samedi 25 avril 2009

J'en rajoute une couche...

Je me rends compte que j'ai crédité Atrios pour un bon post (voir post précédent) alors qu'il n'avait fait que répéter celui de Krugman que je reproduis ci-dessous:

April 24, 2009, 11:00 am

The defining moment

One addendum to today’s column: the truth, which I think everyone in the political/media establishments knows in their hearts, is that the nine months or so between the summer of 2002 and the beginning of the Iraq insurgency were a great national moral test — a test that most people in influential positions failed.

The Bush administration was obviously — yes, obviously — telling tall tales in order to promote the war it wanted: the constant insinuations of an Iraq-9/11 link, the hyping of discredited claims about a nuclear program, etc.. And the question was, should you stand up against that? Not many did — and those who did were treated as if they were crazy.

For me and many others that was a radicalizing experience; I’ll never trust “sensible” opinion again. But for those who stayed “sensible” through the test, it’s a moment they’d like to see forgotten. That, I believe, is the real reason so many want to let torture and everything else go down the memory hole.

Let’s hope that doesn’t happen.

Cette idée exprimée par Krugman est puissante car ces 9 mois dont il parle ont sûrement contribué à l'éveil politique d'une génération dont on n'a pas fini d'entendre parler. Comme Krugman, comme Atrios, j'avais construit au fil des années une espèce de foi dans l'opinion des élites. J'en étais même devenu parfois le perroquet. Tout à coup, la radicalité de la propagande servie à l'opinion faisait réellement peur aux gens habitant aux Etats-Unis. J'imaginais précédemment que le discours des élites américaines était contraint par un principe de réalité, par une forme de rationalité à laquelle des gens éduqués se devaient d'adhérer. Mais non: les élites politiques et médiatiques s'étaient simultanément mises d'accord sur le même mensonge (à première vue magiquement) et elles le répétaient systématiquement de manière orwellienne. Toute voie dissonante était impitoyablement réduite au silence.

C'est le moment où les gens qui ont fait cette expérience inouïe aux Etats-Unis ont eu à choisir entre la pilule bleue et la pilule rouge*. Chaque citoyen a dû trouver une solution face à cette "cognitive dissonance" qui faisait que l' "empire du bien" (gagnant de la guerre froide contre l' "empire du mal") agissait tout à coup contre ses principes fondateurs. Il est certain que ceux qui ont pris la pilule rouge ont été plus nombreux à envisager qu'une crise économique majeure pouvait se tramer "in plain sight" (au vu et au su de tous), en dépit du ronron rassurant des MSM (mainstream media). Car le mensonge sur la guerre en Irak est parent du mensonge sur l'économie. Cela sera l'objet d'un autre blog, un jour.

* Référence à cette scène du film Matrix:

Note: Ce post de Krugman est en fait une after-thought après un édito brillant dans le NYT où il demande une enquète sur les tortures et sur la "march to war" dans le but de "regagner la conscience de l'Amérique". Indeed. Moment d'humilité pour le blogo quand l'appréciation du post d'un blogueur finit par l'éloge d'un édito du NYT.
Note 2: Krugman qui était déjà sur la Blogo Compliant List.

Les grands blogueurs...

Il est parfois irritant d'aller sur le site d'un blogueur très connu: quelques phrases moyennement écrites avec un lien vers un autre site et voilà: plusieurs centaines de milliers de visites par jour. On essaye de comprendre. Bien sûr, il y a l'avantage d'avoir fait parti des premiers. Peut-être quelques connections dans les vieux médias "to get things going"? Parfois, mais c'est plutôt rare, il y a une vraie expertise et une ligne éditoriale claire comme Glenn Greenwald. Parfois il y a un réel talent d'écriture.

Et puis parfois on se rend compte que ce qu'on lit décrit exactement sa propre expérience et c'est sans doute cela qui fait que les grands blogueurs sont fédérateurs et ont un "huge following". Case in point, Atrios:

Radicalizing

As Krugman says, the period leading up to the Iraq war was indeed a radicalizing experience. I think there were plenty of people like me who had a degree of faith in elite opinion, in the sensible people in nice suits, which I never will again.

And those people hate the dirty fucking hippies more than ever for the simple crime of being correct.