mardi 17 mai 2011

"Consentement"

Le New York Post (à prendre en général avec des pincettes mais qui peut occasionnellement dire la vérité) dit que c'est la nouvelle stratégie de défense de DSK. C'est a priori la seule raisonnable s'il y a de l'ADN partout. Mais pour avoir une relation consentie avec une femme de chambre dont celle-ci sort avec des blessures superficielles, il faut quand même se mettre très rapidement d'accord avec elle sur le contenu exact des pratiques SM qu'elle accepte. Un grand communiquant comme DSK toujours à l'écoute en a probablement les capacités. C'est sûrement ce qu'en pense Jean-Marie "feu nucléaire" Cambadélis en tout cas. (via La Kake)

France 24 contre l'omerta

Une chroniqueuse de France 24 met les pieds dans le plat sur l'omerta française en prenant l'angle du regard étranger.
A noter que contrairement à TF1 hier soir qui ne disait toujours rien sur la complicité passive du système avec DSK (avec une animatrice connue pour être sensible au charme des mâles alpha++...), Pujadas ouvrait lui ses portes à Jean Quatremer, véritable héro seul-contre-tous de la lutte anti-DSK (et référencé sur le Blogo dès ses débuts en 2008 dans la foulée de l'affaire Piroska-Nagy - link de second degré pour être exact, je linkais vers un article qui parlait du post de Quatremer et des réactions qu'il avait suscitées).

Christophe Barbier exécute DSK et le "système" français

Finalement un édito musclé contre DSK! Il n'est clairement pas assez dur avec les médias mais il accuse à juste titre une culture et un climat. Et il confirme mes doutes sur les activités des proches de DSK: ils semblent bien être tout le temps aux aguets d'un possible traitement médiatique des dérives sexuelles de leur boss pour le tuer dans l'oeuf.

Une équipe entière était donc mobilisée pour cacher la maladie d'un homme. Quelle arrogance! Plutôt que de soigner l'individu pour l'adapter au monde, on a décidé d'adapter le monde à l'individu. Le plus étonnant est qu'ils y sont presque* parvenus, en France, pour notre plus grande honte collective.

Heureusement: hubris kills.

* Je dis "presque parvenus" car il est bien évident que les coûteaux s'aiguisaient pour faire payer ses frasques à DSK pendant la campagne. Et cela aurait peut-être été des manoeuvres électorales mais surtout un grand service public!

Banon intéresse les anglo-saxons

Sur Google News, on voit que les premiers liens vont vers la décision de Banon de porter plainte. Cette histoire ne semble pas en revanche intéresser la presse française pour l'instant ou l'embarrasse plus probablement. A noter un certain courage de la presse régionale qui met en cause... La presse parisienne. Pas encore de mea culpa des fautifs mais l'étau se resserre.

Nouvel Obs/ AFP:
Le silence coupable de la presse française

Enfin de nombreux journaux s'interrogent sur les manquements de la presse française concernant le traitement qui est fait des élites dirigeantes françaises au nom d'une bien commode "protection de la vie privée".

Dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Olivier Picard remarque que "le petit monde politico-médiatique parisien pourrait s'interroger sur sa fâcheuse tendance à minimiser, ou à tolérer, les comportements limite (fric ou sexe ou les deux) de ses élites. Depuis des années, le personnel politique et nombre de journalistes étaient parfaitement au courant des petites faiblesses de DSK".

Même interrogation dans La Montagne, dans laquelle Daniel Ruiz se dit forcé "de constater qu'un DSKgate n'est possible en France que lorsqu'il part des États-Unis".

Philippe Waucampt écrit même dans Le Républicain lorrain que se pose "la question de l'omerta sur "sa relation obsessionnelle aux femmes qui n'était un secret pour personne". "Tout le monde a réalisé que c'est ce silence complaisant qui a conduit DSK - et notre réputation avec - là où il est".

Mais, souligne comme en écho Jacques Camus (La République du Centre), "attendre que DSK soit à terre pour briser l'omerta est indigne."


Note 1: La dernière remarque de Jacques Camus sur le caractère honteux de briser l'omerta quand l'homme est à terre est absurde. En cette matière, mieux vaut tard que jamais bien évidemment. D'autant que les charges contre DSK peuvent s'arrêter du jour au lendemain et que si un "case" indépendant de la dernière affaire est constitué, on ne risquera pas de retour en arrière (si ce "case" est constituable... Let's find out!).

Note 2: Sur Public Sénat, l'audition de DSK devant le juge.

DSK entouré par de la racaille sans foi ni loi

Michèle Sabban que vous voyez plus bas (une ponte PS affiliée DSK) explique que la mère de Tristane Banon devrait quitter d'elle-même le PS car elle a décidé (enfin!) de soutenir sa fille dans le dépôt d'une plainte contre DSK. Si le PS a un tant soit peu de dignité il doit se débarrasser au plus vite de cette folle à lier! Si Sabban est au PS dans une semaine, il y a un vrai problème! Quand on pense à ce qu'a fait subir DSK aux relations entre Banon et sa mère et aux pressions destructrices qui ont dû s'exercer sur cette famille, on est bien content que DSK dorme à Rikers!
Cette femme fait preuve d'une telle soif aveugle de pouvoir et est prête à rouler tellement évidemment sur tout ce qui se présentera... J'en ai le souffle coupé. Sabban articule très explicitement la nasse dans laquelle étaient prises Banon et sa mère. Si la fille portait plainte, la mère perdait son job. Quelle horreur absolue! Je pense que la mère n'a pas fait le bon choix mais que la pathologie d'un homme conduise à mettre des gens dans cette situation est affreux. Il faut absolument soutenir cette famille et leur permettre de respirer après avoir vécu 10 ans d'enfer! Vous voyez-vous aller tous les matins dans une organisation qui fait pression sur vous pour que votre fille ne porte pas plainte pour agression sexuelle contre un de ses dirigeants? C'est un calvaire! Et Sabban toujours incapable après les évènements de New York d'imaginer qu'il peut peut-être y avoir un problème avec son boss? Banon se soulage enfin de son poids alors sa mère est out? Quelle horrible femme!

Et globalement, j'ai de plus en plus l'impression que la mafia d'euro rscg était une petite maffia dont une des tâches principal était de faire la police un peu partout (rédactions, éditeurs, youtube, dailymotion etc...) pour permettre de dissimuler les frasques criminelles de leur boss. Quel beau "mission statement" pour un petit groupe d'individus. Qui a fait courir le bruit que la victime possible de DSK était laide? Les avocats stars américains ou des petits margoulins de Euro RSCG par exemple? Et sur quel orbite moral cela projetait-il la présidence DSK? La France revient de très, très loin et doit une fière chandelle aux américains.

Et toujours pas de Banon au 20H00 de TF1. Peut-on être trop scandalisé par le fonctionnement de ce pays? Laissez parler Banon!

DSK à Rikers

Poetic Justice...

Censure

Remarque: c'est désormais le Groupe M6 et plus la société d'Ardisson qui revendique la mise au rencart de la vidéo sur youtube (et à 19:40 la vidéo youtube a réapparu mais avec des sous-titres). Et la vidéo est à nouveau disponible sur dailymotion à prendre en compte en lisant le post en-dessous de la vidéo que j'ai laissé tel quel:
La vidéo de l'émission d'Ardisson du printemps 2007 dans laquelle Tristane Banon mettait en cause DSK de manière accablante devant un aéropage de médiacrates a disparu de Youtube et de Dailymotion. Des pressions ont bien évidemment été exercées* mais ça n'est plus pour protéger DSK, occupé qu'il est à se faire de nouveaux amis sur Rikers Island.

Il s'agit désormais de protéger les personnalités qui étaient présentes dans cette émission: Hedwige Chevrillon, Thierry Saussez, Jean-Michel Apathie (qui ce soir sur Canal a fait preuve d'une hypocrisie rare en déclarant "ahurissante" l'affaire DSK), Roger Hanin (qui n'est pas journaliste et qui faisait montre d'une sincère compassion pour Banon), Thierry Ardisson (qui était très remonté contre DSK mais qui a cédé aux pressions vu que c'est sa société de production qui a demandé la supression de la vidéo), Claude Askholovitch et j'en oublie malheureusement. (il y avait Jacques Séguéla aussi, EuroRSCG in da house!)

Mais il faut protéger plus généralement tout le landernau politico-médiatique français à commencer par Sarkozy qui avait nommé DSK quelques semaines après que l'émission ait été diffusée et qui devait de toute façon avoir toutes les fiches nécessaires pour savoir précisément à quoi s'en tenir. Tout cela fleure bon les pays de l'Est. Quelle douce musique que celle des petits cris d'une nomenklatura (droite-gauche-médias) cornerisée!

N'oublions pas que le premier artisan de la résistible ascension de DSK a été Sarkozy avec son choix pour le FMI. Un Sarkozy qui savait pertinemment à quoi s'en tenir sur les déviances de son poulain. Aujourd'hui, presque tous les politiques et les journalistes de ce pays mentent non pas pour couvrir DSK mais pour se couvrir eux-mêmes (comme sur la Libye ou comme sur l'Irak aux Etats-Unis: l'unanimité dans l'erreur les rend solidaires).

Une Présidente de la République tomberait à pic pour mettre un point final à cette atmosphère de patriarcat fétide et finissant.

Je fais un pari: assez vite, les élites politico-médiatiques françaises vont se rendre compte que moins elles parlent de Strauss-Kahn et moins elles exposeront leur complicité passive dans ses agissements. Résultat, DSK va très vite passer dans le "Memory Hole" que George Orwell imaginait dans 1984. Le procès et son défilé de témoignages de moralité à charge va être escamoté autant que faire se peut du paysage médiatique français.

Dominique who?

* J'ai pris un risque en écrivant ce post. Il est possible que la société de production d'Ardisson ait simplement décidé de supprimer cette vidéo tout simplement parce qu'elle a pris tout à coup une valeur marchande. L'avenir nous le dira. Si cette vidéo redevenait disponible très rapidement, je devrais évidemment réviser mon jugement et ne plus qualifier cette décision de censure. Cela modifierait le "fait générateur" du post mais pas mon analyse sur le réflexe d'auto-protection des médias qui se manifestent partout dans le mainstream avec l'exception notable de "Ce Soir ou Jamais" de Frédéric Taddéi qui présentait ce soir un débat acceptable sur la question même si Plenel et Domenach étaient d'une grande mauvaise foi sur la responsabilité des médias et des leurs en particulier. Le journal de TF1 présenté par Laurence Ferrari en revanche ne faisait évidemment toujours pas mention de Tristane Banon, de Piroska-Nagy ou de la réputation dont jouissait DSK dans les "milieux autorisés". La pauvre Laurence, à laquelle on prête une liaison avec Sarkozy dont le timing aurait pu renforcer ses chances de prendre la place de PPDA, m'a semblé tout étonnée qu'une femme, quelque part, puisse se refuser à l'un des "Titans" qui nous dirigent. N'y a-t-il pas, après tout, quelque avantage à en tirer?

Moscovici pour une justice à deux vitesses - sans ciller

Le PS continue de perdre les pédales dans le sillage de l'affaire DSK. Moscovici s'attaque cette fois à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Et pour ne pas faire les choses à moitié, il s'en prend à la première phrase de l'article 1*. Sans hésiter. Boum! Qui va siffler la fin de la récré au PS?

Même si on suppose que c'est le rêve de beaucoup d'entre eux et qu'ils font tout en coulisse pour que le rêve devienne réalité, ce n'est pas tous les jours qu'on voit un homme politique dire devant un micro qu'il est pour une justice à deux vitesses. Une justice pour sa propre caste, aux gants de velours (voire, on imagine, simplement optionnelle) et une justice pour la plèbe (souvent féroce).

Voici ce que déclare le "représentant du peuple" Moscovici lundi sur BFM au sujet de DSK:

Il est traité de manière très dure et j'aimerais que ce soit quand même de manière un peu moins dure parce que ce n'est pas n'importe qui. C'est aussi un très haut fonctionnaire international, un homme politique de première importance. Y a un aspect un peu humiliant dans tout ça.

"Pas n'importe qui"? N'importe qui comme un citoyen par exemple? Un citoyen qui serait né libre et égal en droits à Dominique Strauss-Khan éventuellement?

Les responsables politiques, s'ils sont trop investis personnellement sur un sujet et qu'ils ne peuvent en parler en gardant les idées claires, ont toujours l'option de de rester silencieux. Ou bien ils peuvent parler et prononcer des mots qui les disqualifient en tant que représentants du peuple dans une démocratie et particulièrement dans celle qui a vu naître la Déclaration des Droits de l'Homme. Moscovici vient de choisir la deuxième option.

*

Article premier

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Think about it Pierre! ;-) C'est copié du site de l'Assemblée Nationale, là où tu travailles!

Note: Moscovici, tel un mafieux, n'avait pas de mots assez durs pour Bernard Debré qui osait briser l'omerta. Des mots tellement violents qu'on aurait presque pu croire que ce dernier avait très probablement agressé sexuellement et séquestré illégalement une femme sans défense. Un vrai salaud ce Debré!