(la mort par mille petites coupures)
Le blogo appelait ça un supplice chinois qui menaçait l'Euro mais dont le dollar était structurellement préservé. L'abaissement de la note, degré par degré, de la solvabilité des pays les plus faibles de la zone Euro constitue une vulnérabilité très importante de la monnaie unique. Quand on sait que les agences de notation les plus importantes ne sont que le bras armé du complexe "Wall Street - US gov - FED", il n'est pas difficile d'imaginer comment ces abaissements de note peuvent devenir l'outil de la politique monétaire américaine. La BCE peut bien essayer d'être "plus vertueuse": elle ne pourra jamais faire réellement d'ombre à la FED tant qu'on pourra lui mettre à peu de frais des peaux de bananes sous chacun de ses pas.
Alors, oui, la situation de la Grèce n'est pas florissante (déficit de 13% du PIB et dette de plus de 100%). Néanmoins, il faut que l'Europe dénonce le caractère partisan des agences de notation et conteste formellement leur légitimité. Elles n'en ont pas. C'est le moment de frapper au coeur ces agences discréditées, vestige loufoque de l'infaillibilité naguère supposée des pratiques financières anglo-saxonnes.
Une avancée considérable serait qu'on puisse trouver un moyen crédible (ie: contraignant) de bailout (ou d'exclusion) des pays de la zone Euro qui donnent des signes de faiblesse. Plus facile à dire qu'à faire et c'est sur cette difficulté que repose le bras de levier des agences de notation. On peut d'ailleurs considérer que l'union monétaire n'a été jusqu'à maintenant qu'en construction et que seule l'adjonction d'un processus efficace de résolution de crise la parachèvera - ou pas. L'efficacité de ce processus déterminera la solidité de la monnaie et plus simplement sa survie. Paradoxalement, les années de stabilité qu'a permis la bulle de l'immobilier américain aura permis au ciment de l'Euro de prendre ce qui est déjà pas mal. Nous allons maintenant constater si les fondations étaient assez profondes.
Note: "Pour une poignée de Gulfos". Le gulfo est la monnaie unique décidée par les pays du golfe persique hier. Comme on le voit avec l'Euro, c'est une longue marche. “The US dollar has failed. We need to delink,” said Nahed Taher, chief executive of Bahrain’s Gulf One Investment Bank. Ouch! Je ne sais pas si ce genre de déclaration va aider le Gulfo mais en tout cas c'est divertissant.
jeudi 17 décembre 2009
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