vendredi 5 décembre 2008

Le 787, nouveau symbole de l'économie américaine

C'est Friday, c'est du Plane et c'est du Blogging mais ça n'est pas le "Friday Plane Blogging". Pour les afficionados (and those who love to hate it), il faut aller . Non c'est l'annonce d'un post sur le programme 787 comme allégorie des nombreux travers de l'économie américaine de ces dernières années. Un succès commercial sans précédent basé sur un abus de crédibilité et le mensonge continuel de Boeing à ses futurs clients depuis le début du programme qui est devenu une pantalonnade. Cela vous rappelle-t-il le subprime?
Cette photo est le mensonge le plus spectaculaire de Boeing. Pour des raisons de relations publiques (et de communication financière bien entendu), il a été décidé de procéder au roll-out du nouvel appareil le 7/8/7 (8 juillet 2007 en date US). Or le roll-out se fait quand l'avion est prêt à voler ou à peu près (pour l'A380, il a eu lieu 2 mois avant le premier vol). C'était il y a 18 mois et le 787 n'a toujours pas volé et Boeing vient d'annoncer encore un nouveau délai. Ils ont présenté ce jour là au public (et aux investisseurs) une coquille vide dans ce qui a été décrit dans un document interne d'Airbus comme un "Potemkine roll-out". La suite plus tard...

Le NFP ou "how low can you go?"

Ca va mal aux Etats-Unis. Les Non Farm Payrolls sont très mauvais ce mois-ci -325 000 attendus et c'est finalement moins -533 000. On rentre dans le vif du sujet.

La bonne nouvelle c'est que je suis maintenant certain d'avoir gagné un pari avec un thuriféraire de la puissance américaine. Il se reconnaîtra.

La lutte des classes aux Etats-Unis selon Buffett


“There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.”

Warren Buffett, 26 novembre 2006

Traduction du blogo:
"Il y a une lutte des classes aux Etats-Unis, bien sûr, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous gagnons."
(voir New York Times, November 26, 2006 et CNN Interview, May 25 2005)

J'ai pensé à cette citation de Warren Buffett en lisant ce commentaire (d'un anonyme, trouvé de manière surprenante par une recherche sur Google News) sur la manière dont les automakers sont traités dans la presse US. Il dit en résumé que les constructeurs automobiles américains sont moins performants car ils doivent payer énormément d'argent aux systèmes sociaux et notamment aux retraites des anciens de leur industrie. Les nouveaux acteurs (ou étrangers) n'ont pas de charges aussi lourdes et ont donc des coûts bien plus bas. C'est limpide. C'est évident. Ca montre bien les limites d'un modèle où les sociétés accumulent un passif social jusqu'à ce qu'elles ne soient plus compétitives et ferment finalement plutôt que de payer cette dette (la crise détruit également le modèle des fonds de pensions entre autre pans du modèle économique néolibéral qui reposait sur l'idée qu' "à long terme on ne peut que gagner en bourse").

Le fait que les politiciens américains n'aient pas mis leur population à l'abri de phénomènes aussi prévisibles, aussi mécaniques est une expression de ce que Warren Buffett condamne. Les médias défendent becs et ongles un système financier corrompu et laissent littéralement "crever" tous les anciens d'une industrie sans ciller. C'est la violence sociale standard aux Etats-Unis. Il vaut mieux être du côté du manche, sinon on est vaporisé dans l'indifférence générale et d'abord celle des médias.

Il y a d'autres exemples de cette violence. Les tax cuts de Bush qui ont favorisé de manière inqualifiable (j'essayais de qualifier cette manière et je ne trouvais pas alors j'ai finalement trouvé "inqualifiable"!) les américains les plus aisés (voir notamment l'interview de Buffett du NYT plus haut sur l'Estate Tax). Mais également les lois passée en 2005 sur la personal bankruptcy qui rendaient beaucoup plus dures les conditions de faillites personnelles (juste avant le retournement du cycle du crédit), par exemple, l'ordre chirographaire fait maintenant passer les Credit Cards Company avant les pensions alimentaires en cas de faillite personnelle (les banquiers en ont rêvé, le système politique corrompu des Etats-Unis l'a fait, j'y reviens dans un prochain post sur une interview de Chris Dodd, Chairman of the Senate Banking Committee). On peut aussi rappeler que 40 millions de gens sans couverture maladie, dont 8.3 millions d'enfants. Pour que ce soit clair, si vous avez un enfant qui a un cancer et que vous n'êtes pas couvert, votre enfant n'est pas soigné. Combien de fois ai-je entendu des américains faire référence à leur pays en utilisant des formules comme "Greatest Nation on Earth"...

NB: Vécu. Je me suis senti obligé de préciser à mon neveu pendant Spiderman 3, alors que le profil psychologique du méchant (sa méchanceté...) était expliqué par le fait qu'il n'avait pas pu payer pour les frais médicaux de son enfant, qu'il vivait dans un pays civilisé et que cela ne pouvait pas arriver chez lui.

Selon que vous serez banquier ou automaker...

Les médias US traitent les automakers comme des moins que rien (leurs dirigeants mais aussi les ouvriers: on répète à l'envie qu'ils gagnent $73 de l'heure ce qui est inexact etc...). C'est un véritable déchaînement. Ca ne me pose pas de problème de principe (même si mettre en cause de façon répétée leur "mauvaise gestion depuis des années" semble un peu ridicule au regard d'une baisse des ventes de 40% comme souligné ici). Non, ce qui me choque c'est que si les automakers en sont là, c'est à cause des banquiers et de leur crise financière et qu'eux sont très largement épargnés par les médias (ils n'ont pas eu à quémander de l'aide dans des hearings au congrès, personne ne leur demande d'abandonner leurs jets privés etc...).

Tout cela est bien résumé ici (en anglais).

Aussi, comme il est suggéré , d'un point de vue macro-économique et dans un contexte où il n'est pas évident pour tous les nouveaux convertis à la "relance" de trouver des moyens de dépenser l'argent du contribuable efficacement et instantanément, il semble qu'aider l'industrie automobile à court terme soit un no brainer (une évidence). Imaginez le temps (et l'argent) qu'il faudrait pour mettre en place une structure avec une utilité sociale identifiable capable d'employer des millions de personnes... Il faut sauver l'industrie automobile US, ne serait-ce que dans le cadre d'une politique de relance à court terme. Cela représente au passage un coût bien inférieur au hold up réalisé par les banques. Le fait que cela soit discuté beaucoup plus âprement que pour les banques est une pièce de plus (superfétatoire, certes) à mettre au dossier du biais pro-banque du commentariat économique américain (ou pro General Electric by the way, actionnaire majoritaire de NBC et MSNBC qui se retrouve comme par hasard aidé par le gouvernement - investir dans une chaîne de télé est une pochette surprise, on ne sait jamais combien ça va rapporter mais dans un contexte où le lobbying et l'influence se mettent à être rétribués directement par du cash, c'était clairement une bonne idée).

Les constructeurs automobiles apparaîssent comme les ploucs de service qui n'ont pas eu le bon goût d'avoir acheté des chaînes de télé pendant les années fastes pour permettre aux élites de se trouver belles en leur mirroir. Il faut bien dire qu'ils ne l'ont pas fait parce qu'ils étaient fauchés. S'ils avaient gagné de l'argent, vous pouvez être sûr que les médias auraient réussi à trouver du "glam" et des dirigeants "stellaires", même à Detroit.

Friday Plane Blogging

A380.
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