lundi 23 mars 2009

Greenwald parle de la crise

Et ça ressemble au blogo:

The financial crisis has merely unmasked the corruption and rot in our establishment institutions that are staggering in magnitude and reach. Just as the Iraq War was not the by-product of wrongdoing by a few stray bad political and media actors but instead was reflective of our broken institutions generally, the financial crisis is a fundamental indictment on the way the country functions and of its ruling class. What would be unhealthy is if there weren't substantial amounts of public rage in the face of these revelations.

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Matt Taibbi's new Rolling Stone article perfectly summarizes what the AIG scandal reveals about our political and economic system, and should be read in full. In sum: financial elites own the Government and both political parties. Their money drowns Washington and their lobbyists control it. They used that ownership of Government to abolish decades-old legal and regulatory protections which previously constrained what they could do. In the lawless environment which they literally purchased from our political leaders, they were able to pillage and pilfer and steal without limit. And even now that everything has come crashing down, they continue to dictate what the Government's response is, to ensure that they -- the prime authors of the disaster -- are the prime beneficiaries, at the public's expense, of the "solutions," solutions which preserve their ill-gotten gains and heighten even further their power and influence.

Deriliction of duty du Blogo

Après trois jours durant lesquels je n'ai suivi que d'un oeil l'évolution de l'actualité, je viens de prendre la mesure de ce qu'il s'est passé jeudi soir à la chambre des représentants: un projet de loi a été voté avec le soutien des démocrates et de la moitié des républicains pour taxer rétroactivement à 90% tous les bonus distribués dans les sociétés bénéficiaires du bailout(j'avais cru jusque là que cela ne visait que les $165 millions d'AIG).

Je m'en veux de ne pas en avoir parlé plutôt parce que cela va à l'encontre de la notion abondamment documentée dans le blogo selon laquelle les politiques US ne sont que le faux-nez des banques dans la gestion de la crise. Or le blogo, loin de passer sous silence les nouveaux éléments qui bousculent ses idées établies, les accueillent à bras ouverts comme autant de stimulations et de raisons de continuer à s'interroger pour finalement changer d'avis s'il le faut (je n'en suis pas là en la matière).

Ce projet de loi est un assaut majeur contre Wall Street même s'il ne sera très probablement que symbolique car un projet de loi voté par la chambre des représentants peut être très largement altéré avant d'être finalement promulguée (Obama vient de se distancier de cette mesure dans "60 minutes"...). Il est aussi assez courant que dans leur première forme, les projets de loi dévient assez largement de l'orthodoxie habituelle du congrès. C'est quand même un symbole fort et la marche-arrière (puisque marche-arrière il y aura ou alors le blogo mangera son chapeau) va se faire sous le regard d'électeurs en colère. Cela marque-t-il vraiment une évolution politique du rapport entre le congrès et Wall Street ou n'est-ce que le début d'une "good cop/bad cop routine"* convenue qui ne changera rien au sort réservé au contribuable?

Update 1: Obama déclare à 60 minutes: "And one of the things that I have to do is to communicate to Wall Street that, given the current crisis that we're in, they can't expect help from taxpayers and enjoy all the benefits that they enjoyed before the crisis happened. You get a sense that, in some institutions that has not sunk in." Effectivement, ça n'a pas "sunk in" mais il faut voir l'aspect sociologique de l'histoire. Cette crise remet en cause l'aristocratie bancaire américaine qui avait connu une croissance champignonesque ces dernières années. C'est un séïsme sociologique. Il peut paraître incroyable que Wall Street ne soit pas capable de revenir à ses esprits toute seul face à l'étendue du désastre mais le degré d' "entitlement" ressenti là-bas et l'arrogance qu'ont engendrée les années d'oppulence n'enjoignent pas vraiment à la mesure et à la retenue. Faire feu de tout bois pour maximiser sa rémunération n'est pas réfléchi, cela relève du réflexe. Ainsi, faire jouer ses appuis politiques pour substituer le contribuable à sa source de revenu (déjà suspecte) n'est pas quelque chose qui crée des cas de conscience. Personne ne renonce spontanément à ses privilèges, ce sont des tiers qui les abolissent et les Robber Barrons façon 2007 ne feront pas exception. L'idée que le moindre bonus ait été distribué à Wall Street cette année est ridicule en soi**. Et pourtant, $18,4 milliards ont été distribués...

Update2: Cette mesure semble constitutionnelle au LA Times.

*le good cop serait le congrès et le bad cop Wall Street.
** Josh Marshall de TPM media note que pour des raisons fiscales, les bonus sont surpondérés dans les rémunération en finance et que la part de "récompense" est moins importante qu'il n'y paraît (une bonne part du bonus est du fixe maquillée). Cela rend le "haro sur le bonus" et leurs baisses voire leur disparition encore plus désagréable mais c'est aussi se faire prendre à son propre piège pour les robber barrons.

Recent reality

Encore un journaliste de CNBC qui se comporte en porte-parole de Wall Street en agitant l'épouvantail du "systemic risk" pour justifier les politiques pro-banques et en prenant un air de Droopy désolé face à la perspective d'une limitation des salaires dans les banques. En face, un député américain qui le remet à sa place: "For you to assume that Wall street is acting in the national interest flies in the face of recent reality". Indeed. And not so recent reality as well, I might add. 1min30.
Voici l'interview de 6 minutes en entier pour ceux qui, comme moi, ont été mis en apétit par cette introduction.