vendredi 5 décembre 2008

Selon que vous serez banquier ou automaker...

Les médias US traitent les automakers comme des moins que rien (leurs dirigeants mais aussi les ouvriers: on répète à l'envie qu'ils gagnent $73 de l'heure ce qui est inexact etc...). C'est un véritable déchaînement. Ca ne me pose pas de problème de principe (même si mettre en cause de façon répétée leur "mauvaise gestion depuis des années" semble un peu ridicule au regard d'une baisse des ventes de 40% comme souligné ici). Non, ce qui me choque c'est que si les automakers en sont là, c'est à cause des banquiers et de leur crise financière et qu'eux sont très largement épargnés par les médias (ils n'ont pas eu à quémander de l'aide dans des hearings au congrès, personne ne leur demande d'abandonner leurs jets privés etc...).

Tout cela est bien résumé ici (en anglais).

Aussi, comme il est suggéré , d'un point de vue macro-économique et dans un contexte où il n'est pas évident pour tous les nouveaux convertis à la "relance" de trouver des moyens de dépenser l'argent du contribuable efficacement et instantanément, il semble qu'aider l'industrie automobile à court terme soit un no brainer (une évidence). Imaginez le temps (et l'argent) qu'il faudrait pour mettre en place une structure avec une utilité sociale identifiable capable d'employer des millions de personnes... Il faut sauver l'industrie automobile US, ne serait-ce que dans le cadre d'une politique de relance à court terme. Cela représente au passage un coût bien inférieur au hold up réalisé par les banques. Le fait que cela soit discuté beaucoup plus âprement que pour les banques est une pièce de plus (superfétatoire, certes) à mettre au dossier du biais pro-banque du commentariat économique américain (ou pro General Electric by the way, actionnaire majoritaire de NBC et MSNBC qui se retrouve comme par hasard aidé par le gouvernement - investir dans une chaîne de télé est une pochette surprise, on ne sait jamais combien ça va rapporter mais dans un contexte où le lobbying et l'influence se mettent à être rétribués directement par du cash, c'était clairement une bonne idée).

Les constructeurs automobiles apparaîssent comme les ploucs de service qui n'ont pas eu le bon goût d'avoir acheté des chaînes de télé pendant les années fastes pour permettre aux élites de se trouver belles en leur mirroir. Il faut bien dire qu'ils ne l'ont pas fait parce qu'ils étaient fauchés. S'ils avaient gagné de l'argent, vous pouvez être sûr que les médias auraient réussi à trouver du "glam" et des dirigeants "stellaires", même à Detroit.

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