vendredi 5 décembre 2008

La lutte des classes aux Etats-Unis selon Buffett


“There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.”

Warren Buffett, 26 novembre 2006

Traduction du blogo:
"Il y a une lutte des classes aux Etats-Unis, bien sûr, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous gagnons."
(voir New York Times, November 26, 2006 et CNN Interview, May 25 2005)

J'ai pensé à cette citation de Warren Buffett en lisant ce commentaire (d'un anonyme, trouvé de manière surprenante par une recherche sur Google News) sur la manière dont les automakers sont traités dans la presse US. Il dit en résumé que les constructeurs automobiles américains sont moins performants car ils doivent payer énormément d'argent aux systèmes sociaux et notamment aux retraites des anciens de leur industrie. Les nouveaux acteurs (ou étrangers) n'ont pas de charges aussi lourdes et ont donc des coûts bien plus bas. C'est limpide. C'est évident. Ca montre bien les limites d'un modèle où les sociétés accumulent un passif social jusqu'à ce qu'elles ne soient plus compétitives et ferment finalement plutôt que de payer cette dette (la crise détruit également le modèle des fonds de pensions entre autre pans du modèle économique néolibéral qui reposait sur l'idée qu' "à long terme on ne peut que gagner en bourse").

Le fait que les politiciens américains n'aient pas mis leur population à l'abri de phénomènes aussi prévisibles, aussi mécaniques est une expression de ce que Warren Buffett condamne. Les médias défendent becs et ongles un système financier corrompu et laissent littéralement "crever" tous les anciens d'une industrie sans ciller. C'est la violence sociale standard aux Etats-Unis. Il vaut mieux être du côté du manche, sinon on est vaporisé dans l'indifférence générale et d'abord celle des médias.

Il y a d'autres exemples de cette violence. Les tax cuts de Bush qui ont favorisé de manière inqualifiable (j'essayais de qualifier cette manière et je ne trouvais pas alors j'ai finalement trouvé "inqualifiable"!) les américains les plus aisés (voir notamment l'interview de Buffett du NYT plus haut sur l'Estate Tax). Mais également les lois passée en 2005 sur la personal bankruptcy qui rendaient beaucoup plus dures les conditions de faillites personnelles (juste avant le retournement du cycle du crédit), par exemple, l'ordre chirographaire fait maintenant passer les Credit Cards Company avant les pensions alimentaires en cas de faillite personnelle (les banquiers en ont rêvé, le système politique corrompu des Etats-Unis l'a fait, j'y reviens dans un prochain post sur une interview de Chris Dodd, Chairman of the Senate Banking Committee). On peut aussi rappeler que 40 millions de gens sans couverture maladie, dont 8.3 millions d'enfants. Pour que ce soit clair, si vous avez un enfant qui a un cancer et que vous n'êtes pas couvert, votre enfant n'est pas soigné. Combien de fois ai-je entendu des américains faire référence à leur pays en utilisant des formules comme "Greatest Nation on Earth"...

NB: Vécu. Je me suis senti obligé de préciser à mon neveu pendant Spiderman 3, alors que le profil psychologique du méchant (sa méchanceté...) était expliqué par le fait qu'il n'avait pas pu payer pour les frais médicaux de son enfant, qu'il vivait dans un pays civilisé et que cela ne pouvait pas arriver chez lui.

2 commentaires:

hubris kills a dit…

Tonton, il connait tout de la crise !

H a dit…

Tu m'étonnes! Et je n'en dis pas le quart...