dimanche 14 février 2010

Deux contre-feux

On ne peut pas dire que les membres de la power structure responsables de la crise économique doivent affronter de nombreuses récriminations dans le débat public (Bernanke, homme de l'année de "Time" par exemple). A toutes fins utiles, ils prennent cependant les devants et commencent à faire entendre une petite musique qui vise à les exonérer d'à peu près tout. Je note pour l'instant les tendances suivantes:

- Jamie Dimon devant le Congrès et Summers à Davos nous expliquent que les crises financières sont des "facts of life" qui arrivent "tous les 5 à 7 ans" selon Dimon et "tous les trois ans" selon Summers. Ils ne reconnaissent donc pas à cette crise de caractère exceptionnel. Un autre LTCM, une autre crise asiatique ou un autre crash de 1987: "a bump in the road" en quelque sorte. Circulez, il n'y a rien à voir.

- Il est souvent dit également que la bulle de l'immobilier était globale et qu'il est donc incorrect de mettre spécifiquement en cause les Etats-Unis et la FED (je crois que cela a été mis en avant spécifiquement dans une étude récente de la FED). Le subprime et Fannie/Freddie (véritables symboles de la "regulatory capture") n'ont donc pas été les éléments d'une évolution américaine spécifique. D'où ma question: Où sont les obligations pourries basées sur des emprunts hypothécaires français qui ont explosé dans des banques américaines? Cette banalisation du cas américain au prétexte que les prix ont monté, puis baissé partout est une tentative transparente de désinformation.

Dans le même registre, on peut noter que Bernanke exonère à bon compte la politique de taux extrêmement bas de la FED de tout rôle dans la bulle de l'immobilier. La confiance revient un peu du côté du corridor Wall Street-Washington. Encore quelques mois de calme relatif, un chômage qui baisse de 0.5% et on en sera presque à: "Une crise? Quelle crise?". Arrogance...

L'OVNI Palin

Certains OVNI politiques semblent n'obéir à aucune loi de la physique. Sarah Palin est clairement à placer dans cette catégorie. En dépit de confidences inquiétantes sur son ignorance crasse par des anciens de la campagne McCain, d'une facilité à l'oral qui rappelle W et de mauvais sondages, elle demeure complètement centrale dans le paysage politique et médiatique. Politico dit que c'est parce qu'elles génèrent plus de "hits" que les autres républicains sur leur site internet (il faut bien dire que c'est un peu le désert). TPM se penche sur les marionnettistes derrière Palin.

“Politicians want to pass the ball forward"

Un article du New York Times explique que quand des pays du Club Med ont voulu manipuler leurs comptes publics dans la dernière décennie, ils trouvaient toujours des banques d'investissement avec des produits foireux pour les y aider. Sans surprise et sûrement pas cantonné à ces pays là. On se demande vraiment comment des arrangements aussi grossiers ont pu tromper Bruxelles car cela devait bien être le but... Ce qu'on ne dit pas également, c'est combien de politiques grecs ayant trempé là-dedans ont touché subséquemment des subsides des grandes banques d'une manière ou d'une autre.

“Politicians want to pass the ball forward, and if a banker can show them a way to pass a problem to the future, they will fall for it,” said Gikas A. Hardouvelis, an economist and former government official who helped write a recent report on Greece’s accounting policies.