dimanche 28 novembre 2010

Le NYT "en première ligne" sur Wikileaks

Et pourquoi pas la CIA directement? Julian Assange n'a visiblement pas eu le mémo: le NYT a été le principal facilitateur de la guerre en Irak dans l'espace médiatique américain (en neutralisant l'opposition de gauche modérée à la guerre au lieu de la galvaniser - il y avait matière...). Aujourd'hui, il joue le même rôle alarmiste sur l'Iran sans que personne ne le lui reproche vraiment. L'obstination de Wikileaks à recourir aux vieux médias pour l'éditorialisation de ses fuites est un problème central dans la crédibilité de cette organisation.

Surtout quand on lit l'extrait suivant de cet article du monde qui nous en dit long sur la servilité spontanée de nos médias envers les intérêts américains:

Informer, cependant, n'interdit pas d'agir avec responsabilité. Transparence et discernement ne sont pas incompatibles – et c'est sans doute ce qui nous distingue de la stratégie de fond de WikiLeaks. Les cinq journaux partenaires ont travaillé sur les mêmes documents bruts et celui qui est en première ligne, le New York Times, a informé les autorités américaines des télégrammes qu'il comptait utiliser, leur proposant de lui soumettre les préoccupations qu'elles pourraient avoir en termes de sécurité.

En commun, les cinq journaux ont soigneusement édité les textes bruts utilisés afin d'en retirer tous les noms et indices dont la divulgation pourrait entraîner des risques pour des personnes physiques. Le Monde a aussi offert aux responsables américains de faire valoir leur point de vue dans ses colonnes : c'est à ce titre que nous publions une tribune de l'ambassadeur des Etats-Unis en France en pages Débats.

Enfin, ce n'est pas un hasard si ces nouvelles révélations émanent des Etats-Unis, le pays le plus avancé technologiquement et, d'une certaine manière, la société la plus transparente, plutôt que de Chine ou de Russie. Par sa nature ouverte, une puissance démocratique s'expose à plus d'intrusions qu'un pouvoir fermé ou opaque. C'est des Etats-Unis qu'est partie la révolution Internet, c'est là aussi que vit la tradition des "whistleblowers", ces "sonneurs d'alarme" de la société civile. Et WikiLeaks le sait mieux que personne.

Questions pour Sylvie Kaufmann: Le Monde n'a-t-il publié que les messages diplomatiques qui avaient été jugés "publiables" par le NYT après délibération avec le département d'Etat? Si c'est le cas, comment justifiez-vous cette subordination? (Y a-t-il un lien capitalistique entre les deux entités qui m'auraient échappé?) Si ça n'est pas le cas, pouvez-vous nous donner un exemple?

Remarque pour Sylvie Kaufman: La tradition américaine des "whistleblowers", s'il y en a une, c'est essentiellement de mettre ces derniers en prison quand ce n'est pas plus simplement de les renverser en voiture s'ils se mélaient par hasard de dénoncer les exactions d'une armée privatisée (il est possible que ce "marine" de 33 ans n'ait tout simplement pas su traverser la rue). Epargnez-nous donc s'il vous plaît vos commentaires enthousiastes sur la liberté qui règne aux Etats-Unis. Ils appartiennent, comme vous et votre journal, au siècle passé.

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