Notre civilisation maîtrise le feu nucléaire, est allée sur la Lune, a séquencé le génome humain... Pourtant, avoir une politique monétaire qui nous mette à l'abri de catastrophe majeure comme la crise économique actuelle ne serait pas à notre portée?
Nous bâtissons des instruments de mesure comme le LHC à Genève pour rechercher le "boson de Higgs" et des particules "supersymétriques" (dixit Wikipédia) et il nous serait impossible de déceler la formation d'une bulle spéculative de la taille de celle qui a existé dans l'immobilier américain et de prendre des mesures rectificatives avant que celle-ci ne menace l'économie mondiale?
Non bien sûr! Tout cela n'est pas arrivé parce que "ces problèmes nous dépassent" mais bien parce que certains y avaient intérêt. Il y a eu les organisateurs, les facilitateurs, les corrupteurs, les "cheerleaders" et bien sûr finalement les "idiots utiles" qui ont rendu cela possible en se persuadant que cette fois-ci, "c'était différent". La crise que nous traversons est bien la responsabilité d'élites corrompues (politiques, économiques, académiques et médiatiques), principalement aux Etats-Unis. Etre un bon banquier central ne relève pas de la "rocket science" mais plutôt de l'intégrité. Etre un professeur , un journaliste ou même un banquier qui dénoncent les pratiques des puissants demande plus de courage que de capacité d'analyse (surtout durant la dernière décennie pendant laquelle les excès américains se voyaient comme le nez au milieu de la figure).
Je vais parler d'économie sur El Blogo dans les semaines et les mois qui viennent. Il y a quelques années, j'aurais pris des précautions oratoires avant d'aborder un sujet académique comme celui-là (ou je ne l'aurais tout simplement pas fait). Ceci dit, devant l'ineptitude* généralisée de tous les commentateurs en cette matière et leur incapacité à porter le fer, je vais juste dire ce que j'en pense sans me couvrir plus que ça. Je n'ai pas l'imprimatur d'un grand journal ou d'une université mais vous pouvez au moins être sûr que je ne ménage personne ce qui représente un avantage sur un commentateur "sponsorisé" d'une manière ou d'une autre.
C'est aussi un devoir citoyen. Je ne m'avance pas trop en disant que dans cinq ans, nous en saurons tous beaucoup plus sur l'économie qu'aujourd'hui car nous aurons payé au prix fort notre manque de curiosité initiale. L'ampleur de la catastrophe à venir va certainement conditionner l'importance des leçons que les citoyens en tireront. Mais si le consensus monétariste allemand tire bien ses racines de l'hyperinflation de la République de Weimar, si les français ont bien adopté l'Euro car ils se sont lassés des fausses promesses des dévaluations compétitives, alors oui, le citoyen apprend et il est capable d'imprimer, s'il est bien servi par ses élites, un cours nouveau à l'histoire économique d'un pays. Encore faut-il qu'il n'abandonne pas ces questions à des apprentis sorciers qui, en un instant, se mettront au service du plus offrant plutôt qu'au service de l'intérêt général.
* "ineptitude" est un mot... anglais. Ca veut bien dire ce que vous pensez que ça veut dire.
mercredi 12 novembre 2008
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3 commentaires:
Avec toi El Blogo, j'aime bien la collection de liens vers Roubini, Wallace (article à lire absolument) et Roach.
Pourquoi n'y a-t-il pas de liens vers Patrick Artus ?
Papy G
Parce que j'ai hésité entre un hyperlink sur "cheerleader" ou "idiot utile" pour lui...
Les agences de notation sont les idiots utiles. Sans elles rien n'auraient été possible (titrisation AAA entraînant un débouché infini pour les mortgages américain) et en plus elles n'ont même pas gagné beaucoup d'argent...
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