mercredi 4 novembre 2009

Obama est-il sous prozac?

Je pose la question car je me demande comment un homme intelligent, qui a démontré par ses écrits qu'il avait une sensibilité et des valeurs (ça n'était pas un problème pour son prédécesseur imbécile), peut supporter psychologiquement de n'être que l'instrument servile d'une élite américaine finissante en gardant encore et toujours le sourire alors que le deal était en théorie qu'il serait "maître du monde". Miracle de l'industrie pharmaceutique?

Obama a échoué à instaurer un véritable changement (vous savez, "Change you can believe in") sur à peu près tous les fronts: libertés civiles et transparence mises à mal sous Bush, guerres plus ou moins absurdes, meurtrières et coûteuses, réforme d'un système économique dont l'injustice a atteint un degré irréel qui le fragilise (Combien de temps peut-on continuer à transférer des richesses vers le "trou noir bancaire" au rythme actuel? Qu'a-t-on modifié structurellement pour que cela ne soit un jour plus nécessaire? Qu'en obtient-on en retour?). Reste la réforme du système de santé mais là encore, devant un congrès qui se mettait de manière surprenante à soutenir une réforme "dure" (i.e. qui égratigne un peu les assureurs et "Big Pharma"), la Maison Blanche aurait montré son vrai visage en souhaitant quelque chose de plus soft. La question n'est donc pas encore tranchée sur ce dernier point très emblématique mais j'anticipe une déception. Ca n'est pas le cas de Glenn Greenwald, par exemple, qui espère que la réforme du système de santé puisse être le début du reflux de la vague des "Reaganomics" qui ont submergé le paysage politique américain (et mondial) depuis 30 ans.

La vérité est qu'Obama n'a pas vraiment livré bataille et qu'il n'en a probablement jamais eu l'intention. C'est un ambitieux qui ne sert au fond à rien (si ce n'est à donner une seconde vie à un système politique à bout de souffle qui ne le méritait pas - rôle assez toxique) comme c'est le cas de beaucoup d'hommes politiques de par le monde (pas nécessairement loin de chez nous). L'histoire retiendra sans doute qu'il était trop jeune et surtout trop inexpérimenté pour qu'on ait pu raisonnablement en attendre quelque chose. On aurait aimé quelques réactions d'orgueil. On repassera.

Les américains, après huit ans de Bush, sont donc sur la voie de réaliser que le "recours" démocrate n'en est pas vraiment un. Autrement dit que cette crise n'est pas une crise économique mais une crise politique et que tant que le système politique américain ne sera pas réformé (à commencer par les lois de financement des campagnes électorales), ils n'en sortiront pas. Et vu l'état du débat aujourd'hui sur ce sujet (en gros inexistant), il est à peu près certain qu'ils ont devant eux un "long, hard slog".

Note: En dépit de ce commentaire un peu acide, je suis comme tout le monde sous le charme de cet homme et de sa sympathique famille. Comment pourrait-il en être autrement? (via Atrios) C'est sûrement une meilleure explication à sa bonne humeur que le Prozac! Je n'en espère simplement plus rien. Je ne lui jette pas non plus la pierre personnellement car comme je l'ai dit dès avant son élection, il aurait fallu un concours de circonstances véritablement exceptionnel pour qu'il ait vraiment les moyens d'avoir un impact. Sans doute aurait-il dû être élu dans 4 ans, quand la crise aura probablement créé les conditions d'une vraie réforme (dans la douleur).

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