mercredi 15 avril 2009

L'imposture comptable: change you can believe in

Les politiques font souvent le contraire de ce qu'ils annoncent et l'administration Obama ne fait pas exception. On annonce "des choix difficiles et de la transparence" et on se retrouve avec des expédients favorisant le très court terme et toujours plus d'opacité. Il y a quinze jours (j'ai un peu tardé pour en parler), l'organisme chargé des normes comptables a fait une énorme concession aux banques: elles peuvent désormais évaluer leurs actifs aux prix qu'elles souhaitent et plus aux prix de marché. Cet article explique la mesure qui intervient juste à temps pour embellir les annonces de résultats du premier trimestre.

L'idée générale qui sous-tend ce changement est la même que pour le TALF (ou Public Private Initiative qui vise à subventionner l'achat d'obligations pourries): les obligations basées sur les mortgage n'ont pas perdu de valeur parce que le marché de l'immobilier est en chute libre après dix ans d'excès, il y a juste un problème de confiance momentané et tout va rentrer dans l'ordre sous peu.

Plus rien ne vaut donc rien dans l'amérique d'Obama. Les trillions volent au-dessus des têtes des contribuables américains sans qu'ils puissent en tenir le compte. Un pouvoir politique aux ordres est déterminé à sauver l'oligarchie financière quel qu'en soit le coût. S'il faut sacrifier des principes comptables garantissant l'intégrité des acteurs économiques et faire basculer toute l'économie dans les eaux marécageuses de la manipulation comptable, so be it. Rien ne compte aux yeux du pouvoir américain au-delà de ses trois priorités essentielles: les banques, les banques et les banques (dans leur forme actuelle). Les agissements des élites économiques depuis le début de la crise nous dispensent d'une enquète approfondie sur les causes de la crise: la corruption endémique du système apparaît désormais en pleine lumière et elle ne laisse aucun doute sur les responsabilités dans ce désastre. Il est clair que la culture au sommet depuis des années est qu'on peut sacrifier le bien commun pour $1 de bonus. Alors pour des milliards...

1 commentaire:

Ze Tatitude a dit…

Ouais, j'ai lu, c'est parfaitement incroyable. C'est comme si la FASB avait dit "bon ben pour ce trimestre, faites la cuisine comme vous voulez dans vos comptes, on s'en tape"!!!

Vivement 2014 et la mise en place de IFRS partout dans le monde. Pas sur que ca empechera les magouilles, mais clairement, les regles seront plus guidees et moins sujettes a interpretation comme le sont les GAAP, qui ne sont apres tout que des regles generalement acceptees! Par qui on ne sait pas, mais on commence a en avoir une bonne idee grace a El Blogo