mardi 23 juin 2009

Money talks...

Un article du New Yorker (via TBP) retrace le parcours d'Angelo Mozilo, l'homme qui a dirigé Countrywide Financial Corp depuis 2000. Countrywide a été un des plus gros producteurs d'emprunts subprimes de la période.

In 2005, Fortune placed Countrywide on its list of “Most Admired Companies,” and Barron’s named Mozilo one of the thirty best C.E.O.s in the world. The following year, American Banker presented him with a lifetime-achievement award.
En 2005, Fortune a inclu Countrywide dans sa liste des sociétés les plus admirées. Le magazine Barron's a élu Mozilo un des 30 meilleurs dirigeants d'entreprise du monde. En 2006, le magazine American Banker lui a remis un prix d'honneur pour toute sa carrière.

Le Blogo déplore souvent les manquements des MSM (vieux médias) et leur incapacité à dénoncer les abus dans l'immobilier durant la dernière décennie. Comme le montre les différents honneurs qui ont été faits à Mozilo, cette critique ne rend pas justice à la complicité active de ces médias dans la frénésie immobilière qui a touché l'Amérique. Au moment où il reçoit ces honneurs, Countrywide est occuppée à corrompre toutes sortes de dignitaires américains avec des emprunts préférentiels dont les divers bénéficiaires (pas tous connus) allaient d'un sénateur (Chris Dodd - sénateur à la tête du "Banking, Housing and Urban Affairs comittee"* - ça ne s'invente pas) au président de Fannie Mae.

Surtout, Countrywide produit chaque année des millions d'emprunts dont le caractère radicalement abusif et financièrement suicidaire aurait sauté aux yeux de tout journaliste, régulateur ou homme politique qui s'y seraient arrêtés quelques minutes. Countrywide développe des call centers pour que le maximum de gens en croque. Des propriétaires ayant déjà remboursé leur logement rempilent avec un nouvel emprunt (c'est ainsi que des personnes âgées qui auraient dû être à l'abris se retrouvent aujourd'hui à la rue). Pendant ce temps-là les MSM, les régulateurs et les politiques (tous sous influence) n'ont pas cessé d'encourager ce mouvement destructeur.

Les plus consensuels ("on ne va pas se fâcher pour si peu...") y verront une hallucination collective et les plus belliqueux y verront le crime du siècle. La vérité est que c'est un mélange des deux. Un certain nombre d'idiots utiles n'ont fait qu'accompagner le mouvement mais énormément de responsables savaient que tout cela ne pouvait pas bien se terminer. Une bonne approximation est sans doute que la naïveté des acteurs était inversement proportionnelle au profit qu'ils tiraient de la situation. A noter que le profit n'a pas été que financier: cette injection de dopants dans l'économie a dégagé des marges de manoeuvre politiques importantes (tax cuts, guerres...)

*Chris Dodd est toujours à la tête de ce comité, on ne change pas une équipe qui gagne... La superstructure politico-financière n'a pas bougé d'un iota bien qu'elle soit responsable de la crise comme le déplore le blogo à longueur de posts. The future looks bright ahead!

Aucun commentaire: