lundi 7 décembre 2009

Souvenirs, souvenirs

Je me souviens de ma jeunesse où on me décrivait les périls du totalitarisme en me disant qu'en Union Soviétique, le courrier entre individus était ouvert de manière routinière par le gouvernement et que les téléphones étaient écoutés. Horreur absolue. J'en faisais des cauchemards*.

Aujourd'hui, nos vies sont complètement exposées par nos communications électroniques et les gouvernements ont décidé qu'ils y avaient plus ou moins librement accès. En tout cas aux Etats-Unis mais l'hadopi ne nous promet pas vraiment de "lendemains qui chantent" en matière de libertés publiques puisqu'elle place la France aux avant-postes du quadrillage des comportements des internautes par l'Etat.

Addendum: The big revelation is that one wireless telecom company in a single year processed 8 million law enforcement requests for GPS data on the company's wireless users. And that's just one company. (via TPM)

* J'ai plus tard perdu la naïveté qui consistait à croire que cela n'arrivait pas chez moi, notamment avec les écoutes de l'Elysée. Plus généralement, j'ai compris que les idéaux démocratiques étaient plus faciles à proclamer qu'à mettre en oeuvre en pratique. En tout cas (clin d'oeil à un lecteur qui se reconnaîtra et qui m'a fait remarquer que la formule "en tout cas" était surabondante sur le blogo), je préfère toujours les Etats qui les proclament. C'est déjà ça.

Plaque d'immatriculation

D'après Matt Taibbi, il s'agit de la plaque d'immatriculation de Rob Kindler, Vice-Chairman de Morgan Stanley. Il doit avoir son petit succès entre Greenwich et Manhattan où la bonne humeur visisblement règne. C'est marrant. Sauf si on essaye d'imaginer combien de Porsche Cayenne Turbo il pourra s'acheter grâce à l'application de ce concept. Self-deprecating humor? C'est marrant si on a obtenu un réel titre de gloire. Quand on fait fortune dans l'extorsion de fonds, c'est plus discutable.

Outing du blogo sur le réchauffement climatique

(Copenhague, Claude Allègre, le "climate gate" et l'émission "Ligne jaune" sur le site d' "Arrêt sur image" m'ont replongé dans le débat sur le réchauffement climatique. L'occasion pour moi de me remémorer ce que j'en ai pensé au fil des années et de constater que je suis redevenu sceptique. Beaucoup des modalités du discours sur le climat font tressaillir le bullshit detector du blogo. Quel meilleur sujet pour déchaîner les passions, les peurs et raconter n'importe quoi? Il y a un antidote: ça s'appelle la science mais comme l'économie, elle peut être corrompue. Les scientifiques peuvent-ils avoir la sagesse de se déclarer incompétents? Et s'ils le font, quel effet cela pourait-il bien avoir sur leurs financements et leurs statuts? Let me think...)

En 1994, j'ai vu un documentaire de la BBC cinglant expliquant que la science du réchauffement climatique (et de ses causes humaines) était beaucoup moins évidente que ce qui était en règle générale perçu dans les mass media. Ca a été une révélation pour moi (même si je ne serais pas étonné de voir qu'EXXON a payé une résidence secondaire confortable au journaliste de la BBC). J'ai ensuite pendant plusieurs années examiné avec un oeil critique tous les discours que je lisais sur le réchauffement. Et je dois dire que je n'étais pas souvent déçu. Le schéma était simple et sans cesse répété: je voyais un titre d'article alarmiste dans un journal et j'avais en général toutes les peines du monde à trouver dans le corps de l'article des éléments très substantiels qui auraient pu justifier l'alarmisme du titre. Et puis le sujet est devenu moins brûlant ou je m'en suis un peu désintéressé, je ne me souviens plus très bien.

Le plus révélateur pour moi sur la question ne se trouvait pas dans la science (balbutiante en cette matière) mais dans le discours. Quand on sent une intensité particulière, une intolérance, un matraquage sur un sujet déterminé, il est légitime de voir l'aiguille de son "bullshit detector" tressaillir. Il ne fallait pas être un inspecteur de l'ONU en Irak pour déterminer que les gouvernements britanniques et américains étaient dans un mode propagandiste avant la guerre. Un décryptage (même pas sophistiqué) du discours de ceux-ci y suffisait largement. Pas besoin d'être expert en climatologie pour s'interroger sur les discours qu'on entend sur le climat. Il suffit de lire.

Je n'ai pas d'affinité particulière pour le sujet. Ni même d'ailleurs de conviction définitive. Ca n'est pas ma guerre. J'ai d'ailleurs fini par céder aux sirènes "réchauffistes". J'en suis arrivé au milieu des années 2000 à m'en remettre au consensus. Oui, la terre se réchauffait à cause de nous et il fallait prendre le mors au dent en changeant nos comportements. Je ne suis pas devenu militant mais j'étais prêt psychologiquement à ce qu'on m'impose des taxes, des contraintes dans le but de diminuer le danger. Le film d'Al Gore et son Nobel a eu en la matière une certaine importance (c'était avant qu'on réalise avec le Nobel d'Obama que la vie était peut-être tout simplement un peu trop ennuyeuse en Norvège). Pendant longtemps, je me suis dit que même si je ne l'avais pas vu, ce film faisait le point et apportait une réponse définitive aux problèmes qui avaient suscité mon interrogation dans les années 90. Sans doute avait-on depuis le temps envoyé des satellites qui mesuraient la température de manière indiscutable et Al Gore nous apportait la mauvaise nouvelle, "An Inconvenient Truth".

Je m'étais donc trompé. Non pas que tous les discours dans les années 90 aient été limpides ou de bonne foi mais désormais, honnêtes ou pas, ces messages s'étaient avérés aller dans le bon sens d'un point de vue historique. Seuls les faits m'intéressent. Le dogmatisme m'insupporte. J'étais donc prêt à manger mon chapeau et à me ranger à cette nouvelle orthodoxie, estampillée "Al Gore". Jusqu'à ce qu'un jour je finisse par voir le film (très longtemps après sa sortie). A ce stade, j'en avais par avance accepté les conclusions. J'ai été terriblement déçu. Alors que je m'attendais à une démonstration implacable qui me montrerait comment 10 ans de science dure avait transfiguré le débat pendant que je regardais ailleurs, j'ai eu l'impression de regarder un bonimenteur de foire (c'est avec l'élévateur électrique qu'il m'a totalement perdu). Al Gore était devenu l'homme sandwich d'une cause. Cela ne favorise pas le pragmatisme et l'objectivité. Si vous regardez ce film avec quelques notions de scepticisme climatique, il est très loin d'emporter la décision. Les effets de manche et la place laissée à l'affectif ne peut que mettre mal à l'aise un individu qui ne demande qu'à être convaincu mais qui n'est pas pour autant gouroutisable en un claquement de doigt. Je ne voyais pas en Al Gore un prophète mais un homme objectif qui avait mis son poids dans la balance car la situation l'exigeait. Vu son envergure, je lui faisais confiance pour faire un film qui rassemble ce qu'il y avait de plus convaincant sur la question. Pour moi, ça a donc fait pschittttt.

Back to square one. Je suis toujours prêt à évoluer mais j'ai besoin d'être convaincu. L'idée que "tous les scientifiques" soient d'accord me laissent complètement froid. La force corruptrice capable de fédérer un tel unanimisme n'est pas difficile à décrypter: l'intérêt. La catastrophe imminente procure des crédits, du prestige et de l'attention à des scientifiques dont l'univers serait beaucoup plus morne s'ils n'étaient pas au coeur du "devenir de l'espèce humaine". Que le climat soit un lieu privilégié de développement des croyances et des superstitions est une réalité qui est trop peu examinée. Pourquoi ne met-on jamais en avant que la vie de climatologiste n'est pas la même selon qu'ils sont au centre du devenir de l'humanité ou qu'ils sont des scientifiques "nerdy" ignorés de tous? Le "climate gate" esquisse comment une orthodoxie peut être obtenue au sein d'une communauté si cette orthodoxie est alignée sur les intérêts de cette communauté. C'est exactement similaire au monde bancaire et au subprime (facile d'y croire quand ça rapporte). La FED n'arrrive-t-elle pas à faire régner une orthodoxie totale dans le monde académique américain sur l'économie? Il faut que les médias cessent de retranscrire des discours sans décrypter systématiquement les intérêts qu'ils servent. (Vaste programme! C'est celui du blogo.)

Voilà donc comment j'ai évolué sur le sujet (en fait pas tellement). Une opinion de plus me direz-vous et vous aurez raison. J'ai cependant une proposition: j'aimerais voir les scientifiques dont c'est la responsabilité faire des projections (températures en fonction de l'activité humaine). Une fois qu'ils auront remis leurs copies, on mettra en place le (ou les) systèmes de mesure qu'ils prescrivent et on confrontera leurs projections aux résultats. No more BS. Si ça n'est pas possible ou si leurs résultats sont faux, ils apparaîtront à la face du monde comme des escrocs. Sinon ils auront droit à une avalanche de Nobels. Any takers?

Cette formalisation des projections et des mesures est cruciale. Mon petit doigt me dit que les grands gourous du climat n'aimeront pas du tout ce nouveau carcan qui les contraindra à quitter les incantations pour rentrer dans un semblant de démarche scientifique. Pourtant il n'y a pas de piège: on leur demanderait d'un côté les projections et de l'autre la définition des méthodes de mesure adaptées. Le seul problème, c'est qu'une fois que le système est calibré, plus de filets: ils sont tributaires, comme le reste de leurs contemporains de données techniques.

Vous allez me dire: "Mais Mr Blogo, tout le monde sait qu'on ne peut pas prévoir le climat, que cela varie d'une année sur l'autre etc...". Prédire le climat est pourtant ce qu'ils font toute la journée en nous promettant au passage de brûler en enfer (bonjour la mesure). Mais s'il faut attendre 5 ans très bien. 10 ans pourquoi pas? 20 ans? Au delà, nous demander de prendre des mesures substantielles pour des effets qu'on ne peut pas mesurer ni prévoir relève trop de l'acte de foi. C'est inacceptable. Il faut un échéancier. Quelque chose de dur. Quand serons-nous frappés par quel fléau (remontée des eaux, désertification...). Il faut des engagements durs. S'ils ne peuvent pas en fournir, de quelle science se réclame-t-il donc qui mériterait qu'on les écoute? Cette confiance qu'il demande sans établissement préalable de crédibilité doit leur être refusée au nom du bon sens.

Le blogo n'ignore pas que des lobbies de toute sorte poussent dans l'autre sens. La raison pour laquelle je fais un post sur ce sujet sans en parler est que le vent souffle aujourd'hui très fortement dans les voiles des "réchauffistes". Une des réactions d'un climatologue suite au "climate gate" a été de dire: "Arrêtons la guerre de tranchée de tranchée idéologique: nous avons gagné". C'est un peu une victoire à la pyrrhus car même si le réchauffement est partout dans les médias et dans les esprits, les politiques ne font pas grand chose. C'est d'ailleurs probablement le meilleur indicateur du véritable "état de la science". Tout le monde "walk the walk and talk the talk" mais les émissions augmentent inexorablement. Cela permettra aux esprits curieux un jour d'en avoir le coeur net. Espérons que cela ne sera pas mort de soif dans un désert en Normandie. Au fond, j'en doute mais rien n'est impossible: le hasard peut faire que l'hystérie cohabite avec la vérité même si la première dessert la seconde.

Barry Ritholtz for the Swedish model

Reprise verbatim d'un extrait de ce post de "The Big Picture". (il dit que la voie du laxisme comptable et de la sauvegarde des banques (modèle japonais) était une erreur par opposition aux nationalisations/restructurations (modèle suédois) qui auraient dû être réalisées)

This is why the Japanese model of saving banks, versus the Swedish model of saving Banking, was such a poor choice.

Banks are currently operating in a survival mode: They are hording capital, not lending, making decisions based on their needs. It is what they are supposed to do, and anyone surprised by this does not understand how coprorate entities make decisions or operate.

It is the reason why throwing billions of dollars are banks in the first place was the wrong decision: We should have followed the Swedish model. The FDIC should have put insolvent banks into receivership; they senior management is replaced, the shareholders wiped out, the debt written down to zero. The assets — the bad paper, the accounts, the healthy parts of the bank — gets sold off or spun out as a new public entity. It is adequately capitalized, without crushing toxic assets and piles of leveraged debt.

What we would have gotten for out trillions of taxpayer dollars was a well capitalized, low leveraged, low debt financial sector, capable of making loans and driving the economy forward.

Instead, we have a grievously wounded banking sector, clinging to its cash, fighting to survive, economy be damned.

How long will we be locked into this ineffective paradigm? This is the ill conceived plan of Hank Paulson, Ben Bernanke and George W. Bush during the panic months of late 2008/09. That ill thought out approach was bad enough; making matters worse is the fact that the same failing approach has been embraced by Tim Geithner, Larry Summers and Barack Obama.

The sooner we admit that TARP was a disaster and that the financial sector remains a debacle, the sooner we can get rid of the horrific Japanese model.

The Swedes brighter banking system beckon . . .