dimanche 4 janvier 2009

Peter Schiff

Peter Schiff sur Bloomberg News. Selon lui, la crise devrait être moins grave dans le reste du monde qu'aux Etats-Unis. Espérons qu'il ait raison. Ce serait un juste retour des choses car ils en sont responsables et qu'ils ont également beaucoup plus bénéficié que les autres de la croissance par la dette qui a conduit au désastre. Il est encore trop tôt pour voir une telle tendance se dégager. Pour lui, le dollar va à la cave. "We need a recession: America must stop borrowing and spending and start saving and producing". Indeed.

L'opacité illustrée

Je devine que certains lecteurs du Blogo trouve le style un peu geignard. Tout est gravissime. Tout est terrible. Les dirigeants américains sont très très méchants. Les banquiers aiment trop l'argent. Et d'ailleurs, on se demande bien à quoi bon parler de tout ça puisque de toute façon, tout est foutu!

Bon, d'abord le Blogo est plein d'espoir mais vu qu'on ne fait pour l'instant que s'enfoncer dans une crise sans qu'elle soit encore assez grave pour discuter de réelles solutions autres que des chèques en blanc aux banquiers (quoique), il faut bien reconnaître que l'heure est plutôt au constat désabusé et à l'indignation grandiloquente. Le Blogo est un peu à l'économie et à la finance américaine ce que Jean-Pierre Coffe est au jambon sous cellophane ("Mais c'est de la M...!").

Il faut aussi que je rappelle que ce que nous vivons est absolument sans précédent dans l'histoire. Le hold-up de fonds publics afin de sauver le secteur économique responsable de la crise (la finance) est déjà en soi un scandale sans nom (surtout quand les cinq plus grosses banques ont distribué à elles seules $120 milliards de bonus dans les 5 années précédentes). Mais l'opacité totale qui préside à l'attribution de ces fonds la rend encore plus ubuesque et digne de la pire république bananière comme illustré ici (via The Big Picture):
Face à ça, le commentariat économique "mainstream" décrit plus ou moins bien la situation mais s'indigne très peu et ne crie pratiquement jamais au scandale alors qu'il est permanent. Le citoyen américain est maintenu dans une espèce d'acceptation résignée qui laissera bientôt place à un engagement politique beaucoup plus important de chacun. Espérons que nous éviterons de passer par la case émeutes et "social unrest".

Un ami précieux (littéralement)

J'ai un ami qui m'a conseillé à l'été 2007 de vendre mes actions US et d'acheter de l'or. Depuis, l'or a fait +31% et le Dow Jones -33%.

Larry Summers en 2005

Krugman sur son blog du NYT attire l'attention sur un papier exposé devant un aéropage d'économistes et de banquiers centraux par Raguram Rajan intitulé "Has Financial Development made the world riskier?" (via WSJ). Il le qualifie de prophétique.

Extrait: "I will argue in this paper that the changes in the financial sector have altered managerial incentives, which in turn have altered the nature of risks undertaken by the system, with some potential for distorsions."

No shit!

Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a également un verbatim de la réaction des participants. Larry Summers (nouvelle star de l'équipe économique d'Obama), est condescendant et juge le propos "misguided". Une preuve s'il en fallait d'un des thèmes favoris du Blogo à savoir que les gens en charge aujourd'hui dans l'équipe d'Obama sont précisément ceux qui ont été les cheerleaders des excès qui nous ont conduit où nous en sommes.

Citation de Summers: "I was surprised by the tone of the recommendation..."; "But it seems to me that one needs to be very careful about stressing the negative aspects of the evolution, relative to the positive aspects of the evolution."; "The tendendy toward restriction that runs through the tone of the presentation seems to be quite problematic. It seems to me to support a wide variety of misguided policy impulses in many countries."
Way to go, Larry! Let's make you special counsel to the President for economic matters.