mardi 7 avril 2009

HADOPI: à l'américaine

Quand le pouvoir se met au service d'une petite clique au détriment de l'intérêt général...

La loi HADOPI a donc été votée dans la nuit de jeudi à vendredi. Je ne connais pas les procédures parlementaires assez bien pour répondre mais est-il normal que seuls 16 députés aient pris part au vote? La gauche n'aurait-elle pas pu forcer plus de députés à jouer cartes sur table? Il semble qu'elle ne se soit pas vraiment battue.

Tout cela fleure bon les ententes de couloirs permettant au maximum d'élus individuels de rester amis avec tout le monde. C'est comme ça, en multipliant les instances où les élites se mettent d'accord entre elles sur le dos du peuple qu'elles représentent, qu'on se retrouve dans une situation à l'américaine. Ce type de collusion un peu honteuse entre les grands partis corrode les démocraties.

C'est précisément ce type d'alliance "droite dure/gauche faux-cul" (pas exactement la situation française en dehors de l'Hadopi) qui a réussi à tirer vers la droite le paysage politique américain sous W. On lui doit la guerre en Irak, les atteintes majeures à la constitution et aux libertés individuelles, l'expansion du pouvoir de l'exécutif, la soumission aux diktats de Wall Street sur tous les sujets ayant trait à la finance (et aux autres corporate interests dans les autres secteurs) etc...

Maintenant que les américains ont été clairs dans leur vote avec un président démocrate, un sénat largement démocrate et une chambre des représentants démocrate, on pourrait s'imaginer que la question est réglée. Et bien non: elle demeure encore et toujours. Figurez-vous que 16 sénateurs démocrates viennent de se regrouper pour revendiquer une position centriste! 16 c'est assez pour réduire la marjorité démocrate au sénat (59 élus sur 100) à... une minorité. C'est littéralement la cinquième colonne des démocrates au sénat qui menace de faire sécession si des politiques trop à gauche venaient à voir le jour... Inouï juste après une victoire électorale mais symptomatique de l'état de dégénérescence avancé du paysage politique américain.

Autre élément: quand 9 DEMOCRATES votent pour un allègement d'impôts de $250 milliards sur la transmission des patrimoines supérieurs à... $7 millions. En 2009!

1 commentaire:

w. a dit…

Extrait de Les votes à l'Assemblée nationale:

"3. - Le quorum

Conformément à un principe républicain rappelé par son Règlement « l'Assemblée est toujours en nombre pour délibérer et pour régler son ordre du jour ». Les votes sont donc valables quel que soit le nombre de présents sauf si un président de groupe demande la vérification du quorum avant l'ouverture du scrutin.

Le quorum désigne la présence dans l'enceinte de l'Assemblée nationale de la majorité absolue des députés (calculée sur la base du nombre de sièges effectivement pourvus).

Lorsqu'un vote ne peut avoir lieu, faute de quorum, la séance est suspendue et le scrutin est reporté d'au moins une heure. Le vote est alors valable quel que soit le nombre de députés présents."

Cependant, avec 2.5% de l'assemblée présente et l'intervention personnelle du secrétaire d'Etat pour avancer un vote prévu le lendemain, il s'agit clairement d'une ruse de procédure grotesque (bon récapitulatif de la situation ici).