Le second mandat de Bernanke doit être confirmé par le Congrès avant la fin du mois sinon il ne pourra plus assumer ses fonctions (interruption seulement temporaire s'il était confirmé in fine). La Volckerisation engagée ne va pas simplifier cette confirmation.
C'est tout le problème de la révolution de palais au sein de l'équipe économique qui s'est produite hier. La ligne Summers et la ligne Volcker peuvent-elles coexister durablement à la Maison Blanche alors qu'elles sont antagonistes? Pour l'instant, tout était clair: Volcker sucrait les fraises et Summers dirigeait les opérations (Summers avait d'ailleurs pris soin de marginaliser Volcker dès sa prise de fonction). Si les deux tendances ont le même statut, la cacophonie va menacer. Et qui sont les cadres possibles d'un éventuel changement de cap? Roubini? Krugman? Stiglitz?. Cela ferait sans doute plus tanker la bourse qu'une guerre thermo-nucléaire globale. (Volcker en ferait partie évidemment mais le Japon vient de s'essayer à un ministre des finances de 82 ans et l'expérience n'a pas tenu 3 mois).
Si Bernanke n'était pas reconfirmé, on voit bien comment le mouvement lancé par Obama l'entraînerait au-delà de ses intentions premières. L'équipe économique d'Obama est désormais en équilibre instable.
Ce qui se passe est étonnant: beaucoup de gens pensaient que des évènements économiques allaient remettre en branle la machine politique. En gros qu'une énorme crise monétaire allez contraindre les politiciens à prendre les choses en main. Finalement, cette impulsion d'Obama laisse entrevoir un changement de cap purement politique sur le mode "j'm'ai trompé".
Le blogo devrait se réjouir de cette possibilité. Le problème, c'est que depuis un an une réalité parallèle s'est créée. Un monde où la pesanteur économique a disparu grâce au laxisme monétaire. La bourse monte, la croissance est positive, un semblant de normalité est revenu ans le système. Si les politiques décident de mettre fin à cette réalité artificielle, ils risquent de porter le chapeau des évènements forcément douloureux qui s'en suivront. C'est le coût immense de l'année 2009: l'économie est probablement dans un meilleur état (marginalement beaucoup d'américains au chômage) que si on avait pris le taureau par les cornes et remis le système à plat mais nous sommes passés de l'autre côté du mirroir avec un système économique "Frankenstein" qui ne fonctionne que grâce à une création monétaire permanente et absolument massive.
La réaction initiale à la crise visait à préserver Wall Street et elle y a réussi*. Le coût était la désorganisation durable et profonde de l'économie mondiale qui a été projetée dans un monde parallèle digne d'Alice aux pays des merveilles. Ce mépris des règles économiques de base (l'échec est récompensé etc...) ne peut que conduire à une crise plus grave plus tard ce qui est le schéma suivi depuis l'éclatement de la bulle internet et le 11 septembre (améliorer à toute force le court terme en compromettant de plus en plus le futur).
En commençant à administrer le remède quelques temps avant que la maladie ne se manifeste, Obama court le risque de faire porter le chapeau de la maladie au médicament.
* Préserver Wall Street est une chose mais fallait-il préserver les bonus? Je me demande si symboliquement, cela n'était pas important "in a twisted way". Peut-on maintenir une monarchie en empêchant le roi de porter sa couronne? Les bonus irritent la population mais ils ont aussi l'intérêt de montrer "who's boss". La décision de préserver Wall Street était discutable mais une fois qu'elle était prise, préserver les bonus faisait sans doute parti du package. Ce sont les bonus qui permettent l'arrogance et l'arrogance qui est le dernier refuge de la power structure.
De plus, le système financier repose sur une loyauté totale de ses cadres envers lui. C'est une "super loyauté" qui est liée au "super reward" qui est promis en échange et qui fait qu'on vendrait père et mère pour le système. Enlevez le "super reward" et la "super loyauté" va disparaître. En lieu et place de cadres blackberrisés dévoués corps et âmes au système vous allez avoir des beatnicks qui vont se mettre à traîner les pieds, voire pire, à écrire des blogs pour le critiquer. Who would want that?
vendredi 22 janvier 2010
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