vendredi 31 octobre 2008

Friday Plane Blogging

Good!

``Wall Street bank executives are set to walk away with billions of bonuses at the end of this year,'' Barack Obama, the Democratic presidential candidate, said in a campaign speech on Oct. 28. ``We call that an outrage.'' (via Bloomberg)

Pour l'instant, tout le monde se rallie à Obama (oui, c'est bien un lien vers "The Economist", petite entorse à mes principes...) en espérant avoir un strapontin dans l'Obamaland qui se profile à l'horizon pour les quatre prochaines années. Les américains vont passer de peu (clinton lewinskynisé) ou pas (GW Bush) de président à un président élu magistralement avec une large majorité au sénat et à la chambre des représentants. C'est la résurection de la fonction présidentielle aux Etats-Unis.

Celle-ci avait été mise à bas à dessein et derrière les accolades et les sourires de circonstances, vous pouvez être sûrs que beaucoup aiguisent leurs couteaux. Surtout si Obama se donne pour objectif de réapprendre la décence à un système devenu fou comme il en indique l'intention plus haut.

Une explication inédite du succès de la "surge"

La "surge" est la manoeuvre apparemment désespérée (personne n'y croyait sauf les nouveaux cons et... McCain) qui consistait à la fin 2006 à augmenter la présence militaire américaine en Irak pour stabiliser la situation sur le terrain.

Officiellement, c'est cette augmentation des troupes qui a fait que durant l'année 2007, un certain nombre de statistiques se sont très nettement améliorées. Nombre d'attentats, nombre de morts américains, activité économique... Personne aujourd'hui ne conteste plus cette amélioration. Beaucoup de gens doutent de ce que la seule augmentation du nombre de soldats explique l'évolution.

Les débats ont lieu sur les causes de cette amélioration: il semble qu'elle soit due en grande partie à des renversements d'alliance (amadouage des sunnites?) et à un lâchage de lest général sur le degré de contrôle que les américains ambitionnent en Irak. Ils ont de grande difficulté avec les législateurs irakiens pour trouver un accord sur une prorogation "open-ended" de l'occupation. On parle aussi de soudoiements avec l'arrosage en cash d'un certain nombre de chefs de guerres locaux.
NB: On en parle peu mais je me souviens d'articles dès la fin de l'invasion qui parlaient d'avions entiers remplis de billets fraîchement imprimés qui devaient poser les jalons du renouveau économique irakien. Quant à savoir comment la comptabilité de ces petites coupures est faite aux US... Y a-t-il une mini branche de la FED chargée d'émettre en loucedé un dollar à usage irakien? Il faut savoir aussi que les dépenses liées à l'occupation de l'Irak sont comptabilisés "hors budget" de l'Etat. Les fous ont les clés de l'asile.)

Il y a aussi eu un serrage de boulon sur la couverture médiatique qui permet une répression et des méthodes qui doivent surement rappeler les autres occupations de l'histoire et donc à n'en pas douter faire froid dans le dos (à vous dégoûter d'aller faire vos courses à NYC - j'y vais dimanche...). La plupart des informations qui nous viennent d'Irak font l'objet d'un contrôle draconien des militaires américains, probablement plus efficace depuis que la situation s'est calmée (je trouve d'ailleurs qu'on a très peu d'infos sur l'Irak en France mais je ne lis pas assez les médias français pour l'affirmer).

Après ces différents éléments, j'en arrive à mon explication inédite. Les Irakiens ne sont-ils pas moins combatifs car ils savent que la situation politique aux Etats-Unis va irrémédiablement vers une sortie de l'Irak? A quoi bon risquer sa vie si l'objectif politique semble garanti à moyen terme? L'invasion américaine a pris fin de facto dans le chaos et la déprime qui a frappé l'opinion puis les politiques américains (et les militaires) à la fin 2006. Obama a battu Clinton à cause de l'Irak. Une fois que l'opinion américaine a été fermement acquise à la cause du départ d'Irak, n'était-il pas raisonnable pour les irakiens de "sit out" l'armée américaine plutôt que de continuer de risquer leur vie pour accélérer un processus qui ne dépendait de toute façon plus que du calendrier politique américain?

Si, demain, un Obama improbablement converti aux vertues de l'empire (ou McCain, ce qu'à dieu ne plaise) décide à nouveau de faire en Irak un protectorat américain gouverné par Exxon et la CIA pour les 1000 prochaines années, est-il raisonnable de penser que beaucoup d'Irakiens risquent d'envisager la présence américaine à nouveau comme intolérable?

Les irakiens sont calmes parce qu'ils ont gagné. Ils n'ont plus qu'à attendre.

La nouvelle ampleur de la crise économique ne peut d'ailleurs que les conforter dans ce calcul (si calcul il y a).

Exit polls 2008 - les américains feront-ils l'autruche comme en 2006?

J'ai fait un post sur les différences étonnantes entre les exit polls et les résultats finaux des élections de 2004 (variation de 5% entre les deux).

C'est une expérience vécue: je travaillais aux Etats-Unis dans une salle de marché le jour de l'élection en 2004 et les yeux étaient rivés sur les sites qui organisaient des paris sur l'élection de l'un ou de l'autre. A 14H00, la messe était dite: Kerry l'avait emporté dans les exit polls avec une marge assez importante pour que tout retournement de tendance soit impossible (tronche de mes collègues massivement républicains...). Je suis parti du bureau à 19H00 avec la certitude que Kerry avait gagné. Quand je suis arrivé chez moi, mon roommate m'a dit ça n'était pas joué.

Etant habitué aux élections françaises avec des exit polls qui donnent des résultats souvent fiables au dixième de pourcent près, j'ai toujours considéré le manque d'explication définitive sur ces différences comme une tâche (encore une!) sur le processus démocratique aux Etats-Unis.

Les midterm elections de 2006 allaient-elles confirmer ou infirmer cette tendance aux exit polls "all over the place"? J'avais les yeux fixés précisément sur cette question le soir de l'élection et j'ai constaté que le problème avait trouvé une solution typique de l'amérique bushiste: dans un bel ensemble, tous les networks et agences de presse n'ont tout simplement pas publié d'exit polls! En cas de problème, vous pouvez compter sur les médias américains pour casser le thermomètre. C'est un peu le même mécanisme que pour la crise financière: on aurait attendu très en amont un rôle de vigie et d'alerte des commentateurs et des politiques devant des abus manifestes (beaucoup de contrats de mortgage subprime étaient tout bonnement risibles) mais nous n'avons systématiquement eu droit qu'à des silences complices. La poussière, inlassablement, se voyait glissée sous le tapis.

C'est donc à nouveau une grande question de cette élection: va-t-on ou non avoir des exit polls dignes de ce non qui puissent valider la qualité du processus électoral? Déclaré Obama vainqueur est une chose mais savoir que les exit polls le donnaient à 57/43 et que les résultats finaux sont 54/46 est une donnée intéressante (to say the least).

jeudi 30 octobre 2008

McCain lance des robocalls en Arizona

McCain est Sénateur d'Arizona. Le fait qu'il lance une campagne de robocalls est un très mauvais signe pour sa campagne. Cela donne l'impression qu'il ne pense plus pouvoir gagner mais qu'il en est à sauver à l'honneur. Sur le fond, nous le savons mais c'est toujours différent de voir le candidat prendre une mesure qui prend acte de sa situation. Voir le lien ici.

Le "modèle" social américain

Ci-dessous un graphe du Financial Times illustrant l'accroissement des inégalités aux Etats-Unis depuis l'application des "reaganomics". Les écarts de revenus et de richesses deviennent tels qu'on peut parler d'une nouvelle forme de féodalité (surtout si on regarde sur le top 0.1% plutôt que le top 1% et le capital plutôt que les revenus mais ça n'apparaît pas sur ce graphe). Evidemment, les nouveaux fiefs ne s'étendent plus sur des territoires mais les termes économiques sont du même ordre. A l'époque au moins, le seigneur avait pour obligation de protéger le serf. Les seigneurs modernes se sont affranchis de toute obligation (ils échappent pour beaucoup à la simple obligation fiscale). On est revenu à l'époque des "Robber Barrons". Ce graphe montre aussi que ça n'est pas une "one way street" et que les retours en arrière sont possible (1945-1975 semble être un exemple). Ah ça ira, ça ira, ça ira...
L'argumentaire "ultra-libéral" (terminologie française) repose beaucoup sur l'efficacité: les inégalités sont nécessaires pour créer des richesses. Et que dire quand on voit la croissance américaine dépasser la croissance française de 1, 2 ou 3 points par an pendant 15 ans (1993-2008)? Le refus (relatif) français d'appliquer toutes les recettes du gospel économique "anglo-saxon" (fonds de pensions, baisse des impôts, moins d'Etat, dérégulation...) finissait par ressembler de plus en plus à de l'autisme ou à de l'obscurantisme.
La vraie critique raisonnable était une critique de long terme: si on laisse des richesses phénoménales se concentrer dans les mains de quelques uns, ces derniers prendront tôt ou tard les rênes du système politique et l'orienteront en leur faveur: c'est l'amérique de Bush. Une fois que le système politique est complètement corrompu, on ne peut plus compter sur lui pour réguler efficacement et le pays devient un "runaway train". Plus facile à dire quand l'issue de ce cycle économique se dessine de plus en plus précisément sous nos yeux...

Merci Hubris Kills.

mercredi 29 octobre 2008

Wednesday Cartoon Blogging

Merci Z.

Richard Cohen, le Weekly Standard et Sarah Palin (Mégamix)

Préambule: Richard Cohen est un imbécile (comme la plupart des éditorialistes du Washington Post qui ont emmené les Etats-Unis là où ils en sont). Démonstration: après le speech de Powell aux Nations-Unies en 2003 qui n'avait absolument rien démontré quant aux armes de destruction massive irakiennes, Richard Cohen déclarait la chose suivante dans un op-ed ("opinion editorial" ou à peu près) du wapo (Washington Post): "The evidence he [Powell] presented to the United Nations—some of it circumstantial, some of it absolutely bone-chilling in its detail—had to prove to anyone that Iraq not only hasn’t accounted for its weapons of mass destruction but without a doubt still retains them. Only a fool—or possibly a Frenchman—could conclude otherwise."

Ceci étant posé sur Richard Cohen, intéressons-nous à son dernier op-ed dans lequel il fait le point sur le rôle qu'ont eu Bill Kristol, Fred Barnes et Michael Gerson dans le choix de Palin pour la vice-présidence.

Bill Kristol et Fred Barnes dirigent le Weekly Standard. Il s'agit d'une revue hebdomadaire financée (sans doute à perte) par Ruppert Murdoch. C'est l'organe de presse qui a eu les relations les plus incestueuses avec la présidence Bush. C'est le temple de la religion nouvelle conne.

Kristol a fondé le Weekly Standard en 95. En 97, il est fondateur avec Robert Kagan du Project for a New American Century, un think tank idéologique militant pour la prééminence américaine et qui pose le cadre de la dérive extrême-droitière du Bushisme en matière de politique étrangère.

Kristol, qui n'a pas fait le Vietnam (en bon "chickenhawk"), a un sourire robotique qui fait froid dans le dos (vidéo plus bas). Il a l'arrogance et le côté un peu "spooky" d'un individu qui se croit investi d'un pouvoir de vie et de mort sur le reste de l'humanité. Les frontières, les peuples, sont de la terre glaise qu'il convient de modeler dans la poursuite de ses objectifs. Cet homme est prêt à vous regarder dans les yeux et à prendre la responsabilité sans ciller pour des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. On vous dit aristocrate américain bon teint? Je vous dis Pol Pot, Staline, Hitler et autres sociopathes. La volonté de puissance est la même. Le désir de contrôler et de soumettre est le même. L'insensibilité à la souffrance d'autrui est là même. L'incapacité à voir dans autrui un autre soi-même est complètement pathologique.

Le Weekly Standard a eu un rôle structurant dans la présidence Bush. Il a milité et menti abondamment pour la guerre (un des chevaux de bataille du magazine a été la fausse rencontre à Prague entre les services secrets irakiens et Mohamed Atta). Il a demandé puis obtenu le départ de Rumsfeld. Il a milité contre la nomination d'Harriet Miers à la cour suprème proposée par Bush himself. Elle n'a pas été nommée. Il a, de manière ahurissante pour une organisation ne faisant pas partie de l'exécutif officiel, proposé la politique de la "surge" en Irak dans un document écrit par... le frère de Robert Kagan, Frederick Kagan. Un article du Weekly Standard de début décembre 2006 s'est donc retrouvé dans le SOTU (State Of The Union) speech de fin janvier! Non, vraiment, la seule chose que les tristes sires du Weekly Standard n'ont pas obtenu est le sacrement d'Ahmed Chalabi comme Roi de la Mésopotamie. On se demande d'ailleurs bien pourquoi.

Dernier chef d'oeuvre en date de ces "intellectuels", comme le décrit Richard Cohen, est la nomination de Sarah palin sur le ticket républicain. Tous les ans ou presque, les éditeurs du Weekly Standard organisent une croisière. Il y a 18 mois, c'était en Alaska. C'est là que Barnes, Kristol et Gerson sont tombés amoureux de Palin (reçus deux fois chez le gouverneur). Il n'y a pas de limites à leur bellicosité, à leur stupidité et malheureusement à leur influence. La prochaine croisière est en méditerrannée pour ceux qui seraient intéressés.

Ce qui, entre autre chose, démontre qu'il y a un problème grave dans la structure du pouvoir américaine est que Kristol le sociopathe, au lieu de devenir un paria après avoir été à l'origine de tant de misère humaine pour le peuple irakien et de misère financière pour les américains, a obtenu en 2008 ce qui se fait de mieux en terme de tribune médiatique aux Etats-Unis, un poste d'éditorialiste au New York Times! Celui qui devrait être ostracisé se trouve récompensé. C'est symptomatique des Etats-Unis aujourd'hui.


Voici Bill la veille du déclenchement de la guerre en Irak invité chez Charlie Rose (call it timely). Ca dure une heure mais les deux premières minutes donnent un apperçu de l'émission ("It's better to scare a little bit than to be held in contempt" ou la loi du ghetto appliquée à la première puissance mondiale) :


lundi 27 octobre 2008

Meet "Vera Baker"

D'après le Daily Mail (ça n'appartient pas à Murdoch mais c'est pas tellement mieux), Obama aurait eu une aventure en 2004 avec une certaine "Vera Baker".

Cette histoire date du 11 octobre et n'a quasiment pas été reprise. Rien sur "Google actualités France", pas grand chose sur "Google News". Elle ne sortira sans doute pas lors de ces élections: McCain a plein de casseroles de cet ordre et les médias sont entrés prématurément en phase d'"Etat de Grâce" pour tout ce qui touche à Obama (on ne compte plus les commentateurs conservateurs bon teints qui reconnaissent toutes les qualités du monde à Obama).

Donc voilà, Vera Baker est passée pour l'instant à côté de ses 15 minutes de gloire et de son "book deal" à $1Million avec adaptation au cinéma mais ça n'est sans doute que partie remise (si elle a eu le bon sens de ne pas envoyer au pressing ce qui méritait de l'être).

Si cette histoire est vraie, cela affaiblit la situation d'Obama et le rend vulnérable à des tentatives de Lewinskynisation. Cela doit également rassurer ceux aux Etats-Unis qui pensaient avoir affaire à un moine soldat impossible à compromettre... Ou peut-être qu'Obama arrivera à faire passer le cap aux américains et à rendre ces histoires inefficaces d'un point de vue politique?

C'est en fait un peu déjà le cas: Schwarzenegger a été dénoncé durant sa campagne pour de multiples actes de "groping" et cela n'a eu aucun impact (il faut dire que c'est une movie star et que c'est la Californie). Aussi, Clinton a été élu après avoir reconnu des infidélités conjuguales (après la confession télévisée, soutenu par Hillary). L'affaire Lewinsky a causé des problèmes au même Clinton mais surtout dans les médias et beaucoup moins dans l'opinion. L'indignation de circonstance qui suit ce genre de révélations est beaucoup plus une création médiatique qu'un sentiment populaire qui a des conséquences en terme de votes.

Dernière chose, quand on voit qu'aucune rumeur n'a jamais circulé au sujet de W, on peut se demander dans quelle mesure les américains ne vont pas exiger à l'avenir d'avoir des womanizers à la maison blanche.

dimanche 26 octobre 2008

Sunday Provence Blogging


J'étais à un mariage "en Avignon" hier. Je suis sur cette place de village aujourd'hui. Il fait 22°. Je me demande si la Provence n'est pas la seule solution raisonnable à cette crise. Ils ont le wifi ici aussi.

vendredi 24 octobre 2008

Les US ouvrent. Black Friday?

Dure journée en perspective.

Friday Plane Blogging

Palin, plus gros boulet que Bush?

Un sondage montrent que Palin est devenue un plus gros boulet que Bush pour McCain.

Les américains ont raison. Si on en croit les tables actuarielles, McCain a 15% de chances de mourir avant la fin d'un premier mandat et une chance sur trois de mourir avant la fin d'un deuxième.

De toute façon, les vice-présidents qui aiment la chasse n'ont pas un bon track record.

Money, money, money. It's a rich man's world!

Les lecteurs assidus du Blogo auront je l'espère compati à mes lamentations sur la tendance des démocrates à tendre l'autre joue face aux robocalls républicains (entre autre). Et bien le Blogo a été entendu puisque les démocrates se mettent eux aussi aux robocalls!

Il ne s'agit pas, contrairement aux républicains, de faire de la "character assassination" de l'opposant mais de dénoncer les robocalls républicains. Ca me paraît être le minimum.

Cela traduit surtout le fait que les démocrates sont "awash in cash" (voici finalement le lien avec le titre du post - pour ceux qui se demandaient...). Ils peuvent répondre aux républicains sur tous les terrains. Obama a levé tellement d'argent qu'il est même prévu une publicité de 30 minutes sur tous les grands networks dans les jours précédents l'élection. Du jamais vu. Je trouve ça très contestable. Ca met en avant l'avantage financier d'Obama d'une manière très bling bling et je ne vois pas en quoi ça peut l'aider à ce stade. Sans compter qu'il s'insinue dans les foyers et bouleverse les habitudes (les programmes et même le base-ball sont déplacés) au moment où les gens semblent commencer à saturer sur cette campagne (les extraits youtube que je vois se terminent quasiment tous par un journaliste faisant une remarque dans le genre: "12 more days to go and we can put all that behind us").

Il ne va pas faire passer de messages politiques substantiels vu qu'il a décidé (comme McCain) de différer toute discussion sérieuse de la crise économique à après l'élection. Ca va donc être une infomerciale d'une demi-heure. Je pense que c'est une connerie. Enfin, d'autres hommes politiques ont survécu au bling bling, voir même au ultimate bling bling: la ultimate trophy wife...

Il vaut mieux ne pas l'avoir en journal...

Vous l'avez compris, il est encore question du New York Post. Ils ont dû se rétracter sur une histoire décrivant Michelle Obama se gavant de caviar et de homard dans sa chambre du Waldorf Astoria. Une des faiblesses de l'histoire était qu'elle n'avait pas occupé de chambre dans cet hôtel. (via Talking Points Memo)

jeudi 23 octobre 2008

L'€ sous $1.29

Le $ a pris 25% face à l'€ en quelques mois. Dans un contexte où les investisseurs du monde entier viennent d'être trahis par les institutions financières américaines (agences de notations, régulateurs et ceux qui les payent mais plus généralement par la FED), c'est un peu surprenant.

La politique de création monétaire aux Etats-Unis continue sur un rythme effréné. Alors, certes, la BCE a entamé tout récemment une baisse des taux qui affaiblit mécaniquement l'euro mais la FED n'a cessé de signifier au marché dans la première année de la crise que son seul objectif (contrairement à ses statuts) est de maintenir autant que faire se peut le cours des actions. Depuis septembre 2007, les actions de la FED ont été dictées par les aléas des principaux indices boursiers (il n'y a qu'à en regarder le timing par rapport aux évolutions de la bourse pour s'en persuader: si vous shortiez les actions et que vous gagniez, vous deviez prendre en compte le fait qu'une action de la FED ne tarderait pas) beaucoup plus que par l'inflation, la croissance et l'emploi alors que ce sont ces données qui guident ses actions selon ses statuts. Si on se base sur la croissance de +2,8% du dernier "quarter", il n'y a aucune raison d'avoir baissé les taux si vite à 1.5% (wink wink...). L'inflation est élevée mais Bernanke a démontré plus d'une fois qu'une baisse 10% de la bourse l'inquiète beaucoup plus qu'une inflation à 10% (tant que cette dernière ne s'est pas matérialisée, les banquiers centraux aussi ont la mémoire courte). L'emploi, lui, a vraiment commencé une baisse substantielle mais le chiffre reste historiquement bas (en remontée rapide).

En gage de sa mauvaise foi, la FED a décidé en 2006 d'arrêter de publier la croissance de l'agrégat monétaire M3 (sans que le WSJ, le FT ou The Economist ne s'en émeuvent outre mesure). Il s'agit de l'agrégat monétaire le plus large donnant une idée de la quantité de dollars en circulation à l'échelle de la planète. Ca s'appelle casser le thermomètre.

On a d'un côté une FED qui se comporte comme un bandit en cavale (elle est responsable en grande partie des difficultés économiques mondiales) et une BCE qui joue les bons pères de famille. Résultat, les gens achètent des dollars et vendent des euros. Contre-intuitif, to say the least.

Le plus étonnant et que jusqu'à récemment, la crise avait de manière logique plutôt affaibli le dollar. La baisse des taux de la BCE (c'est plus qu'une baisse: c'est une inflexion de politique) a pu avoir un rôle mais la baisse de l'Euro a commencé avant qu'elle ne soit décidée et j'ai l'impression que la réaction a très largement overshooté ce simple effet.

Il semble finalement que le déclencheur principal de la hausse du dollar ait été la la baisse du pétrole (voir graphe plus bas). Il faudra regarder ce qui se produit quand celui là atteindra un plancher. En attendant, it's been quite a ride...

J'attends vos commentaires si vous avez des éclairages sur la question...

EUR/USD


BRENT


Seulement pour les FED ou BCE watchers, W. m'a envoyé ce graphe (merci W.). Cliquez dessus pour agrandir.

El Blogo, pouvez- vous étayer vos affirmations?

Le Blogo a beaucoup de faiblesses. L'une d'entre elles et que je considère comme admises un certain nombre d'affirmations sur les Etats-Unis qui doivent sembler un peu "fortes de café" à une partie des lecteurs. Cela doit même en irriter certains.
J'ai vécu cinq ans là-bas et durant cette période mes yeux n'ont cessé de s'écarquiller (oui, ils sont très écarquillés) devant les multiples dérèglements de la société américaine. La plupart du temps je ne les constatais pas en lisant les vieux médias (aka "corporate medias") mais en suivant des nouveaux médias qui proposaient parfois une lecture littéralement alternative de l'actualité (exemple: les corporate medias célébraient le discours de Powell à l'ONU comme une démonstration implacable alors que la blogosphère disait: il n'a rien, sa démonstration est nulle - l'histoire a tranché).

Le but d'El Blogo n'est pas de choquer mais de convaincre. Evidemment, il est difficile en deux semaines de tenter de faire partager une expérience de plusieurs années mais j'espère que par petites touches, la plupart de ces affirmations choquantes (les stats écos sont pipautées, les élections sont truquées, les politiciens sont corrompus (plus qu'ailleurs), l'information est scriptée etc...) se verront démontrées. Evidemment, la guerre en Irak et la crise économiques sont les deux faits les plus saillants qui devraient convaincre même le lecteur le plus rétif à ce genre de discours sur les Etats-Unis que l'heure est au moins à la vigilance et l'interrogation.

Aujourd'hui, je vous propose la lecture des entrées wikipédia relatives aux fraudes possibles et aux sondages sortie des urnes stupéfiants lors des élections de 2004. Désolé, c'est en anglais. Le fait que je publie ça (et les liens) sur El Blogo ne signifie pas que je considère toutes ces informations comme "vraies" ou parfaites. J'invite le lecteur au scepticisme qui est de mise sur internet, à évaluer la crédibilité des sources et à jauger la pertinence des discours.

Le problème c'est que ce scepticisme devrait être appliqué également à la lecture de nos journaux de référence (pour ceux qui ne l'ont pas encore abandonnée purement et simplement comme le suggère ce blogo). Ils ne sont pas des lieux d'information mais des lieux de pouvoir et le pouvoir, comme chacun sait, corrompt. Pour ceux qui veulent s'en persuader, vous pouvez relire les articles publiées par Judith "aluminium tube" Miller au NYT de septembre 2002 à mars 2003 (éventuellement après mars 2003 aussi mais je pense que cela devrait suffire).

Je voulais donc rappeler que les sondages sorties des urnes en 2004 avaient d'abord donné Kerry vainqueur avec une marge qui ne laissait supposément pas de place au doute et que beaucoup d'éléments laissent planer un doute sur l'intégrité des machines à voter américaines.

Pour ceux qui veulent approfondir sans se donner la peine d'une recherche google, vous avez quelques éléments ci-dessous:

Je vous propose de commencer par l'article "Circulez, y a rien à voir" du NYT le 12 novembre 2004 (je n'ai pas pu vérifier mais il semble qu'il était en première page).Le NYT dans son rôle du berger qui donne le tempo et définit l'acceptabilité ou non du discours (similaire au Monde en France). Vous noterez la quasi-absence de discussion sur le fond, juste un peu de "blogger bashing". La dernière édition de New York Magazine a un article qui décrit la famille actionnaire et la situation financière difficile du journal. Dans leur actionnariat, ils comptaient Morgan Stanley de 1996 jusqu'à récemment... To be fair, MS a eu beaucoup de difficultés avec la famille actionnaire. Ils ont détenu près de 8% à un certain point. Ca donne quand même une information pour ceux qui se demandent comment on arrive à une situtation où les contribuables payent les bonus des banquiers...


Ces deux articles sur les exit polls sont intéressants mais longs: ici et .

Puis un extrait de l'entrée wikipédia sur les élections de 2004 - les machines à voter:

Points of controversy

  • There is no individual federal agency with direct regulatory authority of the U.S. voting machine industry.[32] However the Election Assistance Commission has full regulatory authority over federal testing and certification processes, as well as an influential advisory role in certain voting industry matters.[33] Further oversight authority belongs to the Government Accountability Office, regularly investigating voting system related issues.[34]
  • The former president of Diebold Election Systems (Bob Urosevich) and the vice president of customer support at ES&S (Todd Urosevich)[35] are brothers.[36]
  • Walden O'Dell the former CEO of Diebold (the parent company of voting machine manufacturer Diebold Election Systems) was an active fundraiser for George W. Bush's re-election campaign and wrote in a fund-raising letter dated August 13, 2003, that he was committed "to helping Ohio deliver its electoral votes to the President."[37]
  • Republican Senator Chuck Hagel, who was on a short list of George W. Bush's vice-presidential candidates,[38][39] served as the chairman of ES&S in the early 1990s when it operated under the name American Information Systems Inc. (AIS).[40] ES&S voting machines tabulated 85 percent of the votes cast in Hagel’s 2002 and 1996 election races. In 2003 Hagel disclosed a financial stake in McCarthy Group Inc., the holding company of ES&S.[40]
  • Global Election Systems, which was purchased by Diebold Election Systems and developed the core technology behind the company's voting machines and voter registration system, employed five convicted felons as consultants and developers.[41]
  • Jeff Dean, a former Senior Vice-President of Global Election Systems when it was bought by Diebold, had previously been convicted of 23 counts of felony theft in the first degree. Bev Harris reports Dean was retained as a consultant by Diebold Election Systems,[42] though Diebold has disputed the consulting relationship.[41] Dean was convicted of theft via "alteration of records in the computerized accounting system" using a "high degree of sophistication" to evade detection over a period of 2 years.[42]
  • International election observers were barred from the polls in Ohio[43][44] by then Republican Ohio Secretary of State Ken Blackwell. Blackwell's office argues this was the correct interpretation of Ohio law.[44]
  • California Secretary of State Kevin Shelley decertified all Diebold Election Systems touch-screen voting machines due to computer-science reports released detailing design and security concerns.[45][46]
  • 30% of all U.S. votes cast in the 2004 election were cast on direct-recording electronic (DRE) voting machine, which do not print individual paper records of each vote.[47]
  • Numerous statistical analysis showed "discrepancy in the number of votes Bush received in counties that used the touch-screen machines and counties that used other types of voting equipment" as well as discrepancies with exit polls, favoring President George W. Bush.[48][49][50][51][52][53][54][55]

Pour finir, un extrait sur l'entrée wikipédia consacrée aux doutes sur les élections (différente de la précédente) qui s'intéresse aux exit polls:

Exit polling

The 2004 election brought new attention to the issue of exit polls[23], which are generally considered more reliable than pre-election opinion polls. Many[who?] pointed to widespread discrepancies between exit polls conducted during Election Day and the officially reported results. They pointed out that the official results were more favorable to Bush than were the polls, and that these discrepancies were more likely to arise in swing states.[24] They argue that the exit polls showing a Kerry victory were probably correct and that the official totals from the machines were wrong. Expert opinion was divided concerning what inferences should be drawn from the cited discrepancies.[25][26]

Mitofsky International, the company responsible for exit polling for the National Election Pool and its member news organizations, released a report detailing the 2004 election's exit polling.[27] At issue were the early release of some poll information, issues regarding correcting exit poll data using actual voter totals, and differences between exit polls and official results.

The NEP report stated that "the size of the average exit poll error ... was higher in 2004 than in previous years for which we have data." It concluded that these discrepancies between the exit polls and the official results were "most likely due to Kerry voters participating in the exit polls at a higher rate than Bush voters". Polling expert John Zogby later called this explanation "preposterous".[28]

A study performed by the Caltech / MIT Voting Technology Project concluded that "there is no evidence, based on exit polls, that electronic voting machines were used to steal the 2004 election for President Bush."[29] This study was criticized for using data that had been corrected to match the official count, and thus "essentially analyzing rounding error".[30] On December 5, 2004 Charles Stewart III of MIT released a revised report which, he said, used pre-corrected data.[31]

On December 7, 2004, Warren Mitofsky, who had overseen the exit polling, stated that the pre-corrected data were proprietary and would not be released.[32]

One paper concluded that discrepancies in the exit polls were evidence that the election results were off,[33] though others alleged this paper was unscientific.[34] [35]

mercredi 22 octobre 2008

Colonisation 2.0

Ca devrait bientôt se terminer mais les Etats-Unis ont vraiment commencé ce siècle de manière désastreuse: guerre d'agression puis colonisation d'un pays qui ne les avait pas provoqué avec à la clé des centaines de milliers de morts. Attaque justifiée par une campagne de propagande dont le ressort essentiel était un amalgame raciste: les criminels du 11 septembre étaient arabes/musulmans, les irakiens sont arabes/musulmans donc les envahir puis les coloniser est légitime. L'administration Bush l'a vendue comme une action de représailles. Voir ci-dessous un des "penseurs" du NYT sur la question, Thomas Friedman (pulitzer prize winner, multi best seller author, censé être un "libéral" au sens américain): (en vidéo voir après 2 minutes et quarante secondes - on est très loin des idéaux de la "Greatest Generation", celle qui a gagné WW2)

Evidemment, les américains n'ont trompé personne mais quand même, quel effroyable début de siècle. Ils pouvaient difficilement faire pire. Ah si. Ils pouvaient être en plus à l'origine de la crise économique la plus grave depuis 1929.

Joe Biden sur les robocalls



Addendum: Z me demande dans les commentaires ce qu'est un robocall. Il faut suivre ce lien.

Le Monde, le NYT ou l'extinction des dinosaures

J'ai quitté la France en 2002 avec une dent contre notre journal de référence: Le Monde (que je ne lis plus). JM Colombani avait été un tel soutien à la jospinie, tellement obséquieux sur les 35 heures et les emplois jeunes. Entre autre fait d'arme, l'autre abruti qui se la joue "new media" sur mediapart (que je ne lis pas) avait notamment désamorcé la "bombe" "Jospin est troskyste" avant l'été 2001 dans un pas de deux avec Matignon pour que cela ne soit plus un enjeu de campagne pour les présidentielles.
(Here's to you, Edwy: l'intérêt de l'internet est de cesser de se voir infliger ces danses dégradantes entre nos dirigeants et nos informants. Nous n'avons plus besoin des intrigants pathétiques de ton espèce. Alors tu peux bien frimer avec ton URL (un site payant? On devrait payer pour s'infliger ton discours biaisé? meme le NYT (que je ne lis plus) y a renoncé...) mais ton mode de pensée et ta façon d'opérer sont morts.)
Je n'avais jamais vu un organe de presse se vautrer dans une telle promiscuité avec le pouvoir. C'était avant que je ne me familiarise avec le NYT (que je ne lis plus) - dont acte.

Bon. Toujours est-il que je me pointe chez des amis et qu'on me dit que Le Monde voit Obama à 3 points du vieux. Alors je me lance dans une diatribe: "Tu sais mon ami, j'ai un blogo sur la politique américaine donc je t'explique la vie et ce que dit Le Monde ne casse pas trois pattes à un canard". Mais c'est "le journal de référence" alors je suis quand même un peu troublé. Je rentre chez moi ce soir et je vois ça. Mais il y a aussi ça. Et ça.

Et puis finalement, le site de Gallup... Pourquoi le monde a-t-il deux jours de retard? Pourquoi n'expliquent-ils pas que la notion de "likely voters" n'a jamais été aussi difficile à définir que pour cette élection où énormément de nouveaux électeurs sont inscrits? Pourquoi ne font-ils pas une moyenne des sondages connus? Par quel miracle le meme chiffre gallup deux jours après donne Obama à 51 contre 44? (c'est le dernier chiffre de Gallup by the way, toujours en "likely voters" - pourquoi un écart plus grand de 4 points en 2 jours sans évènement majeur?)

Non alors vraiment, si vous voulez être informés sur les élections américaines, lisez El Blogo et pas Le Monde. Ils pourraient au moins faire état du fait que leurs chiffres (qui ont déjà été actualisés deux fois depuis) sont infirmés par d'autres sondages.

D'ailleurs, quel que soit le sujet, ne lisez pas Le Monde. Nous sommes en 2008. Il existe désormais des moyens moins douteux de s'informer.

Ne lisez pas non plus "The Economist" (que je ne lis plus), mais ça, vous le saviez déjà. Quant à Mediapart, pas la peine que je vous fasse un dessin... El Blogo est d'ailleurs dorénavant interdit aux abonnés payants de Mediapart. Voilà, c'est dit. Le moment est venu de tirer un trait sur nos "journaux de référence" (sauf si vous voulez continuer à payer le bonus de vos banquiers avec vos impôts - more on this later). It's a brave new world ahead of us!

Addendum: Suite à un commentaire de Z qui me dit qu'il a lu que Reagan et Kerry avaient fait mentir des écarts similaires, j'ai trouvé un petit graphe qui semble le mettre en doute. Je n'y vois pas une preuve définitive (il ne s'agit que d'un seul institut à une date donnée et de toute façon je prends les sondages avec des pincettes en règle générale). Si tu prends sur le dernier mois de campagne, l'écart le plus large entre les candidats précédents et l'écart le moins large entre McCain et Obama, tu peux peut-être trouver une instance, dans un institut, où la différence semble la même. Tu t'attends juste à ce qu'un journal de référence pour des millions de personnes ne fassent pas ça. La conséquence de chiffres douteux est un discours douteux. La réalité, c'est que l'avance d'Obama est majeure et lui garantit quasiment l'élection (sauf fraude) et on pourrait compter sur Le Monde pour au moins rendre compte de cette réalité. Il y a les sondages mais il y a aussi plein d'"annecdotal evidence": le monde au meeting, l'argent record levé par Obama, le trafic des sites internets respectifs des candidats... Il y a aussi les sondages d'environnement commes les "favorability ratings" des 4 candidats qui sont assassins pour les républicains.
Je trouve qu'on ne rend pas assez compte depuis le début de cette élection en France de l'exaspération des américains envers les républicains. On considère toujours que c'est une n-ième resucée du même match de box mais cette fois-ci, à force d'être violentés par des élites sans scrupule, les américains semblent sur le point d'envoyer le premier signal fort du fait qu'ils souhaitent reprendre les choses en main. More power to them. Présenter cette élection comme un match serré, c'est passer complètement à côté de sa signification qui est une répudiation des républicains après 8 ans de bushisme.

mardi 21 octobre 2008

Message personnel

Je profite du fait que le blogo n'a pas encore des millions de lecteurs sur toute la planète pour passer un petit message personnel:

Bon anniversaire, Papy G!


Il se reconnaîtra...

Et un meeting de McCain, ça ressemble à quoi?


Vous allez me dire que c'est unfair et vous aurez raison.
Il n'en reste pas moins qu'Obama a fait 100000 à St Louis (record), 75000 à Kansas City et McCain 6000 à Belton, dans la banlieue de Kansas City. C'est un peu la différence entre Madonna et Annie Cordy.

Les démocrates n'en finissent pas de tendre l'autre joue

Les républicains, une fois de plus, se livrent à des attaques extrêmement virulentes contre les démocrates. Non content d'associer Obama au terrorisme et d'insister sur sa différence sur le mode "who is REALLY Barack Obama?", les républicains ont commencé une campagne de "Robocalls" qui sont des coups de fil automatiques passés aux américains avec un discours extrêmement agressif et mensonger.

Le discours est similaire à ce qu'on avait appelé le "swiftboating" de John Kerry, référence à ces bateaux de l'US Army qui remontaient les rivières durant la guerre du Vietnam. Kerry commandait une de ces embarcations et en dépit des récompenses qu'il avait gagnées, des anciens de son unité avaient participé à des publicités républicaines (sous un faux-nez) dénonçant son comportement à l'époque. Certains ont attribué la défaite de Kerry à ces tactiques. Et tout cela alors même que ces lâches de Bush et Cheney avaient usé de ruses et/ou de leurs relations pour échapper au Vietnam! Cheney a même déclaré qu'il avait "better things to do at the time".

Les républicains choisissent un axe d'attaque (peu importe le peu de substance de l'accusation ou la mauvaise foi - cette fois-ci ce sont les liens entre Obama et le "terroriste" Bill Ayers) et le serinent de manière compulsive jusqu'à ce que l'opposant démocrate soit associé à ces attaques de manière immédiate dans l'esprit de la population. On appelle ça le "Karl Rove playbook" et cela domine la politique américaine (sous cette forme) depuis G. W. Bush. McCain en a lui même fait les frais en 2000 contre Bush, il a d'ailleurs appelé la société qui avait fait les robocalls de Bush contre lui en 2000 pour attaquer Obama. Il avait appelé à l'époque les robocalls de Bush des "Hate Calls".

Ce qui est choquant, c'est que cette arme semble être le privilège exclusif des républicains. Les démocrates semblent hésiter à s'autoriser ces pratiques. Ils ne savent pas y réagir et ils savent encore moins utiliser ce genre d'arme contre les républicains. Alors ils encaissent. Alors ils perdent, et perdent, et perdent. C'est à se demander si les gens ne votent pas pour les républicains car la seule chose qu'ils retirent de la campagne est que les républicains sont forts et que les démocrates sont faibles. Pendant toute l'ère Bush, les démocrates se sont excusés et n'ont jamais vraiment porté le fer comme les multiples crimes de W auraient pu les y autoriser. Alors aujourd'hui les électeurs finissent par apprendre et risquent cette fois de ne pas se faire avoir mais j'enrage de voir les démocrates continuer à tendre l'autre joue.

Il s'agit de politique et ce qu'il faut c'est gagner. Si la mauvaise foi et la violence sont récompensées dans la culture politique américaine, on est bien obligé de s'y résoudre ou alors il faut faire autre chose. Je n'aime pas parler de l'ethnicité d'Obama car j'ai l'impression qu'on la surpondère dans l'explication de son existence politique. Je pense cependant que cela explique la (presque) passivité de la campagne Obama en cette matière: il ne peut pas "inquiéter" la majorité blanche avec un discours trop négatif sur un vieil homme blanc, héro de guerre. Et ce en dépit du déluge d'attaques dont il fait l'objet. Il semble néanmoins que le vent soit en train de tourner et que cette fois la "slime machine" républicaine ne gagne pas la partie. 60% des américains considèrent les attaques contre Obama "off limits" aujourd'hui. Espérons que cela dissuadera les républicains de faire appel à ce genre de tactiques à l'avenir et que les américains mettent ça un peu derrière eux. Un signe des temps et ce sénateur républicain du Maine dont le siège est en jeu et qui demande à la campagne McCain de cesser ces attaques sur son territoire de peur du backlash. Toujours est-il que cette passivité des démocrates et cette manière qu'ils ont de réajuster leur costume alors qu'ils sont sous le feu nourri des tomates républicaines est sur le principe exaspérant.

La bigger picture:
L'impuissance démocrate va cependant plus loin et on peut littéralement parler de collusion avec les républicains sur beaucoup de sujet (guerre en Irak, Fannie et Freddie, régulation des banques, financement de campagne etc...). La faiblesse démocrate a souvent autorisé le status quo. En 2004, on ne pouvait pas attaquer le "commander in chief during wartime". En 2006, Pelosi déclare que l'impeachment de Bush n'est pas "on the table" alors que la côte de popularité de Bush est au plus bas et que ses mensonges ont tué des centaines de milliers de personnes (Bill Clinton a été impeached alors que sa côte de popularité était au plus haut et que ses mensonges étaient sans conséquence). Alors que les démocrates sont majoritaires au congrès depuis 2006, Bush n'a cessé de remporter victoire sur victoire notamment et de manière inouïe sur la guerre en Irak (les démocrates ont laissé faire la "surge" de Bush alors que celui-ci atteignait un plancher en terme de popularité et que la population rejetait massivement la guerre). Après des résultats d'élections contestés dans certains états en 2004 (comme l'Ohio), les démocrates majoritaires n'ont même pas réussi à améliorer la situation en rendant le vote plus transparent pour 2008 (suppression des machines diebold à la sécurité déficiente etc...). L'amérique de Bush n'a été possible que grâce à la complicité passive des démocrates qui n'ont jamais "put up a real fight" contre W.

C'est pour ça qu'une victoire éventuelle d'Obama n'est qu'une bataille dans la reconquète de leur démocratie par les américains. Ca n'est certainement la fin de la guerre.

Dernière chose car j'ai déjà eu l'expérience de nombreux froncements de sourcils sur cette question: Bill Clinton a bel et bien été "impeached". Cela ne veut pas dire destitué.

lundi 20 octobre 2008

Obama à St Louis - La rock star

Barack just concluded his speech underneath the Gatway Arch in St. Louis, in front of a record crowd of over 100,000 people. "All I can say is, wow," Barack said as he took the stage.

Colin Powell tente de se racheter une conduite...

Il est trop tard pour toi, Colin. Go away. On viendra peut-être te chercher pour aller .

Le pari "Palin" fait pschttttt

Daily Kos a compilé un grand nombre d'éditoriaux éreintant McCain pour son choix de Palin. La démonstration est en gros la suivante:
Palin est inapte à gouverner.
Puisqu'il l'a choisie, McCain est également inapte.
CQFD.

samedi 18 octobre 2008

Décoloniser l'Irak

It's about time.

A stand-up comedian in every American?

Obama et McCain se sont retrouvés jeudi soir à un dîner à New York pour la "Alfred E. Smith" charity. Les deux discours sont drôles et révèlent des qualités de comiques des deux candidats, si ce n'est dans l'écriture, en tout cas dans la "delivery". On imagine mal ce genre de performance en France. Attention, il faut une connaissance assez pointue des évènements récents de la campagne pour comprendre toute les références.

-McCain 1

-McCain 2

-Réponse d'Obama

Et un reminder sur leur maître à tous les deux: Stephen Colbert en 2006. Je ne sais pas s'il y a beaucoup d'exemple d'un homme prenant à partie son auditoire de manière aussi cinglante dans un contexte aussi high-level. Il faut dire que son auditoire l'avait bien mérité. But still, un speech historique.

DSK fait le talk show américain le plus élitiste

Note: j'ai écrit ce post il y a quelques jours et j'ai laissé tomber parce que 1) l'interview de DSK n'avait pas grand intérêt et 2) la digression sur son apétit insatiable pour les journalistes semblait inutile. En fait, j'entends à la radio que ça relève bien du pathologique (il semble qu'il n'y ait vraiment pas de fumée sans feu en cette matière). Il a été nommé il y a un an seulement et il a été incapable de se contrôler sur un point où tout le monde l'attendait au tournant. L'enquète interne porte aussi sur un autre cas possible de favoritisme "for another unnamed female employee". Merci d'avoir été à la hauteur de la situation, Dominique.
Notons que le timing est étrange. C'est peut-être une tentative de déstabilisation de la présidence française du FMI en pleine crise et le jour où Sarkozy est à Washington pour expliquer la nouvelle organisation économique mondiale à Bush. Voici donc ce post moins long que l'introduction:


J'ai dans un coin de ma tête le souvenir que DSK a un penchant immodéré pour les journalistes et qu'on lui a un jour prêté les mots: "avec les journalistes de droite, c'est encore meilleur". J'espère pour lui que dans son exil américain il a pu réaliser ses fantasmes avec des journalistes de Fox News. Il ne trouvera pas plus à droite.

Toujours est-il qu'il est passé jeudi au talk show le plus select aux Etats-Unis: Charlie Rose.

vendredi 17 octobre 2008

Friday Plane Blogging



Dans le sillage d'un blogueur américain, Atrios, qui met tous les vendredi des photos de ses chats sur son blog (ça s'appelle Friday Cat Blogging), j'ai décidé de faire la même chose avec des photos d'avions. Vous pouvez cliquer dessus pour agrandir.

Problème d'agence dans les hedge funds

Les retraits dans les hedge funds ont été massifs le trimestre dernier.

Alors là, c'est la pochette surprise... Le modèle économique du hedge fund pose en effet un problème d'"agence" considérable: le gestionnaire du fonds est delui qui évalue les actifs du fonds mais simultanément, il est rémunéré si les actifs du fonds ont de bonnes performances. Pas besoin d'être allé en business school pour comprendre qu'il y a un problème.

En gros les probas pour que la valeur liquidative d'un fonds soit une bonne surprise (supérieure à 100% de la valeur-estimée-par-les-gens-qui-ont-intérêt-à-ce-qu'elle-soit-haute) sont infimes. Elle est presque fatalement inférieure à cause du phénomène ci-dessus. Inférieure de quelques pourcents si le fonds est sain et que le marché sur lequel il investit est liquide (et qu'il ne représente pas 30% du marché)? Inférieure de dizaines de pourcents si les actifs sont illiquides? C'est la pochette surprise.

Le seul moment de vérité est le moment où les investisseurs retirent leur argent (nous en sommes là). Cet évènement n'intervient par définition que dans un moment de crise de confiance avec comme corollaire des actifs moins liquides etc...

Ce mouvement semble avoir commencé. Que va-t-il se passer si, comme il est probable, les investisseurs qui retirent l'argent des hedge funds constatent que leurs actifs liquidés sont encore bien inférieurs à ce qu'ils avaient envisagé et que ce problème d'agence est immense? Cela va entraîner un phénomène boule de neige et pousser les investisseurs qui ne l'ont pas encore fait à se retirer également. Cette crise pourrait ainsi marquer la fin de cette industrie et entraîner une baisse générale de toute les classes d'actifs en raison de la liquidation de nombreux fonds.

Cela correspond à un problème structurel des hedge funds qui est identifiable sans y avoir jamais mis les pieds - cette analyse ne correspond en aucune manière à une expérience vécue (sérieusement).

La dislocation du marché de l'immobilier US

Je me dis depuis longtemps que pour expulser tous les gens qui devraient l'être aux Etats-Unis au terme de leur mortgage, il faudrait lever une petite armée spécialement dédiée (c'est un constat, pas quelque chose que je propose). Une des choses qui n'étaient pas chères pour les "serviceurs" de mortgage pendant le boom était l'éviction des mauvais payeurs: il y en avait extrêmement peu. En effet, la plupart des gens en difficulté se refinançaient dans un mortgage plus défavorable à long terme mais payable à court terme (ils en tiraient même souvent du cash). Qui plus est, si éviction il y avait, la maison était revendue rapidement à bon prix et cela finançait le processus d'éviction.

Désormais tout a changé: il y a énormément d'expulsions "à faire" mais celles-ci ne rapportent rien car la maison ne peut pas être vendue. Puisqu'elles ne rapportent plus rien, toutes ces fonction de "servicing" de mortgage sont forcément sous-staffées.

Cela crée une nouvelle dimension au problème: si votre voisin ne paye pas son mortgage et n'est pas expulsé parce qu'il n'y a pas de ressources allouées à son éviction, pourquoi paieriez-vous le vôtre? Le chaos étant total, on peut supposer que même des gens qui peuvent payer leur mortgage ne le font pas car ils savent qu'il n'y aura pas de répercussion à court et même à moyen terme.

Je me range évidemment du côté des particuliers dans cette affaire. Je sais bien que des méthodes de marketing frauduleuses ont été utilisées pour gaver les américains de ces mortgage toxiques et que c'est la base du problème. Je souligne juste le fait qu'"enforcer" tous ces contrats pourris est aujourd'hui devenu matériellement impossible. Si on ajoute à ça qu'une maison vide tombe en ruine assez rapidement, on se rend bien compte que quand l'Etat US aura ajouté ces mortgages à son bilan, il n'aura d'autre choix que de négocier avec les particuliers des conditions qui leur permettent de rester chez eux. Recréer un incentive au paiment ne sera pas le moindre de ses problèmes car il faut pour cela une menace potente (like it or not).

Voilà, l'origine (un peu lointaine) de ces réflexions est cet article qui explique que le sheriff d'un county de l'Illinois refuse désormais de procéder à des évictions car il les trouve injustes. More power to him.

Chicago's Cook County won't evict in foreclosures

CHICAGO (AP) — The sheriff here said Wednesday that he's ordering his deputies to stop evicting people from foreclosed properties because many people his office has helped throw out on the street are renters who did nothing wrong.

"We will no longer be a party to something that's so unjust," a visibly angry Cook County Sheriff Tom Dart said at a news conference.

jeudi 16 octobre 2008

Let's have more of this

Good.

Un homme en colère

Nicholas Taleb est en colère et ça n'est pas à cause de ses performances (plus de +45% year to year). Il faut bien dire que la fureur a monté depuis des années avec l'objectivité qui se réfugiait dans à peine 1% des articles et des commentaires de la presse financière et du monde académique... (via "The Big Picture")

Il faut aussi prendre en compte le fait que si la plupart de s financiers ont intérêt à rassurer dans leur discours, sa stratégie d'investissements fait que Taleb a lui intérêt à inquiéter. Je le pense cependant sincère et je suis d'accord sur le fait que nous sommes au début de la crise.

Commentaires anonymes désormais possibles sur le Blogo

J'ai changé un paramètre et il est désormais possible de laisser un commentaire sans Google ID ou sans utiliser openID.

Debate "live blogging"

Obama, le Terminator. Il est trop fort. Mon expression favorite ces derniers mois était de dire qu'il était le "Roger Federer" de la politique. Comme au tennis, une des choses qui pouvait se passer lors du dernier débat était une forme de "peur de gagner" d'Obama. Le débat n'est pas fini mais il fait déjà montre de la maîtrise, du calme et de l'assurance des grands champions. C'est la Federer's touch d'Obama. Il a quand même sur le papier beaucoup moins d'expérience que son opposant et pourtant, à un âge où les carrières politiques ne sont souvent que balbutiantes, c'est lui le plus présidentiel.

Je me suis souvent dit qu'on avait tendance en France à mettre en avant le plus évident en ce qui concerne Obama: son origine ethnique improbable pour un présidentiable américain. Or ce n'est pas selon moi ce qui le caractérise principalement ou qui raconte le mieux son histoire. Ce qui le caractérise et qui fait de lui un homme politique exceptionnel, c'est son talent. Sa campagne depuis deux ans est un sans faute stratégique total. Même quand Clinton (qui s'avère avoir été un "tougher cookie" que McCain) perdait son sang-froid, il n'a jamais dérapé. Quand Clinton et McCain on dit dans un bel ensemble au printemps qu'il fallait une "gas tax holiday", il a refusé et a dit que c'était démagogique alors que les américains vivaient très douloureusement la hausse du pétrole. Aucun commentateur ne l'encourageait dans cette voie. Et une semaine plus tard, la population américaine (et les médias) était derrière lui contre toute attente. Je ne veux pas en faire un saint qui refuse la démagogie ou les compromissions en toute circonstance (c'est un homme politique - pas un bisounours), mais son instinct sur cette "gas tax holiday" a été stupéfiant.

Quand il a été mis en difficulté par les déclarations passées de son pasteur, le révérend Wright, il a produit un discours scotchant (voir ci-dessous - 37min) sur les relations interraciales en Amérique qui a tourné une difficulté en avantage. C'est un discours qu'il a écrit en grande partie lui-même (il fait référence à son expérience personnelle d'une manière qui ne trompe pas). C'est notamment en cela qu'il rend ses lettres de noblesse à la politique: il est capable, s'il le faut, de s'adresser au peuple sans la médiation des spin doctors. C'est ce qu'il fait en cas de difficulté et ça s'appelle le leadership.

Ne nous y trompons pas cependant: pour en arriver là où il en est aujourd'hui, Obama a fait toutes les concessions qu'il fallait à un système politique corrompu. Ce qui laisse espérer qu'il s'avère être une force réformatrice en dépit de cela, c'est qu'il n'a pas fait une concession de plus que nécessaire: il a mené la campagne la plus radicale possible dans le contexte des Etats-Unis de 2008. S'assurer les moyens de la victoire est quand même le premier talent nécessaire en politique.

Contrairement aux vieux crocodiles comme McCain ou Clinton, sa jeunesse en fait encore un outsider à Washington. Il demeure une wild card qui pourrait rendre aux américains leur démocratie. Il en a le talent mais c'est une tâche dantesque. Il va sans doute pouvoir s'appuyer sur un raz de marée démocrate. Si les évènements lui sont favorables, tout est possible (la crise économique est un double edged sword: ca peut l'embourber mais ça peut aussi augmenter sa capacité réformatrice).

Comment évaluer une présidence Obama alors? Le noeud gordien de la politique américaine est la loi de financement des campagnes électorales. C'est ce système vermoulu qui fait qu'aujourd'hui chaque grand secteur économique écrit lui-même ses lois (on a vu ce que ça donnait dans les mortgage) et que l'intérêt général est perdu corps et bien. Obama peut faire beaucoup de bonnes choses en deux mandats mais pour que son action soit durablement transformatrice, il faut qu'il change radicalement le financement de la politique aux USA. C'est ce que proposait John Edwards et c'est pour ça qu'il n'a eu droit qu'à une très faible couverture médiatique pendant les primaires.

Voilà, le débat est fini. Je n'ai finalement écouté que d'une oreille. Je crois que le prochain président américain va être Roger Federer et ils auraient pu plus mal tomber. Obama s'est imposé par son talent et en faisant les bonnes concessions aux pouvoirs en place (contrairement à John Edwards qui n'a pas su "amadouer" le système). Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il partage au fond, l'analyse de John Edwards sur la nécessité de réformer le rôle de l'argent dans la politique aux USA. Pourquoi? Tout simplement parce que n'importe quel observateur un peu attentif savait que la corruption était endémique aux USA et que la crise économique en a maintenant apporté la démonstration retentissante (John Edwards n'avait-il que 6 mois d'avance?). Barack Obama disposera-t-il un jour du capital politique nécessaire à une telle entreprise? Si lui n'y arrive pas, je crois en tout cas qu'on pourra se dire que personne d'autre n'y serait parvenu. S'il y parvenait, ce serait un peu un Federer qui aurait gagné le grand chelem.

-9.03% pour le S&P 500

Après le rebond de 11% lundi, on pouvait se demander si les bourses n'avaient pas atteint leur plus bas pour cette crise. Personnellement, je ne le pensais pas: la crise économique à venir va être terrible notamment pour les profits des entreprises donc pour leurs valeurs boursières. En revanche, j'avais l'impression que cela pouvait être un plus bas pour 6 mois ou au moins pour 2008. Las. Le S&P 500 est à 907.84 après la baisse d'aujourd'hui alors que le plus bas de lundi était 903.99. Une baisse de 0.42% suffirait à enfoncer le plancher. Ce "plus bas" risque donc de ne même pas tenir jusqu'à la fin de la semaine.

Et les nouvelles macro-économiques ne sont pas encore dramatiques: inflation 5.1%, chômage 6.1%, croissance annualisée au dernier trimestre 2.8%. Rien de catastrophique sur le papier. Deux phénomènes sont à l'oeuvre. D'une part, nous ne sommes qu'au début de la crise et les chiffres vont se dégrader très rapidement maintenant. D'autre part, pour avoir suivi avec attention tous les indicateurs économiques américains depuis longtemps maintenant, j'en ai acquis la certitude que les trois chiffres décrits plus haut font l'objet de manipulations ou sont basés sur des suppositions statistiques abracadabrantesques (le birth/death model pour les chiffres de l'emploi par exemple). J'aurais l'occasion d'expliquer mes différents griefs au fur et à mesure de la publication de ces données dans le futur.

Cette crise devrait aussi conduire à une remise à plat de l'appareil statistique américain qui, comme tant d'autres aspects de la société américaine, a été corrompu par l'argent facile des 15 dernières années. Stay tuned.

mercredi 15 octobre 2008

McCain le dos au mur - dernier débat ce soir

McCain semble complètement carbonisé. A ce stade, il pourrait tout tenter lors du débat de ce soir, y compris faire des claquettes. Il semble sur le point de perdre très largement l'élection présidentielle mais également d'être tenu pour responsable d'un raz-de-marée démocrate au congrès. On parle même d'une majorité qui n'autorise pas le filibuster républicain au Sénat (60 sénateurs - ce serait énorme car le sénat est à 50-50 today et est renouvelé par tiers).

Au niveau national, il est rare de voir un candidat cornerisé à ce point. Est-ce à dire que le débat de ce soir risque d'être explosif? Je ne le pense pas car le risque de partir en vrille (surtout pour McCain dont le tempérament colérique est connu) reste considérable. Espérons qu'il fasse le show mais j'en doute.

Ne laissez pas vos parents voter McCain

Une publicité de MoveOn.org, merci Nico:

mardi 14 octobre 2008

"Les américains n'éliront pas un noir"

Avant que l'avance d'Obama ne devienne stratosphérique, j'ai l'impression d'avoir souvent entendu ça: "Oh bien sûr, les américains disent dans les sondages qu'ils vont voter pour Obama parce qu'ils n'osent pas dire le contraire mais dans le secret de l'isoloir ils vont voter McCain". Je n'y crois pas. Il est vrai que les électeurs de Le Pen sont notoirement timides avec les sondeurs mais la situation aux Etats-Unis n'a rien à voir: on peut très bien déclarer voter McCain et garder pour soi le fait que c'est parce qu'Obama est noir.

De toute façon dans un pays où l'on est pas très sûr de l'intégrité du processus électoral, il semble délicat d'accorder trop de crédits aux sondages. Quand on voit à quel point les agences de notations financières faisaient des pieds et des mains pour avoir des conclusions qui plaisaient à leurs clients, on ne peut que supposer que des phénomènes du même ordre sont à l'oeuvre entre les sondeurs et les commanditaires. D'autant que dans le cas des sondages, pour peu qu'on ne soit pas juste avant l'élection, l'erreur ne se voit pas. Les seuls sondages qui sont par nature réalisés sans biais sont les "internals" pour les équipes de campagne. Ils sont secrets et font l'objet de spéculations. En ce moment on dit qu'ils sont encore plus favorables à Obama que ceux qui sont publiés.

J'en arrive laborieusement à l'objet de ce post: on ne sait pas ce que feront les américains dans le secret de l'isoloir mais on sait déjà ce qu'ils font quand ils sont seuls devant leur ordinateur: ils vont massivement sur le site d'Obama plutôt que sur celui de McCain. Il y a sans doute un effet générationnel mais c'est quand meme massif.

Le New York Post

Il vaut mieux ne pas l'avoir en journal (article publié avant le rebond de 11%).

Les français mènent sans s'en rendre compte une vie paisible en n'étant (presque) jamais exposés aux publications ou aux chaînes du groupe Murdoch. El Blogo se propose de vous initier par petites doses au subtil mélange de stupéfaction et d'incrédulité que suscite chaque exposition.

Quizz du Blogo

En Europe, devant l'inanité des banquiers, les Etats reprennent la main et virent le management des banques (comme suggéré ici).
Aux Etats-Unis, on retient la solution suivante: les banquiers responsables du désastre forcent la main des représentants du peuple pour s'arroger de l'argent public et en disposer comme bon leur semble.

Question 1:
L'un de ces deux systèmes est complètement corrompu, pouvez-vous identifier lequel?
Question 2:
Si on vous laisse le choix d'investir dans l'un ou l'autre des deux systèmes, lequel privilégierez-vous?

(les réponses sont dans le premier commentaire)

Je mange mon chapeau

J'étais un peu sceptique sur la manière dont Sarkozy gérait ses relations avec Merkel après avoir entendu qu'il lui reprochait de faire cavalier(e?) seul(e?) la semaine dernière. Je dois donc manger mon chapeau car il semble que Sarkozy ait frappé fort aujourd'hui.

lundi 13 octobre 2008

Un message de soutien d'un journaliste US

Un journaliste de Slate pose la question "Is the European Credit Crisis our Fault?".

Short answer: Yes.
Long answer: Yes, moron.

Longer answer:
L'auteur, Christopher Beam, répond en fait à la question: "Not really - They were dumb enough to buy the mortgages". Il n'empêche que dans la chaîne causale, l'existence de ces mortgage pourris (qui relève de la responsabilité de l'environnement règlementaire US) est clairement en amont de la décision d'investissement des européens. Donc c'est un clear-cut case : Yes, you stupid dumbass.

Bon ceci dit, il a raison sur un point: si les européens avaient été assez smart pour comprendre que les Etats-Unis partaient dans le décor depuis le 11 septembre, ils ne se seraient sans doute pas gavés de ces mortgages. Il n'y aucune gloire dans le fait de se faire arnaquer de cette manière.

Mais, fear not, Christopher, maintenant on a bien compris (et les asiatiques aussi) que vous étiez une bande d'escrocs et on va réfléchir à deux fois avant de te prêter l'argent pour que tu t'achètes ta flat screen TV pour Noël. On va même peut-être te demander de rembourser l'emprunt de tes trois voitures au lieu de t'étendre ta ligne de crédit à l'infini. Merci de nous ouvrir les yeux. Tu n'y couperas pas.