UBS explique aux suisses (qui ont eu en général plus de mal que les américains à se faire à l'idée que leurs impôts devaient subventionner les banquiers) qu'UBS doit doubler le salaire de certains de ses employés pour pouvoir les garder à cause "du marché".
Il est probable qu'ils aient raison d'un point de vue purement gestionnaire. Les Etats-Unis ont permis à leur secteur bancaire de vivre en lévitation aux frais du contribuable et le marché en matière de banquiers étant mondial et fluide, ces derniers sont en mesure collectivement d'obtenir des rémunérations plus fortes.
Le corps social va-t-il accepter cette arnaque qui depuis 30 ans a conduit à un écart de rémunération de plus en plus fantastique entre les citoyens au nom du "marché"? En Suisse en tout cas, la lassitude face à ces arguments ne touche plus seulement la population mais aussi certains membres du personnel politique.
De toute façon, il n'est pas dit que la crise ait dit son dernier mot. Le relatif répit que connaît l'industrie bancaire après que les Etats aient joué leur carte maîtresse (la déclaration d'un soutien indéfectible, illimité et presque sans condition au système bancaire dans ses formes actuelles) pourrait en effet être de courte durée. Même dans l'hypothèse improbable d'une reprise rapide, si garantir le bilan de toutes les banques américaines n'a pris qu'une semaine, la note va en revanche être payée durant des années ce qui laisse beaucoup de temps aux populations pour s'organiser politiquement et finalement rétablir un peu de balance dans les décisions prisent à la va-vite par des gourvernants apeurés, sous influence ou aux ordres (ou un mélange des trois selon les pays).
Dans la confrontation opposant les banques au reste de la population, si on considère que le début de la partie a eu lieu à l'été 2007*, on en est clairement à 1-0 pour les banques qui ne se sont vues pour l'instant opposer aucune résistance mais le match ne fait que commencer. Si l'histoire peut servir d'indication, il est quand même envisageable que les citoyens américains finissent par reprendre un peu de contrôle. Il faut aussi envisager qu' "American Idol"** et le "Superbowl" soient de nouveaux moyens d'abrutissement des masses tellement efficaces qu'ils vouent à l'échec toute velléité de politisation de la "citizenry". Stay tuned.
* Il est sans doute plus juste de replacer cet affrontement dans le contexte plus large d'une guerre des classes amorcée et gagnée par les riches selon Warren Buffett qui dure depuis les années 80 aux Etats-Unis.
** Je regrette cette attaque cheap contre American Idol car cette émission est l'équivalent américain de mon programme de télé français préféré: "La Nouvelle Star". J'espère que le lecteur saura faire la part des choses et retenir l'idée générale. J'en profite pour réitérer le soutien du Blogo à Camélia Jordana.
mercredi 27 mai 2009
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