vendredi 15 mai 2009

GDP

La révélation des chiffres de GDP suit pour l'instant la même dynamique que le trimestre précédent (les deux seuls trimestres postérieurs à la "phase 2" de la crise commencée en septembre 2008). Les Etats-Unis ouvrent le bal avec -6%, les européens suivent avec un chiffre bien plus noir: -10%. Au trimestre dernier, un dernier acte avait vu les américains rejoindre les niveaux européens lors de la première révision mensuelle (disponible dans quelques jours pour Q1). Le GDP allemand se contracte de 15,2% en rythme annuel contre 4,8% seulement pour la France.

Cette différence entre les deux plus grosses économies de la zone euro est complètement stupéfiante.

A noter ce miracle: toute ma vie j'ai entendu les chiffres de la croissance exprimés en rythme annuel. En l'espace de 6 mois, par une opération du Saint-Esprit semble-t-il, ils sont désormais tous exprimés par trimestre. Il faut donc mutiplier tous les chiffres par 4 pour pouvoir les comparer aux chiffres qu'on a enregistré dans nos cerveaux depuis 30 ans. Les vieux médias semblent avaler ce changement sans broncher. Je n'irai pas pleurer sur leurs tombes.

Il faut remarquer que ces niveaux sont sans précédent. Cela remet en cause la valeur statistique de ces chiffres. Une partie des calculs sont basés sur des projections et sur des modèles qui se sont affinés pour retranscrire (plus ou moins fidèlement) la réalité dans une période de relative stabilité. L'ouragan qui souffle aujourd'hui sur l'économie mondiale les rend caducs. Il faut donc les prendre plus que jamais avec des pincettes. Seules des différences extrêmement frappantes comme France/Allemagne méritent qu'on s'y arrête. Les allemands sont-ils, comme j'en avais émis l'hypothèse au sujet des chiffres du trimestre dernier, les seuls à dire la vérité?

La relative bonne tenue des Etats-Unis est également un grand point d'interrogation. Epicentre de la crise, on glose beaucoup sur leur effort de relance supérieur mais je rappelle qu'on reprochait beaucoup à Obama que cet effort soit trop peu "front loaded" (peu d'efforts sur 2009). On nous a longtemps répété que la croissance américaine reposait en grande partie sur la consommation...

Ces chiffres invitent donc à la circonspection et ceux qui essaieront de s'en servir pour valider ou non des modèles ou des idéologies économiques seront de mauvaise foi. Ce qu'on peut en tirer, c'est que nous traversons la crise économique la plus grave de notre histoire et qu'elle était toujours au trimestre dernier en phase d'aggravation.

Note: j'ai lu dans la dépêche Bloomberg que ces chiffres de GDP n'étaient compilés que depuis 1970 en Allemagne et depuis 1980 en Italie. J'avais pour ma part dans l'idée qu'ils avaient toujours existé. Cela veut dire essentiellement que toutes les données sur l'histoire économique que j'ai apprises dans ma scolarité reposaient sur des chiffres reconstitués et pas des chiffres publiés à l'époque... Good to know.

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