dimanche 13 décembre 2009

The largest guilt trip ever*

(* La plus grande opération de culpabilisation jamais conçue)

Felix Salmon, ancien de l'équipe de Roubini qui tient désormais un blog pour Reuters, décrit dans ce post comment à peu près toutes les institutions américaines (Obama y compris) essayent de faire en sorte que les américains ne quittent pas leurs maisons et continuent à payer leurs mensualités en les culpabilisant alors que cela n'est pas du tout à leur avantage. Mais ça marche. Seuls 3% des américains recoureraient au "défaut stratégique" alors que 32% auraient un emprunt supérieur à la valeur de leur maison.

Salmon explique que tous les acteurs économiques rationnels dans cette situation rendraient leurs clés mais que la culpabilisation parvient à convaincre la population d'agir contre son intérêt. Il note par exemple qu'Hank Paulson recommandait aux particuliers un comportement qui aurait conduit un employé de Goldman Sachs à être licencié s'il avait appliqué ces préceptes dans son travail*. Je crois l'argument recevable et je pense que tous les politiques ou journalistes qui donnent des conseils financiers fallacieux aux américains sous prétexte de préserver "le système" devraient être dénoncés. Cette culpabilisation n'est probablement pas le seul facteur ceci dit. On peut quand même imaginer que de nombreux américains n'ont tout simplement pas envie de partir de chez eux (ou de ce qu'ils croyaient être chez eux).

Quoi qu'il en soit, mon rapide résumé ne fait pas vraiment justice à ce post et aux liens qui y figurent. Je vous le recommande (en anglais).

* Hank Paulson était ministre des finances mais aussi ancien CEO de GS.

Je suis rassuré...

De Bloomberg:

“Steps can be taken to re-launch securitization, but to re-launch it on a sound basis so as to facilitate the provision of credit to the economy and the better distribution of risk among market participants,” Papademos said.

The ECB can influence the asset-backed bond market because it accepts the securities as collateral for loans to banks. It said on Nov. 20 that from March, newly issued asset-backed securities it is presented as collateral must be graded AAA/Aaa from two ratings companies instead of just one.

En gros, la BCE a compris que les agences de notation racontaient n'importe quoi en matière de produits titrisés (notamment) alors elle a décidé de régler le problème en demandant leur avis à deux agences plutôt qu'une (ce qui me semblait déjà être la norme). C'est affligeant. Le problème est évidemment le conflit d'intérêts de ces agences, pas le nombre d'avis sollicités! Et cela représente de plus une manne pour ces acteurs faillis.

A noter: la plupart des deals aux Etats-Unis étaient notés par deux agences ce qui n'apportait évidemment aucune garantie. L'impatience qu'ont tous les gens qui en vivent de relancer la titrisation sans réfléchir une seule seconde aux défauts structurels du produit est compréhensible. Ce qui est surtout fascinant, c'est qu'on les laisse faire avec Sarkozy par exemple qui, influencé par les acteurs du secteur, a déclaré au printemps qu'il fallait "relancer la titrisation car elle permet la croissance". Et ce alors qu'il dirige un pays plutôt épargné par ce fléau... Les "talking points" des banques ont encore un écho étonnnant dans la sphère politique à qui il incombe pourtant de faire le ménage.

Obamania no more

Selon Gallup, la popularité d'Obama vient de toucher un point bas qui n'avait jamais été enregistré précédemment à ce stade d'un premier mandat. Dès l'élection d'Obama je me disais qu'il ne pourrait s'en sortir (et encore avec beaucoup de chance) qu'en s'appuyant sur le peuple contre les lobbyists et ceux qu'ils représentent. S'il ne faisait pas de réformes profondes en entraînant avec lui la population, il serait balayé en raison des conditions économiques extrêmement adverses qu'il devait affronter. L'idée était finalement que "perdu pour perdu", autant essayer de "do the right thing". Obama étant plus mandarin que Spartacus, ça n'est évidemment pas la solution qu'il a retenue. Et le piège est maintenant en train de se refermer sur lui: il est fort à parier qu'il ne fera qu'un seul mandat.

Je ne me base pas seulement sur sa faible popularité (à ce stade du mandat selon Gallup) mais sur un chiffre plus inquiétant encore (DailyKos/Research 2000) qui montre que la tiédeur de l'ambition réformatrice d'Obama semble fortement démobiliser la base démocrate (alors même que les républicains sont galvanisés). 81% des républicains se déclarent enclins à aller voter aux prochaines "midterm elections" contre seulement 56% des démocrates. Ceux qui manquent sont ceux que Bush avait radicalisés et qui jugent qu'Obama est trop dans la continuité (crise financière, militarisme, réforme a priori "washi washa" du Health Care, libertés publiques...). C'est la rupture liée à l'incapacité du système politique américain à offrir une véritable alternance. Les américains viennent de tourner le volant et ils réalisent avec effroi que la direction ne répond plus. C'est pour ça que le Blogo dit que le système politique américain est cassé et que la crise est d'abord politique avant d'être économique. La crise économique ne peut d'ailleurs être finie puisque sa cause, la crise politique, n'a pas encore été résolue ni même identifiée (figurez-vous que les bien-nommés "Corporate Media" ne sont pas en pointe là-dessus...).

De Daily Kos:

But a bigger indicator of peril comes from a new survey question added the DK tracking poll for the first time this week. The poll now includes a rather simple indicator of baseline voter enthusiasm for the year 2010. The question offered to respondents is a simple question about their intentions for 2010:

QUESTION: In the 2010 Congressional elections will you definitely vote, probably vote, not likely vote, or definitely will not vote?

The results were, to put it mildly, shocking:

Voter Intensity: Definitely + Probably Voting/Not Likely + Not Voting

Republican Voters: 81/14
Independent Voters: 65/23
DEMOCRATIC VOTERS: 56/40

Two in five Democratic voters either consider themselves unlikely to vote at this point in time, or have already made the firm decision to remove themselves from the 2010 electorate pool. Indeed, Democrats were three times more likely to say that they will "definitely not vote" in 2010 than are Republicans.