preneur. C'est la première fois depuis 1995 qu'une enchère échoue et cela se produit alors que le Royaume-Uni se lance dans le plus grand programme d'émission de dette jamais entrepris (£146 milliards cette année). Pas très rassurant. Dans le même registre, la perte de valeur de la dette d'Etat américaine a conduit la FED a acheté $300 milliards de Treasuries la semaine dernière ce qui est la toute dernière péripétie dans les tentatives américaines de "se soulever en tirant sur leurs lacets" ("pull themselves up by their own boostraps"*). Voir cet article également sur la difficulté de maintenir les taux bas en innondant simultanément le marché d'obligations.

Alors que les pays anglo-saxons se lancent dans un grand programme de blanchiment de dettes pourries (faire de la dette privée en défaut de la dette d'Etat blanche comme neige), on se demande vraiment qui va vouloir (ou même pouvoir en pensant aux vaillants petits soldats de l'empire qui se jetteraient sous un train sans hésiter pour le préserver - il y en a) s'offrir ces obligations.

Le problème est que si un mouvement général de défiance envers la dette souveraine des Etats devait finalement apparaître, il ne s'arrêterait probablement pas aux seuls pays anglo-saxons. Il risque de peser également sur les pays qui auront fait preuve de plus de retenue dans la gestion de la crise. Comment faire pour ne pas être entraîné dans la chute des Etats-Unis? On aurait pu commencer par avoir une politique monétaire qui marque plus de distance vis à vis de la FED mais ça, ça semble raté. On pourrait ensuite faire dans la mesure en ce qui concerne le déficit budgétaire et les plans de relance de tous poils mais là encore il n'y a pas de garantie de succès (à noter le poids des anglo-saxons dans ce débat alors qu'ils ne devraient plus être écoutés).

L'Europe doit se démarquer assez nettement des Etats-Unis si elle ne veut pas être entraîner dans leur chute (si tant est que cela soit évitable). Les investisseurs qui achètent des dollars quand les choses s'agravent sur les marchés ne disent pas autre chose. Si les choses s'agravent, autant faire confiance au boss même si tout est de sa faute. Pour l'heure, l'Europe est le passager effrayé d'un véhicule conduit par un brigand en cavale et tant qu'elle ne fera pas mine de vouloir reprendre le volant avec les autres passagers, tous continueront à s'en remettre au conducteur actuel.

* cette expression a un sens positif en anglais en dépit du caractère illogique de la proposition. Cela signifie "se débrouiller par soi-même pour améliorer son sort". Je l'utilise ici au premier degré pour signifier le caractère illusoire de la tentative.

mardi 24 mars 2009

Matt Taibbi dans Rolling Stone

Cet article mérite d'être lu. Il s'intéresse aux origines de la crise, puis plus spécifiquement à AIG et finalement à la gestion de la crise par le gouvernement Goldman Sachs depuis septembre. Son auteur, Matt Taibbi, est ajouté derechef à la "blogo compliant list".

Alors bien sûr, c'est "Rolling Stone" et pas le wapo ni le NYT. Evidemment, ça ne nous vient pas du triptyque (FT, WSJ et The Economist). Il est quand même important que cette analyse de la crise sorte de la blogosphère et rejoigne les MSM. Gageons que cet article va être beaucoup lu sur internet et espérons qu'il constituera un tournant dans l'approche de la crise des autres médias.

Résumé: Les banques ont acheté aux hommes politiques américains un univers dérégulé depuis 15 ans à coup de lobbying et de contributions de campagne (pour des sommes ridiculement faibles par rapport aux enjeux, sans doute moins de $10 milliards en tout). Elles ont usé et abusé du fait qu'elles contrôlaient leur environnement juridique et les régulateurs pour faire des profits sans précédents en mettant en péril la société. Après avoir planté le pays, elles sont encore aux manettes et veillent à être toujours les premières bénéficiaires de toutes les initiatives du gouvernement censées apporter des solutions à la crise. Cela se fait dans l'opacité la plus totale grâce notamment aux statuts obscurs de la FED et au fait que personne à Washington ne puisse réellement lui demander de comptes.

L'article ne tire pas la conclusion naturelle de ces évènements mais le blogo s'en charge: la crise économique est avant tout la conséquence d'une crise politique préexistante. Tant qu'on ne rendra pas aux américains leur démocratie en réformant le système politique, l'économie ne pourra revenir à un fonctionnement sain. Il faut attaquer le problème à sa racine en modifiant les lois de financement de campagnes et en neutralisant les lobbyists.

lundi 23 mars 2009

Greenwald parle de la crise

Et ça ressemble au blogo:

The financial crisis has merely unmasked the corruption and rot in our establishment institutions that are staggering in magnitude and reach. Just as the Iraq War was not the by-product of wrongdoing by a few stray bad political and media actors but instead was reflective of our broken institutions generally, the financial crisis is a fundamental indictment on the way the country functions and of its ruling class. What would be unhealthy is if there weren't substantial amounts of public rage in the face of these revelations.

* * * * *

Matt Taibbi's new Rolling Stone article perfectly summarizes what the AIG scandal reveals about our political and economic system, and should be read in full. In sum: financial elites own the Government and both political parties. Their money drowns Washington and their lobbyists control it. They used that ownership of Government to abolish decades-old legal and regulatory protections which previously constrained what they could do. In the lawless environment which they literally purchased from our political leaders, they were able to pillage and pilfer and steal without limit. And even now that everything has come crashing down, they continue to dictate what the Government's response is, to ensure that they -- the prime authors of the disaster -- are the prime beneficiaries, at the public's expense, of the "solutions," solutions which preserve their ill-gotten gains and heighten even further their power and influence.

Deriliction of duty du Blogo

Après trois jours durant lesquels je n'ai suivi que d'un oeil l'évolution de l'actualité, je viens de prendre la mesure de ce qu'il s'est passé jeudi soir à la chambre des représentants: un projet de loi a été voté avec le soutien des démocrates et de la moitié des républicains pour taxer rétroactivement à 90% tous les bonus distribués dans les sociétés bénéficiaires du bailout(j'avais cru jusque là que cela ne visait que les $165 millions d'AIG).

Je m'en veux de ne pas en avoir parlé plutôt parce que cela va à l'encontre de la notion abondamment documentée dans le blogo selon laquelle les politiques US ne sont que le faux-nez des banques dans la gestion de la crise. Or le blogo, loin de passer sous silence les nouveaux éléments qui bousculent ses idées établies, les accueillent à bras ouverts comme autant de stimulations et de raisons de continuer à s'interroger pour finalement changer d'avis s'il le faut (je n'en suis pas là en la matière).

Ce projet de loi est un assaut majeur contre Wall Street même s'il ne sera très probablement que symbolique car un projet de loi voté par la chambre des représentants peut être très largement altéré avant d'être finalement promulguée (Obama vient de se distancier de cette mesure dans "60 minutes"...). Il est aussi assez courant que dans leur première forme, les projets de loi dévient assez largement de l'orthodoxie habituelle du congrès. C'est quand même un symbole fort et la marche-arrière (puisque marche-arrière il y aura ou alors le blogo mangera son chapeau) va se faire sous le regard d'électeurs en colère. Cela marque-t-il vraiment une évolution politique du rapport entre le congrès et Wall Street ou n'est-ce que le début d'une "good cop/bad cop routine"* convenue qui ne changera rien au sort réservé au contribuable?

Update 1: Obama déclare à 60 minutes: "And one of the things that I have to do is to communicate to Wall Street that, given the current crisis that we're in, they can't expect help from taxpayers and enjoy all the benefits that they enjoyed before the crisis happened. You get a sense that, in some institutions that has not sunk in." Effectivement, ça n'a pas "sunk in" mais il faut voir l'aspect sociologique de l'histoire. Cette crise remet en cause l'aristocratie bancaire américaine qui avait connu une croissance champignonesque ces dernières années. C'est un séïsme sociologique. Il peut paraître incroyable que Wall Street ne soit pas capable de revenir à ses esprits toute seul face à l'étendue du désastre mais le degré d' "entitlement" ressenti là-bas et l'arrogance qu'ont engendrée les années d'oppulence n'enjoignent pas vraiment à la mesure et à la retenue. Faire feu de tout bois pour maximiser sa rémunération n'est pas réfléchi, cela relève du réflexe. Ainsi, faire jouer ses appuis politiques pour substituer le contribuable à sa source de revenu (déjà suspecte) n'est pas quelque chose qui crée des cas de conscience. Personne ne renonce spontanément à ses privilèges, ce sont des tiers qui les abolissent et les Robber Barrons façon 2007 ne feront pas exception. L'idée que le moindre bonus ait été distribué à Wall Street cette année est ridicule en soi**. Et pourtant, $18,4 milliards ont été distribués...

Update2: Cette mesure semble constitutionnelle au LA Times.

*le good cop serait le congrès et le bad cop Wall Street.
** Josh Marshall de TPM media note que pour des raisons fiscales, les bonus sont surpondérés dans les rémunération en finance et que la part de "récompense" est moins importante qu'il n'y paraît (une bonne part du bonus est du fixe maquillée). Cela rend le "haro sur le bonus" et leurs baisses voire leur disparition encore plus désagréable mais c'est aussi se faire prendre à son propre piège pour les robber barrons.

Recent reality

Encore un journaliste de CNBC qui se comporte en porte-parole de Wall Street en agitant l'épouvantail du "systemic risk" pour justifier les politiques pro-banques et en prenant un air de Droopy désolé face à la perspective d'une limitation des salaires dans les banques. En face, un député américain qui le remet à sa place: "For you to assume that Wall street is acting in the national interest flies in the face of recent reality". Indeed. And not so recent reality as well, I might add. 1min30.
Voici l'interview de 6 minutes en entier pour ceux qui, comme moi, ont été mis en apétit par cette introduction.

dimanche 22 mars 2009

Geithner out? Dimon in?

Une news Bloom dans la catégorie "Opinion" pose Jamie Dimon (CEO de JP Morgan) comme possible remplaçant de Geithner dont la position s'affaiblit tous les jours. Dimon n'a pas bonne presse sur le blogo parce qu'il fait mine de s'indigner des attaques dont Corporate America fait l'objet (ce qui laisse rêveur sur sa sensibilité politique en ce moment) et tente de charger le gouvernement sur la crise alors que ce dernier est dans la main des banques (sa nomination ne manquerait pas de rendre cette main-mise une n-ième fois évidente).

A noter que j'ai vu Dimon sur Charlie Rose pendant une heure en décembre et qu'il avait beaucoup plus de charisme que Geithner qui est attaqué précisément sur ce point. J'avais été plutôt séduit à l'époque mais il n'avait pas encore adopté son nouveau credo "self-serving" et outraging sur les banques "injustement montrées du doigt". Un petit message pour Jamie à qui il faut décidément tout expliquer: Tu payes des journalistes pour dire ça, Jamie. C'est parce que si tu le dis toi-même, tu as l'air ridicule. Alors laisse-les faire!

Il est toujours étonnant de voir des noms suggérés dans les médias pour occuper des fonctions dans le futur. Cela crée-t-il réellement un buzz autour d'une personne? Les buzz font-ils parfois les nominations? Les rumeurs sont-elles parfois générées par les candidats eux-mêmes? En tout cas, choisir un militant contre "l'injustice faite aux banques" comme Treasury Secretary serait encore plus spectaculaire que le choix de Geithner dans le registre de l'allégeance à l'industrie bancaire.

vendredi 20 mars 2009

Friday Plane Blogging

Pubs sur le Blogo

Le blogo teste les pubs via google. Je ferai un sondage sur les pubs... Je vais aussi essayer de rajouter des petits gizmos comme des boutons "digg" et autres trucs du genre. Ca va faire un peu arbre de Noël dans un premier temps. Vous aurez été prévenus.

Roubini toujours pas sur la "blogo compliant list"

Je commence à me dire que c'est une erreur mais je ne suis pas prêt à la corriger (je devrais peut-être bosser pour une agence de notation). Voici en tout cas un post de Roubini dont le titre ne figurera jamais en couverture du triptyque (FT, WSJ et The Economist pour ceux qui ne suivent pas). Cela montre aussi pourquoi Roubini a vu la crise venir là où tout le consensus mou de "US academia" s'autocongratulait idiotement: il est capable d'indépendance d'esprit. Ce genre de déclaration tonitruante ne le rapproche pas d'un poste dans l'administration Obama mais le rapproche de la "blogo compliant list". Dans la vie, il faut choisir.

Je vous conseille de suivre le lien vers le Q&A du FT qui est lumineux. c'est sa marque de fabrique.

Roubini: Anglo-Saxon model has failed

Nouriel Roubini | Feb 9, 2009

The Anglo-Saxon model of supervision and regulation of the financial system has failed, Nouriel Roubini, chairman of RGE Monitor and professor of economics at New York University, told the Financial Times on Monday.

Answering questions from FT.com readers, Prof Roubini, who is widely credited with having predicted the current financial crisis, said the supervisory system “relied on self-regulation that, in effect, meant no regulation; on market discipline that does not exist when there is euphoria and irrational exuberance; on internal risk management models that fail because – as a former chief executive of Citi put it – when the music is playing you gotta stand up and dance.”

Les marchés des changes ouvrent les yeux sur la FED

Chute rapide du dollar (la plus forte en 9 ans) suite aux largesses de la FED, l'euro atteint $1,37. Comme si le dernier trillion d'hier n'était pas dans la continuité de ce qui se passe depuis six mois... Evidemment, on va nous expliquer dans une semaine que le dollar remonte car c'est une valeur refuge en dépit de la détermination des autorités américaines à l'envoyer à la casse. Les américains doivent déprécier leur monnaie en faisant de l'inflation pour réduire leur endettement et ils vont y arriver. La persistance des investisseurs internationaux à tenir le dollar à bout de bras dans ce contexte est complètement stupéfiante. Au lieu de prendre les devants de la politique complètement téléphonée de la FED, les investisseurs continuent à remonter le courant. C'est étrange.

En 2006, tellement de gens répétaient depuis tellement longtemps que la bulle immobilière allait éclater qu'on finissait par se demander si elle ne pouvait pas finalement tenir le coup encore un temps. On en est à peu près au même point pour le dollar aujourd'hui: il semble toujours évident que quelque chose de grave va se passer mais c'est le cas depuis tellement longtemps qu'on n'ose plus s'avancer sur le timing.

Pourtant, le blogo (qui n'a peur de rien) s'est déjà un peu mouillé sur la question en promettant à ses lecteurs un "run" contre le risque de crédit de l'Etat américain (qu'on imagine mal sans crise monétaire) en 2009 et je suis même allé jusqu'à dire que le premier semestre semblait un meilleur candidat que le second (en janvier). Plus qu'une incursion dans le domaine réservé de Madame Soleil, cela traduisait essentiellement mon sentiment d'alors que les choses s'accéléraient et qu'on se rapprochait du dénouement. Ca n'est typiquement pas le sentiment que l'on retire de l'actualité récente mais est-ce le calme avant la tempète? Il est évident qu'on ne peut savoir aujourd'hui d'où viendra le coup de grâce (pour la bonne raison que les fragilités évidentes du système comme la relation sino-américaine par exemple sont probablement sécurisées) et qu'il arrivera de manière impromptue.

L'évolution récente du marché des obligations d'Etat américaines laisse pourtant penser qu'on se rapproche du moment de vérité. Ce marché a été qualifié de bulle spéculative jusqu'au début 2009, puis il s'est détendue jusqu'à l'annonce hier de l'achat par la FED de $300 milliards de treasuries. On peut faire une analogie entre le boom de l'origination des emprunts subprime dans les trois dernières années avant la débacle (2004-2006) à la croissance de la taille des émissions d'emprunts d'Etat américains que nous vivons actuellement. Dans les deux cas, l'innondation du marché s'est accompagnée d'un resserrement des spreads laissant penser qu'il n'y avait pas de limite à la demande. Cette croissance exubérante n'est-elle pas typique de la fin d'un phénomène de bulle?

Quel que soit le timing exact de cette crise de confiance, il s'agira du moment où les investisseurs du monde entier enverront une fois pour toute les américains en rehab de leur addiction à la dette et cesseront d'augmenter sans cesse la ligne de crédit qui leur est octroyée. Les américains ont en réalité déjà fait défaut sur leur dette et il ne reste plus qu'à en tirer les conséquences pratiques. C'est ce que le reste du monde, peu préparé intellectuellement à conceptualiser l'après-empire, se refuse à faire (pour l'instant). Au lieu de ça, nous faisons semblant de croire au coup de bonneteau des autorités américaines qui nous disent que ce que les agents économiques américains n'ont pas pu rembourser comme emprunteurs à titre privé, ils le pourront dès qu'ils mettront leurs casquettes de contribuables (l'Etat n'ayant cessé depuis le début de la crise de se porter garant d'une manière ou d'une autre de toutes les dettes privées qui faisaient défaut). C'était le sujet de ce post.

jeudi 19 mars 2009

Marrant

1) Un des premiers sondages pour 2012 donne Obama battant Palin de 20 points.

2) Vikram Pandit, le PDG de Citi, fait son cookie monster. D'après le WSJ :
Citigroup also disclosed on Monday that Chief Executive Vikram Pandit got a pay package valued at $38.2 million in 2008, according to a Securities and Exchange Commission filing. Most of that amount was in stock and options whose value has withered with the firm's share price.

C'est un scandale en soi mais en plus il y a ça:

Heureusement que le dollar ne vaudra bientôt plus rien car sinon ce serait un peu crispant.

Et ça continue encore et encore...

C'est que le début. D'accord, d'accord.

Au moins, on ne s'ennuie pas. La Fed s'apprête à acheter pour $700 milliards d'obligations Fannie Freddie et $300 milliards de treasuries. Plus besoin des chinois, le trésor américain vend directement ses obligations à la banque centrale.

Le Treasury ne nous déçoit pas non plus. Geithner avait du mal à staffer son ministère. Il a au moins trouvé un gars pour s'occuper des "domestic financial issues". Atrios nous signale que le nouveau venu se caractérisait en 2007 par... son optimisme:

Mr. Alexander's role as Citigroup's chief economist didn't entail significant management responsibilities. But his optimistic economic forecasts colored executives' views that the U.S. was unlikely to face a prolonged slump.

"I think that's not going to spill over more broadly into the economy, and so I think we're going to have a normal kind of housing cycle that's going to last through the middle of this year," Mr. Alexander said in a 2007 interview on PBS.

Toujours via Atrios, Harold Meyerson au Wapo:
But Geithner's indulgence of bankers' indulgences is fast becoming the Obama administration's Achilles' heel. The AIG debacle is the latest in a series of bewildering Geithner decisions that threaten to undermine the administration's efforts to restart the economy. So long as it's Be Kind to Bankers Week at Treasury -- and we've had eight straight such weeks since the president was inaugurated -- American banking, and the economy it is supposed to serve, will remain paralyzed. The Geithner plan to restart the banks provides huge taxpayer subsidies to hedge funds, investment banks and private equity companies to buy the banks' toxic assets without really having to assume the risk.
...
It's certainly not because Americans are dead set against bank nationalization: A Newsweek poll this month found that 56 percent of respondents supported it. Hell, Alan Greenspan supports it. But Geithner seems unable to imagine a banking system not run by its current leaders or owned by its current shareholders or engaged in the same arcane securitization practices that led to its collapse. An administration that is busily creating alternatives to our health-care system and our energy policies is being dragged down by a Treasury secretary who cannot conceive of an alternative to our ca:tastrophic system of banking.

Glenn Greenwald, le constitutionnaliste, commence à faire la loi sur ce qui concerne la crise économique également. Sur AIG, Summers, Emanuel et Geithner (l'équipe qui gagne!) ont essayé de faire porter le chapeau du paiement des bonus au sénateur Chris Dodd avec des fuites anonymes dûment répétées par la presse du beltway. Greenwald s'est attaché à remettre les choses à leur place (la réalité était strictement l'inverse - standard). Branle-bas de combat dans les rédactions des "journaux de référence" qui ont rectifié à la hâte. Greenwald est en train de devenir le personnage le plus redouté de tous les médias américains. L'honnêteté est tellement rare dans les médias aux Etats-Unis que quand elle apparaît, elle emporte tout sur son passage. Au milieu d'un système politico-médiatique en décomposition, sa bonne foi militante et son honnêteté intransigeante le font naturellement ressortir. Son impact est ahurissant. Il représente l'avenir. Plus de bonimenteurs vendus à des marchands d'arme, des entreprises de BTP ou de distribution d'eaux qui nous gavent de leurs opinions évidemment "indépendantes" mais des gens sérieux qui bâtissent leur réputation en étant sur chaque sujet irréprochables factuellement et sûrs dans leurs jugements. Et si ces nouvelles références venaient à nous trahir? Pas de problème: elles seront remplacées. Le même processus qui leur aura permis d'apparaître fera peser sur eux une pression concurentielle continue. The future looks bright ahead!

mercredi 18 mars 2009

Les dirigeants d'AIG se trompe de film

Michael Hudson (un commentateur obscur que je viens de découvrir et dont vous n'entendrez parler que dans le Blogo) trouve étrange que les médias et le monde politique américain s'indignent des bonus distribués chez AIG ($135 millions) alors qu'ils ne représentent que 0.1% des sommes débloquées pour aider l'entreprise à remplir ses engagements face à ses contreparties ($184 milliards). Combien ces contreparties ont-elles distribué en bonus grâce à ces sommes obtenues d'AIG? Sûrement beaucoup plus que $135 millions. Il faut bien dire que cette histoire est "front and center" dans tous les médias américains depuis le début du week-end. Obama et beaucoup d'hommes politiques sont venus porter leurs pierres à l'édifice de cet "outrage across the board".

Hudson s'indigne du fait qu'à l'occasion de cet emballement médiatique devenu cathartique, des politiques dans la poche des banques comme le sénateur Charles Schumer ou le député Barney Frank se donnent des airs de pourfendeurs de Wall Street alors qu'ils en sont en réalité les courroies de transmission au congrès.

Pour Hudson, cet "haro sur les bonus d'AIG" n'est qu'une diversion qui permet de canaliser la colère populaire contre un épouvantail afin de la détourner d'une cible plus évidente: l'ensemble du système bancaire. D'où la surenchère dans la dénonciation et le "posturing". Je suis globalement d'accord avec lui mais Hudson commet une erreur cruciale dans sa narration des faits car il attribue la révélation de la liste des contreparties qui a eu lieu dimanche soir au gouvernement alors que ce sont les dirigeants d'AIG qui ont "lâché le morceau" dans un communiqué de presse.

Voici la chronologie des évènements telle que je les comprends:
D'abord des attaques répétées tout le week-end suite à la révélation du paiement de $135 millions de bonus chez AIG. On rappellera pour mémoire que $4 milliards de bonus avaient été distribués chez la défunte Merrill en décembre juste avant son acte de décès officiel et après des renflouements massifs de l'Etat. La réaction médiatique avait été moindre (en gros, personne n'avait jamais réclamé sérieusement la restitution de l'argent ce qui commençait à être le cas pour AIG - your Wall Street type will gladly take abuse but will frown upon letting any money on the table). Se sentant injustement mis à l'index par rapport à tous leurs amis de Wall Street qui sont systématiquement épargnés par les médias, les dirigeants d'AIG sont amers. Ils savent à quel point leur sauvetage a été utile au reste de Wall Street et ils ne comprennent pas pourquoi ils sont livrés à la vindicte populaire. Par dépit et pour menacer tacitement l'establishment bancaire d'encore plus de révélations, ils rendent public la liste des contreparties qui ont bénéficié des quatre renflouements successifs d'AIG. Ils se croient à la fin de Reservoir Dogs (les deux clips ci-dessous contiennent des images très violentes - âmes sensibles s'abstenir).

Le problème c'est que leur coup n'a pas porté car comme le signale Hudson, les médias ne se sont pas intéressés à ces révélations (what a shocker!). En revanche, les dirigeants d'AIG se sont retrouvés comme dans la scène de Pulp Fiction où un personnage (AIG) décharge son révolver contre Jules et Vincent (Wall Street) sans les toucher: en situation de vulnérabilité.
(voir les 20 premières secondes de ce clip encore une fois très violent).

En brisant l'omerta sur le secret le mieux gardé de Wall Street (les petits arrangements entre amis liés au bailout plan) les dirigeants d'AIG ont accéléré la disparition de leur firme qui a de toute façon fait son office. D'où le ramdam encore amplifié depuis le début de la semaine.

Note: Il s'est passé des choses depuis que j'ai écrit ce post. Le président d'AIG a demandé à ses employés de restituer la moitié de leur bonus. Je serais étonné que cela règle le problème. Peut-être que cela aurait fonctionné le week-end dernier, mais depuis qu'ils ont publié la liste des contreparties, la question n'a plus rien à voir avec les bonus. Un système maffieux sain se débarrasse des balances.

Test: sondage sur le blogo

Je vais commencer à faire des sondages du lectorat du blogo. Si vous pouvez répondre à cette question, cela me permettra de vérifier le bon fonctionnement du sondage.

Quelle est votre couleur preferee?
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Nouvelle incursion du blogo dans le "sociétal"

J'apprends en lisant Glenn Greenwald que le Portugal a décriminalisé les drogues en 2001 (usage? commerce?). Greenwald y est allé en mission pour la Cato Institute et il présente l'initiative portugaise comme un succès. Je ne suis pas très attentivement les médias français mais je dois dire que je n'avais jamais entendu parler de cette expérience portugaise. Si les résultats sont bons, pourquoi des politiques en France ne se saisissent-ils pas du sujet?

A noter, pour faire quand même un lien avec le sujet du blogo*, que l'abandon de la prohibition date de 1933. Les dépressions sont-elles les moments idoines pour relâcher la pression sur ce genre de sujets? Attali semble aller dans ce sens quand il regrette (démagogiquement) au sujet de la loi Hadopi: "pour une fois qu’on pouvait donner quelque chose gratuitement à la jeunesse, première victime de la crise". Les crises entraînent-elles des périodes de plus grande permissivité?

Note: Après la loi Hadopi, le blogo se coltine la dépénalisation de la drogue. A quand des posts enflammés sur les "droits des malades enfin de vie"? Tant que j'y suis: je ne reproche pas au Pape ne pas vanter l'usage du préservatif sur des panneaux publicitaires "4 par 3" en Afrique. De là à ce qu'il déclare que les préservatifs "augmentent le problème" du sida comme il vient de le faire, il y a un pas. Ce genre de discours met franchement mal à l'aise.

* Le "sujet" du blogo est une notion un peu fluctuante. J'ai mis dès le début "Chronique d'une crise annoncée" en sous-titre mais je pensais démarrer un blog généraliste. J'ai pensé changer le sous-titre pour, par exemple, "Chronique de la chute de l'empire" (que j'aime bien). Rien n'est inscrit dans le marbre de toute façon. Il y a cinq ans, c'est la guerre américaine en Irak qui captivait mon attention. C'était le fait politique majeur du moment. Aujourd'hui c'est la crise économique. C'est également le fait politique du moment. Je vais essayer de faire du Blogo un blog sur ce qui est important, "a blog about what matters". Dans notre monde qu'on peut encore sans trop de risque qualifier d'empire américain, beaucoup des choses importantes se passent aux Etats-Unis. Mais si des pays se distinguent en bien (drogue au Porgugal) ou en mal (loi Hadopi en France) en prenant des chemins susceptibles d'être suivis par le reste du monde, cela mérite également d'être évoqué. Sans compter que si l'empire s'effondre, tous les pays le constituant auront joué un rôle dans son effondrement. Voilà, j'en ai fini avec ce qui à la relecture ressemble un peu à un "mission statement" du blogo. Long overdue anyway.

Au passage et pour que ce post puisse prétendre au titre de post le plus "gloubi-boulga", deux images tirées de l'entrée wikipédia française sur "empire américain" que j'ai trouvées impressionnantes:
George Lucas n'a pas autant d'imagination qu'on le croie:
Les guignols de l'info ont à peine modifié la vraie carte d'Etat-Major du commandant Sylvestre:

Le Blogo contre la loi Hadopi

Cette loi Hadopi est imbécile. Elle va échouer. La place logique de la France est aux avant-postes des nouvelles libertés numériques. Après des siècles de contrôle de la culture et des médias par un nombre limité d'individus surveillés de très près par les pouvoirs politiques et économiques, la technologie permet enfin un éclatement du pouvoir médiatique. Il est fort à parier que les démocraties pré-internet resteront dans l'histoire comme de simples esquisses (ou comme des farces pour certaines).

L'internet menace beaucoup de structures de pouvoir. Parmi celles qui sont menacées, les maisons de disques et de productions cinématographiques sont du menu fretin. Qu'elles aient réussi en France à s'attirer les faveurs des pouvoirs publics au détriment de l'immense majorité des citoyens du pays me rappelle précisément le fonctionnement routinier d'un autre pays où le pouvoir politique est devenu sourd au peuple et servile envers les "politically connected": les Etats-Unis (suprise! ;-) ).

Nous sommes donc, contrairement aux apparences, complètement dans le sujet du Blogo. J'ai lu sur Wikipédia qu'on suggérait aux blogs de s'habiller de noir pour s'opposer à la loi Hadopi. Le bandeau en haut du blogo devient donc noir aujourd'hui.

Cette loi va sans doute passer mais il est possible qu'elle se retourne contre ses auteurs. Il y a en effet une approche cynique de la loi Hadopi: en organisant une ségrégation entre les oeuvres "libres" et les oeuvres copyrightées, elle crée un marché où les premières ont un avantage déterminant sur les secondes. Combien de temps avant que les oeuvres libres ne se diffusent plus que les oeuvres payantes? Les "majors" ne perdront-elles pas plus vite leur influence en s'arc-boutant sur leurs copyrights? En se ghettoïsant dans le payant? (c'est exactement ce qu'a fait le NYT en faisant payer ses éditos pendant deux ans avant d'y renoncer). Quelle que soit la manière dont se manifestera finalement son échec, cette loi n'est qu'un château de sable devant la marée montante.

Sur l'internet en général, je pense que notre attention est une rémunération suffisante pour quelque oeuvre que ce soit. A charge pour l'artiste de trouver des moyens de se rémunérer à partir de l'attention que je lui ai consacré ou de vivre d'un autre travail si son activité artistique est bénévole.

Pour ceux que ça intéresse, je recommande la chronique de Jaques Attali sur la loi Hadopi dont voici la conclusion:

Cette loi sera sans doute votée, parce qu’elle est le pitoyable résultat d’une connivence passagère entre des hommes politiques, de gauche comme de droite, toujours soucieux de s’attirer les bonnes grâces d’artistes vieillissants et des chefs d’entreprises bien contents de protéger leurs profits sans rien changer à leurs habitudes.

Cela échouera, naturellement. Pour le plus grand ridicule de tous.

Et un petit message personnel pour finir aux sympathiques "gens du spectacles", "troubadours" et autres "saltimbanques" qui ont soutenu cette loi en dépit de la régression évidente qu'elle entraîne pour les libertés individuelles: GFY.

mardi 17 mars 2009

Le patrimoine des français serait en baisse de 3%

Selon l'Insee, le patrimoine des ménages aurait baissé de 3% en 2008. La FED donne -18% aux Etats-Unis en 2008 comme signalé récemment sur le blogo. A part ça, les performances économiques des deux pays sont similaires. On se demande vraiment par quel miracle (même si ces chiffres ne sont pas forcément calculés de la même manière - la différence semble assez significative).

Le retour du cookie monster

Le cookie monster avait fait son apparition sur le blogo à l'improviste dans ce post d'une manière qui m'avait moi-même surpris. Le revoilà pour nous expliquer le scandale Madoff (via The Big Picture).

lundi 16 mars 2009

La Socgen peut remercier le contribuable américain

Sur un total de $105 milliards versé à des contreparties, le sauvetage d'AIG a bénéficié à hauteur de $13 milliards à Goldman Sachs, plus gros bénéficiaire (chiffres AIG via Bloomberg). On pouvait supposer que des banques étrangères avaient bénéficié du sauvetage mais il se trouve qu'en position deux et trois parmi les récipiendaires, on trouve la Société Générale et la Deutsche Bank pour $12 milliards chacune!

Je me demande:
1) Pourquoi ces informations que la Fed refusait de dévoiler ont fait l'objet d'une fuite* d'AIG? Cela a-t-il à voir avec la polémique sur les bonus des dirigeants d'AIG? Est-ce un chantage de la direction d'AIG au monde financier: "Si vous n'êtes pas solidaires avec nous sur nos bonus, on dévoilera toutes les infos que vous préfèreriez confidentielles". Ce serait marrant: un début de dissension au sein du monolithe bancaire qui pourrait entraîner la fin de l'omerta sur certains aspects du "bailout plan". Les banques ont clairement intérêt à rester soudées mais ne serait-il pas moral que l'avidité exacerbée qui les unit finisse par causer leur perte? Nous n'en sommes pas là.
2) Comment les américains vont-ils prendre le fait que les choix de leurs représentants politiques les conduisent à donner des milliards à des banques étrangères dans le seul but de préserver un pouvoir financier qui n'a de cesse de les plumer?
* Ce que j'appelle une fuite est en fait un communiqué de presse...

Irréel: JPM joue au casino avec l'argent des autres

(cette news a deux semaines déjà, j'ai un peu tardé avant de faire le post)

Alors que l'année 2008 a été exécrable pour Wall Street dans son ensemble, JP Morgan a annoncé un profit de $5 milliards sur ses trades de dérivés de crédit. Revoilà donc une fois de plus des golden boys qui ont été plus plus intelligents que tout le monde et qui méritent à la fois gloire et richesse. A n'en pas douter, l'équipe de Matt Zames va être rémunérée à la hauteur de ses performances.

Il y a cependant un problème. Avant septembre 2008, si JP Morgan faisait de mauvais trades, elle aurait subi le sort de la Barings (coulée par Nick Leeson). La faillite était la sanction naturelle qui incitait les banques à ne pas laisser leurs trading desks faire n'importe quoi. C'est fini. Les oligarques américains ont créé depuis septembre 2008 un nouveau concept: la banque insubmersible car recapitalisée au fil de l'eau de manière illimitée par le contribuable.

Le "bailout plan" (TARP) et les interventions de la FED ont rendu le système bancaire de fait irresponsable. Dès lors, la prise de risque qui a permis ces $5 milliards de profits s'est faite aux dépens du contribuable. De plus, ces trades n'ont payé que parce que le même contribuable a empêché les contreparties de JP Morgan de faire faillite... La "banque-en-faillite-et-soutenue-par-l'Etat" A a fait $5 milliards de profits sur le dos des "banques-en-faillite-et-soutenues-par-l'Etat" B, C et D. Ce serait drôle si ça n'était pas tragique*. Les grandes banques de la place sont désormais comme des joueurs dans un casino qui ne jouent pas leur argent mais auxquels on donne des jetons en leur disant qu'ils peuvent jouer et garder les profits. Les banques avaient déjà du mal à contrôler leurs traders quand elles risquaient vraiment d'y laisser des plumes mais maintenant qu'elles vivent dans l'irresponsabilité la plus totale, on se demande bien ce qui va pouvoir instiller un peu de "fear of god" sur les marchés.

C'est ce que Jim Rogers dit depuis le début de la crise: empêcher les banques de faire faillite n'est pas seulement révoltant d'un point de vue moral, c'est aussi créer un précédent dont les conséquences sont forcément incalculables et désastreuses à moyen terme. Des banquiers qui savent qu'ils ont le droit de "lever l'impôt" en cas de difficultés seront beaucoup plus difficiles à contrôler et infiniment plus toxiques que des banquiers qui sont persuadés que le moindre écart sera impitoyablement (et logiquement) sanctionné par une faillite. A noter que ces banquiers (qui avaient en principe peur de la faillite) se sont déjà révélées extrêmement toxiques. Etait-il vraiment nécessaire de leur enlever toute raison de s'inquiéter?

Après l'échec pitoyable et grotesque de la banque 1.0, voici donc la banque 2.0: la banque sans risque. Devant l'incapacité des banques à gérer leurs risques, le contribuable compatissant a décidé de les abolir. Et puisqu'en plus d'être compatissant, notre contribuable est généreux, il n'a absolument rien demandé en échange.

* Et please, dans le contexte actuel, interdisons le "prop trading" dans ces institutions. Il y a quand même des limites au ridicule. Mais pour cela, il faut na-tio-na-li-ser. Cela rejoint l'appel précédent du Blogo à l'interdiction des CDS. Et aussi l'appel à l'annulation des CDS existants. J'imagine que certains lecteurs ouvrent de grands yeux mais nous y arriverons, je ne vois pas d'autres solutions. Si vous en avez, vos commentaires sont les bienvenus.

Note: Pour les CEOs de banque vraiment anxieux, l'assurance tout risque contre la faillite semble être de faire massivement des trades pourris avec GS. Devoir énormément d'argent à GS est la meilleure garantie de voir l'argent du TARP se déverser sur votre institution à coups de dizaine de milliards de dollars.

Où l'on reparle de Judith Miller

J'ai déjà évoqué sur le blogo le peu de considération que j'avais pour Judith "aluminium tube" Miller, ex-journaliste du NYT qui avait été la propagandiste en chef de l'administration Bush avant (et après) l'invasion de l'Irak. Marc Andreesen, fondateur de Netscape, dit à Charlie Rose dans le clip suivant que la pilule "Judith" n'est pas passée chez lui non plus et qu'il en a conçu une certaine hostilité envers son journal, allant jusqu'à créer un "NYT Deathwatch" sur son blog. Cela convaincra le lecteur que les fixations du blogo ne sont pas si insolites que ça. Voir à partir de 28min50s.

A noter que l'interview est intéressante pour les gens qui s'intéresse à la technologie. Andreesen considère également que les journaux vont disparaître sous peu. Music to my hears.

dimanche 15 mars 2009

For further reference

Via "The Big Picture", des informations sur l'endettement des américains publiées sur "Optionarmageddon", d'après des chiffres de la FED. Je conseille le post dans son intégralité à ceux qui sont intéressés. Ou le large extrait ci-dessous (cliquez sur les graphes pour les voir en plus gros):

An explanation below Chart #2 on why this data indicates we’re still in the early stages of the financial crisis.* (Click charts to enlarge)



To put data from the chart above in perspective, the one below compares the data to GDP. I’m using annual data here, so the increase at the end of 2008 is understated. GDP for the full year 2008 was higher than 2007. But Q4 2008 GDP was lower compared to Q3. So towards the very end of the year, the denominator (GDP) is going down even as the numerator (Debt) is going up. On a percentage basis, this means Debt/GDP is presently rising at an accelerating rate.



It’s been said that the income statement is the past, but the balance sheet is the future. Our balance sheet is getting worse. Those who argue that, because the stock market has already fallen over 50% we must be in the later “innings” of this crisis, don’t understand the dynamic driving it: over-indebtedness. The equity value of our economy is going down—think housing equity (see below) and the stock market. At the same time our debt is going up. In other words, America’s leverage is spiking.

The only way to climb out of a debt-induced depression is to pay down debt. We have to reduce leverage.

But Americans have shown absolutely no political will to do this, so eventually our lenders will cut us off, forcing us to de-lever. (Note Chinese Premier Wen’s comments at the top of today’s links.)