vendredi 14 août 2009

Let's try it again!

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Retour de vacances (post écrit mardi)

Bon, j'ai deux semaines de retard de lectures et je ne garantis pas que les nouvelles dans ce post seront de première fraîcheur. De plus, je suis dans le train sans internet ce qui est une excuse pour laisser vagabonder son esprit et ne pas faire de liens pour renforcer ses assertions. So here it is...

Cela fait maintenant deux ans que la crise a commencé. J'ai assisté à une conférence sur les produits titrisés basé sur des avions au printemps 2007. Dans une salle comprenant 200 à 250 personnes, un des intervenants a demandé à l'assistance combien de personnes anticipaient un retournement de la conjoncture en 2007. Trois ou quatre mains se sont levées. Il se trouve que l'organisme qui date les récessions aux Etats-Unis a fait démarrer celle-ci en décembre 2007. Après des années de record de prises de commande auprès d'Airbus et de Boeing, il pouvait sembler évident que le marché de l'aviation civile était chauffé à blanc. 1000 avions commandés par constructeur environ en 2005 et en 2006 alors que la capacité maximale de production n'avait jamais dépassé 500... Un avion à lui seul avait battu tous les records: le 787 de Boeing. Après plus de 15 ans sans avoir mené à bien un nouveau programme en partant d'une feuille blanche, Boeing allait simultanément révolutionner la technologie (composite) et la méthode de production (sous-traitance massive dans le monde entier, au Japon et en Italie notamment). Le tout en 4 ans. Toutes les compagnies aériennes du monde ont mordu à l'hameçon. L'Amérique toute puissante peut tout vendre, des avions en plastique au subprime, rien n'est impossible.

Il y a deux ans, la foi du Rest Of the World (ROW) dans l'hypercompétence américaine est totale. Oh bien sûr, il y a eu la guerre en Irak et il y avait George W. Bush. Mais déjà la vague républicaine était en retrait (perte de la majorité en 2006) et le vent politique a tourné. La guerre en Irak a déplu mais personne ne doute réellement du fait que les américains peuvent se la payer. Personne n'a encore compris que cette guerre est le symptôme du fait que la démocratie américaine est cassée. Depuis des décennies, l'extension du pouvoir des lobbies a fini par confisquer leur démocratie aux citoyens américains sans qu'ils en aient encore vraiment conscience. Cette conscience se forme en ce moment, dans la douleur comme il se doit.

Il faut dire qu'à l'époque, la vie est belle. La prospérité économique est réelle. Il est facile de trouver un emploi. Il est surtout extraordinairement facile d'emprunter. En attirant des ressources venues du monde entier, les élites américaines ont conçu un Ponzi scheme réellement prodigieux qui garantit au plus grand nombre un niveau de vie sans équivalent dans le monde. Evidemment, on peut d'ores et déjà se demander si les américains rembourseront un jour les sommes astronomiques qu'ils ont empruntées mais qui peut réellement mettre en doute l'hyperpuissance sans risquer le ridicule? (certains l'ont fait comme Emmanuel Todd).De quoi les citoyens américains peuvent-ils se plaindre? On leur prête sur leur bonne mine. En 1999, il faisait meilleur travailler pour Enron que pour EDF. Les américains travaillent métaphoriquement pour Enron: un système frauduleux et voué au crash mais qui rémunère beaucoup mieux que les alternatives. Les élites se rémunèrent grassement au passage avec du capital qui fait assez masse pour résister en partie à la crise qui vient (ce qui n'est pas le cas des américains dans leur ensemble) mais en tout cas, le confort est réellement partagé par presque tous.

Et peut-on blâmer les américains? Ces capitaux qui affluent vers eux sont la conséquence de leur domination de nos esprits. Le monde et les autres zones économiques n'auraient-elles pas dû échapper à cette logique du "winner takes all" qui les desservait évidemment? Fallait-il réellement des prix nobels d'économie dans les banques allemandes pour déterminer que les prix de l'immobilier aux Etats-Unis étaient aberrants? Non. Il fallait simplement plus de banquiers indépendant d'esprits qui n'aient pas l'impression de lire la vérité révélée dans les pages du triptyque (Wall Street Journal, The Economist et Financial Times). Si un pouvoir se déploie sans jamais rencontrer de contestation, il est normal qu'il devienne absolu puis corrompu. C'était la responsabilité du ROW de maintenir les Etats-Unis en respect et l'échec a été absolument lamentable. C'est toujours le cas aujourd'hui. La phase aigüe de la crise ne sera atteinte que quand le ROW tirera finalement les conséquences de l'ampleur du Ponzi Scheme américain. Pour l'instant, tout le monde tente de mettre la poussière sous le tapis et de faire comme si de rien n'était mais la conviction du Blogo et que le mal est trop profond pour que ces efforts inouïs suffisent à créer un nouvel équilibre sans qu'on passe par la case "réformes massives".

Car il ne faut pas se leurrer: la crise n'a donné lieu pour l'instant qu'à des réformes structurelles absolument risibles. Toutes les contraintes pesant sur les établissements financiers ont été relâchées contre absolument aucune concession en retour. Même le marché des CDS n'a pas évolué et fait l'objet d'une lutte aux coûteaux (ou au moins d'un débat) entre les lobbyists des banques et les hommes politiques (qui sont souvent les mêmes, c'est dire si le débat est compassé).

Et c'est tout le problème de la réaction des politiques à cette crise qui se pose désormais. Le système bancaire mondial a fait faillite. Il faut mesurer ce que cela représente pour le personnel politique. La plupart des politiques mondiaux (qui s'occupent de finance) lisent le Financial Times et The Economist. Autrement dit, ils n'ont aucune idée de ce qui se passe réellement. Steven Colbert se moquait de Fox News en disant: "On Fox News, you have both sides of every issue: the President side [Bush], and the Vice-President side [Cheney]". On pourrait dire la même chose du triptyque: " You have both sides of every issue, the Goldman Sachs side, and the Morgan Stanley side". Le pouvoir politico-financier qui a émergé ces trente dernières années a produit son propre discours auto-justificateur dont nous sommes abreuvés et dont nous acceptons, consciemment ou non, beaucoup de présupposés. La presse économique française a pour tête de file Les Echos qui appartient au même groupe que le Financial Times.

Que fallait-il faire? Beaucoup de gens pensent que les autorités américaines ont géré au mieux cette crise. Le triptyque nous dit que la seule erreur commise a été de laisser sombrer Lehman Brothers. (Ne pas sauver une bande de gars en costard Paul Smith? Quelle horreur!). C'est un sujet compliqué car nous laissons chaque jour au bord de la route des scénarios alternatifs sur lesquels nous ne saurons jamais rien en termes de résultats. Ce qu'on sait de façon certaine c'est que quand il s'est agi de faire quelque chose, une seule voie a été entendue par les responsables politiques : celle des banques. Le contrôle de l'exécutif américain par les banques (au moins sur le sujet des banques) est apparu au grand jour (cf Paulson et AIG) mais aussi du législatif car après avoir d'abord refusé de voter le TARP, les représentants politiques américains l'ont accepté à la condition qu'un septième de l'argent promis aux banques soit dépensé en plus pour leurs sponsors à eux (circonscriptions mais surtout lobbyists amis). Cela donne une idée du rapport de force. A noter que le Sénat s'est une fois de plus distingué par son caractère ridiculement pro-banques en autorisant le TARP immédiatement. On se demande bien ce que les sénateurs, ploutocrates parmi les ploutocrates ($8,9 millions en moyenne, 62% de millionaires contre 1% dans la population), auraient bien pu refuser à Wall Street.

Le pouvoir politique a également eu peur et les banques (Paulson en tête) ont tout fait pour les terroriser. D'abord en septembre, dans la panique, puis en mars en obtenant une reddition complète d'Obama avec une bourse tombée extrêmement bas (notamment les valeurs bancaires). Le relâchement des normes comptables a alors complètement détendu l'atmosphère. L'idée du blogo est que l'Etat, responsable en dernier ressort de la survie économique de la collectivité aurait dû nationaliser les banques. Il ne s'agissait pas d'une action mais plutôt d'un constat: les banques ont fait faillite. Leurs directions, leurs méthodes, leurs stratégies avaient conduit à un enrichissement sans borne puis à un échec patent qui condamnait le contribuable à casser des cailloux pendant des années (quelle que soit la méthode retenue pour aller de l'avant). Rechigner à épurer les banques fautives (criminelles souvent) n'était pas seulement un aveu de faiblesse politique, c'était aussi une simple erreur de gestion qui va poursuivre Obama pendant des mois ou des années selon la gravité de la crise. Le blogo pense toujours que le status quo et la renaissance des banques ne peut pas et ne va pas durer et, comme en juin 2007 j'ignorais que la crise allait faire les gros titres 2 mois plus tard, je ne serais pas étonné si nous étions assez proches d'évènements aussi spectaculaires. Je vais essayer d'étayer cette position dans les semaines qui viennent. A court terme, la stratégie d'Obama semble avoir fonctionné mais c'est un leurre.

Une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand chose. La crise est entrée dans sa phase complexe. Avant (en 2007) il y avait une bulle de l'immobilier qui allait éclater. Le monde était simple. Désormais, la réalité et les scénarios possibles sont infiniment plus nombreux. Le but du blogo va donc être d'essayer d'interroger cette nouvelle réalité et d'essayer de déterminer quand et comment les choses vont brusquement s'aggraver. Il faut désormais partir du principe que les Etats, les banques centrales, les régulateurs et la presse économique conspirent à maquiller la réalité des pertes et de la solvabilité des Etats (à commencer par l'Etat américain) qui se sont portés garant d'absolument toutes les dettes pourries contractées pendant le boum. Les indicateurs seront notamment la facilité qu'auront les Etats à placer leur dette, la matérialisation de l'inflation longtemps annoncée (sur le blogo aussi) et toujours absente. L'idée de base est de ne faire confiance à personne. Le postulat est que les Etats (l'Etat américain en particulier) a pris en charge trop de risques et qu'avec la complicité d'un ROW vassal, tout va être entrepris pour que cette fiction perdure le plus longtemps possible en espérant qu'en faisant les équilibristes assez longtemps, le problème disparaîtra finalement sans que les élites responsables du marasme n'en soient affectées. Je postule donc que les Etats, les banques centrales, les banques (!) sont tous rentrés dans un jeu de poker menteur non pas par choix mais par obligation.

L'intérêt de l'Europe n'est pas évident. Le sens de l'histoire et sa diversité politique ne lui permet pas d'envisager un rôle hégémonique à l'américaine. On peut d'ailleurs se demander si elle doit embrasser le changement (la destitution des Etats-Unis pour un monde multi-polaire) ou si son intérêt est de rester le petit frère de l'empire (perd-elle plus d'influence en abandonnant le rôle de second de l'empire qu'elle ne gagnerait en partageant de manière égale avec le reste de la planète les prérogatives américaines?). De toute façon, l'heure n'est plus à pleurer sur le lait renversé et je pense pour ma part que l'Europe doit pousser dans le sens d'une nouvelle organisation mondiale. Pas par anti-américanisme mais parce que le système américano-centré NE MARCHE PAS*! Trop de capitaux sont détournés vers les Etats-Unis, la puissance militaire y est trop concentrée.

La vraie crise est donc devant nous. Ce que j'appelle la vraie crise n'est pas quantifiable par une chute du dow jones ou une baisse du dollar. C'est plus simple que ça. Deux éléments annonceront pour moi qu'on a passé la crise: la baisse de l'endettement américain (tout confondu) et la baisse du budget militaire. Tant que l'endettement continue (plus pour les particuliers mais par l'Etat pour soutenir essentiellement les banques) et que le budget militaire augmente, tant que le ROW n'aura pas dit non une bonne fois à l'Amérique, la situation ne pourra que s'agraver. Car c'est bien cela qui est testé: notre capacité à nous organiser collectivement au niveau mondial autrement qu'autour de l'hégémon. L'expérience de l'Union Européenne est très certainement digne d'intérêt dans cette perspective. Le système craque de toute part mais tant qu'on ne construira une alternative, la déliquescence et la faillite de la structure de pouvoir américaine peut nous entraîner très bas. Penser une seule seconde qu'elle va se réformer d'elle-même sans contrainte extérieure me paraît complètement irréaliste. Le retour sur terre risque cependant d'être douloureux et donc dangereux.

A la fin des fins, il faut que ces courbes baissent (bleue et verte - la rouge baisse déjà et il faudrait qu'elle monte...):
(comme pour toutes les images sur le blogo, cliquez pour agrandir)
* Quelle ironie d'utiliser finalement contre l'empire l'argument (supposément pragmatique) qu'il a utilisé pendant des années pour justifier sa domination: mon système fonctionne mieux! Blair par exemple qui n'était "ni de droite, ni de gauche mais pour ce qui marche". Et bien il s'avère que ce qui marche ne marchait pas! How about that?

Le puzzle chinois

Un des défis de la rentrée pour le Blogo est de se faire une opinion sur ce qui se passe en Chine. La plupart des sujets économiques sont traités de manière consternante par les commentateurs mais la Chine est une boîte noire sans équivalent. Elle a ceci d'intéressant qu'elle est devenue la béquille économique des Etats-Unis. Si elle casse maintenant, c'est l'économie mondiale qui devra être réorganisée. Pourtant, il est très difficile de se faire une idée sur ce qui s'y passe réellement et quand on voit ce à quoi la supposée "transparence" américaine a abouti, on se demande bien ce que nous réserve l'opacité chinoise.

Il semble que le gouvernement ait récemment lancé un stimulus dont une partie a servi à alimenter une bulle spéculative sur la bourse et l'immobilier. 15% du trillion de dollars dépensé aurait été détourné pour alimenter la bourse car le gouvernement serait incapable d'exercer le contrôle suffisant pour obliger les sociétés à respecter les directives gouvernementales (ce qui nous dévoile déjà une certaine faiblesse de l'Etat supposé être la clé de voûte de l'économie mondiale). D'où venait ce trillion? On nous dit que les chinois sont les fourmis et qu'ils ont fait des économies en période faste. Très bien mais ces économies sont pour une part importante en bon du trésor américain et ils ne peuvent donc pas les vendre sinon le Ponzi Scheme US s'effondre. Qui plus est, ils vont devoir augmenter leurs achats de dette US s'ils veulent laisser aux Etats-Unis une petite chance de s'en sortir. Alors d'où vient l'argent? On doit croire qu'il se trouvait là, prêt à être employé. Très bien. Mais il y a une moindre croissance en Chine aussi (cf électricité et importation de pétrole, les stats officielles sont moins claires). Alors d'où viendra l'argent pendant les quelques années où les Etats-Unis vont en avoir besoin? Et pour les stimulus nécessaires pour maintenir la croissance au-dessus de 8% comme on nous explique qu'il est impératif pour cette économie (encore un axiome absolument ridicule qui pollue le discours et qui fait immédiatement penser au "les prix de l'immobilier ne baissent jamais aux Etats-Unis" qui a rendu la crise possible), qui va payer?

Nous somme censés croire que la Chine va, avec ses petits bras musclés (son PIB n'a dépassé que récemment celui de l'Allemagne), sauver le monde à coup de trillions de stimulus à usage interne et de centaines de milliards d'obligations américaines. Le bullshit detector du Blogo commence à s'exciter mais je dois dire que je n'ai pas encore d'opinion définitive sur la question. Il y a une chose qui est sûre: ce n'est pas avec ses réserves en devise que la Chine finance son stimulus. Si cette politique était ne serait-ce qu'annoncée, cela ferait crasher le dollar à 0.50€ en 15 jours.

La Chine me semble jouer pour les Etats-Unis un rôle un peu similaire à celui qu'avait joué l'auditeur unipersonnel de Madoff: celui de la boîte noire qui permet de faire croire à la pérennité à long terme du Ponzi Scheme. Si, comme je l'envisage, le soutien financier de la Chine aux Etats-Unis est financé par une création monétaire aussi éhontée qu'aux Etats-Unis, alors la boucle est bouclée et le tic tac de la bombe à retardement va commencer à s'entendre de plus en plus distinctement au fur et à mesure que ces deux pays vont s'enfoncer dans la crise (les recettes fiscales doivent bien baisser en Chine également...).

C'est là que le Blogo a un petit avantage sur le reste du commentariat économique. Qui va en effet réellement prendre comme hypothèse de départ que la Chine et les Etats-Unis sont tous deux arc-boutés sur une politique monétaire intenable car ils sont pris au piège et que ni l'un ni l'autre ne peuvent se permettre d'avouer à leurs populations qu'il les a complètement planté? L'hypothèse est que ces deux pays ne sont pas dirigés par des gens compétents et soucieux du bien être de leurs concitoyens mais par des bandits en cavale qui n'ont de vrais soucis que d'effacer la trace de leurs exactions (le blogo a déjà depuis longtemps rendu ce verdict en ce qui concerne les Etats-Unis bien évidemment mais pour la Chine, il ne s'agit que de suspicions). Et si des Etats maîtrisant la création monétaire et prêts à toutes les compromissions marchent tous les deux dans la combine, comment ces problèmes peuvent-ils finir par faire surface? Comment les problèmes apparaissent-ils quand le comptable est dans la combine? Je n'ai pas la réponse mais j'imagine que c'est par la crise monétaire.

Note: un élément de la fiche wikipédia de Henry Paulson (l'homme au téléphone, ancien CEO de Goldman Sachs) m'a toujours surpris. Dans sa période où il était chez Goldman Sachs, il est rapporté qu'il s'est rendu 70 fois en Chine et qu'il est un grand ami des dignitaires chinois (on dit dans le Daily Telegraph 70 fois durant sa carrière, j'avais le souvenir que c'était 70 fois pendant qu'il était CEO ce qui serait inouï: sur 7 ans seulement - je l'avais vu parler à une conférence et c'est peut-être de là que je tiens l'info) . Si la Chine est allée à l'école Paulson, on peut s'attendre au pire. J'ai toujours été frappé par le caractère "génération spontanée" de la relation économique entre la Chine et les Etats-Unis. On nous la présente toujours comme un état de fait mais jamais comme un choix politique. On est censé l'accepter comme évidente au même titre que le soleil ou la lune. Et pourtant, les trillions n'ont pas volé au-dessus du pacifique sans que de part et d'autre il n'y ait eu une stratégie. Il y forcément eu des accords, un projet. Qui a proposé au peuple chinois de participer au Ponzi Scheme américain? Qui a proposé aux américains d'envoyer leurs capacités de production en Chine? Ou bien tout cela s'est-il réglé lors d'un ball-trap entre Paulson et un haut dignitaire chinois, "James Bond style"? Stay tuned.
(On en est pas loin: Paulson has been described as an avid nature lover. He has been a member of The Nature Conservancy for decades and was the organization's board chairman and co-chair of its Asia-Pacific Council. In that capacity, Paulson worked with former President of the People's Republic of China Jiang Zemin to preserve the Tiger Leaping Gorge in Yunnan province.)

Note 2: Etonnant comme les gouvernements américains et chinois arrivent à stimuler la bourse ou les prix de l'immobilier sans qu'il n'y ait pour autant d'inflation généralisée. La création monétaire est massive comme dans la période 2000-2007 aux Etats-Unis, l'asset bubble gigantesque, mais les prix à la consommation restent contenus. Il est clair en même temps qu'en donnant directement des milliards aux banques, ces milliards impactent directement leurs valorisations boursières (le point bas du mois de mars était surtout dû au fait que les banques commençaient à se rapprocher de plus en plus de zéro).

Bernanke complice de la bulle immobilière

En 2005, n'importe quel observateur de bonne foi aurait dû s'insurger sur les excès de certains marchés régionaux (Californie au moins). La question est précisément posée à Bernanke dans ce clip et il est extrêmement rassurant. Je dis souvent que les médias ont rassuré les gens en disant qu'il n'y avait pas de bulle dans l'immobilier mais ils n'ont fait finalement que répéter ce que disait la FED. Alors Bernanke, menteur ou imbécile? Le blogo dit menteur. The housing bubble is not a bug, it's a feature. (Via The Big Picture, aussi un recueil des déclarations de Bernanke sur la période ici)
Pour comprendre mon scepticisme sur la bonne foi de Bernanke voir les deux graphes suivants (NYT actualisé par TBP puis Calculated Risk):

Pour mémoire:Le pouvoir est évidemment du côté du premier. C'est tout le problème.

Y a Paulson au téléphone!

Durant la semaine cruciale où le sauvetage d'AIG a été décidé (donc en loucedé de Goldman Sachs qui a récupéré $13 milliards dans l'affaire) en septembre 2008, Paulson, Secrétaire au Trésor, a eu le CEO de GS 24 fois au téléphone de son bureau (on ne sait pas pour les portables où le domicile). Cet article de Gretchen Morgenson dans le NYT révèle la promiscuité entre l'ancien et le nouveau CEO de la firme, Lloyd Blankfein. Un scandale absolument sans nom. On touche là à l'épicentre de la corruption endémique qui frappe la politique américaine. Un soir, Paulson racroche d'un appel avec Bush et il appelle immédiatement Blankfein. Le lendemain, il arrive au bureau à 6H55 et il appelle... Blankfein. Pour commencer la journée d'un bon pied. Plein de détails consternants dans l'article. Ce n'est pas vraiment une nouvelle, il suffisait de voir le résultat pour imaginer que ce genre de contacts avaient eu lieu et que ce genre de relations existaient. Connaître les détails glace cependant un peu plus le sang.

Note: Henry Paulson était CEO de Goldman Sachs jusqu'en 2006 et il est ensuite devenu ministre des finances. A ce moment là, Lloyd Blankfein a pris sa place à la tête de Goldman. Ils ne pouvaient théoriquement se parler que s'ils y étaient autorisés par une dérogation qui a effectivement était accordée cette semaine là. Les contacts ont cependant été nombreux précédemment. Les apparences étaient en gros maintenues mais dès que la tempête s'est levée, toutes les digues ont sauté et l'axe Paulson-Blankfein s'est matérialisé: du béton armé.

Friday Plane Blogging

Retour sur l'article de Matt Taibbi

Critique positive dans la CJR (Columbia Journalism Review) avec un peu de recul de l'article assassin de Matt Taibbi sur Goldman Sachs. La description de la réaction outragée des vieux médias face à l'article est attendue mais amusante. Occasion pour le journaliste de préciser que la CJR touche $25000 de GS pour organiser un évènement annuel (rien de très surprenant).

Extraits:
"Conventional business-press investigations focus too often on marginal infractions, rulebreaking within the game, and too rarely on the game itself."
Mon expérience lors d'une discussion récente avec un journaliste. Il était friand d'affaires à la Kerviel mais n'avait aucun intérêt pour le fait que le système dans sa globalité soit à bout de souffle car corrompu jusqu'à la moëlle. Talk about missing the big story!

"One upside of Taibbi’s approach is its rejection of the false notion peddled by Wall Street and its defenders that crises are like natural disasters, unpreventable and uninfluenced by important actors, political and financial."

Mot pour mot l'argumentaire du blogo.

The lesson of Taibbi is that if conventional business journalism is unwilling or unable to step back and take in the sweep of this crisis, and the systemic distortions that underlie it, somebody else will.

Cette mise en garde ne sera pas écoutée par l'establishment journalistique. Espérons qu'elle s'avèrera prophétique.

Post It (2)

Le NYT encense le 7 août l'équipe économique qui a géré la crise de Paulson à Geithner. Le "rush to judgment" est toujours pathétique. Le cheerleading maximal. Un pouvoir en marche...

Les Etats-Unis en Afghanistan: $65 milliards dépensés en 1 an soit plus de 5 fois le PIB du pays ($12,5 milliards). Et c'est sans compter les dépenses de la coalition. Une guerre à laquelle les américains sont opposés à 54% contre 41% (CNN). Par ailleurs, il y a eu 39 morts américains en juillet en Afghanistan, le record depuis 2001.

Un petit tour dans le monde merveilleux du Commercial Real Estate en Californie:

Le feu a tous les étages. Cet article du Wapo explique comment les Etats américains sont "sous l'eau" d'un point de vue bugdgétaire et ne s'en sortent que grâce à l'Etat Fédéral. Beaucoup de municipalités ont aussi des difficultés. Alors l'Etat va augmenter ses déficits, l'Asie va les financer mais un jour, la bulle de la "solvabilité infinie" qu'on prête aux Etats-Unis va bien finir par éclater.

Tout le monde a raison

Le commentariat économique a quelque chose de "l'école des fans" en ce moment: tout le monde a gagné. La bourse reste l'indicateur qui est le plus corrélé avec le moral des ménages et qui donne le la de l'appréciation de l'économie en général. Les variations ont été telles récemment que les pessimistes ont raison (la crise est majeure) mais les optimistes aussi (le rebond est spectaculaire). Les optimistes sont évidemment toujours structurellement massivement surreprésentés dans les vieux médias, sponsorisés qu'ils sont par les pouvoirs de tout poil toujours prompts à chanter leurs propres louanges et leur infaillibilité sans oublier de s'exonérer de toute responsabilité quand tout va à vau-l'eau.