lundi 7 décembre 2009

Outing du blogo sur le réchauffement climatique

(Copenhague, Claude Allègre, le "climate gate" et l'émission "Ligne jaune" sur le site d' "Arrêt sur image" m'ont replongé dans le débat sur le réchauffement climatique. L'occasion pour moi de me remémorer ce que j'en ai pensé au fil des années et de constater que je suis redevenu sceptique. Beaucoup des modalités du discours sur le climat font tressaillir le bullshit detector du blogo. Quel meilleur sujet pour déchaîner les passions, les peurs et raconter n'importe quoi? Il y a un antidote: ça s'appelle la science mais comme l'économie, elle peut être corrompue. Les scientifiques peuvent-ils avoir la sagesse de se déclarer incompétents? Et s'ils le font, quel effet cela pourait-il bien avoir sur leurs financements et leurs statuts? Let me think...)

En 1994, j'ai vu un documentaire de la BBC cinglant expliquant que la science du réchauffement climatique (et de ses causes humaines) était beaucoup moins évidente que ce qui était en règle générale perçu dans les mass media. Ca a été une révélation pour moi (même si je ne serais pas étonné de voir qu'EXXON a payé une résidence secondaire confortable au journaliste de la BBC). J'ai ensuite pendant plusieurs années examiné avec un oeil critique tous les discours que je lisais sur le réchauffement. Et je dois dire que je n'étais pas souvent déçu. Le schéma était simple et sans cesse répété: je voyais un titre d'article alarmiste dans un journal et j'avais en général toutes les peines du monde à trouver dans le corps de l'article des éléments très substantiels qui auraient pu justifier l'alarmisme du titre. Et puis le sujet est devenu moins brûlant ou je m'en suis un peu désintéressé, je ne me souviens plus très bien.

Le plus révélateur pour moi sur la question ne se trouvait pas dans la science (balbutiante en cette matière) mais dans le discours. Quand on sent une intensité particulière, une intolérance, un matraquage sur un sujet déterminé, il est légitime de voir l'aiguille de son "bullshit detector" tressaillir. Il ne fallait pas être un inspecteur de l'ONU en Irak pour déterminer que les gouvernements britanniques et américains étaient dans un mode propagandiste avant la guerre. Un décryptage (même pas sophistiqué) du discours de ceux-ci y suffisait largement. Pas besoin d'être expert en climatologie pour s'interroger sur les discours qu'on entend sur le climat. Il suffit de lire.

Je n'ai pas d'affinité particulière pour le sujet. Ni même d'ailleurs de conviction définitive. Ca n'est pas ma guerre. J'ai d'ailleurs fini par céder aux sirènes "réchauffistes". J'en suis arrivé au milieu des années 2000 à m'en remettre au consensus. Oui, la terre se réchauffait à cause de nous et il fallait prendre le mors au dent en changeant nos comportements. Je ne suis pas devenu militant mais j'étais prêt psychologiquement à ce qu'on m'impose des taxes, des contraintes dans le but de diminuer le danger. Le film d'Al Gore et son Nobel a eu en la matière une certaine importance (c'était avant qu'on réalise avec le Nobel d'Obama que la vie était peut-être tout simplement un peu trop ennuyeuse en Norvège). Pendant longtemps, je me suis dit que même si je ne l'avais pas vu, ce film faisait le point et apportait une réponse définitive aux problèmes qui avaient suscité mon interrogation dans les années 90. Sans doute avait-on depuis le temps envoyé des satellites qui mesuraient la température de manière indiscutable et Al Gore nous apportait la mauvaise nouvelle, "An Inconvenient Truth".

Je m'étais donc trompé. Non pas que tous les discours dans les années 90 aient été limpides ou de bonne foi mais désormais, honnêtes ou pas, ces messages s'étaient avérés aller dans le bon sens d'un point de vue historique. Seuls les faits m'intéressent. Le dogmatisme m'insupporte. J'étais donc prêt à manger mon chapeau et à me ranger à cette nouvelle orthodoxie, estampillée "Al Gore". Jusqu'à ce qu'un jour je finisse par voir le film (très longtemps après sa sortie). A ce stade, j'en avais par avance accepté les conclusions. J'ai été terriblement déçu. Alors que je m'attendais à une démonstration implacable qui me montrerait comment 10 ans de science dure avait transfiguré le débat pendant que je regardais ailleurs, j'ai eu l'impression de regarder un bonimenteur de foire (c'est avec l'élévateur électrique qu'il m'a totalement perdu). Al Gore était devenu l'homme sandwich d'une cause. Cela ne favorise pas le pragmatisme et l'objectivité. Si vous regardez ce film avec quelques notions de scepticisme climatique, il est très loin d'emporter la décision. Les effets de manche et la place laissée à l'affectif ne peut que mettre mal à l'aise un individu qui ne demande qu'à être convaincu mais qui n'est pas pour autant gouroutisable en un claquement de doigt. Je ne voyais pas en Al Gore un prophète mais un homme objectif qui avait mis son poids dans la balance car la situation l'exigeait. Vu son envergure, je lui faisais confiance pour faire un film qui rassemble ce qu'il y avait de plus convaincant sur la question. Pour moi, ça a donc fait pschittttt.

Back to square one. Je suis toujours prêt à évoluer mais j'ai besoin d'être convaincu. L'idée que "tous les scientifiques" soient d'accord me laissent complètement froid. La force corruptrice capable de fédérer un tel unanimisme n'est pas difficile à décrypter: l'intérêt. La catastrophe imminente procure des crédits, du prestige et de l'attention à des scientifiques dont l'univers serait beaucoup plus morne s'ils n'étaient pas au coeur du "devenir de l'espèce humaine". Que le climat soit un lieu privilégié de développement des croyances et des superstitions est une réalité qui est trop peu examinée. Pourquoi ne met-on jamais en avant que la vie de climatologiste n'est pas la même selon qu'ils sont au centre du devenir de l'humanité ou qu'ils sont des scientifiques "nerdy" ignorés de tous? Le "climate gate" esquisse comment une orthodoxie peut être obtenue au sein d'une communauté si cette orthodoxie est alignée sur les intérêts de cette communauté. C'est exactement similaire au monde bancaire et au subprime (facile d'y croire quand ça rapporte). La FED n'arrrive-t-elle pas à faire régner une orthodoxie totale dans le monde académique américain sur l'économie? Il faut que les médias cessent de retranscrire des discours sans décrypter systématiquement les intérêts qu'ils servent. (Vaste programme! C'est celui du blogo.)

Voilà donc comment j'ai évolué sur le sujet (en fait pas tellement). Une opinion de plus me direz-vous et vous aurez raison. J'ai cependant une proposition: j'aimerais voir les scientifiques dont c'est la responsabilité faire des projections (températures en fonction de l'activité humaine). Une fois qu'ils auront remis leurs copies, on mettra en place le (ou les) systèmes de mesure qu'ils prescrivent et on confrontera leurs projections aux résultats. No more BS. Si ça n'est pas possible ou si leurs résultats sont faux, ils apparaîtront à la face du monde comme des escrocs. Sinon ils auront droit à une avalanche de Nobels. Any takers?

Cette formalisation des projections et des mesures est cruciale. Mon petit doigt me dit que les grands gourous du climat n'aimeront pas du tout ce nouveau carcan qui les contraindra à quitter les incantations pour rentrer dans un semblant de démarche scientifique. Pourtant il n'y a pas de piège: on leur demanderait d'un côté les projections et de l'autre la définition des méthodes de mesure adaptées. Le seul problème, c'est qu'une fois que le système est calibré, plus de filets: ils sont tributaires, comme le reste de leurs contemporains de données techniques.

Vous allez me dire: "Mais Mr Blogo, tout le monde sait qu'on ne peut pas prévoir le climat, que cela varie d'une année sur l'autre etc...". Prédire le climat est pourtant ce qu'ils font toute la journée en nous promettant au passage de brûler en enfer (bonjour la mesure). Mais s'il faut attendre 5 ans très bien. 10 ans pourquoi pas? 20 ans? Au delà, nous demander de prendre des mesures substantielles pour des effets qu'on ne peut pas mesurer ni prévoir relève trop de l'acte de foi. C'est inacceptable. Il faut un échéancier. Quelque chose de dur. Quand serons-nous frappés par quel fléau (remontée des eaux, désertification...). Il faut des engagements durs. S'ils ne peuvent pas en fournir, de quelle science se réclame-t-il donc qui mériterait qu'on les écoute? Cette confiance qu'il demande sans établissement préalable de crédibilité doit leur être refusée au nom du bon sens.

Le blogo n'ignore pas que des lobbies de toute sorte poussent dans l'autre sens. La raison pour laquelle je fais un post sur ce sujet sans en parler est que le vent souffle aujourd'hui très fortement dans les voiles des "réchauffistes". Une des réactions d'un climatologue suite au "climate gate" a été de dire: "Arrêtons la guerre de tranchée de tranchée idéologique: nous avons gagné". C'est un peu une victoire à la pyrrhus car même si le réchauffement est partout dans les médias et dans les esprits, les politiques ne font pas grand chose. C'est d'ailleurs probablement le meilleur indicateur du véritable "état de la science". Tout le monde "walk the walk and talk the talk" mais les émissions augmentent inexorablement. Cela permettra aux esprits curieux un jour d'en avoir le coeur net. Espérons que cela ne sera pas mort de soif dans un désert en Normandie. Au fond, j'en doute mais rien n'est impossible: le hasard peut faire que l'hystérie cohabite avec la vérité même si la première dessert la seconde.

3 commentaires:

Ze Tatitude a dit…

Le seul truc de bonne foi que j'ai entendu (dans l'emission c dans l'air avec Calvi), c'est qu'il etait faux de parler de rechauffement climatique. Pour la bonne raison que dans de nombreuses regions du monde, on assiste a un refroidissement. Donc pour demarrer, le terme exact est plutot changement climatique. On nous bassine avec le rechauffement parce que chez nous (enfin disons les pays occidentalises), on est confrontes a un rechauffement.

Deuxieme chose, que je n'ai pas verifiee a 100%, il apparait qu'a l'heure actuelle, il n'y a AUCUNE etude qui montre clairement qu'il y a un rechauffement.

Enfin, tout ca doit pas nous empecher de faire des efforts, on pollue quand meme gravement notre planete.

Dernier point que j'ai trouve amusant: Dans les quelques derniers millions d'annees, il y a deja eu des periodes de rechauffement climatique: Elles ont TOUTES precede...

... les grandes glaciations! Allez comprendre

H a dit…

Merci d'apporter des éléments factuels qui manquent cruellement à ma démonstration qui n'en est d'ailleurs pas une. Je décris plus une ambiance que je juge en général suspecte. J'espère donc que tu as raison et que l'étude définitive et indiscutable n'est pas sortie la semaine dernière sans que je m'en aperçoive. Rendez-vous dans 30 ans.

Ze Tatitude a dit…

Je crains de n'avoir raison que sur 1 point sans aucun doute: On pollue gravement la planete. Pour le reste, c'est assez fluffy.

Mais bon les grandes catastrophes, y'en a toujours eu dans l'histoire; la seule difference, c'est qu'avant on etait suffisamment ignorant (ou intelligent finalement, la question merite d'etre posee) pour croire que c'etaient des interventions divines ou des choses vraiment inexplicables. Citons entre autre:

1) Arche de Noe/Deluge: derniere theorie en date est le deversement de ce qui est aujourd'hui la mer Mediterrannee dans ce qui est maintenant la mer Noire

2) La mer qui s'ouvre devant Moise: Un tsunami qui vient de Grece suite a eruption volcanique et qui fait reculer la mer. Bon coup de bol, c'est juste au moment ou Moise en a besoin, au niveau des probabilites, c'est tres fort!