Cet article d'un "blog" du New York Times nous signale l'augmentation de la population d'un bidonville dans les environs de Sacramento (voir aussi le reportage de NBC un peu plus bas). On parlait dans la crise des années 30 des "Hoovervilles" et Atrios nous propose la dénomination de "Bushvilles" cette fois-ci.
A noter qu'une maison sur 9 est supposément vide aux Etats-Unis. Cela représente 14 millions de maisons. Inoccupées, elles vont tomber en ruine en quelques années. Les financiers justifient souvent leur rôle social (et leurs richesses) en arguant du fait qu'ils permettent une meilleure allocation du capital. L'histoire récente montre qu'elle n'est "meilleure" que dans la mesure où les banquiers en ont plus...
Le blogo se targue de porter un regard critique sur les vieux corporate media et ce post ne fera pas exception. On peut s'interroger sur l'irruption d'une telle misère sur les écrans de télé américains. On sort en effet d'une période d'indifférence totale au sort des losers dans la société américaine. Le taux délirant de gens incarcérés et la dureté du discours envers les pauvres (notamment dans le débat sur le système de santé) sont le signe d'une société réellement indifférente à la souffrance de ses éléments défavorisés*. Alors on peut se demander: pourquoi soudainement cette sensibilité compasionnelle sur NBC News? Si la misère a été complètement passée sous silence pendant trente ans, on peut sûrement en rendre compte mezza voce pendant la crise. Le reportage sur la clochardisation de certains a une vertu: il permet à tous de tout à coup s'estimer heureux de ses difficultés si elles sont moindres.
Il y a une probabilité pour que ces journalistes n'aient eu pour intention que de rendre compte d'une nouvelle réalité sociale. Ceci dit, les médias participeront tôt ou tard à des opérations destinées à maintenir l'ordre social face aux difficultés économiques en créant de la résignation ou du consentement** (comme ils l'ont fait de manière spectaculaire pour la guerre ou le TARP notamment). Vous en serez tenus au courant sur le Blogo.
* Il y a une dimension raciale à ce problème car cette indifférence s'explique sûrement en partie par l'importance des minorités ethniques parmi les plus défavorisées. Il faut donc relativiser le miracle de l'élection d'Obama et des Etats-Unis qui nous donneraient supposément "une leçon de tolérance". La réalité est aussi que les minorités aux Etats-Unis sont massivement surreprésentées dans les prisons et parmi les gens qui n'ont pas d'assurance maladie. Alors je pose la question: est-il plus important que le dirigeant d'un pays soit issu d'une minorité où que cette minorité ait le même accès aux soins que le reste de la population? Je ne veux pas minimiser l'importance de l'élection d'Obama. Elle est réelle et quel meilleur moyen pour faire avancer la condition de ces minorités défavorisées que d'avoir un président qui en est issu? Il ne faut pas cependant tout confondre comme l'ont fait beaucoup de médias français. Voter pour un métis qui a été rédacteur en chef de la Harvard Law Review et qui se pose en garant de l'ordre établi est une chose. Dépenser ses "hard earned tax dollars" pour donner une chance à des minorités défavorisées d'échapper à un avenir écrit d'avance est autre chose. Et les attaques répétées contre l'Affirmative Action et les programmes sociaux en général depuis trente ans nous présentent une amérique qui ne tend pas la main à ses minorités en souffrance mais qui les ghettoïsent impitoyablement. Donc please: plus de leçons.
** "créer du consentement" est assez proche de la formule "Manufacturing Consent" popularisée par Noam Chomsky pour que je le signale.
jeudi 12 mars 2009
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