mercredi 5 mai 2010

Trois morts en Grèce

And so it began...

Obama fait une "Bush" (de plus...)

Bush avait fait une "blague" au White House Correspondents Dinner de 2004 sur le fait qu'il n'avait pas trouvé de "weapons of mass destruction" en Irak. Dans la même veine, Obama a mélé les "Jonas Brothers", Sasha et Malia et les "predator drones" dans une "joke" de très mauvais goût. Ces drones sont la cause de nombreuses morts civiles et sont devenus le symbole de la guerre asseptisé (de leur côté) que livrent les américains en Afghanistan, en Irak et à l'occasion n'importe où dans le monde. Des hommes se lèvent en effet le matin quelque part dans le Maryland, mangent leurs corn flakes, embrassent leurs femmes et leurs enfants, se rendent dans un centre de jeux vidéos militaires et aspergent de bombes des zones qu'ils ne connaissent pas à des milliers de kilomètres. Ha, ha, ha!

Everyone agrees that President Obama was funnier than Jay Leno at the White House Correspondents Association dinner on Saturday night. But this joke is inspiring some backlash:

"Jonas Brothers are here, they're out there somewhere. Sasha and Malia are huge fans, but boys, don't get any ideas. Two words for you: predator drones. You will never see it coming. You think I'm joking?"

"You have to wonder why in the world the president's speech writers would think it was a good idea to throw a joke about predator drones into the president's speech during the White House Correspondent's Dinner, given that an estimated one-third of drone casualties, or between 289 and 378, have been civilians," wrote Adam Serwer at the American Prospect.

Intéressant

Des journalistes répètent un peu partout que les banques ont remboursé l'argent du TARP. Les plus crédules expliquent que l'Etat a fait un profit sur son investissement. Voilà ce qu'il s'est vraiment passé (via Atrios):

extrait:
As a bookkeeping matter we can say that the government "profitted" from these deals in the sense that it got interest on its loans. (It also received warrants from banks that it sold at a profit.) However, as a practical matter, these profits no more benefit the government's accounts than if the Federal Reserve Board just printed the same amount of money and handed it to the Treasury by purchasing government bonds. Unfortunately, few reporters covering the economy and the bailout understand this point, so they end up writing pieces that imply the country was somehow benefitted by the fact that the banks repaid their loans with interest.

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L'euro en-dessous de $1.30

Comment reprendre le dessus? La dynamique, bien engagée maintenant, fait de l'Europe l'amortisseur de la crise américaine. Car ne nous leurrons pas: nous sommes lancés dans une crise de financement généralisée et les américains, grâce à la soumission du reste du monde et bien qu'ils soient responsables de cette crise sont toujours aux manettes comme en témoignent les downgrades récents de pays européens. Ils vont sans doute avoir de graves difficultés également mais ils vont tout faire pour que le reste du monde tombe plus vite, plus bas.

Ou vont-ils finalement perdre le contrôle devant l'énormité de leurs propres problèmes? Ca ne dépend pas que d'eux. Il faut que les dirigeants du monde entier comprennent le plus vite possible que ça n'est pas l'école des fans et que tout le monde ne va pas gagner. Les américains ont choisi de ne pas gérer le monde en "bon père de famille", ils doivent être déboulonnés. Nous ne pouvons pas continuer à nous en remettre à leur système politique complètement corrompu pour organiser la planète (ni à leur monnaie tout aussi corrompue). Le changement ne va pas être facile mais il est indispensable.

Les Etats-Unis bénéficient d'une planche à billet et de la monnaie de réserve mondiale. Nous avons choisi de bâtir une monnaie sans assumer le fait qu'elle serait un instrument de puissance et qu'elle ne pourrait donc être un succès que si un jour elle réussissait un jour à challenger le dollar. La confrontation était inévitable et on ne peut pas dire qu'elle s'annonce sous les meilleurs auspices. Sous l'influence des socialistes français (Jospin mais n'oublions pas Strauss-Kahn puisque contrairement au premier il a peut-être un futur), nous avons choisi la voie des "bisounours monétaires" avec une monnaie très inclusive à l'expansion rapide. Les américains n'ont que peu ou pas protesté: ils savaient sans doute trop bien que cet édifice était fragile et qu'ils n'auraient aucune difficulté à le faire sauter si le besoin, un jour, s'en faisait sentir. Quand leurs difficultés seraient telles que le "fair play" ne serait plus de mise. L'absence de constitution européenne et la faiblesse institutionnelle qui s'en est suivie n'ont rien arrangé.

Mais finalement c'est le suivisme de la Fed dans sa politique de taux ultra-bas post 11 septembre qui a révélé l'euro pour ce qu'il était: une monnaie influençable qui était inféodée aux objectifs stratégiques américains. Oh, il restait bien un peu de l'influence de la Bundesbank puisque nous sommes restés à 2% de taux d'intérêts sans nous aventurer jusqu'au 1% américain. Un peu comme un joueur de l'équipe de France au Zaman Café qui ne serait là "que pour regarder". Moralité, à un moment où les américains sacrifiaient leur monnaie sur l'autel de la guerre contre le terrorisme, nous sacrifions la nôtre à la guerre des américains. En bons vassaux. Nous aurions dû nous rappeler à ce moment là que l'Euro n'était pas la monnaie de réserve mondiale et n'avait jamais connu de retournement de conjoncture (sans parler du plus violent retournement depuis la guerre). Nous sautions dans le vide avec les américains dans un élan de solidarité mais sans faire attention au fait qu'ils avaient un parachute (l'assise du dollar) et pas nous (l'efficacité de leur parachute reste à démontrer: c'est la grande interrogation de cette crise).

Que faire? Les contingences politiques font que la question n'a pas grand intérêt. Nous allons continuer la politique du chien crevé au fil de l'eau jusqu'à ce l'amère pilule de l'austérité grecque arrive jusqu'à nous. Ca n'est plus évitable.

Oh bien sûr, on pourrait rêver. Promettre du sang, des larmes et la victoire. Cette austérité qu'on a devant nous, on pourrait l'affronter et l'embrasser au lieu de la subir et de la redouter. Créer un mécanisme crédible de défaut et d'exclusion de l'Euro (et de réintégration) en fonction de critères précis et exigeants. Réapprendre à vivre selon des paramètres d'endettement qui ne nous mettent plus à la merci d' "investment bankers" (ou des agences de notation qui mangent dans leurs mains) dont le caractère véreux n'est plus à démontrer. Créer une agence d'inspection des finances publiques européennes et d'autres choses encore (quelque chose me dit que j'aurais l'occasion d'y revenir).

Finalement, démonter les mécanismes de pouvoir américains qui ont failli et bâtir un système qui s'en affranchisse structurellement en tirant les leçons de leur échec. Encourager la planète entière à faire de même ce qui mettra fin aux dépenses militaires infinies des Etats-Unis et donc à l'empire désormais hors de contrôle (et à l'origine de nos difficultés).

Nous ne sommes de toute façon qu'au début de ces péripéties. L'Europe paraît mal placée aujourd'hui mais cela pourrait changer tant la situation est volatile et l'impression de maîtrise que donnent les américains depuis le sauvetage des banques pourrait s'évaporer rapidement. Leur déficit budgétaire est en effet à mi-chemin entre la Grèce et la moyenne européenne (10%, 14% et 6% du PIB en gros). Si on rajoute la dette de Fannie et Freddie garantie par l'Etat US, le volume de leur dette est très supérieur à la Grèce en pourcentage du GDP (autour de 130% - la dette d'agence est néanmoins garantie par des maisons mais la valeur d'une maison aujourd'hui aux Etats-Unis, si on enlève les mécanismes de soutien de l'Etat, ça n'est plus grand chose). Leurs besoins de refinancement mensuels sont abyssaux. Leurs dépenses militaires sont ridiculement élevées (et pour quel résultat?). Evidemment, ils ont le dollar. Le billet vert peut-il réellement payer pour tout cela? Bankruptcy is in the eye of the beholder.

La Fed savait...

C'est un des refrains du blogo mais il est marrant de le voir confirmer par les procès verbaux des délibérations de la Fed en 2004 qui viennent d'être rendus publics:

Du Huffington Post:

As top Federal Reserve officials debated whether there was a housing bubble and what to do about it, then-Chairman Alan Greenspan argued that dissent should be kept secret so that the Fed wouldn't lose control of the debate to people less well-informed than themselves.

"We run the risk, by laying out the pros and cons of a particular argument, of inducing people to join in on the debate, and in this regard it is possible to lose control of a process that only we fully understand," Greenspan said, according to the transcripts of a March 2004 meeting.

Pourquoi se méfier d'un débat si on est sûr de ses positions? Le Blogo dénonce depuis longtemps le contrôle par la FED du discours des économistes et du débat sur l'économie en général dans les milieux académiques et médiatiques. Gageons que nous ne sommes pas au bout de nos surprises... Encore plus difficile de s'opposer à un audit après ce genre de déclaration.

Et pour finir, la popopopopopoker face de Bernanke: