vendredi 25 septembre 2009

Greenwald se fait David Brooks

Greenwald réduit en miette David Brooks qui tient une tribune dans le NYT. Brooks a connu la gloire à la fin des années 90 en inventant le terme "Bobo". Il a surtout milité pour la guerre en Irak comme si sa vie en dépendait en 2002 et en 2003 et il bat encore aujourd'hui le tamtam de l'escalade en Afghanistan (et partout ailleurs tant qu'on y est). Greenwald lui rappelle ses écrits de l'époque et met en doute sa légitimité à détenir l'un des bâtons de Maréchal de la punditry américaine: une tribune dans le New York Times.

Greenwald se demande comme toujours par quel miracle ces élites faillies ont réussi l'exploit de ne pas voir leur situation se dégrader suite à leurs mensonges répétés (et à leurs conséquences tragiques) mais au contraire de voir celle-ci s'améliorer: Brooks est monté dans le pecking order de l'influence journalistique aux Etats-Unis en passant du Weekly Standard au NYT après le désastre irakien (tout comme Bill Kristol d'ailleurs).

Extrait de l'attaque de Greenwald:
Just read some of what Brooks wrote about Iraq. It's absolutely astounding that someone with this record doesn't refrain from prancing around as a war expert for the rest of their lives. In fact, in a society where honor and integrity were valued just a minimal amount, a record like this would likely cause any decent and honorable person, wallowing in shame, to seriously contemplate throwing themselves off a bridge:

Greenwald ne fait pas dans la nuance en lui conseillant d'envisager le suicide mais quand on pense aux centaines de milliers de morts que des gens comme Brooks ont provoquées en écrivant dans le confort de leur living room, on a du mal à réellement s'émouvoir. Et je vous rassure, vu l'arrogance imbécile que Brooks ne cesse de manifester dans ses écrits propagandistes, les chances que cet appel de Greenwald à ce qu'il "se comporte honorablement" soit entendu sont absolument nulles.

Je recommande la lecture de tout le post de Greenwald qui donnera une idée au lecteur de ce qu'on entendait aux Etats-Unis dans le "run-up to the war". Voici néanmoins un extrait de ce que Brooks écrivait au lendemain du speech grotesque de Powell à l'ONU du 5 février 2003 qui ira particulièrement droit au coeur d'une audience française:

I MADE THE MISTAKE of watching French news the night of Colin Powell's presentation before the Security Council. . . . Then they brought on a single "expert" to analyze Powell's presentation. This fellow, who looked to be about 25 and quite pleased with himself, was completely dismissive. The Powell presentation was a mere TV show, he sniffed. It's impossible to trust any of the intelligence data Powell presented because the CIA is notorious for lying and manipulation. The presenter showed a photograph of a weapons plant, and then the same site after it had been sanitized and the soil scraped. The expert was unimpressed: The Americans could simply have lied about the dates when the pictures were taken. Maybe the clean site is actually the earlier picture, he said.

That was depressing enough. Then there were a series of interviews with French politicians of the left and right. They were worse. At least the TV expert had acknowledged that Powell did present some evidence, even if he thought it was fabricated. The politicians responded to Powell's address as if it had never taken place. They simply ignored what Powell said and repeated that there is no evidence that Saddam has weapons of mass destruction and that, in any case, the inspection system is effective.

This was not a response. It was simple obliviousness, a powerful unwillingness to confront the question honestly. This made the politicians seem impervious to argument, reason, evidence, or anything else. Maybe in the bowels of the French elite there are people rethinking their nation's position, but there was no hint of it on the evening news.

Which made me think that maybe we are being ethnocentric. As good, naive Americans, we think that if only we can show the world the seriousness of the threat Saddam poses, then they will embrace our response. In our good, innocent way, we assume that in persuading our allies we are confronted with a problem of understanding.

But suppose we are confronted with a problem of courage? Perhaps the French and the Germans are simply not brave enough to confront Saddam. . . . Or suppose we are confronted with a problem of character? Perhaps the French and the Germans understand the risk Saddam poses to the world order. Perhaps they know that they are in danger as much as anybody. They simply would rather see American men and women--rather than French and German men and women--dying to preserve their safety. . . . Far better, from this cynical perspective, to signal that you will not take on the terrorists--so as to earn their good will amidst the uncertain times ahead.

Dollars are forever

Déclarations de Geithner dans le cadre du G20 (bbg):

Treasury Secretary Timothy Geithner said he sees a “strong consensus” among Group of 20 nations to reduce reliance on exports for growth and defended the dollar’s role as the world’s reserve currency.

“A strong dollar is very important in the United States,”

Geithner yesterday reiterated that the U.S. doesn’t intend for the dollar’s role in the global economy to diminish.

“We have a special responsibility here in the United States to make sure we are doing the things in this country to preserve confidence in the U.S. financial system -- confidence that’s very important to sustain the dollar’s role as the principle reserve currency in the international financial system,” Geithner said.

“We expect, as I think countries expect around the world, the dollar to retain that position for a very long time,” he said.

Tic, tac, tic, tac...

Friday Plane Blogging

(cliquez pour agrandir)

Le Monde s'informe sur la marche du monde...

Et publie un dossier sur Golman Sachs rassemblant beaucoup des informations que vous avez eues en direct depuis un an sur le blogo. C'est émouvant, comme un enfant qui fait ses premiers pas. Paulson et ses coups de téléphone, les 13 milliards d'AIG, Government Sachs, Matt Taibbi et sa "vampire squid wrapped around the face of humanity", Robert Rubin, les profits records...

Ils notent que Taibbi est un peu funky mais qu'il y a eu une contre-attaque contre son article du très sérieux Time Magazine. Pourquoi ne pas relever que Time est complètement dans l'establishment et Rolling Stones un peu moins? Pourquoi ne pas y voir une dimension d'explication? Pourquoi chaque journaliste qui s'exprime un tant soi peu négativement sur GS aux Etats-Unis prend-il des précautions oratoires à n'en plus finir? Il n'y a pas que dans la politique que GS a de l'influence. Oh mais peut-être que Le Monde ne veut pas croire (et surtout ne pas faire envisager à ses lecteurs) que les vieux médias puissent être influencés par le poids économique des sujets dont ils traitent...

Aussi dans un élan d'admiration confraternelle pour le journal de référence d'Outre-Atlantique, on nous nous affirme que Gretchen Mortgenson du NYT ne peut pas être soupçonnée d'être une adepte des théories du complot. Pourquoi? Il semble sous-entendu que c'est précisément parce qu'elle travaille pour le NYT. CQFD. Un journaliste qui travaille pour le NYT ne peut pas croire à une théorie de la conspiration.

Et bien vous savez quoi? Prions le ciel pour qu'il n'y en ait jamais des conspirations car vu l'impossibilité des vieux médias à les envisager, on peut-être certains qu'ils passeraient à côté. A force d'agiter "les théories de la conspiration" comme des épouvantails a priori déraisonnables avant toute discussion pragmatique, on a éradiqué la conspiration comme catégorie politique.

C'est une conspiration ou quoi? ;-)

Si je conspirais au sommet de l'Etat, un tel a priori ne m'arrangerait-il pas? Let me think... Et d'ailleurs, si le "4ème pouvoir" se déclare incompétent (ou par principe incrédule) en matière de conspiration, cela ne crée-t-il pas mécaniquement un terrain propice aux conspirations?* (si on considère que le "4ème pouvoir" en est bien un et qu'il a un impact sur quoi que ce soit, big if).

Le premier article du Monde conclut en disant que le sommet de Pittsburgh nous renseignera sur le niveau d'influence de GS sur l'administration Obama. Oui. On va enfin savoir également si Pittsburgh est bien une ville industrielle de l'ouest de la Pennsylvannie. Suspense...

La conclusion de l'autre article du dossier de Sylvain Cypel est franchement regrettable car elle reprend sans explication de texte la citation d'un "Goldman Fanboy": "C'est parce que les gens de Goldman sont les meilleurs, leur gestion du risque supérieure aux autres, que l'Etat leur fait plus confiance." Pour une firme qui aurait fait faillite 30 fois sans l'intervention de l'Etat dans l'année écoulée (exactement comme les autres), nous ressortir l'obséquieux et réchauffé "ce sont les meilleurs" qui prévalait avant 2007 est franchement nul, même pour un vieux média fatigué. Cela montre en tout cas que l'aura des banquiers d'affaire n'est quasiment pas entamée dans les MSM malgré leur toxicité sociale démontrée (il faut vraiment abrutir les masses pour que Bank of America juge nécessaire d'accoler à son nom le ridicule patronyme de la banque faillie Merrill Lynch comme déjà observé ici).

* Cette notion de conspiration devenue aujourd'hui "inenvisageable par principe" a suscité ma curiosité et je suis allé sur wikipédia, il y a bien eu des conspirations dans l'histoire (liste non-exhaustive j'imagine):
Je me demande bien quel phénomène étrange les a désormais rendues impossibles et quand cela s'est produit. Vérifions la définition du Larousse:

conspiration

nom féminin
(latin conspiratio, -onis)
  • Complot tramé contre un régime politique ou un homme politique.
  • Cabale, intrigue dirigée contre quelqu'un ; machination.
C'est marrant, ça semble presque possible pourtant... Heureusement que nous sommes débarrassés des conspirations pour toujours en tout cas!


Note: Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus du mal radical que représente Goldman Sachs, voici le croquis d'une "vampire squid":

Pour ceux qui ne sont toujours pas convaincus du mal radical que représente Goldman Sachs, voici la photo officielle de Neil Kashkari nommé au ministère des finances pour s'occuper du plan de sauvetage des banques après avoir passé des années chez GS:

Pour ceux qui ne sont toujours pas convaincus du mal radical que représente Goldman Sachs, je ne peux plus rien faire pour vous.