mercredi 8 juillet 2009

L'euphémisme, allié indispensable de l'Amérique Bushiste et post-Bush

L'euphémisme le plus mémorable de l'Amérique bushiste a sans doute été d'appeler "Enhanced Interrogation Techniques" (technique d'interrogation améliorée) ce qui n'était pas autre chose que la bonne vieille torture. Utile pour tenter de réduire le fossé entre les valeurs proclamées et la réalité sur le terrain.

Dans l'Amérique post-Bush, un autre euphémisme est de plus en plus utilisé dans la sphère économique depuis un mois ou deux: "regulatory capture" (capture du régulateur par les intérêts qu'il régule). Le concept n'est pas nouveau comme me l'a fait remarquer "W.". Il y a même une entrée wikipédia à son sujet qui le fait remonter à Woodrow Wilson. Il a en tout cas une nouvelle vie dans le débat public depuis peu. Comment mieux décrire la réalité américaine actuelle que par la "capture" des régulateurs par les industries qu'ils sont censés réguler?

Il y a en réalité une bien meilleure description: on doit parler de corruption. Le problème c'est qu'en utilisant "corruption" (comme en utilisant "torture") on sort du débat policé et on ne laisse plus à la population la possibilité confortable de nier l'évidence et d'accepter l'inacceptable. Sans euphémisme, pas de bushisme.

Note: l'entrée wikipédia sur "regulatory capture" parle de "deep capture", stade plus avancé dont la description fait vraiment penser à la situation actuelle: Some economists, such as Jon Hansen and his co-authors, argue that the phenomenon extends beyond just political agencies and organizations. Businesses have an incentive to control anything that has power over them, including institutions from the media to academia to popular culture, and thus will try to capture them as well. When this happens, they call this phenomenon "deep capture." En plus de la complicité des régulateurs, la bulle de l'immobilier a eu besoin d'un soutien médiatique et académique pour suivre le cour grotesque qu'elle a suivi:
A la lecture de ce graphe, on ne peut que rester circonspect face aux "J'm'ai trompé" embarassés de la FED. N'y a-t-il personne dans cette institution qui n'ait été capable de lire un graphe?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le problème n'était pas de savoir lire un graphe parce qu'on leur avait dis auparavant que nous vivions "a new paradigm" !! Donc en gros, celui qui croit que les bonnes vieilles règles s'appliquent passe pour un bon vieux con un peu inadapté (au new paradigm).Cela calme un peu le sens critique...

H a dit…

Ce que vous décrivez est en gros l'explication la plus courante qui a ceci de merveilleux: elle ne gêne et ne met en cause personne (si ce n'est l'hypothétique "on" qui introduit la notion de "new paradigm" dans votre schéma et qui est mystérieux pour moi).

La position du blogo est que dans une civilisation qui maîtrise le feu nucléaire, l'idée que la politique monétaire est quelque chose de si délicat et de si compliqué que ce genre de crise est imprévisible et inévitable est une imposture. Si vous ne laissez pas des apprentis sorciers faire n'importe quoi, il n'y a aucune raison de sortir des clous aussi spectaculairement. La politique monétaire échoue quand elle est manipulée.