mardi 10 mars 2009

Le Non Farm Payroll avance toujours masqué

Le Non Farm Payroll (chiffres de l'emploi) de février a été très mauvais mais conforme aux attentes. L'occasion de l'indignation mensuelle du blogo contre ces chiffres qui bien que désastreux nous sont toujours présentés de manière scandaleusement positives. La technique est simple: le "headline number" (littéralement "chiffre qui fait la une") est systématiquement optimiste. Il est révisé dans les mois qui suivent mais ce dont on parle alors est d'un nouvel "headline number" qui lui est toujours optimiste par rapport à la réalité. C'est un des éléments qui fait douter de la sincérité de l'appareil statistique américain et qui révèle l'utilisation politique qui en est faite*.

Je le répète depuis le début du blogo mais cette fois vous n'avez plus à me croire sur parole, un journaliste du NYT a listé les révisions récentes (via The Big Picture):

Here are the total job losses reported for recent months, as originally reported and as shown in the latest revisions.

August 2008: Initially 84,000, revised to 175,000

September 2008: Initially 159,000, revised to 321,000

October 2008: Initially 240,000, revised to 380,000

November 2008: Initially 533,000, revised to 597,000

December 2008: Initially 524,000, revised to 681,000

January 2009: Initially 598,000, revised to 655,000

February 2009: Initially 651,000, as released today.

On average, from August through January, the first estimate was too optimistic by 112,000 jobs.

* On citera dans ce registre les chiffres de la croissance mais aussi l'arrêt de la publication par la FED de données génantes pour la solidité du dollar en 2006 ("l'agrégat M3", un peu comme si une société côtée annonçait qu'elle ne publierait plus ses comptes sauf que là, il n'y a pas eu de conséquence sur le cours de bourse). Cet arrêt injustifiable n'a évidemment fait ciller aucun journaliste chez ces modèles d'indépendance et d'intégrité que sont le WSJ, le FT et The Economist, les trois cheerleaders de la catastrophe économique que nous avons sur les bras. Alors je ne sais pas ce qu'ont dit les presses françaises et allemandes sur le sujet en 2006 mais ma wild guess est que c'est passé complètement "below the radar" vu que notre commentariat économique ne fait pour l'essentiel que répéter le gospel économique de la presse anglo-saxonne. Peut-on compter sur Jean-Marc Sylvestre pour avoir une opinion qui sorte du cadre défini par le triptyque? You be the judge...