Amity Shlaes est une chroniqueuse de Bloomberg News qui connaît une carrière journalistique impeccable aux Etats-Unis. Yale, Editorial Board du Wall Street Journal, Bloomberg News, Financial Times. Sans compter des contributions à tous les magazines et journaux qui comptent. Membre du Council on Foreign Relations, elle fait partie de l'aristocratie américaine*.
Elle s'inquiète dans son dernier article bloomberg de la proportion de l'impôt sur le revenu payé par le top 1% (I kid you not). 26% en 1986, 37% en 2000 et 40% en 2006. Elle déplore ensuite qu'en dépit de ces chiffres, Obama souhaite quand même plus taxer les riches. Elle sous-entend qu'à force de tirer la machine économique sous le poids d'une charge fiscale trop lourde, les riches vont se lasser et mettre pied à terre aux dépens de la population en général.**
La ficelle est énorme: c'est évidemment en gagnant une plus grosse part des revenus globaux que les riches en sont venus à augmenter leur part dans l'impôt sur le revenu. Pas, comme Amity veut nous le faire croire, parce qu'ils ont été soumis à une pression fiscale particulièrement forte ces vingt dernières années (les tax cuts de Bush lui rappellent-elles quelque chose?). Il faut bien comprendre que ce genre de désinformation constitue une part importante du discours économique aux Etats-Unis. La plupart des gens y disposant d'un porte-voix (dans les vieux médias) travaillent au service d'un discours qui encense les tax cuts, parent les riches de toutes les vertus et n'hésite pas à détourner le sens de certaines statistiques pour faire avancer la cause ploutocrate comme en l'espèce.
Dans un contexte où les Etats-Unis sont présisément malades d'avoir trop laissé se développer les inégalités (jusqu'au point de subvertir leur démocratie), défendre l'idée qu'il faille alléger la charge fiscale sur le top 1% comme le fait Amity est un tribut à la morgue aristocratique et au caractère complètement jusqu'auboutiste et "droite dans ses bottes" de la classe dirigeante américaine. C'est cette arrogance qui est aujourd'hui sur la sellette ou qui le sera quand nous nous serons plus enfoncés dans la crise. Et si cette crise ne suffisait pas à remettre profondèment en cause la classe dirigeante américaine, je fais une totale confiance à l'ubris de cette dernière pour causer finalement sa propre perte.
* "aristocratie américaine": Voilà une expression à mon avis exacte mais qui ferait se retourner dans leur tombe les pères fondateurs. Il faut dire qu'ils sont sans doute aujourd'hui en rotation permanente.
** C'est le mythe éternellement rabaché du caractère bénéfique à tous de la prospérité des plus riches. C'est un point central de propagande du parti républicain qui parle de "trickle down economics". L'oppulence qui part du sommet et ruisselle dans toute la société. La crise démontre précisément l'inverse.
jeudi 4 juin 2009
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1 commentaire:
What is the point ?
Ces gens-là ne font pas acte de contrition, ils n'ont décidément rien compris ...! Tout le monde ne connait pas son chemin de Damas, mon petit H, c'est pas comme toi dans une récente confession, assez bien troussée ma fois. Cependant, on ne saurait reprocher à une passoire d'avoir des trous...et il n'est finalement pas si surprenant que ces gens-là persistent dans leur vision micro-lorgnettesque si je puis dire de la réalité économique
PS qui n'a rien à voir : H, c'est ta marque de cigarette ?
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