dimanche 31 mai 2009

Pot-pourri

Ce documentaire sur la crise de PBS n'a à peu près que le mérite d'exister. L'analyse est superficielle, les "zoom-ins" interminables sur des photos d'officiels en noir et blanc sont horripilants. Et pourtant je l'ai regardé pendant 56 min. Belles images de Manhattan vue d'avion ceci dit.

Le saviez vous? Barry Ritholtz de TBP note que Youtube perd $500 millions par an.

Glenn Greenwald est en forme. Il élabore sur le vague à l'âme d'un journaliste peu scrupuleux qui se morfond d'avoir été, en gros, victime de son ire (ce n'est pas pour rien qu'Atrios l'appelle "Glennzilla"). Il n'y a pas que de l'amour sur internet. Beaucoup de liens vers les manquements des MSM durant la période récente.

Bill Moyers recommande ce documentaire sur la torture sous le "Bush Regime". Il démontre que Bush et Cheney sont deux criminels de guerre. La démonstration est implacable et les témoignages recueillis impressionants. Presque 2H00.

A 93 ans, le prix Nobel d'économie Paul Samuelson, semble moins abruti que son neveu Larry Summers. Il souhaiterait que la différence de rémunération entre les patrons et la médiane de leurs employés revienne à un facteur 40 (standard il y a 20 ans) au lieu du facteur 400 de la période récente. Il pense qu'il n'y aura pas de "reprise au second semestre" et pas de reprise sérieuse avant 2012 ou 2014. Il a le sentiment de revivre la grande dépression. Son interview est assez fascinante étant donné la perspective historique inhabituelle. Je la recommande pour ceux qui parlent anglais (elle est de plus assez courte).

Un reportage de 4 min de Fox News sur les villes fantômes en Californie. Sur la dislocation du marché immobilier.

Un nouveau moteur de recherche "Wolframalpha" qui est plus axé sur le travail académique que Google. En attendant le Bing de Microsoft qui devrait enfin offrir une alternative à Google.

Ritholtz nous signale que la confiance des ménages qui a rebondi quelque peu est en fait très corrélée à la bourse (qui a repris près de 40% en 10 semaines). Pas vraiment un signe de "green shoots".

Mankiw et Rogoff, deux économistes américains, militent pour une l'inflation autour de 6% par an qui "aiderait les consommateurs et le gouvernement à faire face à leurs obligations". Ca a le mérite de la candeur. Ils n'apprennent cependant rien à la FED qui va les satisfaire bien au-delà de leurs espérances.

Ritholtz, toujours lui, nous dit que les Hamptons sont calmes cette année (c'est le lieu de villégiature d'été des New Yorkais aisés).

Graphe intéressant du NYT:

vendredi 29 mai 2009

Faut-il créer une "Blogo Non-compliant List"?

Ce serait une tâche titanesque... Je pourrais en tout cas commencer par ce petit poisson John Dugan (via The Big Picture). Je ne sais pas quel deal il a avec les banques mais il est à peu près certain qu'il en a un.

12%

Atrios signale que 12% des américains qui ont un emprunt immobilier sont en retard dans le paiement ou ont vu une procédure d'éviction engagé contre eux. Il remet à leur place les idées de "jeune pousse" (green shoots) de la reprise ici et .

Bush sort de son silence...

Et quand on lui demande ce qui lui manque depuis qu'il a quitté la maison blanche, il répond "Rencontrer des GIs et la nourriture de la maison blanche". Il ajoute également "voler sur Air Force One". Whoaaa.

Contrairement à Cheney qui continue toute voile dehors à faire l'article pour la torture (dans le but évident de ne pas laisser se développer une atmosphère qui l'enverrait à terme dans le box des accusés), Bush a très peu parlé depuis qu'il a quitté la maison blanche. Il apparaît donc pour que ce qu'il est dans ses déclarations: un simplet absolu sans repères moraux complètement immature.

Sur la crise, il incrimine un "manque de régulation responsable" comme s'il débarquait de la planète Mars. Il dit que Fannie et Freddie n'auraient pas dû adopter certaines pratiques financières et ajoute "Je ne veux pas apparaître comme un gars qui s'autocongratule mais nous avons vraiment essayé de les en empêcher". Are you f-cking kidding me?

Je ne sais pas ce que font ses marionettistes mais à leur place, je ferais taire Bush au plus vite ou alors je l'encadrerais autant qu'à la maison blanche (ce qui coûterait sans doute trop cher).

Update: il semble que l'intervention de Bush ait été plus substantielle (et donc moins pathétique) que ce que j'avais cru à la lecture de la première dépêche (elle a duré 1H15). Pas de surprises néanmoins. Extraits:

"I can tell you,'' Bush said, "the information gained saved lives."

The president told an audience of about 2,000 in Benton Harbor of a White House meeting in September in which his economic advisers told him: "'You could be the president presiding over a depression even worse than the Great Depression'... That was a a sobering moment," Bush said. "And so I abandoned my principles. I'm a free-market person. I believe the market should sort things out."

That's when Bush acquiesced to a multibillion-dollar federal bailout of the nation's financial markets.

He called the invasion of Iraq one of his toughest decisions: "The intelligence was a disappointment, but it wasn't the only rationale I gave," he said. "Saddam was a dangerous man. I truly believe the world is better off without him. ... The (invasion) was truly worth it, I believe."

Les centaines de milliers de morts et les millions de déplacés "beg to differ".

Friday Plane Blogging

Confessions d'un néolibéral repenti (ou presque)

Stephen Colbert au sujet de George W. Bush: "The greatest thing about this man is he's steady. He believes the same thing Wednesday that he believed on Monday, no matter what happened Tuesday."

J'ai été néolibéral. Voilà, c'est dit. Je croyais que Thatcher et Reagan avaient imprimé une direction à l'économie mondiale qui était à la fois souhaitable et irrésistible. "Souhaitable" car elle permettait la croissance qui permettait à son tour l'épanouissement des populations. "Irrésistible" car à long terme, si vous ne croissez pas autant que vos voisins vous finissez par tomber sous leur coupe. Le refus de la France d'embrasser le corps de doctrine qui rendait nos voisins anglo-saxons si performants me semblait être une stratégie à très courte vue.

Evidemment, la description d'une "France Immobile" (Pierre Lellouche) face à un monde anglo-saxon en ébullition a été faite et refaite. On citera "La France Qui Tombe" de Nicolas Baverez, "L'aveuglement français" de Philippe Manière ou les tentatives d'incursion en politique d'un Christian Blanc. Ils assénaient les chiffres des performances économiques systématiquement défavorables à la France, ils affirmaient qu'après de très fortes années de croissance il valait mieux désormais être pauvre aux Etats-Unis qu'exclu en France. Ils y croyaient et moi aussi. Et quand bien même on aurait souhaité préserver quelques aspects de notre modèle social, ils n'auraient été finalement que des freins à la nouvelle religion économique mondiale: le marché supposément libre de toute entrave. De toute façon les français ne savaient pas de quoi ils parlaient, le gospel se trouvait dans les pages du triptyque (FT/WSJ/The Economist) et il ne restait aux continentaux qu'à regarder les anglo-saxons pour admirer et voir "how it's done". C'est l'époque du blairisme triomphant qui affirmait n'être "ni de droite ni de gauche mais pour ce qui marche". Les français ne parlaient de toute façon pas beaucoup: nous ruminions notre conservatisme mais personne ne songeait réellement à relever le sempiternel "défi américain". Quand on demandait à Martine Aubry ce qu'il fallait penser des jeunes diplômés français qui s'exilaient en Angleterre, elle répondait "qu'ils y restent" ou quelque chose dans ce goût-là.

Evidemment, plus qu'une France "résistante" aux formes anglo-saxonnes, de nombreuses voix de gauche (ou souverainistes) protestaient contre une soumission totale aux pages saumonées du Financial Times ou aux diktats de la nouvelle orthodoxie économique mondiale. Privatisations, fonds de pension, dérégulation: beaucoup de ces concepts développés aux Etats-Unis ont connu d'une manière ou d'une autre leur heure de gloire en France (et plus encore en Europe). Il a même été question encore récemment de transformer les maison françaises en tirelire en s'inspirant des méthodes utilisées avec les résultats que l'on sait aux Etats-Unis et en Angleterre. Après tout, eux, ils croissaient.

Qu'on s'en réclame ou qu'on l'exècre, l'idéologie libérale est devenue le prisme au travers duquel tous les débats politiques se sont organisés lors des dernières décennies. Face à ce rouleau compresseur qui nous promettait la fin de l'histoire, les clivages politiques se sont peu à peu effacés. La prospérité aidant, l'idée même de contestation est devenue désuète. Je ne vois guère qu'Emmanuel Todd qui n'ait pas été dupe des prouesses économiques américaines. Beaucoup de gens étaient viscéralement opposés au modèle américain mais tout le monde pensait qu'il y avait bien là un modèle et ceux qui ne l'aimaient pas en redoutaient quand même la puissance. L'idée qu'il était bâti sur du sable semblait simplement l'incantation d'un intellectuel mal dans son monde qui refusait la réalité. Et c'était peut-être le cas*.

Pour ma part, je pensais qu'il valait mieux adopter et adapter (autant que faire se pouvait) les formes anglo-saxonnes plutôt que de se résoudre à être d'abord à la remorque puis finalement racheter par une puissance économique supérieure. Plus que de la ferveur idéologique, il ne s'agissait en ce qui me concernait que de faire en sorte que les entités auxquelles j'appartiens (France, Europe) maintiennent autant d'indépendance que possible. D'aucuns diront que cela revient à se jeter dans la piscine pour éviter d'être mouillé par la pluie. Il faut quand même se rappeler que les entreprises du Cac 40 étaient possédées en grande partie par des fonds américains qui s'appropriaient ainsi les dividendes des plus grosses entreprises françaises. Des rumeurs ont prêté àPepsi l'intention de reprendre Danone en 2005, à Citigroup de reprendre la Société Générale en 2006 (SG a une capitalisation aujourd'hui supérieure à Citi...). Il y a eu des rapprochements réalisés de part et d'autre mais la puissance financière n'était globalement pas de notre côté (ni l'intelligence à en juger par l'escapade hollywoodienne de Jean-Marie Messier). Encore quelques années de croissance beaucoup plus forte dans la sphère anglo-saxonne et ce genre de scénarios se seraient multipliés...

Les choses ont bien changé et j'ai changé avec elle. Je me suis rendu compte en allant vivre aux Etats-Unis que ce que j'avais envisagé comme un exemple était en fait une impasse car l'accroissement des inégalités avait cassé l'appareil démocratique. C'est pour cela que la ritournelle préférée du blogo est que que la crise que nous traversons est d'abord une crise politique avant d'être une crise économique. Au début des années 2000, la démocratie américaine avait perdu peu ou prou son caractère représentatif. Les banques légiféraient pour les banques, les telcos pour les telcos, le complexe militaro-industriel pour le complexe militaro-industriel et ainsi de suite...

J'ai donc, contrairement au George W. Bush de Stephen Colbert, modifié mon jugement. J'ai désormais la certitude que quelle que soit la qualité des institutions, si on laisse libre cours aux inégalités au sein d'une société, les conditions seront tôt ou tard réunies pour que le système politique se mettent exclusivement au service des puissants. J'ai bien conscience que c'est inévitable dans une certaine mesure mais je parle d'un degré d'asservissement où des millions de citoyens peuvent financièrement se tirer une balle dans la tête (subprime) sans que le gouvernement n'intervienne. Je parle d'une inféodation des médias et du politique à l'économique qui fait régner le silence alors qu'on saigne ostensiblement à blanc les tranches de la population les plus faibles économiquement en faisant courir un risque systèmique à l'ensemble de la société. C'est vraiment du lourd. Pas une bête "amitié" entre un patron de chaîne de télé et un Président qui se rendent mutuellement des services (même si je n'ai guère de sympathie pour cette dernière non plus). Autrement dit, si on lâche totalement la bride aux élites, elles n'auront de cesse d'augmenter leur part du gateau économique jusqu'à contrôler totalement le processus politique. On peut alors parler de ploutocratie ou d'oligarchie. C'est en tout cas un pouvoir absolu qui, sans surprise, "corrompt absolument" et ce que nous vivons aujourd'hui en est la conséquence mécanique.

Alors quoi? Suis-je devenu dirigiste? Collectiviste? Ecologiste? Pas vraiment. Je suis devenu plus suspicieux envers les idéologies et les intérêts qu'elles servent, c'est certain. Je crois que l'expérience américaine de ces dernières années est une aberration de laquelle nous devons apprendre. Je crois qu'on doit incriminer une corruption généralisée et un manque de civisme au sein des élites américaines. Je ne crois pas qu'on puisse faire un procès similaire aux élites françaises (rassurez-vous, je suis pour leur reprocher énormément de choses aussi, je leur épargne juste ce procès là...). La corruption doit donc être prise au sérieux. Il ne s'agit pas simplement de moquer Julien Dray ou de s'amuser des dérives d'un potentat local. Les Etats-Unis prouvent que si la corruption se généralise dans l'environnement politique et médiatique, elle peut mettre en risque l'équilibre de la société.

Il faut donc prendre des mesures pour la tenir en respect. Le lobbying doit être limité au strict minimum (pour que les lois bénéficient quand même d'un avis technique) mais les arbitrages économiques doivent appartenir aux représentants du peuple. Le financement des campagnes électorales doit être encadré de manière obsessionnelle: on ne limitera jamais assez le rôle de l'argent dans le processus démocratique. Les inégalités ne doivent jamais atteindre des niveaux qui permettent à un nombre restreint d'individu de littéralement "se payer des lois" comme les tax cuts pour les plus aisés aux Etats-Unis sous Bush. Il faut également proscrire la possibilité de donner de l'argent exonéré d'impôts à des "charities" ou interdire à ces dernières toute activité de lobbying politique. Sinon, l'Etat subventionne sa propre subversion (comme lors du sauvetage des banques).

Si nous étions aux Etats-Unis, j'ajouterais qu'il faut également une révolution morale et citoyenne. L'appauvrissement inouï que connaissent un grand nombre d'américains aujourd'hui est la conséquence directe de l'enrichissement tout aussi inouï d'un petit nombre d'entre eux depuis quelques années. On ne le dit pas encore beaucoup parce que c'est "divisive" et qu'Obama le cache plus ou moins bien derrière son sourire de star mais c'est un fait ("An Inconvenient Truth" dirait Al Gore...). Peut-être qu'American Idol suffira à faire passer la valda mais je n'en suis pas si sûr (la formule consacrée est d'ailleurs "du pain et des jeux", les jeux n'ont jamais satisfait le peuple à eux seuls et c'est précisément le pain qui est en jeu en ce moment).

Cette crise n'est pas une crise du capitalisme si on définit celui-ci comme le moteur du développement économique du monde non-communiste depuis la révolution industrielle. C'est une crise politique liée à la subversion de la démocratie américaine par des intérêts économiques privés. On savait que cela pouvait arriver dans des pays pauvres, on sait désormais que cela peut arriver également dans la première puissance du monde.

Finalement, je n'ai aucune envie d'adhérer à un "isme" quel qu'il soit. Je suis surtout enthousiasmé à l'idée que nous ayons devant nous une glasnost technologique avec l'avènement de l'internet. Devant les difficultés économiques que nous avons devant nous, les enjeux politiques vont à nouveau prendre un rôle central dans la vie des citoyens et ils vont réaliser avec bonheur qu'ils n'ont jamais eu autant de moyens de peser sur la vie politique. Je crois donc que le débat est lancé. A cause de l'internet, je dirais même que le débat va décoller (il ne faut d'ailleurs pas que j'oublie le Friday Plane Blogging). Je suis persuadé que les formes politiques passées vont être transfigurées par l'internet. La démocratie est pour moi similaire au communisme en cela qu'elle est un objectif vers lequel on tend mais que l'on atteint finalement jamais. Il n'y a qu'à regarder TF1 ou examiner le traitement dans les médias de la loi HADOPI pour comprendre ce que je veux dire. Nous avons vécu jusqu'à aujourd'hui dans des sociétés où les centres de pouvoir pouvaient relativement facilement contrôler le discours sur les sujets qui les concernaient (l'idéologie néolibérale n'était finalement que cela: un discours au service d'un pouvoir). Ce contrôle va être de plus en plus difficile et le blogo entend bien apporter sa modeste pierre à ce nouvel état de faits réjouissant.

* Je dis que c'était "peut-être" le cas car je pense que les Etats-Unis auraient pu continuer encore longtemps sur la lancée de leur modèle de domination si le 11 septembre n'était pas venu accélérer la chute d'un empire dont le destin était de toute façon scellé à terme par le faible poids démographique de son centre (2030? 2050?). L'empire américain aurait sans doute pu enterrer Emmanuel Todd s'il avait été géré "en bon père de famille". Au lieu de cela, les multiples guerres entreprises depuis ont forcé à lâcher la bride sur la politique monétaire ce qui a finalement causé la crise que nous connaissons aujourd'hui. Ce résumé paraîtra sans doute un peu sommaire mais la réalité de cette séquence d'évènements est une évidence selon moi et j'aurais l'occasion d'y revenir sur le Blogo.

Plus de chômage aux US qu'en Europe

Ca n'est pas arrivé depuis un moment. A noter que l'on compare probablement deux choses différentes en raison des méthodes appliquées de part et d'autre de l'Atlantique pour ces chiffres mais c'est quand même à relever. (Graphe du NYT via The Big Picture)

mercredi 27 mai 2009

Où l'on reparle d'AIG

Le sponsor de Manchester est AIG. Ils avaient au moins du nez pour le foot même si ça a l'air mal parti ce soir.

L'amère potion

UBS explique aux suisses (qui ont eu en général plus de mal que les américains à se faire à l'idée que leurs impôts devaient subventionner les banquiers) qu'UBS doit doubler le salaire de certains de ses employés pour pouvoir les garder à cause "du marché".

Il est probable qu'ils aient raison d'un point de vue purement gestionnaire. Les Etats-Unis ont permis à leur secteur bancaire de vivre en lévitation aux frais du contribuable et le marché en matière de banquiers étant mondial et fluide, ces derniers sont en mesure collectivement d'obtenir des rémunérations plus fortes.

Le corps social va-t-il accepter cette arnaque qui depuis 30 ans a conduit à un écart de rémunération de plus en plus fantastique entre les citoyens au nom du "marché"? En Suisse en tout cas, la lassitude face à ces arguments ne touche plus seulement la population mais aussi certains membres du personnel politique.

De toute façon, il n'est pas dit que la crise ait dit son dernier mot. Le relatif répit que connaît l'industrie bancaire après que les Etats aient joué leur carte maîtresse (la déclaration d'un soutien indéfectible, illimité et presque sans condition au système bancaire dans ses formes actuelles) pourrait en effet être de courte durée. Même dans l'hypothèse improbable d'une reprise rapide, si garantir le bilan de toutes les banques américaines n'a pris qu'une semaine, la note va en revanche être payée durant des années ce qui laisse beaucoup de temps aux populations pour s'organiser politiquement et finalement rétablir un peu de balance dans les décisions prisent à la va-vite par des gourvernants apeurés, sous influence ou aux ordres (ou un mélange des trois selon les pays).

Dans la confrontation opposant les banques au reste de la population, si on considère que le début de la partie a eu lieu à l'été 2007*, on en est clairement à 1-0 pour les banques qui ne se sont vues pour l'instant opposer aucune résistance mais le match ne fait que commencer. Si l'histoire peut servir d'indication, il est quand même envisageable que les citoyens américains finissent par reprendre un peu de contrôle. Il faut aussi envisager qu' "American Idol"** et le "Superbowl" soient de nouveaux moyens d'abrutissement des masses tellement efficaces qu'ils vouent à l'échec toute velléité de politisation de la "citizenry". Stay tuned.

* Il est sans doute plus juste de replacer cet affrontement dans le contexte plus large d'une guerre des classes amorcée et gagnée par les riches selon Warren Buffett qui dure depuis les années 80 aux Etats-Unis.
** Je regrette cette attaque cheap contre American Idol car cette émission est l'équivalent américain de mon programme de télé français préféré: "La Nouvelle Star". J'espère que le lecteur saura faire la part des choses et retenir l'idée générale. J'en profite pour réitérer le soutien du Blogo à Camélia Jordana.

mardi 26 mai 2009

La fin de la crise du crédit?

Ces différents graphes montrent que le coût du crédit pour différents types d'emprunteurs semble se stabiliser après un "écartement" sans précédent depuis l'été 2007. Ce resserrement des spreads est un signe de normalisation du marché du crédit. Le blogo soutient que ce n'est que temporaire et que la crise que nous traversons est plus une crise de solvabilité qu'une crise de liquidité. Une partie des risques de défauts (notamment pour tout le système bancaire et Fannie/Freddie) a certes été endossé par les Etats mais ceux-ci ne sont pas à l'abri eux-même de défauts et ils ne pourront pas porter à bout de bras toute l'économie comme on essaye de le faire croire. Ils ne pourront que noyer ce triste spectacle sous un déluge de création monétaire qui conduira à une inflation à deux chiffres qui feront faire les gros yeux à des commentateurs hypocrites (je vois déjà les headlines du triptyque: "Obama and Bernanke Vow to Fight Inflation". My a--!).

Le dégonflement de la bulle immobilière et le deleveraging battent leur plein et ils suivront leurs cours inexorablement avec des conséquences désastreuses pour l'économie pendant plusieurs années. A noter également que ce résultat n'a été obtenu que grâce au $12.8 trillions que la FED et le gouvernement ont décidé d'allouer, de dépenser ou de garantir (chiffrage de Bloomberg). Personne ne sait qui va payer ni si cela sera suffisant. La dégradation continue du marché de l'immobilier laisse penser que les hypothèses de travail du "stress-test" et du PPIP (surpaiement des obligations pourries par l'Etat pour sauver les banques en préservant leur pouvoir - à l'inverse d'augmentations de capital qui ne préserve pas les apparences) sont un énorme mensonge de plus du trésor et de la FED.
(graphes via The Big Picture)


lundi 25 mai 2009

Obama "humbled" par les autres "power centers" américains

Lors de sa conférence de presse au sujet des 100 premiers jours de sa présidence, un journaliste a demandé à Obama ce qui l'avait le plus surpris, le plus plus enchanté, le plus "rendu plus humble" (je n'ai pas trouvé meilleure traduction pour "humbled") et le plus perturbé durant ces 100 premiers jours.

Ce qui a rendu Obama plus humble de son propre aveu, ce sont les limites du pouvoir de la présidence face aux autres centres de pouvoir dans la société américaine. Il cite les banques et le congrès.

Humbled by the — humbled by the fact that the presidency is extraordinarily powerful but we are just part of a much broader tapestry of American life. And there are a lot of different power centers, and so I can’t just press a button and suddenly have the bankers do exactly what I want, or turn on a switch and suddenly Congress falls in line. And so what you do is to make your best arguments, listen hard to what other people have to say, and coax folks in the right direction.

vendredi 22 mai 2009

mardi 19 mai 2009

Let's party like it's 2006!*

Le regain d'optimisme sur les marchés et dans les médias est complètement décorrélé de la situation économique. Il a une et une seule justification: les banques de Wall Street ont désormais de bonnes raisons de penser qu'elles n'ont pas perdu en influence avec le changement d'administration et que l'Etat américain est toujours prêt à se jeter sous un train pour les sauver.

Il n'y a rien dans les données économiques qui justifie cette idée de plus en plus omniprésente que "la crise est derrière nous". Ni les résultats de la "earnings season", ni le marché de l'immobilier (qui aurait touché un plancher alors que les foreclosures battent des records...), ni les chiffres de l'emploi, ni les chiffres de la croissance. Rien. Nada. Zilch.** Le cheerleading qu'on entend en ce moment est du même ordre que celui qui a permis cette crise: on se croirait revenu en 2006.

La crise bat son plein. You read it here first (bon, sur ce coup, peut-être pas).

* Faisons la fête comme si nous étions en 2006!
**Ah si! Peut-être le "dead cat bounce" de la confiance des ménages qui croient, après tout, ce qu'ils lisent (ils ne sont pas raisonnables aussi).
Note: post publié avant "la surprise" des très mauvais chiffres sur l'immobilier US publiée à 14H30.

La CJR donne un bonnet d'âne aux médias eco

La Columbia Journalism Review s'est lancée dans l'examen minutieux du traitement de la crise du subprime entre le 1er janvier 2000 et le 30 juin 2007 par les journaux suivants: The Wall Street Journal, The New York Times, the Los Angeles Times, The Washington Post, Bloomberg News, Financial Times, Fortune, Business Week, and Forbes. Le réquisitoire est extrêmement sévère. La critique de la "corruption institutionnelle" (leur expression) qui a atteint le financement du housing est quasiment absente des organes de presse passés en revue. A noter qu'ils ont mis en ligne avec l'article un fichier Excel avec plus de 700 articles recensés sur la période.

Voici quelques paragraphes sélectionnés:

This isn’t about identifying which journalist or economist was “prescient,” the business-press parlor game du jour. What’s important is that forthright press coverage and uncompromised regulation combined to create a virtuous cycle of reform.
...

Alas, any fair reading of the record will show the business press subsequently lost its taste for predatory-lending investigations and developed a case of collective amnesia about Wall Street’s connection to subprime, rediscovering it only after the fact.

There are a number of explanations (though no excuses) for this. First and foremost, was the abdication of regulatory responsibility at the federal level. Uncompromised regulation and great journalism go hand-in-hand. But when such regulation disappears, journalistic responsibilities only increase. What is important to understand first is that this press failure did occur.
...
What makes this development especially maddening is that subprime lending and Wall Street’s CDO production at this point were only just getting started. Subprime mortgages in 2002 were $200 billion, 6.9 percent of all mortgages. By 2006 they were $600 billion and 20 percent of the market. Add poorly documented “Alt-A” mortgages and the 2006 figures rise to $958 billion and 32 percent. CDO production went from next to nothing in 2000 to half a trillion in 2006.
...
These are valuable stories. But to get the public involved you need more. You need stories of institutionalized corruption. There’s no way around it.

What was missing—and needed—were more stories like the one that ran on February 4, 2005 in the Los Angeles Times by Mike Hudson and Scott Reckard: “Workers Say Lender Ran ‘Boiler Rooms.’ ”
...
It is disingenuous, I believe, to suggest, as many financial journalists do, that they are unfairly expected to have been soothsayers in the economic crisis (e.g. “Financial Journalism and Its Critics,” Robert Teitelman, TheDeal.com, 3/6/09: “Why, among all other journalists, are financial reporters expected to accurately predict the future?”). Rather, the expectation is merely that financial outlets do their best to report on what is happening now, including, one would hope, confronting powerful institutions directly about basic business practices. This is not complicated.
...
In light of this general system failure, what are the lessons for the general reader and the business press itself? First, the public should be aware—warned, so to be speak—that its interests and those of the business press may not be in perfect alignment. :-) No Shit! J'adore...

Confessions d'un emprunteur américain

Un article hors du commun dans le New York Times Magazine. Il raconte la "crise du crédit" personnelle de l'auteur, journaliste au NYT. L'article est long: c'est une tranche de vie. Je vous en conseille la lecture mais j'imagine que la plupart des lecteurs du blogo n'ont pas le temps de se lancer dans un article de 6 pages (ou ne parlent pas anglais). J'en ai donc fait un rapide résumé.

L'auteur commence par raconter comment cette histoire n'aurait pas dû lui arriver: journaliste économique au NYT, il avait déjà écrit des articles sur les dérives de l'immobilier aux Etats-Unis quand son histoire commence en 2004. Il explique comment l' "amour" et la perspective de refonder une famille recomposée après un divorce lui a fait perdre la boussole de ses finances personnelles.

S'ensuit l'achat d'une maison trop onéreuse par rapport à ses revenus (essentiellement parce qu'il paye $4000 de pension alimentaire à son ex-femme ce qui lui laisse $2700 - sa rémunération annuelle est de $120000). Il veut utiliser son bon "FICO score" (note mesurant la qualité de crédit de tous les américains, il est bon si vous payez vos dettes en temps et en heure) et son boulot stable pour obtenir le meilleur emprunt possible. Son "mortgage broker" lui conseille de ne pas faire état de ses obligations relatives à la pension alimentaire. Un problème administratif apparaît alors: son ancien emprunt immobilier (repris par sa femme) refait surface. S'il révèle qu'il est désormais exclusivement au nom de son ex-femme, la question de la pension alimentaire se posera forcément.

Apparté: dans une société qui n'est pas corrompue depuis des années par des banquiers véreux qui ont systématiquement fait sauter toutes les contraintes règlementaires sur l'octroi de crédit, c'est ici que cette histoire se serait arrêtée. Mais nous sommes aux Etats-Unis en 2004...

Son mortgage broker commence alors à se comporter comme un "pusher" qui donne de la drogue pour se constituer une clientèle. Il lui suggère de faire un emprunt sans déclaration sur son patrimoine ("No Assets"). Notre journaliste achète la maison pour $500000. Au bout de six mois, en 2005, il réalise qu'il est en difficulté: plus d'argent à la banque. S'ensuit une cavalcade à coups de dépenses de credit cards qui lui sont évidemment proposées. Il paiera jusqu' à 27% d'intérêts sur ses credit cards. Son couple frôle la rupture en raison de tensions sur les dépenses.

Vient alors la deuxième couche: il retourne voir son dealer (le mortgage broker) et se refinance cette fois dans du subprime pur et dur (son FICO score ne lui permet plus d'accéder aux emprunts de meilleur qualité). Il obtient un nouvel emprunt en 2006 en bénéficiant du fait que sa maison s'est appréciée mais son paiement mensuel augmente de 30% à $3700. Il consolide au passage ses dettes de carte de crédit ce qui lui crée mécaniquement de nouvelles lignes de crédits. Cela tombe bien car sa compagne perd à nouveau son emploi... Il est pris à la gorge en octobre 2008 et contacte sa banque pour modifier son prêt (il a déjà deux mois de retard).

L'article se finit cependant sur une note inattendue qui conforte une hypothèse émise de longue date sur El Blogo: il habite sa maison depuis 6 mois sans payer son emprunt et il ne lui arrive rien. L'infrastructure qui expulse et se réapproprie les biens immobiliers est engorgée: ne plus rembourser n'entraîne plus l'éviction "manu militari". Si on se place du point de vue de Robin des Bois, on peut voir ça avec un peu de sympathie mais cela trahit en fait une dislocation du marché immobilier américain qui est extrêmement inquiétante. Quand le bruit commence à courir que le non paiement n'entraîne plus l'éviction, qui continue à rembourser son mortgage?

Ces disruptions font en réalité froid dans le dos et donnent réellement envie de "water boarder" notre commentariat économique qui s'accorde aujourd'hui massivement pour une reprise au second semestre (même si quelques fortes têtes isolées ne la situe que début 2010...). La réalité est que depuis 10 ans les américains ont signé tellement de contrats insensés qu'il faudrait une armée entière pour en obtenir aujourd'hui l'application et réduire en esclavage pendant plusieurs années la moitié de la population. Les lobbyists des banques sur Capitol Hill mettent tout en oeuvre pour que toute la force coercitive de l'Etat s'applique sur les mauvais payeurs mais ils ne prennent pas en compte le fait que "l'infrastructure de recouvrement" à l'échelle nationale est cassée (il faut dire que personne n'en parle et qu'on ne le devine ici que par la bande, à l'occasion d'une anecdote à l'issue d'un long article).

Le dernier contrat insensé signé aux Etats-Unis est celui par lequel d'un trait de plume, le gouvernement s'est porté garant du système bancaire. Comme pour tous les autres contrats foireux depuis dix ans, la planète entière tente de se persuader que celui-là sera honoré. Tout le monde ne veut-il pas sa part de rêve américain?

samedi 16 mai 2009

Friday Plane Blogging

A une heure près j'évitais de poster une fois de plus le Friday Plane Blogging le samedi. C'est encore un lecteur assidu qui m'a rappelé à l'ordre en me signifiant que tous ces "FPBs on Saturday" commençaient à faire désordre. Je le reconnais et je m'en excuse auprès de lui.

L'occasion pour moi de sensibiliser les fans du FPB au fait qu'en cliquant sur l'image, ils peuvent obtenir une photo de bien meilleure résolution. C'est vrai depuis le début. Pour les vrais fans, vous pouvez faire une recherche sur le blogo avec "friday plane blogging" et vous verrez toutes les photos s'afficher depuis le début. Vous pourrez ensuite agrandir à loisir celles qui vous ont plu.

vendredi 15 mai 2009

GDP

La révélation des chiffres de GDP suit pour l'instant la même dynamique que le trimestre précédent (les deux seuls trimestres postérieurs à la "phase 2" de la crise commencée en septembre 2008). Les Etats-Unis ouvrent le bal avec -6%, les européens suivent avec un chiffre bien plus noir: -10%. Au trimestre dernier, un dernier acte avait vu les américains rejoindre les niveaux européens lors de la première révision mensuelle (disponible dans quelques jours pour Q1). Le GDP allemand se contracte de 15,2% en rythme annuel contre 4,8% seulement pour la France.

Cette différence entre les deux plus grosses économies de la zone euro est complètement stupéfiante.

A noter ce miracle: toute ma vie j'ai entendu les chiffres de la croissance exprimés en rythme annuel. En l'espace de 6 mois, par une opération du Saint-Esprit semble-t-il, ils sont désormais tous exprimés par trimestre. Il faut donc mutiplier tous les chiffres par 4 pour pouvoir les comparer aux chiffres qu'on a enregistré dans nos cerveaux depuis 30 ans. Les vieux médias semblent avaler ce changement sans broncher. Je n'irai pas pleurer sur leurs tombes.

Il faut remarquer que ces niveaux sont sans précédent. Cela remet en cause la valeur statistique de ces chiffres. Une partie des calculs sont basés sur des projections et sur des modèles qui se sont affinés pour retranscrire (plus ou moins fidèlement) la réalité dans une période de relative stabilité. L'ouragan qui souffle aujourd'hui sur l'économie mondiale les rend caducs. Il faut donc les prendre plus que jamais avec des pincettes. Seules des différences extrêmement frappantes comme France/Allemagne méritent qu'on s'y arrête. Les allemands sont-ils, comme j'en avais émis l'hypothèse au sujet des chiffres du trimestre dernier, les seuls à dire la vérité?

La relative bonne tenue des Etats-Unis est également un grand point d'interrogation. Epicentre de la crise, on glose beaucoup sur leur effort de relance supérieur mais je rappelle qu'on reprochait beaucoup à Obama que cet effort soit trop peu "front loaded" (peu d'efforts sur 2009). On nous a longtemps répété que la croissance américaine reposait en grande partie sur la consommation...

Ces chiffres invitent donc à la circonspection et ceux qui essaieront de s'en servir pour valider ou non des modèles ou des idéologies économiques seront de mauvaise foi. Ce qu'on peut en tirer, c'est que nous traversons la crise économique la plus grave de notre histoire et qu'elle était toujours au trimestre dernier en phase d'aggravation.

Note: j'ai lu dans la dépêche Bloomberg que ces chiffres de GDP n'étaient compilés que depuis 1970 en Allemagne et depuis 1980 en Italie. J'avais pour ma part dans l'idée qu'ils avaient toujours existé. Cela veut dire essentiellement que toutes les données sur l'histoire économique que j'ai apprises dans ma scolarité reposaient sur des chiffres reconstitués et pas des chiffres publiés à l'époque... Good to know.

Temps à perdre?

Si vous avez du temps à perdre, vous pouvez regarder cet album photo sur les 100 premiers jours d'Obama. Les photos sont belles et les amateurs de "West Wing" apprécieront. Vous pouvez obtenir des commentaires sur chaque photo.

jeudi 14 mai 2009

A quoi sert le blogo?

J'ai eu l'idée de faire une recherche "Google Actualités" sur Dick Durbin, le sénateur que j'ai évoqué deux fois dans le blogo car il a déclaré récemment que les banquiers étaient "maîtres chez eux" au congrès ("they frankly own the place").

Je n'ai obtenu aucun résultat. J'hésite toujours à porter des jugements sur la presse française car je la lis peu. Il faut aussi dire que mes recherches sur "Google Actualités" me déçoivent souvent car je suis habitué aux recherches sur "Google News" qui produisent beaucoup plus de résultats à contexte comparable. On peut aussi arguer du fait que cette déclaration d'un sénateur est "below the radar" pour un correspondant étranger aux Etats-Unis par exemple. En revanche, le fait que les banques contrôlent le congrès ne l'est pas. Pourtant, j'ai l'impression que cette information de contexte (primordiale) n'arrive que rarement dans toute son énormité jusqu'aux lecteurs français. Les journalistes étrangers continuent à traiter de l'organisation formelle du pouvoir aux Etats-Unis alors qu'elle a de longue date été remplacée par une organisation informelle* où l'homme politique n'est qu'un exécutant. That's where El Blogo steps in.

Note: Il faut bien dire aussi que peu de journalistes américains traitent du sujet, il n'est donc pas étonnant que les journalistes français aux Etats-Unis l'évitent. Le rôle d'un correspondant permanent n'a pas changé depuis l'époque d'Hubert Bonisseur de la Batte, entre relations publiques, diplomatie et sténographie: il faut garantir ses accès et surtout ne froisser personne. Ces gens ne servent à rien. Autant s'en tenir aux communiqués de presse officiels. Le problème est que les Etats-Unis se sont radicalisés ces dernières années. Ils nous ont offert la guerre en Irak et la crise du subprime donc l'inadaption du correspondant permanent compassé et "animal à cocktails" est devenue flagrante. La faiblesse économique des journaux papiers devrait heureusement nous débarasser d'un grand nombre d'entre eux.

* A noter qu'il ne faut pas confondre "informelle" et "molle". Cette organisation informelle n'est pas molle.

I think giant squirrels ate the green shoots

Titre et post volé purement et simplement à Atrios. En référence à ce post d'hier sur le blogo décrivant la hype sur les "green shoots".

I Think Giant Squirrels Ate The Green Shoots

They've been eating mine at least.

NEW YORK (CNNMoney.com) -- Foreclosures in April exceeded even March's blistering pace with a record 342,000 homes receiving notices of default, auction notices or undergoing bank repossessions, according to a regular industry report.

-Atrios 12:43

Comments (155)

De son côté, Barry ritholz à The big Picture s'en prend également aux green shoots avec ce post: "Green Shoots Turn Brown". Les green shoots n'auront donc pas fait long feu sur le blogo vu que j'ai commencé à en parler alors que leur "moment médiatique" touchait à sa fin. Ce matraquage des dernières semaines aura quand même laissé une impression bizarre de manipulation. La bonne nouvelle est que cela met définitivement fin au mythe cher à cet imbécile d'Alain Minc d'une crise "grotesquement psychologique". La confiance a été rétablie artificiellement et la réalité est en train de lui rouler dessus impitoyablement.

Il n'y a absolument rien de psychologique dans cette crise: le capital a été alloué de manière déplorable au niveau mondial pendant des années en raison de la corruption régnant dans la classe dirigeante américaine (banques, FED, Gouvernement, Congrès, Médias etc...). Des sommes astronomiques ont été gagnées puis perdues avec en toile de fond le plus grand transfert de richesses de l'histoire (au profit des plus aisés). L'invocation de facteurs "psychologiques" dans cette crise est soit une imbécilité, soit une tentative d'obfuscation. Dans le cas d'Alain Minc, j'ai bien peur qu'il ne s'agisse pas d'obfuscation.

mercredi 13 mai 2009

Rêve de banker...

Si nous pouvions réellement avoir touché le fond et être en train de rebondir! Les banquiers auraient une "fighting chance" de préserver leurs positions...
Ce serait inouï. Dans un premier temps les banquiers font un trou de plusieurs trillions en s'enrichissant massivement. Puis dans un second temps, l'attelage Paulson-Geithner bouche ce trou par le biais d'une simple écriture comptable dans les comptes de l'Etat. Tout repart ensuite comme si de rien n'était grâce à la capacité d'endettement infinie des Etats-Unis. End of the Story.

Quelque chose me dit (et je veux bien convenir qu'il s'agit d'un acte de foi) que cela va être beaucoup plus compliqué. Et quand bien même ce serait le scénario de sortie de cette crise, cela ne ferait que paver le chemin vers une crise plus grave car les banques n'auraient alors qu'une hâte: replonger leurs doigts dans le pot de confiture.

Comme pour la guerre en Irak, c'est en postulant qu'il n'y a pas de limites à ce que les Etats-Unis peuvent se permettre que la classe dirigeante actuelle va, tôt ou tard, les mettre à jour. Ce qui nous ramène d'une manière un peu abrupte à La Nouvelle Star

L'occasion également de déclarer officiellement le soutien du Blogo à Camelia-Jordana.

Green Shoots?*

Du FT. Première stat que je vois qui laisse imaginer que le rêve apparemment incensé du Blogo d'un découplage des économies mondiales et de l'économie américaine (profondeur et prolongation de la crise pour les US) puisse se réaliser. C'est ténu mais ça n'arrive pas souvent so here it is:
A noter que pour le FT, ce graphe est "exhibit A" dans la reprise mondiale et le signe de lendemains qui chantent.

* "Green Shoots" est le nouveau terme à la mode, tout le commentariat s'excite sur le concept de green shoots en ce moment. Les "jeunes pousses" sont toutes les statistiques éco qui laissent entrevoir la fin où la stabilisation de l'effondrement. Beaucoup d'entre elles apparaîssent élusives et quand on se souvient de la tendance pathologique au cheerleading de nos commentateurs économiques et du triptyque notamment, on ne peut qu'être prudent.

Bloomberg News

Je m'arrête rarement sur les columnists de bloomberg news mais j'ai bien aimé celle-ci de William Pesek qui date d'il y a trois semaines:

Extraits:
It’s a bit rich for U.S. politicians to berate Treasury Secretary Timothy Geithner for not labeling China as a currency manipulator.
Memo to Graham and his ilk: Your economy has lost any moral high ground as it drags the world down with it.
China is far from a perfect locomotive, but it is among the very few we have today. The U.S., the traditional engine, is stuck in reverse. So, it is hard to keep a straight face when politicians such as Senate Finance Committee Chairman Max Baucus, a Montana Democrat, say China must “continue reforms.”
Right message, wrong messenger. The International Monetary Fund can call on China to modernize its financial system, free its currency, or trade more fairly. The U.S., with its dollar- printing campaign, “Buy American” provisions in stimulus bills and deepening recession, can’t make such requests.
Nor can the U.S. offer many lessons on transparency these days. Those protesting around the U.S. on April 15, tax day, were livid about politicians spending their future. No issue has enraged taxpayers more than American International Group Inc. getting $183 billion of public money and then passing chunks of it to Wall Street’s elite, including Goldman Sachs Group Inc.

CDS recoveries

Cette news Bloom explique comment la recovery rate est déterminé pour les CDS après un défaut. Il y a visiblement un mécanisme d'enchères qui semble donner de mauvais résultats pour les vendeurs de CDS.

Sellers of credit-default swaps on 22 defaulted companies in the past seven months had to pay an average of 70 cents on the dollar for loans and 84.7 cents for bonds to buyers of protection, data from Markit and Creditex show. That compares to losses of 13 cents on the dollar for loans and 30 cents for bonds in all of 2008, Moody’s data show.

Et tant que j'y suis, cette news aussi qui debunk les bons résultats Q1 de Wells Fargo (13 milliards de writedowns 3 semaines après dans les stress test) mérite le détour.

Below the radar

Je n'avais pas vu mais le mois dernier, on a appris que Fannie Mae avait versé $112 million de bonus pour 2008. Année où elle a fait $108 MILLIARDS de pertes. Un sénateur a dit que c'était une insulte et que ces bonus devraient être rendus et blah blah blah...

The $33 Trillion question

Extrait de la newsletter de Nouriel Roubini:

Core Government Bonds: Can the World Absorb $33 Trillion of New Bonds?

  • The twelve most industrialized of the world's G20 countries will have to issue about $10 trillion worth of new bonds to cover the cost of the current crisis. However, Reinhart and Rogoff estimate the true cost at $15 trillion in the best case scenario and a whopping $33 trillion - 1/3 of total global savings - in the worst case. Issuing governments may have to inflate away their debt or pay drastically higher yields if deflation does not materialize (Niels Jensen et al)

L'immobilier américain au plus mal

Quelques chiffres mensuels ont fait dire à des commentateurs que la dérivée seconde de l'immobilier américain était devenue positive (la chute ralentissait). Les chiffres des foreclosures semblent démentir cet optimisme.

Autour de l'été 2006, je suivais esentiellement deux chiffres qui étaient les indicateurs avancés de l'explosion à venir du marché du "subprime": les défauts dans les "Investor Reports" des deals subprime qui se mettaient à augmenter de 1 à 2% d'un mois sur l'autre (suivant la bucket) et les chiffres de foreclosures de RealtyTrac qui sont passés en 6 mois de 50000 par mois (qui étaient le niveau très bas qui avait court depuis des années) à 150000 par mois.

Fast forward 3 years. Ces chiffres viennent d'être publiées pour avril 2009: 342000 niveau le plus élevé depuis le début de la crise. Cela suit un mois de mars à 340000. De 17% supérieur à février et 32% de plus que l'an dernier.

La crise immobilière bat donc son plein. Si l'on considère que les foreclosures sont des signes avancés de pressions à la baisse sur les prix, le crash immobilier américain est toujours en phase d'accélération. Avant que les foreclosures ne commencent à diminuer sensiblement, on ne pourra pas parler de stabilisation (qui se fera probablement dans un champ de ruines). Ces données laissent aussi présager un été catastrophique: l'immobilier hiberne relativement pendant l'hiver et nous rentrons seulement dans la période de 2009 qui sera réellement indicatrice de l'état du marché. Raison de plus pour ne pas s'exciter sur les chiffres qui indiquent un plateau: on ne pourra décréter qu'un plancher a été atteint qu'après un été meilleur que le précédent.

Subprime scorecard

Bloomberg recense les pertes "subprime related". $1,4 trillion pour l'instant. Ce chiffre me semble être le prolongement de ce qui était décrit comme "les writedowns" et qui avait franchi la barre du trillion il y a quelques mois.

Vérifications faites, les mêmes journalistes de Bloomberg (Yap et Piersen) donnaient les writedowns à $815 milliards le 9 février. Ce bond à $1,4 trillion semble un peu rapide en trois mois. D'ailleurs, la news semble ne plus être référencée sur le site. Il n'y a pas non plus de détails sur la nationalité des pertes (2 fois plus aux US qu'en Europe jusque là). Mystère donc. Voici la reproduction du tableau et un lien vers le tableau précédent:

Subprime Mortgage-Related Losses Exceed $1410.4 Billion: Table
2009-05-08 19:59:02.772 GMT

By Rodney Yap and Dave Pierson
May 8 (Bloomberg) -- The following table shows the $1410.4 billion in asset writedowns and credit losses at more than 100 of the world's biggest banks, insurers and securities firms as well as the $1135.1 billion capital raised to cope with them.
Those with a star next to their name have figures that were updated since the table was last published. You can see quarterly breakdowns for each firm and different regions by typing WDCI.

*T
Writedown & Loss Capital Raised
All financial firms 1410.4 1135.1
Banks & brokers 1021.9 926.4
Insurers 235.6 126.3
Government sponsored entities (U.S.) 152.9 82.4

Individual Firms Ranked by Loss

Wachovia Corporation 101.9 11.0
Citigroup Inc. 101.8 109.3
American International Group 89.8 91.9
Freddie Mac 81.6 51.6
Fannie Mae 71.3 30.8
Bank of America Corp. 56.6 78.5
Merrill Lynch & Co. 55.9 29.9
UBS AG 53.1 33.5
Washington Mutual Inc. 45.3 12.1
HSBC Holdings Plc 42.2 24.5
JPMorgan Chase & Co. 41.1 44.7
Royal Bank of Scotland Group Plc 29.4 51.1
Wells Fargo & Company 27.9 41.8
HBOS Plc 27.1 23.6
National City Corp. 25.2 8.9
Morgan Stanley 22.7 24.6
Barclays Plc 18.6 28.0
Deutsche Bank AG 18.5 6.0
Credit Suisse Group AG 17.4 12.1
Lehman Brothers Holdings Inc. 16.2 13.9
Bayerische Landesbank 16.2 20.2
ING Groep N.V. 14.1 19.7
IKB Deutsche Industriebank AG 14.0 11.5
BNP Paribas 13.9 3.5
Hartford Financial SVCS GRP 12.4 3.0
PNC Financial Services Group 12.4 8.1
Metlife Inc 12.2 2.3
Ambac Financial Group Inc 12.1 1.4
Bank of China Ltd 11.2 0.0
Societe Generale 11.2 11.2
Prudential Financial Inc 9.9 4.7
Fortis 8.9 21.8
Banco Santander SA 8.1 19.3
Allstate Corp 8.1 0.0
Aegon NV 8.0 4.0
Goldman Sachs Group Inc. 7.9 25.5
Swiss Re 7.9 2.7
Canadian Imperial Bank of Commerce 7.9 2.7
Credit Agricole S.A. 7.7 12.1
Natixis 7.7 7.8
Mizuho Financial Group Inc. 7.5 8.2
Allianz SE 7.5 2.0
DZ Bank AG 7.0 0.0
SunTrust Banks Inc 7.0 4.8
Hypo Real Estate Holding AG 6.3 0.1
Dexia SA 6.3 8.7
KBC Groep NV 6.2 7.5
UniCredit SpA 6.0 10.2
Fifth Third Bancorp 5.6 6.0
MBIA Inc 5.6 1.0
Commerzbank AG 5.3 24.8
Indymac Bancorp 5.2 0.0
Principal Financial Group 5.1 0.0
U.S. Bancorp 5.0 6.6
E*TRADE Financial Corp. 5.0 2.2
XL Capital 4.9 2.6
Dresdner Bank AG 4.9 0.0
Genworth Financial Inc-CL A 4.8 0.0
Lincoln National Corp 4.8 0.0
Landesbank Baden-Wurttemberg 4.5 0.0
CNA Financial Corp 4.1 1.2
Nomura Holdings Inc. 4.0 8.4
HSH Nordbank AG 3.9 1.7
Royal Bank of Canada 3.9 2.3
Aflac Inc 3.7 0.0
Lloyds Banking Group Plc 3.3 13.4
Rabobank 3.3 0.0
WestLB AG 3.3 6.8
Huntington Bancshares 3.3 2.0
Bear Stearns Companies Inc. 3.2 0.0
Mitsubishi UFJ Financial Group 3.1 15.3
Australia and New Zealand Banking Grou 3.0 0.8
Zurich Financial 3.0 0.0
KeyCorp 2.9 4.2
Marshall & Ilsley Corp. 2.9 1.7
Manulife Financial Corp 2.5 1.8
Allied Irish Banks Plc 2.5 4.8
Northern Rock PLC 2.5 5.2
Sovereign Bancorp Inc. 2.5 1.9
Alliance & Leicester Plc 2.4 0.0
Landesbank Sachsen AG 2.4 0.0
Industrial and Commercial Bank of Chin 2.4 0.0
Banco Bilbao Vizcaya Argentaria 2.3 0.0
ABN AMRO Holding NV 2.1 0.0
Intesa Sanpaolo 2.1 0.0
Banco Popolare 2.0 0.0
BB&T Corp 2.0 3.1
Progressive 2.0 0.0
Syncora Holdings LTD 2.0 0.2
CNP Assurances 2.0 0.0
Axa 1.9 2.1
Bank Hapoalim B.M. 1.9 2.1
Deutsche Postbank AG 1.9 1.4
Protective Life Corp 1.8 0.0
Torchmark Corp* 1.7 0.0
Scottish Re Group LTD 1.7 0.1
Banco Popular Espanol SA 1.7 0.0
Nationwide Financial 1.6 0.0
First Horizon National Corp 1.4 1.5
Zions Bancorporation 1.3 1.4
DNB NOR ASA 1.3 0.0
Bank of Nova Scotia 1.2 0.2
Radian Group Inc 1.1 0.2
Bank of Montreal 1.1 0.9
FBL Financial Group, Inc. 1.1 0.0
Ace Ltd 1.1 0.0
Groupe Caisse d'Epargne 1.1 0.0
Sumitomo Mitsui Financial Group 1.1 12.0
Gulf International Bank 1.0 1.0
PMI Group Inc/The 1.0 1.0
Reinsurance Group of America 1.0 0.3
Sumitomo Trust and Banking Co. 0.9 1.8
Conseco Inc 0.9 0.0
National Bank of Canada 0.9 1.1
Bank of Ireland 0.7 4.8
Unum Group 0.7 0.0
Old Mutual Plc 0.7 0.0
Sun Life Financial 0.6 0.7
Aioi Insurance Co 0.6 0.0
Prudential PLC 0.6 0.0
MGIC Investment Corp 0.6 1.0
Assured Guaranty 0.5 0.3
Axis Capital 0.5 0.0
Tokio Marine Holdings 0.5 0.0
Swiss Life Holding 0.4 1.6
Assurant Inc 0.4 0.0
American Equity Investment Life 0.4 0.0
Munich Re 0.3 0.0
Sompo Japan Insurance 0.3 0.0
Travelers 0.2 0.0
DBS Group Holdings Limited 0.2 3.8
Nipponkoa Insurance Company 0.1 0.0
Other European Banks 7.2 4.6
(not listed above)
Other Asian Banks 5.6 17.2
(not listed above)
Other US Banks 1.4 0.6
(not listed above)
Other Canadian Banks 0.7 4.4
(not listed above)
Other European Insurers 0.2 0.0
(not listed above)
Other US Insurers 0.8 0.0
(not listed above)
________ ________
TOTAL 1410.4 1135.1

Record de baisse dans l'immobilier US

La National Association of Realtors, organisme connu pour être perpétuellement bullish sur ses statistiques sur l'immobilier, nous informe que les prix immobiliers américains ont battu un record de baisse au premier trimestre. Tout va bien donc...

What the title says... (voir vidéo plus bas)

La FED devrait être de plus en plus sous les spotlights. Je dis "devrait" car vu que ses statuts fumeux échappent depuis bientôt 100 ans à la critique, il est possible que la FED sorte intacte de ce marasme. Tout est fait pour que ce soit le cas. En attendant, un lawmaker (isolé) demande des comptes sur les trillions gagés par la FED au nom du contribuable et la réponse qu'il obtient montre que l'institution ne se donne même pas la peine de faire de la com. C'est dire le mépris qu'elle porte aux élus.


Is anyone minding the store at the Federal Reserve?

mardi 12 mai 2009

Souvenirs, souvenirs

Frank Rich se remémore le discours de Stephen Colbert au White House Correspondents Dinner il y a trois ans. Tout à coup, un comique disait "le roi (et le white house press corps) est nu". Rich rappelle que le NYT n'avait même pas jugé bon d'évoquer ce sketch cinglant de 27 minutes dans son compte-rendu de la soirée! La trahison de la presse lui revenait en pleine figure par l'entremise d'un comique courageux. Quelques jours plus tard, on demandait à youtube de ne plus diffuser le clip (qui resta toujours accessible sur google videos)... L'amérique de W à son zénith!


Partie 2
Partie 3