vendredi 18 mars 2011

Nous sommes en guerre contre la Lybie...

Une zone d'exclusion aérienne suppose le bombardement préventif d'un certains nombres de cibles militaires en Libye. Il est probable que dès aujourd'hui, les forces françaises vont bombarder la Libye. Où est la déclaration de guerre? Ca n'a plus vraiment cours mais ça éviterait à nos pays de faire n'importe quoi.

Et donc l'occident intervient militairement dans un monde arabe qui semblait justement lui échapper. Avec quelle légitimité? En quoi les expériences afghanes et irakiennes nous autorisent-elles à nous poser en juge rédempteur de ce qui doit ou non se passer dans les pays arabo-musulmans?

Quels crimes de Khadafi (à part le ridicule) justifie-t-il que l'on intervienne cette fois-ci? Combien de morts? On reste inerte quand un génocide fait des centaines de milliers de victimes au Rwanda et là, il faut bombarder toutes affaires cessantes alors que ce dirgeant était réhabilité par l'occident depuis 2004? Et la tente des Champs-Elysées? Oubliée?

Evidemment la tentation de voir Khadafi quitter le pouvoir est importante mais cela peut-il se faire dans le contexte du néocolonialisme destructeur remis à la mode par Bush? Et les zones d'exclusion aériennes ont-elles obligé Saddam Hussein à quitter le pouvoir? Faudra-t-il faire un embargo contre la Lybie pour fragiliser Khadafi?

Les gouvernements occidentaux dans les années récentes n'ont fait la preuve ni de leur maîtrise de ce genre d'opérations, ni de leur désintéressement quand ils les menaient.

Faire parler les canons occidentaux si peu de temps après l'émergence d'un "printemps" arabe est une erreur historique qui trahit notre désarroi et notre sentiment de perte de contrôle. Les dérapages vers le "conflit de civilisation" et de nouvelles guerres d'indépendances ne sont pas loin.

Et où est la validation démocratique de cette nouvelle guerre? Qui va la payer? Quels sont les standards définissant la mise en place de zone d'exclusion aérienne? Et la Côte d'Ivoire? Tout le monde s'en fout? Au moins, là, il y a eu des élections qui pouvaient fonder un argument juridique pour une intervention. Ce n'est pas seulement l'occident qui décide si tel ou tel a "une sale gueule" ou pas.

Il est difficile de séparer la stratégie du risque maximum de Sarkozy de sa situation délicate dans les sondages si près de la présidentielle.

Alors évidemment, les canons vont parler et les hormones s'agiter. Il faut cependant garder la tête froide et ne pas s'enthousiasmer pour cette opération militaire qui va redéfinir nos relations avec le monde arabe sous le jour de notre supériorité technologique et pas des principes qui sont censés nous animer.

Il faut donc désormais tout faire pour que cette opération soit la plus courte possible, prier pour qu'elle permette le renversement de Khadafi, et prier plus encore pour qu'en cas de succès nos dirigeants sachent faire preuve de retenue comme les Etats-Unis circa 1945 et pas d'arrogance comme les Etats-Unis circa 2003 dans un monde arabe qui doit pouvoir enfin prendre son destin en main.

What, me, worried?

Note: il s'agit d'une réaction "à chaud". Et "à chaud", je trouve que ça sent très mauvais. Mais bon. Quel que soit les méandres, ce qui se passe sous nos yeux n'est pas autre chose que la chute de l'Empire. Et qu'il y ait des soubresauts militaires n'a tout bien considéré rien d'étonnant. Comment ces gouvernements la fleur au fusil vont-ils payer pour ces interventions?