jeudi 17 décembre 2009

L'absurdité inégalitaire...

Qui peut dire que la société fonctionne mieux grâce à ça? (via Huffington Post)

In 1970 the ratio of the compensation of the top 100 CEOs compared to the average production worker was 45 to 1. By 2006 it was an astounding 1,723 to one! We didn't get there by accident.
Ecart entre rémunération des grands patrons et des ouvriers multiplié par 40 en 40 ans.

C'est toujours la même histoire des 100 habitants d'une île. Ils ont tous des dons et des qualités différentes. On peut argumenter qu'un certain niveau d'inégalité entre eux est raisonnable pour influencer les comportements dans un sens qui profite à tous les habitants. Mais jusqu'où? Peut-on donner toutes les ressources de l'île à celui qui réfléchit le plus vite? Qui court le plus vite? Qui jongle avec le plus de balles? Qu'est-ce qui représente trop d'inégalités? En 2006, le consensus aurait répondu: "RIEN. Il faut les laisser se développer sans limite aucune."

En 2009, le blogo affirme que les inégalités ne peuvent atteindre un niveau qui rende impossible un fonctionnement démocratique comme les Etats-Unis en font la démonstration. Il faut une théorie de "l'inégalité juste". Par quartile, par quintile, qu'est-ce qui va permettre d'organiser efficacement une société? Quelle part des revenus, quelle part du capital au top 1%? 2%? 20%? etc...

Et surtout dans la durée. Le modèle anglo-saxon en est venu à nous persuader que les inégalités pouvaient et devaient être sans limite. C'était une imposture. Mais comment résister à cette imposture si elle permet à un modèle d'être plus efficace pendant 20 ou 30 ans? A-t-on le choix? Est-on obligé de suivre? Cette crise est notre chance, en Europe continentale, de proposer autre chose au monde. Si on continue à suivre comme des moutons le modèle américain dans la réussite (c'est compréhensible) comme dans l'échec (c'est ridicule) sans essayer d'y opposer nos manières de faire, on peut tout aussi bien mettre la clé sous la porte et partir en RTT (c'est d'ailleurs ce qu'on fait). Jusqu'à ce que nos retraites soient dans des fonds de pension qui font pschittttt et que notre système de santé oublie 15% de la population. Wake-up people!

Autre point: qui peut dire que le ratio de 1 à 45 qui passe de 1 à 1723 a amélioré d'une quelconque manière nos sociétés? On mesure bien que l'inégalité est un choix politique. Elles s'exacerbent quand les élites font assez "masse" pour détourner toutes les ressources à leur profit (comme en ce moment de manière stupéfiante et glaçante aux Etats-Unis). Elles doivent-être tenues en respect par un système démocratique. Illusoire? Utopique? Pas du tout. Il n'y a qu'à voir la période d'après-guerre aux Etats-Unis: taux marginal d'imposition supérieur à 80% et inégalités bien moindre. Ca peut arriver et ça fonctionne très bien (la société tenait debout si je me souviens bien et on est même allé sur la Lune). Est-ce seulement l'effondrement du communisme qui a fait réapparaître cette face sombre du capitalisme? Peut-être bien. Il faut désormais trouver une méthode durable pour la maîtrise des inégalités ne repose pas sur l'aliénation d'une bonne moitié de la planète (le capitalisme n'aurait eu visage humain que sous la menace d'une alternative communiste - déjà développé sur le blogo à la fin de ce post). On ne peut donner toutes les ressources à un seul habitant de l'île. Sinon de toute façon, tôt ou tard, il se prendra un coup de pelle dans la tête. Ca n'est donc même pas dans l'intérêt de l'heureux élu.

Il faut trouver des modèles pour essayer de quantifier une "sustainable inequality" sur le moyen et long terme. Il faut des cibles. Pourquoi le PS ne met-il pas ça quelque part dans son programme? A oui, ils sont trop occupés à se ridiculiser.

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